Tanka (Toppi)

Tanka
Toppi © Mosquito – 2008

Le « Tanka » est un poème court japonais, sans rimes. Cette construction particulière a inspirée Toppi pour cet album, un recueil de quatre nouvelles publiées entre 1976 et 1988.

La première de ces nouvelles, Tanka, est l’histoire de la princesse Shikibo qui depuis longtemps vit recluse dans son temple délabré, vêtue de haillons. Elle refuse d’ouvrir les yeux depuis le massacre de ses proches. Un jour, un rônin se présente à elle : « écoute, Gente Dame, je te voyais passer drapée de soie sur ton cheval en ces temps heureux. Tu ne me regardais pas. On ne regarde pas plus un brin d’herbe au milieu d’une prairie qu’un rônin qui ne possède que son sabre. Depuis lors, j’ai rêvé de toi, je t’ai recherchée et je t’ai retrouvée vêtue de haillons. Pour moi rien n’a changé puisque je te vois. Je suis venu pour que tu ouvres à nouveau tes yeux à la lumière et à la vie ».

Kimura, publiée en 1982, parle de Masamune, un maître fabriquant de sabres réputé qui refuse de forger des sabres au tout-venant. Ses convictions vont froisser plus d’un samouraï.

Sato, publié en 1982, est l’histoire d’un gueux solitaire, peureux et résigné… mais il faut nous méfier des apparences.

Ogari 1650, publiée en 1976, nous parlera d’humiliation et de culpabilité…

Je ne connais pas Toppi, ou très mal. Il y a quelques temps, j’avais lu Sharaz-De, un diptyque où l’auteur revisite les Contes des Mille et une nuits. Avec Tanka, nous voyageons cette fois dans le Japon médiéval. Samouraï, rônins et princesse nous fascinent. La poésie rythme les quatre nouvelles et nous emporte aux cotés de ces personnages parfois farouches, Toppi exploite d’ailleurs leur côté mystérieux à merveille. La morale de chacune de ces nouvelles tombe comme un couperet et nous nous renvoie derechef à la réalité avec cette rengaine en tête : « l’humaine nature est ainsi faite ».

Après Sharaz-De, la fascination pour ces ambiances graphiques est à peine émaillée par l’absence de « l’effet découverte ». On imagine des décors bigarrés malgré la présence de ces planches aux teintes noires et blanches où les opposés se chamaillent en permanence. Le trait hachuré donne du relief, créant ainsi des angles de vue dans lesquels l’œil se perd, avide et curieux. Une atmosphère contenante règne tout au long de l’album.

Une lecture que je partage avec Mango

Mango

Tanka me laisse sur ma faim mais l’unique raison en est ma difficulté avec les recueils de nouvelles, toujours trop courtes. Le rapport au temps se plie et disparait quand on tient entre les mains un album de Toppi, je me suis perdue dans la contemplation de ses univers graphiques uniques… une fois encore.

La chronique de Mel sur Papercuts.fr, je vous propose de nouveau l’interview de Toppi sur du9 et la chronique de Sceneario.

NB : Des propos de Thierry GROENSTEEN (historien et théoricien de la bande-dessinée) sont cités dans ma chronique de Sharaz-De dont le lien figure plus haut dans cet article.

Tanka

One Shot

Éditeur : Mosquito

Dessinateur / Scénariste : Sergio TOPPI

Dépôt légal : janvier 2008

ISBN : 2-35283-009-5

Bulles bulles bulles…

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Tanka – Toppi © Mosquito – 2008

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

13 réflexions sur « Tanka (Toppi) »

  1. Les pages que tu montres sont belles avec cet arc et cet arbre envahissants mais je ne sais pas si je suis prête pour ces récits du Japon médiéval. J’ai toujours eu du mal à suivre ce genre d’histoires jusqu’ici!
    Cette semaine sera aussi ma première participation à ton challenge  »Pal sèches »

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    1. d’un autre côté, c’est Toppi ^^ Je suis allée relire ton avis sur La Légende de Potossi. Je crois qu’ici, si je voulais résumer, je serais assez proche de ton avis sur Potossi : ce n’est pas réellement les récits qui m’ont séduite, mais le dépaysement graphique

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  2. Toppi est un maître du trait, de la narration suspendue, et de l’illustration mystérieuse.
    Un conteur hors pair, méconnu de beaucoup : il faut encore et toujours saluer l’obstination éditoriale de Mosquito, qui fait un remarquable travail pour promouvoir l’oeuvre du maître italien.

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    1. Au rythme d’un album par an je crois ? Honnêtement, sans les relations qui se tissent entre blogolecteurs, je pense que je ne serais pas venue spontanément vers cet auteur. Il y a des artistes comme ça où, une fois qu’on les connaît, on comprend mal pourquoi ils ne sont jamais présents sur les têtes de gondoles

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    1. oui, le Japon médiéval n’est pas ma tasse de thé non plus ^^ Après que ce soit sur les autres blogs, dans ma chronique sur Sharaz-De ou celle de Mango sur La Légende de Potossi, l’aspect qui est systématiquement mis en avant : la qualité graphique.

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  3. A priori je ne serais pas naturellement tentée par une BD qui se déroule dans le Japon médiéval, mais cet album a l’air magnifique du point de vue des graphiques ! A découvrir donc !

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    1. part plutôt sur Sharaz-De dans ce cas. Tu auras la beauté des graphisme en revisitant les contes des 1001 nuits. Ensuite, je n’ai lu que ces deux titres de Toppi, mais je suis sur que dans la majorité de ses albums, nos yeux ont de quoi se régaler ^^

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  4. Moi aussi, j’aurais préféré un récit complet mais bon tu penses bien que le sujet en fait un incontournable pour moi ! J’ai toujours pas attaqué ma relecture des toppi mais ça viendra un de ces 4 !

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  5. Merci pour ces planches, le graphisme est très beau ainsi que la couverture de l’ouvrage.
    Le sujet pourrait m’intéresser, je l’avais déjà vu sous un angle différent avec le manga Taitei No Ken.

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    1. je n’ai pas lu ce manga, la référence me manque. Je note les références mais je ne sais pas si j’accrocherais. Je suis allée faire un tour sur manga news et j’ai cru comprendre que les combats avaient une part importante dans le récit. Dans Tanka, c’est plus « soft » on va dire. Il doit y avoir une ou deux scènes, pas plus

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