« Un homme en quête de fortune ou d’aventure, perdu en plein milieu du grand nord, tente de rejoindre ses compagnons… Dans ce désert de neige et de glace, rien d’autre que lui et un chien… Il lutte contre un froid effrayant de moins soixante degrés. Confronté aux forces de la nature, sa vie ne dépend que de quelques allumettes avec lesquelles il pourrait se faire un feu… » (synopsis éditeur).
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Cette adaptation de la nouvelle de Jack London n’a pas été sans m’en rappeler une autre, celle de Taniguchi qui dans Le grand ouest blanc (seconde nouvelle de L’homme de la Toundra) rendait déjà hommage à l’écrivain américain. Chabouté campe ici une atmosphère pesante. Que de calme ! Que de silence ! Cette impression est renforcée par l’utilisation d’une voix-off qui décrit la scène et nous fait ressentir jusqu’aux sensations d’engourdissements dont est victime l’homme solitaire. Au cours de certains passages, je me suis demandé si ce n’était pas le héros qui se parlait, dans sa tête, en utilisant le « tu » pour parler de lui, comme si la solitude et la tension faisait naître chez lui le besoin d’une présence rassurante. Un dédoublement de personnalité comme dans L’autre laideur, l’autre folie de Malès. Quoiqu’il en soit, on n’ose imaginer le son de sa voix pour ne pas briser ce silence.
On s’appuie sur la narration pourtant, les successions de planches muettes ne nous gênent pas… elles représentent un tiers de l’album et accentuent d’autant les contrastes visuels créés par cette prédominance de noirs, de blancs et le nombre dérisoire de couleurs présentes (rose pale, marron et quelques rares rouges). Les dessins sont expressifs et je n’aurais jamais imaginé que ce blanc si pur puisse être, l’espace de 62 planches, si imposant et si angoissant. Bien installée dans mon canapé pour lire cet album, j’ai ressenti le besoin de me couvrir. Le style de Chabouté est efficace mais malgré tout, j’ai regretté le trait maladroit utilisé pour dessiner le visage de cet homme. Emmitouflé dans son manteau, la capuche visée jusqu’aux sourcils, il a dès son apparition un regard qui n’est pas le sien. Un regard rond, un peu naïf et d’une tristesse !! On s’y habitue et, au final, son regard rendra encore plus criante la détresse dans laquelle il se trouve et focalisera l’attention sur l’objectif premier du personnage : repousser encore et encore ses limites physiques et mentales.
L’envie de lire cet album vient d’une chronique que Marilyne avait publiée il y a quelque temps. Cet album intègre le Challenge « PAL Sèches ».
Un lieu austère dans lequel je suis entrée avec difficulté. Et puis petit à petit, Chabouté martèle le rythme de cette marche silencieuse… force est de constater à la lecture qu’il suffit de bien peu d’éléments à Chabouté pour faire exister un univers, un personnage. Impressionnant cet album !
L’avis de Marilyne.
Construire un feu
D’après la nouvelle de Jack London
One Shot
Éditeur : Vent d’Ouest
Collection : Équinoxe
Dessinateur / Scénariste : CHABOUTE
Dépôt légal : septembre 2007
ISBN : 9782749303505
Bulles bulles bulles…
Je peux faire ma fière ? Oui, non ? Bon allez… c’est moi qui ai offert cette BD à Emmyne parce que je l’adore (la BD, et Emmyne aussi, mais je ne le dis pas en public !). Au départ, il y a le texte de London qui est une vraie claque, un texte comme on en lit rarement, très grande densité. Je craignais que l’adaptation ne soit pas à la hauteur, mais vraiment, ce Chabouté est grand !
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Ma lecture des London commence vraiment à dater, je crois qu’il serait bien que je m’y remette en fait. J’ai lu ça à l’adolescence, je suis curieuse de voir comment je me positionne aujourd’hui face à ces récits.
Ensuite, Chabouté je connais depuis peu et je veux découvrir. Sans la critique d’Emmyne sur Construire un feu, je reconnais que cet album n’était pas celui qui avait retenu mon attention. Et c’est une très bonne chose que tu lui ais offert ! ^^ C’est donc à toi que je dois cette lecture, rendons à César… merci 😀 (avec des lectures BD de ce genre… il faut vraiment que tu te remettes à la chronique de BD… j’en voyais pourtant passer chez toi tout au début… quand j’ai ouvert mon blog ! 😉 )
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Juste pour dire que je vous invite à lire toutes les nouvelles de Jack LONDON, qui est tout sauf un auteur pour enfant, comme on peut le penser à travers Croc Blanc.
Un auteur qui a vécu mille expériences et qui les restitue avec la rudesse du grand Nord.
Chacune de ses lignes est un coup de poing.
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Ah, ce billet me ravit, c’est tout à fait ça, le silence, la pureté du blanc, son absolu. Oui, il faut remercier Ys ( mais ne lui dis pas que je n’ai jamais lu la nouvelle de J.London. En projet, pour relire la BD 🙂
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Merci pour la découverte en tout cas (entre toi et Ys, je ne sais plus qui remercier ^^)… et promis je ne lui dirais pas (c’est pas comme si tu l’avais dit publiquement, donc ça va) 😀
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C’est mal !
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je vous laisse régler ça entre vous 😀
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Chabouté, c’est mon chouchou. je n’ai pas encore lu celui-là, jen’ai lu que des noirs et blancs de cet auteur.
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Les cases sont très belles.
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Une très belle histoire superbement mis en image par le talentueux Chabouté. Un indispensable pour moi 🙂
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Je peine encore sur Chabouté. Je peine parce que je n’ai lu que deux albums de lui, c’est donc assez difficile pour moi de situer ses albums dans un ensemble. Ce qui ne m’empêche pas d’apprécier cet auteur. Je pense que le prochaine album sera « Tout seul » ou « La Bête »
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Mon Chabouté préféré ! Une ambiance galciale rendue avec un incroyable talent. A lire au coin du feu pour passer un moment inoubliable.
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c’est encore trop tot pour moi pour dire quel est l’album de Chabouté que je préfère, mais avec les deux petites références que j’ai, je préfère tout de même Terre-Neuvas à Construire un feu
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J’ai lu la nouvelle dans la version illustrée par Taniguchi…
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Je viens de réaliser que c’est avec cet album que j’ai découvert Chabouté ! Et j’ai étonnée qu’avec si peu de détails dans les dessins (et pas de mots), il réussisse à créer l’atmosphère parfaite … depuis, je lis peu à peu ses autres oeuvres !
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tu résumes complètement le ressenti que j’ai en fait. Un album assez impressionnant qui aurait pu être, au final, une BD totalement muette
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Ben alors, je croyais que c’était moi ta fournisseuse officielle de tentations ^^
C’est bizarre, j’étais certaine d’avoir parlé de cet album mais après vérification, il semblerait que non …
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oui, c’est comme les Toppi d’ailleurs. 😛 Point positif : pour le prochain Toppi, je pourrais renvoyer vers ma tentatrice officielle 😀
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ça va viendre pour les Toppi 😉
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Y s’rait bien temps !! Y’en a d’jà deux sur ce blog ma brave Dame ^^
Vivement que tu publie tes avis parce que
1/ j’adore te lire sur Toppi
2/ une fois terminé Le Collectionneur, je ne sais pas par quel bout attaquer le reste de sa bibliographie ^^
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1 – ça tombe bien, un petit toppi demain… 😀
2- C’est pas gagné, vu que je veux chroniquer le collectionneur d’abord avant d’aborder les autres !
De toute façon, attaque ton intégrale d’abord et pas tout d’un coup hein !
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oui maman ! 😀
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