Mademoiselle Else (Fior)

Mademoiselle Else
Fior © Guy Delcourt Productions – 2009

Else est une jeune femme de 20 ans. Issue d’une famille de notables, elle se contraint bon gré mal gré à respecter certaines obligations dues à son rang social.

Cet été-là, elle passe ses vacances dans une pension de famille huppée en compagnie de sa tante. La lecture d’un courrier de sa mère la sort d’une insouciance doucereuse. Elle quitte brusquement ses rêves frivoles pour demander une aide financière à Dorsday, un ami de la famille. Ce dernier accepte, à condition qu’Else se dénude. Les apparences hautaines et dédaigneuses d’Else cachent son désarroi mais, derrière le masque, l’héroïne est en proie à ses fantasmes et à ses angoisses.

Cecile a attiré mon attention sur cet ouvrage au moment même où je sortais de la lecture de Cinq mille kilomètres par seconde. Entre temps, Icarus avait modéré mon envie de découvrir d’autres albums de l’auteur.

J’ai retrouvé avec plaisir le trait de Manuele Fior que j’avais apprécié dans Cinq mille kilomètres par seconde. Mademoiselle Else nous propose une ambiance graphique soignée, sombre. Pour commencer, on est face à un subtil agencement de pastels où, tour à tour, prédominent des ocres-marrons, des verts, des bleus, des violines. Passé le premier temps de l’album dans lequel il est question de nonchalance… la seconde partie fait place à mélancolie. Il sera orchestré par des teintes de gris, noirs, marrons renforçant d’autant la souffrance d’Else. Les aquarelles magnifiques servent parfaitement le récit, faisant écho à l’état d’esprit du personnage principal.

Pourtant, le scénario ne m’a pas permis de m’impliquer pleinement dans l’histoire. La froideur d’Else est palpable. Je ne suis pas parvenue à m’attacher à cette jeune femme destructrice, peut-être est-ce plus facile dans le roman original de Schnitzler (?). Éternelle insatisfaite, ambiguë, seuls les jeux de séduction semblent attirer son attention. Charismatique, sensuelle, solitaire et mystérieuse, son sens critique est altéré par une vision lacunaire du monde. Une méconnaissance certaine d’elle-même la force à se protéger derrière une épaisse carapace. Des deux parties de cet album, la seconde est réellement angoissante et très sombre. L’héroïne y est torturée, en proie à des émotions qui la tiraillent entre le désir et l’angoisse, entre une volonté de s’émanciper et la peur de mal faire. Elle perd pied. La lettre de sa mère s’avère, au final, être un violent traumatisme pour la jeune femme.

PictoOKMême si je n’ai pas investit cet étrange personnage, j’aime le fait qu’il soit presque palpable. Manuele Fior a conçu une atmosphère qui nous permet de ressentir la pression grandissante que se crée Else. Une descente en pente douce vers la folie.

D’autre avis : Bodoï, BDGest, Val.

Mademoiselle Else

One Shot

Éditeur : Delcourt

Collection : Mirages

Dessinateur / Scénariste : Manuele Fior

Dépôt légal : septembre 2009

Bulles bulles bulles…

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Mademoiselle Else – Fior © Guy Delcourt Productions – 2009

D’autres planches à découvrir sur le site de l’auteur !

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

15 réflexions sur « Mademoiselle Else (Fior) »

  1. Je veux je veux je veux lire cette BD, ayant découvert l’an dernier le texte de Schnitzler que j’ai beaucoup aimé (de toute façon, je crois que j’aime tout Schnitzler 😉

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    1. je n’ai pas lu le roman de Schnitzler, du coup je ne peux pas comparer (et c’est ce qui m’a manqué ici, le fait de ne pouvoir évaluer si l’adaptation était fidèle ou non). Je suis assez curieuse de lire ton avis sur le travail de Manuele Fior !

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    1. Et encore une fois un très beau travail réalisé avec des aquarelles. Je regrette un peu d’avoir tenu cette héroïne à distance…

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    1. Il faut dire qu’elle garde une grande part de mystère cette jeune femme. On la voit évoluer sur un court laps de temps. La demande de la mère est réellement étrange. Alors que jusque là sa fille était relativement protégée du monde adulte (il me semble), elle la jette dans l’arène. Il y a un coté assez malsain je trouve, je n’ai pas su m’en dépêtrer. Par contre, la manière dont Fior fait monter la tension est vraiment réussie

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