Chroniques Birmanes (Delisle)

Chroniques Birmanes
Delisle © Guy Delcourt Productions – 2007

Nouveau voyage pour Guy Delisle mais cette fois, il endosse le rôle de père au foyer pour suivre sa femme qui vient d’être mutée. Elle doit prendre ses fonctions en tant qu’Administrateur de Mission de Médecins sans Frontières. La petite famille s’envole pour plus d’une année direction le Myanmar (Birmanie) et va s’installer dans la capitale birmane.

Cette expérience débute en 2005, peu après le tsunami qui  avait ravagé l’Indonésie en décembre 2004.

Sur le même principe que Pyongyang et Shenzhen, Guy Delisle va évoquer sa quotidienneté, ses découvertes et son travail d’animateur/dessinateur. En effet, il s’organise pour continuer à dessiner et, pendant son séjour, saute sur l’occasion de mettre en place un atelier de formation à l’animation (qui réunit quelques élèves). Nous voici plongé de nouveau dans un récit mi-autobiographique mi-journalistique que Delisle enrichit d’anecdotes qui auront pour sujets : des expériences touristiques, la gestion du quotidien, les progrès de son fils (Louis)…

Le ton est à la fois drôle et sérieux. Comme à son habitude, Delisle nous emmène explorer les coutumes et les habitudes d’un pays en abordant à la fois l’aspect politique, touristique et vie pratique. De nouveau, il se retrouve plongé dans l’ambiance d’un pays asiatique totalitaire. L’occasion de parler une nouvelle fois de privation de liberté,  de censure, d’organisation kafkaïenne d’un régime politique dépossédant la population d’une liberté de penser, de faire et d’agir.  Le ton humoristique de l’auteur nous permet d’aborder cette situation avec sérieux et gravité pourtant, le fait qu’il caborde sur le même ton ses déboires du quotidien (il est souvent pris au dépourvu par la prise en charge quotidienne de son fils Louis) et les constats qu’il tire des connaissances qu’il obtient de ce pays, nous libère de certaines contraintes de lectures et de lourdeurs du récit. On accède donc aux réflexions de l’auteur, il partage sa connaissance grandissante de ce pays mais il ne s’autorisera jamais à émettre un quelconque jugement sur ce qu’il observe. Nous voici donc un lecteur libre de penser, de constater et de tirer les conclusions nous-mêmes.

Le récit se découpe en petites scénettes d’une à cinq pages pourtant le rythme est enlevé, la narration est fluide, dynamique et sans aucune redondance. Je déplore juste la conclusion un peu abrupte de certains paragraphes. Visuellement, on s’appuie sur un dessin simplifié (pas trop de détails, des personnages expressifs et des décors assez minimalistes), ce qui a l’avantage de nous permettre de nous concentrer uniquement sur l’essentiel : le contenu des propos de l’auteur.

Il utilise aussi Louis, son fils, comme un filtre permettant de désamorcer et d’éviter l’écueil du pathétique. C’est drôle, enjoué, intelligent et fin. Une publication de 260 pages qu’il n’a pas publié avec L’Association (comme ses autres productions) mais chez Decourt (dans l’excellente collection Shampooing).

PictoOKUn album à lire. Maintenant que je suis entrée dans le club très sélect des lecteurs qui ont découverts « les trois » (entendez Shenzhen, Pyongyang et Chroniques Birmanes), je peux dire que ma préférence se porte sur Pyongyang (c’est avec cet album que j’avais découvert Guy Delisle, il bénéficie donc également de l’aura « effet de découverte »). La qualité de Chroniques Birmanes n’est cependant pas à remettre en question.

C’est Oliv’ qui m’a donné envie de lire cet album mais d’autres lecteurs en parlent également : Théoma, Mitchul et du9.

Chroniques Birmanes

Challenge Carnet de VoyageOne Shot

Éditeur : Delcourt

Collection : Shampooing

Dessinateur / Scénariste : Guy DELISLE

Dépôt légal : octobre 2007

ISBN : 978-2-7560-0933-9

Bulles bulles bulles…

La preview de l’album sur BDGest.

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Chroniques Birmanes – Delisle © Guy Delcourt Productions – 2007

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

17 réflexions sur « Chroniques Birmanes (Delisle) »

  1. Je n’ai lu que celui-ci de cet auteur mais les deux autres sont déjà notés 🙂 J’avais trouvé cette lecture très agréable malgré un sujet plutôt difficile !

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  2. Je n’ai lu que « Pyong Yong » et « Chroniques Birmanes » et moi aussi je préfère « Pyong Yong » que j’ai beaucoup conseillé autour de moi! Je n’ai pas encore eu l’occasion de lire « Shenzhen » mais si je le trouve en médiathèque je le lirai quand même 😉

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    1. Shenzhen est lent, l’auteur a très peu de marge de manœuvre, sans cesse accompagné de son guide/traducteur, ce qui le cantonne généralement à un champ d’action qui s’étend entre l’hôtel, le travail et le chemin pour se rendre de l’un à l’autre. C’est très schématique mais c’est ce que j’en retiens. L’ouvrage n’en reste pas moins intéressant mais on sent malgré tout qu’il peine dans ce séjour professionnel (il en parle d’ailleurs dans l’album, se pose la question de la pertinence de Shenzhen etc). A lire de toute façon si on aime Delisle. En tout cas, j’ai hâte qu’un prochain album soit édité !

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  3. Comme souvent je trouve tes avis très justes. Pour avoir lu aussi les œuvres de Guy DELISLE il ne fait aucun doute que Pyongyang est le meilleur… Chroniques Birmanes se place derrière et Shenzen comme tu le précises d’ailleurs en réponse à un commentaire, est en effet particulièrement lent (pour faire court). J’avoue que moi aussi j’attends avec une réelle impatience une nouvelle BD de Delisle. Pourtant, il va falloir qu’il se renouvelle dans sa narration parce que son trait, quant à lui, reste en tout cas toujours agréable et léger malgré la dureté du monde où il se trouve. Un auteur important en tout cas qui j’espère passera un palier avec son prochain ouvrage.

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    1. Oui, je suis d’accord avec toi. On verra, mais je ne m’inquiète pas trop pour cet auteur. Prochain album a priori pour novembre prochain

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  4. Lu et approuvé 😉
    Bon j’ai bien noté que la prochaine destination avec cet auteur est la Corée. Mais je vais devoir lire tout ce qui traine de mes derniers passages dans les bibliothèques avant.

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