Petites hontes enfantines (Mattiussi)

Petites hontes enfantines
Mattiussi © La Boîte à bulles – 2006

Thomas, Rémy, Sophie…

Ils ont une dizaine d’années et racontent leurs souvenirs d’école, de kermesses, de dimanches en famille…

D’anecdotes en anecdotes, des adultes se replongent avec amusement dans les situations qui les ont marqués durant l’enfance.

Attention : humour grinçant !

Petites Hontes enfantines est un album surprenant. Tout d’abord parce que pour un premier album d’auteur, je le trouve assez abouti. Ensuite parce le lecteur est assailli dès le visuel de couverture par l’image de ce petit garçon écrasé par le poids des fleurs de son bonnet de bain. On imagine facilement à quel point ce couvre-chef disgracieux l’encombre, on imagine aussi les railleries de ses camarades de classe. L’univers nous est familier et ce qui est terrible, c’est le relent de « Tiens ! Ça me rappelle quand… ». Car avouons-le, on a tous un jour ou l’autre connu une situation proche voire similaire… ça m’a rappelé ces affreuses chaussures jaunes-fluo que j’avais au début du Collège ! Qu’est-ce que j’ai pu pester ! Qu’est-ce qu’elles ont fait rire mes camarades !! Et vous ? ^^

Crayon en main, Laureline Mattiussi a compilé, en 63 pages, des « petites hontes enfantines » triées sur le volet. Aidé d’une douzaine de narrateurs et au rythme de courtes scénettes, le lecteur découvre des expériences qui ont laissé au mieux un gout d’amertume en bouche, au pire une trace indélébile. « J’ai 10 ans… », chacun y va de sa chansonnette et revit une heure (plusieurs ?) peu glorieuse de sa vie. Comme ce jour de kermesse d’école qui vire au cauchemar parce que l’on en sort avec un gros complexe physique sur lequel on va focaliser pendant des années… Un sentiment qui s’est tellement bien accroché que, bien que devenu adulte, il nous colle encore à la peau !

Petites hontes enfantines c’est aussi un regard décalé sur les adultes. Ces derniers, de manière inconsciente, prononcent souvent des petites phrases assassines difficiles à digérer. Chaque expérience est racontée avec le cœur et souvent complétée des sensations ressenties à ce moment là, comme si la mémoire était avant tout physique. Tantôt muets tantôt plus loquaces, j’ai trouvé les dialogues succulents car souvent sarcastiques. Certains affabulent complètement sur ce qui s’est passé, d’autres le racontent « vite-fait » en deux pages. Le lecteur bénéficie toujours du recul amusé des orateurs qui font preuve d’une bonne louche d’auto-dérision. Enfin, si chaque histoire dispose d’un dénouement (qu’est-ce que le narrateur a tiré de cette expérience), il est fréquent que Laureline Mattiussi laisse son lecteur libre d’en conclure ce qu’il voudra, le renvoyant une nouvelle fois à son vécu.

Le trait est rond, disgracieux et nerveux. Les personnages sont expressifs et l’ambiance est sombre (parfois trop). L’auteure joue avec les proportions et les angles de vue pour renforcer le comique de situation. Un choix qui colle bien au thème puisqu’il aide à matérialiser les souvenirs des uns et des autres (contexte, gêne ressentie…) tout en jouant sur le fait que beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis et que les souvenirs ont immanquablement été façonné par le temps qui passe…

Une lecture que je partage avec Mango et les participants aux

MangoPictoOKUn coup de crayon épais et nerveux pour une plongée en enfance. Un album sans concessions mais même si les situations sont cruelles, on en sourit forcément !

L’avis d’Iscarioth sur Krinein.

Petites hontes enfantines

One shot

Éditeur : La Boîte à Bulles

Collection : Contre-jour

Dessinateur / Scénariste : Laureline MATTIUSSI

Dépôt légal : septembre 2006

ISBN : 9782849530399

Bulles bulles bulles…

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Petites hontes enfantines – Mattiussi © La Boîte à Bulles – 2006

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

29 réflexions sur « Petites hontes enfantines (Mattiussi) »

  1. Tout à fait intéressante cette idée de départ. Couverture qui me plaît aussi , en revanche, comme dit Jérôme, les dessins sont du genre à ne pas me retenir outre mesure.

    J’aime

    1. Je comprends parfaitement. Au final, j’en ai fait abstraction. J’étais plus captée par ces souvenirs d’enfant et la plongée qu’ils m’ont permis de faire dans mes propres souvenirs. Je ne me suis pas attardée sur les visuels même si leur présence m’a fait différer longtemps cette lecture

      J’aime

  2. On se sent forcément concerné par le sujet, quoi que, comme ça, à froid, je suis incapable de me rappeler une situation réellement embarrassant vécue dans mon enfance ! Peut-être qu’avec cette lecture, je vais m’en rappeler 😉 mdr !

    J’aime

    1. Et oui ! ^^ Avec le souvenir de la kermesse raconté par un des personnages, cela m’a rappelé moi aussi une kermesse catastrophique en primaire. En fait, j’ai eu des bouffées de souvenirs durant toute la lecture 🙂

      J’aime

  3. Oh, j’ai envie de le prendre dans les bras et de lui faire un câlin au garçon sur la couverture. Est-ce parce que moi aussi, j’ai mal vécu la piscine à l’école?

    J’aime

    1. Oui à voir. C’est certain que cet album n’est pas un indispensable, mais je trouve qu’il est intéressant. Je serais curieuse de savoir si, comme moi, les lecteurs initialement réfractaires au graphisme parviennent à en faire également abstraction

      J’aime

  4. Idée très intéressante ! J’espère que ces parents pensent à ces souvenirs pour ne pas affubler leur enfants d’horreurs pour aller à l’école 😉

    J’aime

    1. 😆
      De mon côté, j’essaye en tout cas d’y être vigilante ! ^^ Ici pourtant, pour le visuel, le port de ce bonnet de bain n’est pas à imputer aux parents… mais à un maître-nageur assez pervers qui a tendu sciemment cette horreur à l’enfant 🙂

      J’aime

    1. C’est bien dommage cette question de graphisme. Tu es pourtant une des rares qui soit capable d’en faire abstraction. J’ai eu la même réaction que vous pourtant ! ^^ La mayonnaise prend vite.

      J’aime

      1. Olala, tu me flattes en disant ça ! Bon, ok à voir… mais faut que je tombe dessus en biblio donc bref, ça ne sera pas pour tout de suite !

        J’aime

    1. Bof bof oui… mais en fait non. C’est un peu ce que je disais dans mes autres réponses. On parvient à en faire abstraction assez vite. Et puis au final, ça colle bien au thème : on voit toujours l’enfant sous ses aspects pétillants, colorés, spontanés… mais quand tu regardes les enfants quand ils jouent entre eux… rhaa mais… ils sont parfois pires que les adultes ! ^^

      J’aime

    1. Trouvable facilement, je ne sais pas. En librairie certainement, mais en bibliothèque ???? Même éditeur qu’Intrus à l’Etrange, album peu connu malgré le fait que depuis, Laureline Mattiussi s’est fait remarquer avec L’Ile au poulailler… je ne sais pas. Mais je ne le propose pas au voyage cet album, pas tant que je n’ai pas remis la main sur au moins deux des albums que j’ai mis en circulation. Et Intrus à l’Etrange n’est toujours pas arrivé à bon port 😥 Alors je ne suis pas sure de faire voyager de nouveau. Je verrais quand les albums vadrouilleurs seront rentrés…

      J’aime

Répondre à Mo' Annuler la réponse.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.