Koma (Wazem & Peeters)

Koma, tome 1 : La voix des cheminées
Wazem – Peeters © Les Humanoïdes Associés – 2003
Koma, tome 2 : Le grand trou
Wazem – Peeters © Les Humanoïdes Associés – 2004
Koma, tome 3 : Comme dans les Westerns
Wazem – Peeters © Les Humanoïdes Associés – 2005
KOma, tome 4 : L'Hôtel
Wazem – Peeters © Les Humanoïdes Associés – 2006
Koma, tome 5 : Le duel
Wazem – Peeters © Les Humanoïdes Associés – 2007
Koma, tome 6 : Au commencement
Wazem – Peeters © Les Humanoïdes Associés – 2008

« Addidas. Une toute petite fille qui passe le plus clair de son temps avec son papa ramoneur. C’est qu’il y en a des cheminées à nettoyer dans la mégapole industrielle où vit la petiote. Et comme une cheminée, c’est surtout des boyaux sales et étroits, Addidas est bien utile à son papa. Elle peut s’y glisser avec facilité et contribuer à la pérennité de l ‘entreprise familiale.

Bon, sa maman est morte et elle lui manque, à Addidas. Tout comme à son papa d’ailleurs. Tellement que le ramoneur aurait tendance à ressasser de bien douloureux souvenirs. Et c’est pas bon pour les affaires de se noircir l’esprit. Surtout pour un ramoneur. Sans parler de la maladie d’Addidas. Un drôle de truc qui la fait tomber raide d’un coup, sans autre forme d’explication.

Même les spécialistes y perdent leur latin. C’est dire. Mais la solution se trouve peut-être au fond des énormes cheminées. Enfin, en dessous plus exactement. Là où existe un monde des profondeurs. Avec des monstres. Et des machines » (synopsis éditeur).

Des monstres, des tunnels et des machines… C’est un monde souterrain que l’on découvre dès les premières planches. Là, dans la pénombre, une créature aussi noire que le charbon se démène pour faire fonctionner un immense engin ; il actionne les bras articulés, fait couiner les vérins hydrauliques, tente d’éviter la surchauffe et la panne. Visiblement, l’appareil est plutôt capricieux, le point de rupture est proche puis aussi soudainement, ses rouages se remettent en branle. On quitte alors les bas-fonds pour remonter à la lumière. C’est alors qu’on découvre une petite fille inanimée qui reprend peu à peu ses esprits. L’enfant se lève, s’installe confortablement sur une banquette de l’estaminet, sort crayon et calepin. Elle y trace un petit trait qui nous apprend qu’elle est loin d’en être à sa première absence, le compte de ses absence a déjà rempli un petit carnet et le second est bien entamé.

Il n’en faut pas plus pour nous inviter à plonger dans ce récit, comprendre ce monde et en percer l’intrigue… ne trouvez-vous pas ? Addidas, petit bout de fille aux cheveux ébouriffés, aux grands yeux pétillants de vie, au caractère que l’on sent déjà bien affirmé est la compagne idéale du lecteur. La fillette intrigue et attendrit, on apprend rapidement qu’elle vit seule avec son père depuis qu’il est veuf. Tous deux vivent très modestement. Pas d’école pour Addidas, le paternel n’a pas les moyens. Alors elle descend dans ces grandes cheminées pour aider son père ramoneur, elle y prend des risques et se glisse dans les conduits les plus étroits… La concurrence les oblige à repousser sans cesse leurs limites physiques pour honorer leurs contrats. Un jour, malgré l’avis paternel, Addidas se faufile dans un conduit et ne revient pas… du moins pas à la lumière. Elle tombe nez à nez avec la créature couleur ébène, l’occasion pour nous, lecteur d’en apprendre plus sur le monde souterrain, d’observer d’autres colosses affairés à l’entretien des machines. Chacun d’eaux est affecté à une seule machine dont on apprend rapidement la fonction… Surprenant. La lecture nous emmène de surprises en émotions. J’ai plongé.

Pierre Wazem s’amuse, s’emballe. Il crée des rencontres insolites, s’amuse avec les rebondissements de son scénario, redistribue les cartes en permanence. Ainsi, plusieurs récits parallèles s’installent, les éléments narratifs rendent le scénario très crédible et ludique. De séparations en retrouvailles, les personnages évoluent sous nos yeux, nous font réfléchir, nous émeuvent. Addidas prend les chemins de traverse. Ce petit personnage principal nous invitera ensuite à prendre part à une réflexion métaphysique, existentielle, philosophique… très appréciable.

Côté graphique, cette série est la première que Frederik Peeters a mis en couleurs alors que jusque-là, il travaillait en noir et blanc. Rien de nouveau à dire – me concernant – sur le dessin de Peeters : reconnaissable, expressif, dynamique. Idem au niveau des couleurs : ses choix sont justes, les teintes présentes créent une ambiance que seul cet auteur sait créer. J’ai découvert ensuite qu’une intégrale de Koma avait été publiée en 2010 ; pour l’avoir feuilleté, et malgré les avis que j’ai lus sur ce travail de compilation, je ne regrette pas d’avoir acquis la série telle qu’elle a été publiée initialement. En effet, j’apprécie les teintes de l’auteur et les subtilités qu’elles injectent dans la narration. Ces atmosphères accompagnent le lecteur à chaque instant, elles sont les fidèles traductrices des émotions des personnages.

PictoOKPictoOKMa chronique n’est finalement pas très longue et peu argumentée mais cela fait des mois que j’ai commencé la série… et l’envie de la lire date de plus longtemps encore. Pourtant, ce n’est que lorsque mon chemin a croisé celui de Strawberry que j’ai découvert Koma. Le premier tome à la maison a été dévoré puis, relu lorsque je me suis procuré le second… et ainsi de suite jusqu’au tome 6. Mon engouement pour Koma a été immédiat mais je n’explique pas pourquoi je me suis procuré les tomes au compte goutte.

Mes notes de lecture sur Koma me suivent donc depuis deux carnets de notes. Il a fallut que je ressorte mon ancien calepin pour retrouver mes impressions sur les tomes 1 et 2 pourtant, mon ressenti est solide comme le roc et inébranlable. J’ai apprécié cet univers, cette petite fille… et tout le reste. Passer à l’écriture d’une chronique ne s’est pas fait sans difficultés. Cela fait quelques mois que je planche dessus… il est parfois des lectures que l’on garde jalousement pour soi, comme un petit plaisir solitaire. Mais il y a parfois quelques engagements qui nous mettent au pied du mur… ^^ Insatisfaite de la manière dont j’ai partagé mon ressenti, j’ai eu envie de laisser la parole aux internautes bédéphiles qui ont su trouver les mots justes :

Sceneario : « Avec Koma Pierre Wazem nous prend par la main et nous emmène dans une histoire pleine de tendresse et d’émotion mais également teintée d’onirisme métaphorique et métaphysique. Le récit est d’une grande richesse, d’une densité et d’une profondeur rare qui naissent de l’alchimie entre les mots de Wazem et le dessin de Peeters. (…) Au fil des pages l’histoire imaginée par Pierre Wazem s’assombrie, le ton se durci et la cruauté imbécile des hommes s’exprime, (…). Et puis Koma c’est aussi le dessin de Frederik Peeters. Par son trait, les personnages prennent vie, Peeters leur offre un charisme incroyable ! Comment ne pas être troublé quand la petite Addidas fixe ses grands yeux noirs des les vôtres ? ».

Muziksetculture : « Oscillant sans cesse entre réalité et onirisme, science-fiction et chronique urbaine, Koma porte un regard plein de tendresse sur les personnages. Addidas est touchante, ce petit bout de femme déjà bien cabossée par la vie. Malgré la mort de sa mère, sa maladie et ses conditions de vie très modestes, elle est pleine d’espoir, de tendresse et de naïveté enfantine et rêveuse ».

Yvan : « Avec Koma, Pierre Wazem et Frederik Peeters invitent à suivre le récit d’une petite fille particulièrement attachante. Si cette héroïne aux grands yeux ronds est craquante au possible, l’univers dans lequel elle évolue est particulièrement sombre et le contraste entre les deux fonctionne à merveille ».

David : « Encore, une merveilleuse histoire raconté par ces deux très bons auteurs. Elle tient par cette fantaisie incroyable qui s’en dégage, par un scénario totalement imprévisible, par ses personnages (la petite Addidas, son père et le monstre) et également par le dessin énergique et sensible de Peeters. Si certains spécialistes du noir et blanc perdent parfois en qualité avec la couleur, il reste égal à lui-même ».

Nocolor : « Toutes les émotions sont réunies pour faire de cette histoire un chef d’œuvre : la peur, la tristesse, la joie, le rêve, la haine ou le rire. La fin est poétique jusqu’à l’absurde ».

PlaneteBD : «  De même, le dessin plein de tendresse de Frederick Peeters demeure une petite merveille de lyrisme et de lisibilité, dont la spontanéité confine à l’efficacité ».

PlaneteBD (a l’occasion du tome 6) : «  Dans cet univers où la frontière entre le fantasmé et le réel n’est plus très claire, il est bien ardu de se lancer dans un résumé sans apporter les réponses aux multiples questions développées par les intrigues scénaristiques. Cette attachante série du scénariste Pierre Wazem (La Fin du monde) et du dessinateur Frederik Peeters (Lupus, Pilules bleues, Les zombies) joue jusqu’au bout la carte du rêve, sans regarder en arrière ni fournir d’explications fumeuses, même si elle nous apporte enfin la plupart des réponses. Mais là n’est pas l’essentiel. Si jusqu’au bout Wazem aura gardé le suspens, c’est pour mieux nous plonger dans un univers onirico-industriel où l’imagination fait loi. Et même si cet univers pâtissait au départ d’une impression de vide accentuée par la quasi-absence de bulles et caractérisée par une lecture très rapide de l’album. Il a écrit ici une ode à l’imagination et au rêve, les deux clefs pour créer un monde meilleur. Le scénario est porté par le dessin toujours plus beau et évocateur de Peeters, qui a réussi au fil des tomes à faire coller son dessin avec la couleur. A travers un graphisme toujours aussi simple et frais, il conclut ainsi en beauté une série tendre et poétique, destinée aux adultes, un récit fantastique qui fait réfléchir en nous divertissant, traitant de façon ludique de l’industrialisation à outrance, d’écologie bien sûr dans un univers « big brother » à souhait. La série n’a eu de cesse de s’améliorer au fil des tomes, Wazem y multipliant les surprises, assombrissant au passage son histoire et la rendant de plus en plus mature. La fin est d’autant plus cynique d’ailleurs… L’homme n’apprend rien de ses erreurs, car il aura toujours ce ver en lui ».

… et enfin si vous ne l’avez pas encore compris, Phylacterium nous convainc de l’intérêt de lire Frederik Peeters dans cet article.

Une interview de Fred Peeters sur VirusBD.

Extrait :

« Je me demande à partir de quand nos soucis nous empêchent de dormir et si ça vient d’un coup ou petit à petit. Et à partir de quelle hauteur exacte on dit qu’une colline devient une montagne et comment était ma mère, et comment mon père était avec elle et comment ils étaient tous les deux » (Koma, tome 2).

Koma

Challenge Petit Bac
Catégorie Personne connue

Série de 6 tomes

Éditeur : Les Humanoïdes Associés

Dessinateur : Frederik PEETERS

Scénariste : Pierre WAZEM

Dépôt légal : octobre 2003 à octobre 2008

ISBN : pour les références des différents titres : fiche série de BDGest’

Bulles bulles bulles…

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Koma, tomes 1 à 6 – Wazem – Peeters © Les Humanoïdes Associés – 2003 à 2008

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

23 réflexions sur « Koma (Wazem & Peeters) »

  1. Juste un détail, les couleurs sur Koma ne sont pas de Frederik Peeters mais d’Albertine Ralenti qui est une super coloriste (enfin moi j’adore !).
    Elle créé vraiment un univers particulier (assez reconnaissable d’ailleurs) qui complète bien celui de Peeters.
    Sinon, pas facile de faire une chronique sous pression 😉

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    1. Exact pour les couleurs ! D’autant que je me l’étais noté mais les teintes de Ralenti sont si proches de celles que Peeters utilisent (cohabitation des couleurs dans ses albums, ambiances etc…) que j’ai finalement fait un rapide et honteux raccourci. Il faut que je corrige cela dans mon article. Merci M’sieur pour les retours
      Et non, pas facile de faire une chronique sous pression ! Cela m’a rendue la tâche plus ardue. Vendredi, j’en étais à l’idée de proposer un article qui ne contiendrait que des citations d’autres chroniques et puis tu vois, je suis parvenue à formuler mon ressenti à minima. Mais je n’ai pas eu grand plaisir à rédiger cette chronique, contrairement au plaisir que j’ai eu à lire Koma.

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  2. Je suis passé totalement à coté de cette série qui a pourtant tout pour me plaire. ça existe en intégrale ? Si c’est le cas, je fonce chez le libraire !

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    1. Oui Jéorme, elle existe en intégrale depuis 2010 mais la compilation est totalement en noir et blanc. J’avais déjà entamé les trois premiers tomes quand j’ai découvert l’intégrale. J’ai donc hésité à l’acheter plutot que de me procurer les tomes que je n’avais pas. Seulement, pour avoir relu une partie du tome 1 de l’intégrale, je me suis rendue compte que la colorisation me manquait. J’aime pourtant le noir et blanc habituellement mais là, il me semblait que cela donnait plus de noirceur au récit.
      Mais laisses-toi guider par ton instinct ^^ J’ai lu plusieurs chroniques de lecteurs qui avaient redécouvert la série via l’intégrale et qui mettaient en avant le fait que le noir et blanc était plus pertinent et collait mieux à l’ambiance de cet univers

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        1. Il faudrait que j’essaye cette version N&B à l’occasion. Je me suis contentée de la feuilleter et je ne me rends pas compte de ce qu’elle peut apporter au récit. Après, à regarder le plaisir que j’ai eu à lire Lupus, Pilules bleues, Château de sable… je sais que je préfère le Peeters en N&B. Pourtant ici, je m’étais bien retrouvée dans les couleurs de l’univers… à voir donc ^^

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    1. Je pense que Fred Peeters, dans l’ensemble, est un auteur que tu devrais apprécier 😉 Château de Sable, Pilules Bleues et RG sont des titres que tu devrais feuilleter en allant te procurer Koma ^^ Mais il paraît que je ne suis pas objective concernant cet auteur 😆

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  3. Ah bah moi, j’ai rendu ma copie aussi mais le billet ne paraitra que mercredi 🙂
    Tu t’en sors bien pour une série lu au compte-goutte ! Pour ma part, je me suis dévorée les 6 tomes sur une soirée !

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    1. Lu au compte-goutte oui et non, vu qu’avec l’arrivée d’un nouveau tome chez moi, je relisais les tomes précédents. J’ai du lire le premier tome 3 ou 4 fois du coup ^^
      Je m’en sors bien ? Pfff… je n’ai pas l’habitude de planifier la publication d’un article vierge… juste pour me mettre au pied du mur et m’obliger à travailler un écrit 😆 Hâte de lire ton billet M’Dame !

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  4. J’avais aussi lu les tomes au compte goutte (et empruntés à la bibli) et du coup en fin d’année dernière quand j’ai vu l’intégrale je l’ai offerte à mon cher et tendre de manière tout à fait intéressée, même si je ne l’ai pas encore lu depuis mais je suis contente de l’avoir sous la main et en entier si une envie subite se présentait!!! ^^

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