Augustin, 8 ans environ, vit un réel drame familial. Sa grand-mère maternelle vient de mourir. Cet événement est un réel électrochoc. Son père souhaite en profiter pour vendre l’exploitation viticole de la grand-mère, quitter enfin cette Provence arriérée et remonter à Paris. Et la mère d’Augustin qui ne dit rien… elle ne dit jamais rien sa mère… et Augustin se sent si seul.
Jusqu’à l’autre jour, je n’étais pas un garçon à histoires. Mais tout a changé. Je ne sais plus qui je suis. Hippolyte criait ses ordres aux saisonniers et je ne pouvais plus contrôler les battements de mon cœur. Il voulait s’échapper comme un petit animal. Mais ma vue ne s’est pas brouillé de larmes. Ma grand-mère n’aurait pas voulu.
On plonge rapidement dans cet univers noir, guidé par la voix-off d’Augustin. Une voix intérieure qui nous accompagnera de bout en bout de l’album et qui n’acceptera que ponctuellement les dialogues des personnages secondaires : la grand-mère (quand l’enfant est perdu dans ses souvenirs), le père (qui hurle), la mère et Juliette (une employée saisonnière, seul personnage à apporter un peu de fraicheur à cette micro-société).
Ce qui marque avant toute chose, c’est la solitude de cet enfant, la violence de la situation qu’il vit et les conséquences du décès de la grand-mère (clef de voûte de cette organisation matriarcale). Augustin découvre la mort et doit faire son deuil sans aucun soutien. Une réelle épreuve à surmonter pour un si jeune enfant qu’aucun geste de tendresse ne viendra consoler car on ne lui en propose pas. La mort de la grand-mère maternelle sonne le glas de son enfance et le projette manu-militari dans le monde des adultes. Le scénario d’Olivier Mau rentre dans le vif du sujet immédiatement. S’il ne prête pas attention aux détails en revanche, il joue des non-dits et des silences pour installer son ambiance. Rapidement, on se sent le poids d’un secret de famille qui plane et lorsqu’on en découvre la teneur, cela fait déjà un moment qu’on voit l’enfant démuni face à ces regards que lui adressent désormais les adultes. Principale victime du drame, cet enfant se confronte à un système familial déviant. Une étrange atmosphère plane sur cet huis clos.
Côté graphique, Rémy Mabesoone donne le tempo de cette fable amère. Son trait n’est pas sans me rappeler des ouvrages comme ceux de Christophe Chabouté, Pascal Rabaté ou de Jérôme D’Aviau. Le noir y règne en maître, les jeux de contrastes sont importants, parfois oppressants et lorsque le personnage d’Augustin se sent impuissant ou en danger, les jeux de hachures sont de la partie. Ils viennent alors jeter de l’huile sur le feu et renforcer cette impression de perte de repères et de solitude. Un petit être livré à lui-même où personne ne semble vouloir suppléer la grand-mère qui assurait à la fois sa protection et se souciait de son bien-être.
Milieu rural et familles pathogènes sont du pain béni pour les auteurs qui semblent y trouver source d’inspiration. Ces éléments donnent souvent lieu à de bons thrillers. Fiction, fait divers ou récits autobiographiques, le monde rural apparaît souvent comme étant sans concession. Ainsi, je repense à Un Ver dans le fruit, Je mourrai pas gibier, Essex County ou Silence. Cet album ira compléter la liste, cette lecture est aussi l’occasion de me rappeler que j’avais repéré Achevé d’imprimer (du même duo d’auteurs) chez Ys. Une envie de lecture à remettre sur le haut de la liste !
Les chroniques : Damien R, Planete BD, Landry Noblet,
Une interview d’Olivier Mau sur Castermag’.
Au revoir Monsieur
One shot
Éditeur : Casterman
Collection : Univers d’Auteurs
Dessinateur : Rémy MABESOONE
Scénariste : Olivier MAU
Dépôt légal : septembre 2008
ISBN : 978-2-203-01248-6
Bulles bulles bulles…
Je n’accroche pas trop au dessin mais ce que tu dis de la BD est bien tentant.
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Le dessin est très sombre et dès le début, tu ressens un poids, tu saisis que l’atmosphère est malsaine. Ça colle très ben à l’histoire.
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Les planches que tu montres me rappellent beaucoup Koma (version noir et blanc, bien sûr^^).
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Mmh… je n’avais pas fait le parallèle avec Peeters en fait. Grosso modo, il faut que je lise Koma en N&B pour me faire une idée (c’est le genre de chatiment que j’adore m’imposer ^^)
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ça a l’air sombre…
bon weekend !
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Très sombre oui… mais c’est bon 😉 Il y a « Achevé d’imprimer » que j’avais vu chez Ys qui me tente bien maintenant. Je tanne mon libraire pour qu’il se refasse des stocks et je l’achète (il m’a proposé de le commander mais je suis pas fan de la commande ; je préfère savoir qu’il a plusieurs albums en stock histoire de ne pas être la seule à pouvoir en profiter ^^)
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Je te comprends mais le libraire n’a peut-être pas assez de trésorerie pour tout un stock ?!
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Certes… mais j’ai du mal à passer commande. C’est en stock ou ça ne l’est pas. Sur la question des stocks, je raisonne en cliente égoïste et j’ai tendance à dire que ce n’est pas mon soucis. Je reporte mes envies de lecture sans soucis ^^
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Tu vas devenir la terreur de ton libraire !
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Je crois que c’est déjà trop tard ^^ Ça fait des années que je fonctionne comme ça. Après, il n’a pas l’air de m’en vouloir. Vu ce que j’achète à chaque fois, ça compense bien 😀
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