« Point 10 : Nous voulons des terres, du pain, des logements, de l’éducation, des vêtements, la justice et la paix. Notre objectif politique majeur est l’organisation, sous le contrôle des Nations unies, d’un référendum au sein de toute la colonie noire : seuls les citoyens noirs auront le droit d’y participer. Ce référendum devra décider du destin national du peuple noir » (Ten Point Plan – 1966).
Fin des années 1960, Etats-Unis. Par l’intermédiaire de Vermont Washington, nous découvrons le combat mené par le Black Panther Party, mouvement révolutionnaire afro-américain, qui revendique une reconnaissance pleine et entière des Noirs par la société américaine ; en tant que citoyens américains de plein droit, ils aspirent au respect, à l’accès à l’éducation, à l’employabilité… comme tout autre citoyen américain. Un combat pour la liberté et l’égalité de tous les individus, sans distinctions de race, de statut social ou d’appartenance religieuse…
Une question de société malheureusement toujours à l’ordre du jour.
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Second et dernier volet du diptyque Motherfucker démarré en juin 2012. A l’époque, mon engouement pour le premier tome était modéré. J’avançais le côté conventionnel des propos, regrettais que le récit ne gagne pas en puissance et qu’il manque de spontanéité.
J’avais effectivement jugé un peu vite le travail du Sylvain Ricard. J’étais pourtant consciente de l’impossible exercice d’offrir une conclusion ferme et définitive alors que je n’avais qu’une vision partielle de l’histoire. « L’issue tragique du diptyque semble être une évidence » disais-je… et si c’est effectivement le cas, ce n’est en tout cas pas celle que j’avais imaginée.
La trame narrative poursuit son énumération, article par article, du Ten Point Plan rédigé en 1966 (je les avais repris dans ma chronique du tome 1). Cette seconde partie de Motherfucker reprend donc son fil conducteur et développe les 5 derniers points du programme politique du Black Panther Party. Les différentes pièces de l’échiquier ayant été placées dans le premier volet du diptyque, Sylvain Ricard s’attèle désormais à faire monter la tension. De la rancœur du premier tome on passe au registre de la colère. Un vent de révolte souffle au travers de ses pages, les attitudes des personnages – que j’avais jusque-là trouvés sur la réserve – se révèlent et leurs carapaces volent en éclats. Chacun affiche une volonté ferme de défendre ses convictions, certains sont même prêts à payer le prix fort pour défendre la cause des Noirs : égalité des chances, lutte contre le racisme et l’intolérance… Les personnalités sont assumées, quitte à bousculer le lecteur dans ses propres représentations. Ce choix narratif s’avère opérant puisque enfin, il est possible d’investir les différents protagonistes voire d’éprouver de l’empathie à leur égard. Le lecteur devient partie prenante du combat.
Guillaume Martinez quant à lui poursuit sur la même lignée. Le trait est fluide, le graphisme de toute beauté et les lavis donnent de la force à cette univers graphique. Tout s’emboîte parfaitement, comme si scénario et dessin étaient indissociables. Le dessinateur livre-là un travail ans sans aucune fausse note.
Je vous sais nombreux à attendre la fin d’une série avant de vous décider à l’acheter ou à l’emprunter. Je pense que vous pouvez vous tourner vers celle-ci en toute confiance… deux tomes à lire d’une traite (de préférence). J’attends vos avis et j’espère qu’ils seront nombreux !
Une lecture que je partage avec Mango
Extrait :
« Et laissez-moi encore insister : nous croyons que notre combat est une lutte de classes et non pas une lutte raciale. Nous ne combattons pas le racisme par le racisme. Nous ne combattons pas le capitalisme exploiteur par le capitalisme noir. Nous combattons le capitalisme par le socialisme. Nous ne combattons pas l’impérialisme par un impérialisme plus grand. Nous combattons l’impérialisme par l’internationalisme prolétarien » (Motherfucker, seconde partie).
Du côté des challenges :
Petit Bac 2013 / Gros mot : Mother fucker
Motherfucker
Deuxième Partie
Diptyque terminé
Editeur : Futuropolis
Dessinateur : Guillaume MARTINEZ
Scénariste : Sylvain RICARD
Dépôt légal : février 2013
ISBN : 978-27548-0807-1
Bulles bulles bulles…
Tu sais que je fais partie des nombreux à attendre la fin d’une série avant de se décider à l’acheter ou à l’emprunter. Celle-ci ne fera pas exception à la règle et devant tes 2 pouces levés je ne peux que m’incliner et chercher à me procurer ce diptyque au plus vite.
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J’étais restée sur ma faim en sortant du premier tome. Je trouvais à l’époque que les personnages mettaient trop de temps à se dévoiler, à s’installer et que l’ensemble manquait de force !! C’est toujours la même chose quand les récits sont découpés en plusieurs tomes. Et là, ce tome-là… quelle claque !! Quelle montée en puissance !!
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J’ai lu plusieurs histoire sur la ségrégation et je ne m’en lasse pas.Ce diptyque devrait donc me plaire. De plus tu en parles particulièrement bien. Je l’ai donc noté.
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Merci ! Les deux tomes sont à lire d’une traite 😉
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J’avais bien aimé « 20 ans ferme » avec Sylvain Ricard au scénario, ça m’a donné envie de m’intéresser à son travail. Alors je note, d’autant plus que le sujet m’intéresse et que tu nous en conseilles la lecture 🙂
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Bonne lecture dans ce cas 😉 Récemment, l’auteur a également réalisé « La mort dans l’âme » qui aborde la question de l’euthanasie 😉
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A choisir, le thème de l’euthanasie m’intéresse davantage. J’ai déjà prévu de lire « La mort dans l’âme ».
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On était plusieurs à avoir parlé de « La mort dans l’ame » (je me rappelle notamment des chroniques de Choco et Yvan)
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Bon, je m’incline… et j’obtempère ! Je note et je vais voir si je peux me dégoter ça ! 😉
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Les deux albums d’un coup Noukette !! Non… parce que sinon, c’est comme pour Balade balade… si tu ne fais pas un tour complet du propriétaire, tu ne te rends pas bien compte que tu es face à un chef-d’œuvre 😛
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J’ai pris le temps de lire ce diptyque, mais pas d’une traite. Le premier en médiathèque, il y a un moment déjà… et le deuxième en librairie, au moment de sa sortie… Biensur, j’ai aimé la trame et le dessin !
Un thème fort qui donne envie de lever le poing fermé.
J’ai remarqué que le diptyque n’est pas trop mis en avant côté librairie … Vu dans une seule sur 5 !
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Rhoooo… nimportnawak… allez, reprends les deux albums et installe-toi confortablement dans un canapé 😛
1 librairie sur 5 ??? Ils ont peur de quoi ?? Que le rouge des couvertures jure avec le jaune délavé des murs ???
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je parle du coffret qui est sorti en même temps que le tome 2 !
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Ah… ben je n’avais pas compris vu que tu me disais avoir lu le tome 1 en médiathèque et le tome 2 ailleurs…
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Encore jamais croisé sur ma route…
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Dans ce cas, maintenant que tu es avertie, n’hésites pas à le prendre en stop si tu le vois au bord de la route ^^
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2 pouces levés et je vais tout de même résister… Et oui, je me soigne 🙂
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Tu attends que le diptyque sorte en coffret ou en intégrale ou bien ?? ^^
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Non, j’ai lu plusieurs avis mitigés… donc j’attends 😉
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Logique !
De mon côté, c’était sur le tome 1 que j’étais sortie sceptique. Et au final, je trouve que ce second tome profite bien de ce que le premier tome a mis (un peu trop longtemps) à mettre en place.
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Merci pour cette découverte ! Comme le dit OliV, je crois que le « diptyque n’est pas trop mis en avant côté librairie ». Après une courte recherche, il me semble bien difficile à trouver au Québec… Dommage car les dessins me donne vraiment envie de le lire et ce que tu en dis aussi. Si je trouve les 2 albums, je les lirai d’une traite comme tu le conseilles !
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Oui parce qu’en sortant du tome 1… on se demande vraiment où l’auteur veut en venir. L’issue dramatique y était tellement une évidence que je voyais mal comment il allait pouvoir donner de la portée à ses propos.
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Il y a une phrase dans votre critique, qui explique ma propre réserve : « Une question de société malheureusement toujours à l’ordre du jour. » Je n’ai lu pour l’instant que le tome I ; ma réserve est à propos de l’usage militant qu’on peut faire de ce bouquin, genre : le parti black panther a contribué à abolir les discriminations raciales aux Etats-Unis, ce qui est complètement faux, comme la récente catastrophe en Louisiane l’a prouvé, la véritable fracture étant entre pauvres et riches, et non entre noirs et blancs.
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Je n’étais pas particulièrement emballée par le récit (et son message) quand je suis sortie de la lecture du tome 1. Je trouvais les propos un peu trop convenu et je voyais se profiler un dénouement on ne peut plus prévisible soutenu par l’image (adaptée pour l’occasion) du pot de terre contre le pot de fer.
Finalement, je n’ai pas l’impression que l’auteur souhaite attribuer aux Black Panthers les lauriers de ce combat contre les discriminations. Pour moi, il en propose une lecture, montre qu’ils ont contribué à ouvrir les perspectives mais que leur combat est de toute façon le combat de tous. D’ailleurs, le dénouement de cette série laisse la porte grande ouverte sur un immense chantier : celui de la défense des droits de l’homme, de l’égalité de tous face aux lois etc.
J’ai vu sur internet que Sylvain Ricard donnera ce soir une interview sur France Inter. Ça peut-être pour vous et moi l’occasion d’obtenir les réponses à vos questions et à mes suppositions 😀
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j avais manqué ta chronique, et j’adore ce dyptique, il est genialissisme tant au nivau contenu que graphique! un reel bonheur
Ps je dois faire partie des libraires (1/5) qui le mettent en avant, moi y’a un gros coup de coeur dessus, en pile et visible ;-), bref venez à tours pour le voir 😉 mais quel dommage aussi que mes confreres ne sont pas de cet avis
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Je n’étais pas aussi emballée à la sortie du tome 1. Je trouvais alors que le ton mettait trop de temps à monter.
C’est tout de suite beaucoup plus satisfaisant quand on a une vision d’ensemble de l’histoire. Je ne m’attendais pas à cette fin du moins, une partie de dénouement était prévisible mais je n’avais pas imaginé tout ce qui pouvait arriver
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