Madame Cahen habite dans une maison de retraite. La journée, elle s’installe devant la porte d’entrée de l’établissement, espérant une visite qui ne vient pas. Et puis, les infirmières sont contrariantes à penser que Madame Cahen ferait mieux de s’installer près de la fenêtre plutôt que près de la porte d’entrée. Les courants d’air ne la dérangent pas !!
Et ces fichues visites qui ne viennent pas !! C’est décidé, elle sort !!! Quelques impulsions et son fauteuil roulant prend de la vitesse. Elle se retrouve devant la grille de la crèche (école maternelle ?) de son petit-fils. Un peu de chaleur humaine n’a jamais tué personne !
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Cet ouvrage presque muet nous fait faire la connaissance d’une vieille dame au tempérament bien trempé. La retenue dans les dialogues sert étonnement bien l’histoire. Celle-ci profite, pour le coup, d’une spontanéité qui rend la lecture entrainante et rythmée. Un souffle d’air frais s’engouffre dans le récit et nous donne presque l’envie de partie avec cette vieille dame très touchante.
Puis, la rencontre avec le petit-fils imaginée par Loïc Dauvillier nous prend au dépourvu. Alors qu’on imaginait l’héroïne bien loin des siens, on s’étonne de les savoir si proches géographiquement ! Nouvel étonnement et nouvel appel à la sensibilité du lecteur, la découverte d’une grande complicité entre aïeule et l’enfant… le scénariste se met en retrait, confiant à sa collaboratrice (Déborah Pinto) le soin de démontrer par l’image que les mots sont inutiles pour décrire l’amour, la complicité et le bonheur d’être en famille.
Déborah Pinto signe ici sa première bande-dessinée. Le dessin est spontané, presque instinctif. Il esquisse les expressions de visages sans les figer, laissant ainsi au lecteur la part d’interprétation qui lui permettra de s’approprier cette courte histoire. Le lecteur happe les quelques dialogues qui passent à sa portée, de précieux indices déposés de-ci de-là qui viendront l’aiguiller dans sa compréhension de l’histoire. Car il y a quelques maladresses dans ce dessin qui effleure plus qu’il n’installe réellement les personnages, qui tronque les jeux de perspective. On le sent qui tâtonne…
Au demeurant, Mamé est un très bel album. Il ne compte pas plus d’une trentaine de pages mais cela suffit largement à amorcer une réflexion sur le temps qui passe, les liens qui se nouent entre les générations et le présent tout étriqué des pensionnaires des maisons de retraite.
Les chroniques de Jérôme, de Jean-François et Du9.
Une interview à laquelle a répondu Loïc Dauvillier (en 2009 / pour Sceneario) dans laquelle il revient sur sa démarche de création.
Mamé
One shot
Editeur : 6 Pieds sous Terre
Collection : Lépidoptère
Dessinateur : Deborah PINTO
Scénariste : Loïc DAUVILLIER
Dépôt légal : avril 2008
ISBN : 978-2-35212-036-0
Bulles bulles bulles…
pourquoi pas…
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Tout doux, 32 pages qui se lisent en 1/4 d’heure (ce qui est presque frustrant ^^)
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Tout ça me donne très envie, surtout après La Petite Famille…
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« La petite famille » a ma préférence. Si tu veux poursuivre sur ta découverte du scénariste en restant dans le registre des albums jeunesse, je te conseille « Petite souris grosse bêtise ». Ensuite, il a fait de très bons albums pour un lectorat adulte. Je pense à « L’attentat » (adaptation du roman de Yasmina Khadra), « Ce qu’il en reste » ou encore « Inès » (album sur lequel je n’ai pas complètement accroché mais je suis une des rares lectrices à ne pas l’avoir apprécié ; le sujet abordé est celui des violences conjugales)
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Quand j’avais lu cet album, ma grand-mère n’était pas encore en maison de retraite. Maintenant que je connais la triste réalité de ces lieux sordides, je trouve le traitement du sujet encore plus crédible.
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Je m’étais mis de côté le lien de ta chronique depuis que tu l’avais publiée. C’est chez toi que j’ai repéré ce titre pour la première fois. Il végétait dans ma PAL depuis de nombreux mois ^^ Merci pour la découverte 😉
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Cet album me plairait sûrement! Je viens justement de relire de Paco Roca « La tête en l’air » sur le même thème. Il a changé de titre et je ne savais pas en le choisissant que je l’avais déjà lu. Il’s’appelair « Rides » avant.
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En parlant du thème de la vieillesse, on termine dimanche notre thème sur « Les petits vieux » sur kbd. « Rides/La tête en l’air » était bien sur au programme, tout comme « Les petits ruisseaux » de Rabaté. Si tu aimes lire sur ce sujet, nous avons mis en ligne aujourd’hui les albums auxquels on avait pensé pour construire la thématique. Voici le lien de l’article 😉
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Voilà qui me tente…
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J’ai bien aimé le fait de me laisser guidez par un petit narrateur. Il y a beaucoup de choses qui passent grâce à « ses mots d’enfant »
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