James Joyce, l’homme de Dublin (Zapico)

Zapico © Futuropolis – 2013
Zapico © Futuropolis – 2013

Alfonso Zapico relate en un peu plus de 200 pages la vie de James Joyce, célèbre romancier et poète irlandais qui vécut au XXème siècle. L’un des auteurs les plus influents de son époque.

Alfonso Zapico ne s’encombre pas de fioritures narratives pour développer son sujet. Nous suivrons ainsi James Joyce de sa naissance à sa mort et aborderons les temps forts de sa vie. L’entrée en internat chez les pères jésuites, sa rencontre avec Nora qui deviendra la femme de sa vie, ses multiples déménagements à Paris, Londres, Zurich, Trieste, Pola, Trieste, Rome… et souvent, des déménagements forcés à six mois d’intervalle (comme à Zurich ou à Trieste) en raison de nombreux impayés locatifs (Joyce avait la fâcheuse habitude de dépenser son argent dans la boisson).

Une biographie intéressante à découvrir si ce n’est qu’il faut passer outre l’accueil austère réservé au lecteur. En effet, la première double page surprend par son côté verbeux et chargé… je ne vous cacherais pas que j’ai eu un mouvement de recul et nourrit nombre d’appréhensions quant à la suite de ma lecture. Pourtant, contre toutes attentes, on se laisse facilement emporter par le rythme du récit et l’attitude nonchalante de Joyce. Puis, timidement, les dialogues prennent progressivement le dessus sur une voix-off généreuse et loquace durant les premières pages.

Je disais plus haut qu’Alfonso Zapico m’avait donné l’impression d’exclure tout élément narratif subjectif de la vie du romancier irlandais. Je trouve ce choix judicieux si ce n’est qu’il impose au récit une forme légèrement saccadée. On passe sans transition d’une scène de vie à une autre, Zapico se contente uniquement de marqueurs temporels pour introduire une nouvelle parenthèse dans le parcours de Joyce. Le lecteur accède donc à de courtes scènes, dont certaines relèvent de l’anecdote. Certaines d’entre elles retranscrivent sommairement une rencontre (avec Marcel Proust, George Russell, James Stephens, John Millington Synge…), décrivent une soirée durant laquelle Joyce se noiera une fois de plus dans l’alcool ou mettent en scène le romancier en proie à l’inspiration.

Alfonso Zapico s’attarde également sur les précieux soutiens dont a bénéficié Joyce durant sa carrière ; ils lui ont permis d’être publié et d’accéder à la notoriété que nous lui connaissons. Ainsi, nous verrons régulièrement apparait Ezra Pound ou Harriet Weaver (son éditrice). Zapico aborde également les nombreuses difficultés rencontrées par Joyce pour publier Gens de Dublin, Ulysse ou bien encore son Work in Progress, la contractualisation avec des imprimeurs américains confrontés à l’interdit fédéral les empêchant de diffuser les œuvres de Joyce, les problèmes de santé de ce dernier très tôt atteint d’un glaucome… Nous verrons également apparaître les Jolas et leur « Manifeste de la Révolution du Mot ». Alfonso Zapico nous offre une biographie complète et documentée sur la vie de « L’Irlandais ».

Le graphisme quant à lui sert à merveille les propos d’Alfonso Zapico. Léger et aérien, il rend parfaitement compte de cette fausse insouciance dont témoigne Joyce et qui masque complètement un homme soucieux de l’accueil réservé à ses travaux, un homme travailleur et perfectionniste tant vis-à-vis de lui que de ses contemporains.

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Zapico © Futuropolis – 2013

PictoOKOn finit par s’attacher à cet homme à la personnalité atypique et se passionner par sa vie tumultueuse jalonnée de multiples déménagements, d’amitiés éphémères ou durables, d’années vécues dans la misère qui seront vite oubliées dès que Joyce obtient la reconnaissance de ses pairs et de ses lecteurs.

L’ouvrage se referme sur une postface qui reprend intégralement le texte d’une conférence que Valéry Larbaud a donnée à la Maison des Amis du livre en 1922 : « Son œuvre redonne à l’Irlande, ou plutôt donne à la jeune Irlande, une physionomie artistique, une identité intellectuelle ; elle fait pour l’Irlande ce que l’œuvre d’Ibsen a fait en son temps pour la Norvège, celle de Strindberg pour la Suède, celle de Nietzsche pour l’Allemagne de la fin du XIXe siècle, et ce que viennent de faire les livres de Gabriel Miró et de Ramón Gómez de la Serna pour l’Espagne contemporaine ».

Une présentation de l’auteur sur le site de la cité internationale de la BD et de l’image et la chronique de Cristie sur cet album.

Du côté des challenges :

Petit Bac 2013 / Lieu : Dublin

Petit Bac 2013
Petit Bac 2013

James Joyce, l’homme de Dublin

One shot

Editeur : Futuropolis

Dessinateur / Scénariste : Alfonso ZAPICO

Dépôt légal : mai 2013

ISBN : 978-2-7548-0893-4

Bulles bulles bulles…

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James Joyce, l’homme de Dublin – Zapico © Futuropolis – 2013

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

13 réflexions sur « James Joyce, l’homme de Dublin (Zapico) »

  1. Ca m’a l’air d’une lecture intelligente à la hauteur du personnage… Je ne sais pas si je vais la lire, mais c’est noté dans la tête. Le graphisme de la couverture se retient.

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    1. J’ai regretté de ne pas avoir relu au moins un ouvrage de Joyce avec cette lecture. Mes souvenirs de ses ouvrages sont ténus et j’ai eu du mal à me représenter la finesse de son style d’écriture. Quoiqu’il en soit, cet album de Zapico m’a donné envie de le redécouvrir. Moi qui voulait déjà reprendre du Pearl Buck cet été… j’ai l’impression que la période estivale va être axée sur des retrouvailles avec d’autres auteurs que j’ai lu il y a « fort fort » longtemps ^^

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  2. Je connais tellement peu Joyce que je ne suis pas vraiment tenté. Je préférerais lire la bio de Rimbaud réalisée par Xavier Coste mais ça, tu le sais déjà^^

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    1. J’attends ton avis sur ce Rimbaud. Il m’aidera à savoir si je me décide à le lire ou non. Tiens, ce que je ne t’ai pas dit… je me suis achetée le dernier Toppi ^^

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    1. Le rythme narratif colle assez bien avec le personnage et son mode de vie en fait. C’est ce genre de construction narrative que j’avais désapprouvé dans « Kiki de Montparnasse » mais ici, je trouve que cela crée une ambiance tout à fait appropriée

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  3. Très beau post Mo. J’ai un peu moins ressenti l’aspect saccadé même si il est vrai que Zapico retranscrit surtout des moments clés de la vie de James Joyce et quelques anecdotes. Je devais encore être en apnée ! ^^

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    1. En tout cas, le plaisir que tu as eu à lire cet album et la manière dont tu as partagé ton ressenti ont été communicatifs. Je me suis appuyée sur tes impressions pour dépasser la désagréable surprise de la première double page (chargée, verbeuse… en un mot : austère ^^). Merci 😉

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