Clichés de Bosnie (Ducoudray & Ravard)

Ducoudray – Ravard © Futuropolis – 2013
Ducoudray – Ravard © Futuropolis – 2013

En 2002, Aurélien Ducoudray apprend qu’une mission humanitaire doit partir dans les semaines à venir pour la Bosnie. L’action est organisée par Arlette (professeur dans un Collège privé qui se situe à deux pas de chez lui) et fait partie du projet pédagogique de sa classe de Quatrième. Aurélien Ducoudray tente le tout pour le tout. Il décroche un entretien avec l’enseignante dans le but de faire partie de son équipe.

Arrivés sur place, les bénévoles sont déjà en train de charger l’unique camion qui contient les dons faits à l’Association « JDA Evasion » pour les réfugiés bosniaques. Grâce à un heureux concours de circonstances, Ducoudray est amené à remplacer au pied-levé un des bénévoles car outre l’aide qu’il pourra apporter sur le terrain, son expérience et ses compétences en tant que photographe de presse font de lui une excellente recrue.

1781 kilomètres jusqu’à Tuzla, en plein cœur de la Bosnie, 4 frontières à passer, 2 nuits de route, 56 heure de voyage. Et c’est la découverte d’un pays encore blessé par sa guerre fratricide.

On est si bien accueilli dans cet album qu’il est très facile d’emboîter le pas d’Aurélien Ducoudray. Le rythme est enlevé et le ton amusé, deux indices qui laissent présager que la lecture sera agréable.

L’originalité de la scène de départ donne le « la » : le scénariste décrit comment il a eu connaissance de la mission humanitaire (en lisant un vieux numéro d’un hebdomadaire féminin). Sachant que mariages, remises de médailles, matchs de foot locaux… sont habituellement le genre d’événements qu’il couvre, on imagine donc facilement ce que cette opportunité représente pour lui (à l’époque, il travaille en tant que photographe de presse pour un quotidien. Avant de partir dans le témoignage de cette expérience bosniaque, Ducoudray fait le bilan de sa connaissance du sujet qui se limite – comme la grande majorité d’entre nous – à une succession de représentations sur la Bosnie essentiellement héritée d’une culture médiatique « grand public » :

« Les casques bleus ; le pont Mostar ; Tito ; le Général Morillon ; Les primés, comme Kusturica, et les minables, comme Finkielkraut ou BHL ; la purification ethnique… ».

Ducoudray – Ravard © Futuropolis – 2013
Ducoudray – Ravard © Futuropolis – 2013

Le récit se concentre essentiellement sur le séjour en Bosnie mais l’auteur y intègre régulièrement quelques brèves historiques nous permettant de revenir sur les événements traversés par le peuple bosniaque.

Un trait de caractère est utilisé pour représenter chaque intervenant : le gourmand, le caractériel, le susceptible… Cela donne un côté ludique à la lecture. La palette d’individus est riche, leurs personnalités respectives pimentent et égayent le récit, à commencer par Arlette, responsable de la mission humanitaire et femme au caractère bien trempé :

« Arlette, l’infatigable, l’increvable… l’inusable Arlette. La preuve vivante que les choses les plus importantes sont souvent sous votre nez ».

Les dessins de François Ravard emportent le lecteur dans un élan de bonne humeur. Le trait est alerte, détaillé et très vivant.

PictoOKPictoOKComme le précise la présentation officielle de l’album, ce témoignage « nous fait passer du rire aux larmes ». Le running gag de Jackie Chan nous amuse (une femme bosniaque a ainsi surnommé Aurélien Ducoudray dès son arrivée), le témoignage de Racim nous touche (cet homme travaille dans les tunnels à Tuzla et responsable de l’identification des corps qu’il inhume des fosses communes). On y ajoute un peu de traditions locales, un soupçon d’histoire, une généreuse quantité d’humour et d’humanité, beaucoup d’originalité dans la façon de retranscrire graphiquement ce témoignage… et on en arrive à un coup de cœur de lecture.

L’album est enrichit de deux bonus : une première partie qui contient notes, propos et croquis de François Ravard (qui s’est rendu sur place en 2011) et une seconde partie qui propose une galerie de photos (clichés pris par Ducoudray lors de son séjour en 2002).

« JDA Evasion », l’association gérée par Arlette, a mené à bien des actions humanitaires en Bosnie pendant 13 années consécutives.

La page Facebook de l’album.

La chronique de Cristie, PaKa, Ligne claire.

Une lecture que je partage avec Mango

Logo BD Mango Noir

Extrait :

« Comme on dit chez nous en Bosnie : on a survécu à la guerre maintenant, il nous faut survivre à la paix » (Clichés de Bosnie).

Du côté des challenges :

Petit Bac 2013 / Objet : Clichés

Carnets de Voyage : les camps de réfugiés en Bosnie

Roaarrr Challenge : Prix Région Centre et Prix Nouvelle république au Festival BD Boum 2013

Clichés de Bosnie

(Bosanska slika)

One shot

Editeur : Futuropolis

(Avec le soutien d’Amnesty International)

Dessinateur : François RAVARD

Scénariste : Aurélien DUCOUDRAY

Dépôt légal : juin 2013

ISBN : 978-2-7548-0699-2

Bulles bulles bulles…

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Clichés de Bosnie – Ducoudray – Ravard © Futuropolis – 2013

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

28 réflexions sur « Clichés de Bosnie (Ducoudray & Ravard) »

    1. J’y ai retrouvé l’ambiance des « Ignorants » même si le postulat de départ est différent. Je trouve qu’ici, le lecteur prend beaucoup de plaisir à être associé à cette aventure.

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  1. Ton avis plus celui de Cristie, c’est un duo infernal et des plus convaincants. Je fais quoi maintenant, j’attends qu’il arrive (un jour peut-être…) à la médiathèque ou je craque avant ?

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  2. Effectivement, tu ne tiens pas ta résolution « à bas les tentations » ! Mais j’aime quand même quand tu me tentes comme ça !
    Instructif, sympathique, intéressant… ok c’est noté !

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    1. Ce n’est pas tant un récit de guerre en fait. Je le vois plus comme un carnet de route qui fait état du quotidien dans les camps de réfugiés 😉

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