Les cinq conteurs de Bagdad (Vehlmann & Duchazeau)

Vehlmann – Duchazeau © Dargaud – 2006
Vehlmann – Duchazeau © Dargaud – 2006

Il y a très longtemps, le calife de Bagdad, qui aimait écouter des histoires, organisa un grand concours de conteurs. Mille et un participants s’inscrire à cette compétition. Ils avaient trois ans pour préparer leur histoire et la raconter, le jour de l’épreuve, sur la grande place de Bagdad. Il était prévu que le pire d’entre eux serait exécuté et que le meilleur de tous serait couvert de richesses et que son conte serait publié et diffusé par-delà les frontières.

Peu après la clôture des inscriptions, un enfant alla solliciter cinq d’entre eux : Nazim Ibn Khawam, Waahid, Tarek Ibn’Ibrahim El-Khaiami et Anouar Jali Hosayn Ibn’Abdillah. Le cinquième, Ahmed, était à l’origine de cette rencontre. C’était le fils du calife et il avait reçu l’autorisation de son père d’organiser un voyage :

« Je veux donc entamer avec vous, les meilleurs parmi les meilleurs, un périple à travers le monde. Mon père me l’a autorisé et j’ai suffisamment d’argent pour cela. Ensemble, imprégnons-nous des histoires les plus extraordinaires qui nous seront racontées en chemin. Et à notre retour à Bagdad… que le meilleur gagne ! ».

Tous étaient séduits par la proposition mais Nazim demande avant tout qu’ils rencontrent un devin pour savoir « sous quels auspices » leur voyage est placé. C’est chez Fahima, la meilleure devineresse de Bagdad, qu’ils se sont rendus. La lecture de leurs marcs de café a été plus qu’éloquente. Fahima leur a tout raconté, des périples qu’ils rencontreront, des liens qui se tisseront entre eux… jusqu’au nom du vainqueur de la compétition. Malgré tout, et après avoir tenté de peser le pour et le contre d’un tel voyage, les cinq conteurs décidèrent d’entamer l’aventure à l’écoute des propos de Tarek :

« A l’issue de ce voyage, nous pourrions… je ne sais pas… créer une histoire si incroyable, si merveilleuse, si généreuse qu’elle ébranlera le cœur des gens qui l’entendront et qu’elle rendra le monde un peu meilleur. Et aussi naïve soit cette idée, nous avons voulu y croire. Et voilà pourquoi nous sommes partis alors que nous savions ce qui allait nous arriver ».

Nous sommes interpellés, dès la première page, par un narrateur inconnu dont nous ne savons qu’une seule et unique chose : qu’il est l’un des cinq conteurs et que ce récit est influencé par la manière dont il a vécu les choses. Il réapparaitra ponctuellement dans le scénario, nous alertant sur l’importance d’un passage ou le fait que le récit touche bientôt à sa fin. En une page, il situe le contexte et le but de son intervention : nous raconter son histoire.

Puis, sans crier gare, le lecteur tourne la page et se retrouve aux premières loges. Fabien Velhmann consacre les premières pages à la présentation des cinq personnages principaux et divulgue leurs traits principaux de caractère et quelques éléments qui permettent de situer leur parcours. Très vite, on est pris par la lecture, le fait que le narrateur nous considère comme l’auditeur privilégié de cette histoire a un effet important sur l’attention qu’on lui accorde.

Un des éléments principaux du scénario est le ton enjoué dont il fait preuve. Le rythme est alerte et contient beaucoup d’humour ; les répliques des uns et des autres ne tergiversent pas, la franchise et l’ironie sont de mise tout au long du récit. Le pire des cinq personnage est Ahmed, l’enfant qui a rassemblé le groupe. Il dit tout haut ce que le lecteur pense tout bas, des vérités d’enfant souvent blessantes pour les autres personnages. Ils vivent tous ses interventions plus ou moins bien car il les perce à jour, il met le doigt sur leurs défauts, leurs mensonges… ce qui a tendance à attiser les susceptibilités.

Côté graphique, Frantz Duchazeau illustre ce récit avec beaucoup de liberté et d’entrain. L’organisation des planches est suffisamment variée pour renforcer l’aspect ludique et dépaysant déjà créé par le contenu des propos du narrateur. Ses choix de couleurs et son trait m’ont souvent fait penser au travail de Joann Sfar (Klezmer, Le chat du rabbin…).

PictoOKSuperbe récit qui, sous prétexte d’épopée fantastique, relate plus la quête identitaire de chaque personnage que leur réelle aspiration à vivre une folle aventure. La tonalité narrative nous permet de profiter pleinement de ces mille et une nuits passées à sillonner les routes en compagnie de ce petit groupe hétéroclite avec lequel on passe un très agréable moment.

« Et voilà comment nous apprîmes à nos dépens que certaines histoires étaient vivantes et usaient de nous comme de vaisseaux et qu’elles ne devaient pas toutes êtres répétées »

Les chroniques de David et d’Yvan.

Une lecture que je partage avec Mango

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Extrait :

« Il n’est rien de plus dangereux au monde qu’un conteur qu’on prend trop au sérieux ! Voilà pourquoi il est nécessaire de toujours bousculer les histoires comme l’a fait l’idiot du monastère byzantin. Malheur à ceux qui ne toléreront plus cette dérision ! Ceux-là verront leurs contes se transformer en un marbre monumental qui les écrasera sous son poids ! » (Les cinq conteurs de Bagdad).

Du côté des challenges :

Petit Bac 2013 / Nombre : cinq

Roaarrr Challenge : Prix des Libraires 2007

Roaarrr Petit Bac

Les cinq conteurs de Bagdad

One Shot

Editeur : Dargaud

Dessinateur : Frantz DUCHAZEAU

Scénariste : Fabien VEHLMANN

Dépôt légal : octobre 2006

ISBN : 2-205-05779-0

Bulles bulles bulles…

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Les cinq conteurs de Bagdad – Vehlmann – Duchazeau © Dargaud – 2006

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

21 réflexions sur « Les cinq conteurs de Bagdad (Vehlmann & Duchazeau) »

    1. De mon côté, c’est dorénavant « Le rêve de Meteor Slim » qui me fait de l’œil ^^ « Lomax » viendra certainement par la suite !

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    1. C’est encore trop tôt pour moi pour dire comment le souvenir de cette lecture évoluera. Pour le moment, je profite encore pleinement de ces personnalités aussi différentes que complémentaires et de cette pointe d’humour que les auteurs ont utilisée pendant toute l’histoire 🙂

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    1. Pas impossible en effet 🙂 Ce que j’ai bien aimé, c’est que le lecteur est tout de suite interpellé, dès la première page. Du coup, on perçoit vite si on va accrocher ou non à cette lecture.

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