Iron ou la guerre d’après (Vidaurri)

Vidaurri © Cambourakis – 2013
Vidaurri © Cambourakis – 2013

Tout a commencé avec une preview, celle de BDgest qui mettait en avant l’ouvrage au moment de sa sortie. Un titre que je me suis rapidement procuré avant de le laisser végéter quelques semaines dans ma PAL pour l’en extraire prestement après avoir lu la chronique d’Yvan.

« Dans un pays de neige et de glace, les vainqueurs de la guerre civile ont fini par imposer leur ordre. Un petit groupe d’activistes tente de résister à l’oppression, et prépare un attentat.

C’est James Hardin, un lapin, qui est le cerveau – et l’agent principal – du complot. Il a dérobé des documents ultra secrets au siège même de l’état major. Le général Hanslowe est furieux, et charge Calvin Engel – un tigre – et Pavel – un corbeau -, de poursuivre le lapin. Mais les coéquipiers ne s’apprécient guère : Engel est convaincu que Pavel est un traitre, il fera tout pour le prouver, quitte à manipuler des témoins » (synopsis éditeur).

Une déception.

Pourtant, on entre facilement dans cet univers. En guise d’introduction, un long passage muet qui permet au lecteur de prendre peu à peu ses marques dans un décor hivernal. Le vent gifle l’unique personnage (un lapin vêtu d’une simple chemise) qui avance dans cette nature enneigée et hostile. Le froid semble le transpercer, on ressent les morsures glaciales du climat. Les teintes bleutées du jour qui décroît progressivement se marient au blanc immaculé de la neige. L’ambiance graphique est léchée, soignée.

« Enfin ». Ce premier mot est lâché par cet homme exténué, comme une première victoire que nous partageons avec lui à la vue d’une maison isolée. La nuit vient de tomber et cette demeure s’annonce comme un refuge providentiel. Déjà, après quelques instants de lecture, j’ai perçu à quel point cet album était prometteur : on perçoit l’état d’esprit du personnage, on ressent des sensations physiques, on a de l’empathie… La scène qui suit nous livrera quelques éléments importants : le lapin connait cette demeure ainsi que ses occupants, il vient livrer des documents secrets qu’il a dérobés. Mais sitôt les dialogues engagés, j’ai déchanté.

Il est question d’une guerre passée dont on ne saura rien si ce n’est qu’elle a divisé le pays en deux camps. Que le conflit c’est achevé suite à un coup d’état, l’Armée est désormais au pouvoir et que des militants œuvrent en faveur de la démocratie. Il est aussi question de secret d’Etat, de camps, d’amis d’enfance qui ont pris des directions opposées, d’une « cause »…

Beaucoup de confusion dans ce scénario qui effleure son sujet et dénonce du bout des lèvres les dérives d’un système, les désillusions et les espoirs d’une frange de la population. Je suis restée sur ma faim en raison des nombreux non-dits : réserve ou pudeur de J-M Vidaurri de ne pas s’engouffrer dans le jugement hâtif ? Volonté de proposer une réflexion universelle et intemporelle ?

Ce que je déplore, c’est d’avoir eu l’impression d’être face à l’ébauche d’un récit. L’intrigue manque de consistance, le lecteur n’a pas assez d’éléments pour se situer correctement dans cet univers. On perçoit les personnages plus qu’on ne les voit évoluer, j’ai trouvé qu’ils manquaient de charisme. Quant à leur propos, ils sont parfois trop concis, s’appuient trop sur les non-dits et la traduction est parfois approximative. En somme, il y a un peu trop de mystères dans cette histoire, je l’ai effleurée. « Oui mais Iron ou la guerre d’après est le premier album de J-M Vidaurri ! » me direz-vous… Certes… et je vous répondrais que cette lecture est bien trop frustrante pour trouver du plaisir à la lire.

« Ce que l’auteur fomente avec cette « guerre d’après », c’est la mise à nu des consciences vacillantes, quand la fron­tière entre héroïsme et lâcheté, conviction et cynisme ne tient qu’à un fil » (Telerama)…

 … mais l’ensemble manque de rythme, le scénario est avare en transitions et dépourvu d’indicateur temporels, les questions fusent en permanence : quel est le laps de temps qui sépare certaines scènes ? Pourquoi untel a-t-il trahi son camp… qu’y gagnait-il ? Comment des enfants sont-ils arrivés en prison orphelinat ? Comment untel a-t-il appris cette information ?… Sans compter qu’on ne sait rien de cette fichue « vieille guerre » et que l’on en vient inévitablement à constater que cette guerre n’a apporté que désillusions et rancœurs.

pictobofUn monde finalement assez silencieux et hermétique. Une lecture assez frustrante. Accepter cette tranche de vie éphémère presque anecdotique, accepter de ne rien maitriser tant les rebondissements sont imprévisibles voire incompréhensibles… Ce livre me dépasse, je l’ai effleuré, je n’ai accroché à aucun des personnages croisés. Qu’il soit lâche, patriote ou même militant… en presque 160 pages, ces créatures-là sont restées de parfaites inconnues.

La chronique d’Yvan et celle de Dinoaw.

Une lecture que je partage avec Mango

Logo BD Mango Noir

Du côté des challenges :

Petit Bac 2013 / Objet : iron

Petit Bac 2013
Petit Bac 2013

Iron

One shot

Editeur : Cambourakis

Dessinateur / Scénariste : Shane-Michael VIDAURRI

Dépôt légal : avril 2013

ISBN : 978-2-36624-033-7

Bulles bulles bulles…

La preview sur BDGest.

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Iron ou la guerre d’Après – Vidaurri © Cambourakis – 2013

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

29 réflexions sur « Iron ou la guerre d’après (Vidaurri) »

  1. Tu mets un sacré bémol aux articles élogieux que tu cites! Le graphisme me plait plutôt bien mais si le texte est trop mystérieux, alors évidemment, c’est dommage!

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    1. C’est que je me suis fortement ennuyée durant la lecture. Je ne suis pas peu fière d’être arrivée à bout de ce livre. J’ai bien cru qu’il allait me tomber des mains. Dommage. Cet auteur-là devrait opter pour la réalisation d’albums muets 😀

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  2. Aaargh, je ne peux pas lire ce billet, cette BD est juste là, cela fait un moment que je tourne autour ( et c’est celle que je prévois pour mon retour au mercredi BD ^^. ET après  » Les pieds bandés « . Si :))

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    1. Bon… je crois que tu fais bien de ne pas lire mon avis 😀
      En revanche, j’ai hâte de lire le tien histoire de comprendre ce qui s’est passé pour moi durant cette lecture…

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  3. J’avais bien compris que ça avait l’air assez hermétique. J’étais très tenté au moment de sa parution et depuis, en lisant des avis ici ou là j’ai été particulièrement refroidi. L’impasse s’impose je crois !

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    1. C’est la première fois que je me rue sur un album en ayant juste vue une preview en ligne. J’étais pourtant sûre de mon coup… le genre de titre que je regrette d’avoir acheté quoi 😀 C’est pourtant rudement beau à l’intérieur !!!! Ce qui est d’autant plus frustrant 🙂

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  4. Je te rejoins tout à fait : c’est superbe mais un peu hermétique, ou en tout cas, je trouve, un peu « léger ».
    Dommage, il y avait matière à faire plus dense…

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    1. Clairement oui, à commencer par le fils (je n’ai pas compris… enfin, j’ai deviné pourquoi il se ruait corps et âme dans le combat de son père mais je trouve ça trop mince ; idem pour l’un des militaires – le plus hargneux – j’aurais aimé en savoir un peu plus sur son compte). Je ne les cite pas tous mais oui, on a un beau résumé, une bonne base… maintenant que j’ai lu l’ébauche, je veux bien lire le roman graphique dans son intégralité ^^

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  5. Ahh bah mince alors.
    Au moins tu es allée au bout. bravo !
    Pas sûre que j’en aurai été capable. En fait , si, mais j’aurai été probablement très frustrée aussi. Alors, je passe mon tour …

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    1. C’est assez rare quand j’abandonne un livre en cours. Je me dis toujours qu’un moment où l’autre, le déclic va finalement se faire ^^ Bon, pour cette fois, le livre a trouvé sa place sur mes étagères et je crois qu’il va se contenter de prendre la poussière ^^

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  6. Merci de citer mon blog et ma critique en tout cas! 🙂
    J’arrive très très très bien à comprendre ton avis sinon. Qui a été pas mal partagé par mon entourage aussi. Je crois que simplement les images, et certains personnages ont réussi à me happer suffisamment pour que je sois sous le charme. Mais je comprend tout à fait ceux qui ont été déçus!
    C’est agréable de lire un avis qui nuance en s’appuyant sur des propos concrets.

    En espérant que son prochain livre saura plaire davantage, parce que le graphisme est SI beau!

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    1. Bonjour à toi 🙂
      Je suis assez déçue de ne pas avoir pu m’appuyer sur le graphisme comme tu es parvenu à le faire. Les coloris sont un peu trop sombres pour moi, je trouve que cela épaissit l’intrigue alors qu’elle n’en a pas forcément besoin. Au contraire, elle aurait gagné en force à être un peu étayée.
      Ta chronique m’a permis de mettre timidement le doigt sur le « pourquoi je n’ai pas aimé ». Après, c’est frustrant de ne pas parvenir à entrer dans un univers d’auteur ! 🙂
      Quant à son prochain album, je regarderais oui. Mais je pense que je lirais les premières planches avant de me décider à acheter 😀

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  7. Tout d’abord, vous remercier d’avoir donné mon roman une chance. J’apprécie vraiment ça! Peut-être que vous n’avez pas soin de mon roman, et vous avez droit.

    Nous ne savons rien de l’ancienne guerre parce que c’est un mythe que l’on peut retracer la raison de la guerre. Conflit engendre des conflits, à travers l’histoire. Le titre fait référence à la guerre après, qui est la guerre de la vie.

    Encore une fois, merci de donner ma BD à lire. Je suis reconnaissant pour la poussière qui doit recueillir sur elle. Et merci pour vos pensées!

    (excusez mon écriture, je ne suis pas un locuteur natif)

    PS merci personnellement dinoaw pour votre examen, il réjoui mon coeur!

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    1. Je voulais avant tout vous remercier de votre compréhension et de votre intervention sur mon blog.
      Ensuite, les détails mon manqué, vraiment. Comme j’ai tenté de l’expliquer, il y a trop de non-dits pour moi, il y a trop de mystères et cela ne m’a pas permis de pouvoir me représenter cette société. Pourtant, pendant une bonne partie de la lecture, j’ai trouvé très pertinent le fait que « la vieille guerre » ne soit pas racontée. Cela donne un coté universel au conflit.
      Par contre, concernant les personnages, j’ai souffert de ne pas pouvoir les investir. J’aurais aimé pouvoir les voir « vivre », les comprendre : qui sont-ils réellement ? d’où viennent-ils ? pourquoi luttent-ils ensemble ? s’aiment-ils ?? En résumé, je vous aurais volontiers accompagné sur davantage de pages, j’aurais aimé que vous étoffiez un peu ces personnages fictifs (leurs personnalités, leurs caractères…) pour pouvoir les investir, les « ressentir ». Je veux les comprendre : pouvez-vous m’aider ? 😀
      Je suis contente également que Dinoaw soit intervenu dans les commentaires. Il apporte un regard très différent de celui que j’ai posé
      Merci à vous de votre visite sur cet espace 🙂

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    1. Je crois que tu prends une sage décision. Mon avis n’engage que moi… et le fait de pouvoir te lire sur ce titre me permettra aussi de comprendre ce qui m’a échappé 😉

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  8. Je n’étais pas parvenu à entrer dans le récit lors de mon passage chez toi… j’ai abandonné en route, mais ce n’était peut-être pas le lieu et le moment pour se plonger dans ce récit… je pense qu’il faut être en condition pour adhérer à ce type de lecture.

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    1. Pourtant, comme tu as pu le constater, je ne me suis pas ruée sur le livre, préférant attendre une période plus propice (les vacances en l’occurrence) pour le découvrir. Cela m’a agacée de ne pas pouvoir entrer dans cet univers ! 🙂

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