Enfant soldat, diptyque (Ra & Fukaya)

Ra – Fukaya © Guy Delcourt Productions – 2009
Ra – Fukaya © Guy Delcourt Productions – 2009
Ra – Fukaya © Guy Delcourt Productions – 2009
Ra – Fukaya © Guy Delcourt Productions – 2009

Aki Ra est né au Cambodge en 1973. Orphelin à l’âge de 5 ans, il est placé dans un camp d’orphelins deux ans plus tard. Les soldats de Pol Pot assurent son éducation en lui apprenant à survivre dans la jungle. A 10 ans, il devient enfant-soldat. Ses aînés le sensibilisent aux mines antipersonnel, au maniement des armes et aux techniques de combat.

En 1986, il est fait prisonnier par l’Armée vietnamienne qui l’enrôle de force dans ses troupes. Il va alors combattre contre son camp et son rôle consistera essentiellement à poser des mines antipersonnel sur le territoire cambodgien. En 1989, Aki Ra a 16 ans ; suite à un assaut, les troupes cambodgiennes le capturent avant de s’apercevoir qu’il est cambodgien. Les soldats l’intègrent dans leurs rangs mais avant toute chose, ils l’envoient sur les bancs de l’école où il apprendra à lire et à écrire. De 1993 à 1997, il interviendra aux côtés des membres l’APRONUC pour commencer le déminage du Cambodge ;  sa première mission consiste à sécuriser le plus haut lieu culturel et historique de son pays : Angkor Vat. Puis, lorsque les troupes internationales se retirent, Aki Ra décide de devenir mineur free-lance. Il ouvre peu de temps après, en 1999, le Musée de la mine et des enfants situé « à l’intérieur de sa propre maison. Le Musée subsiste pendant de nombreuses années, sans recevoir la moindre aide financière autre que les dons des visiteurs. Afin de communiquer au monde le danger que représentent les mines mais aussi la misère due à la guerre, il y expose des mines et des bombes non explosées qu’il déterrait lui-même. Par ailleurs, il apporte de l’aide à des orphelins de guerre et à des enfants victimes de mines. Le nombre de mines qu’il a désamorcées à ce jour s’élève à plus de 25000 » (extrait du texte présent en rabat de couverture).

Biographie d'Aki Ra
Biographie d’Aki Ra

Sur un tel sujet, il n’est pas étonnant de trouver une préface de Séra (dont j’avais apprécié L’eau et la terre). Les deux témoignages se font écho mais L’enfant soldat couvre une période plus importante ; Aki Ra permet ainsi au lecteur de découvrir l’après-guerre cambodgienne et quel a été le processus de reconstruction du pays (présentée à l’échelle de son expérience personnelle).

Aki Ra
Aki Ra

Le parcours de cet homme est réellement impressionnant… un ressenti d’autant plus fort lorsque j’ai fait le parallèle avec ma propre expérience. J’ai presque le même âge qu’Ari Ra puisque je suis née deux ans après lui. Son témoignage m’a frappée et bien que nous soyons de la même génération, les conditions dans lesquelles nous avons vécues nos enfances respectives sont aux antipodes ! La mienne se rapprocherait plus de celle d’Akira Fukaya, le dessinateur du diptyque, qui semble lui aussi abasourdi et fait le parallèle en injectant la seule case (dans tout le récit) qui n’a pas de lien direct avec la vie d’Aki Ra :

« Ce même jour, tandis que la femme de l’homme exécuté pleurait en cachette et étouffait difficilement ses sanglots, Akira, naïf écolier japonais, gloussait sans doute devant une quelconque émission de télé… comme d’habitude ».

On s’attache très rapidement à l’enfant. Balloté par les événements, il parvient pourtant à tirer tant bien que mal son épingle du jeu. On imagine que cela tient en grande partie à sa personnalité. Il est généreux en amitié, franc, son sang-froid impressionne. Certes, il est important de souligner que Akira Fukaya a volontairement inséré des scènes fictives afin de rendre cet homme très sympathique. L’auteur ne s’en cache pas, il le répète d’ailleurs à plusieurs reprises. Cependant, il me semble qu’il n’a fait que s’appuyer sur des traits de caractère qui préexistaient avant même que les deux hommes ne se rencontrent.

Quant aux dessins de Fukaya, ils sont très réalistes et descriptifs, loin des effets grossissants auxquels les mangakas recourent habituellement.

PictoOKUn témoignage sensible que je vous invite à découvrir à votre tour. Une lecture qui m’avait été conseillée par Choco.

Les chroniques de Mackie (Les chroniques d’un newbie) et Catherine Princen (Auracan).

Une lecture que je partage avec Mango

Logo BD Mango Noir

Du côté des challenges :

Challenge Histoire : la guerre du Cambodge

Le tour du monde en 8 ans : Cambodge

Challenge TourDuMonde Histoire

Extraits :

« J’avais cinq ans lorsque mes parents furent tués. A l’âge de dix ans, on m’a donné un fusil et je suis devenu soldat. Au Cambodge, on dénombrerait plus de six millions de mines encore enfouies dans le sol… dont certaines que j’ai moi-même placées » (L’enfant soldat, tome 1).

L’enfant soldat

Diptyque terminé

Editeur : Delcourt

Collection : Akata

Scénariste : Aki RA

Dessinateur : Akira FUKAYA

Dépôt légal : janvier 2009 (tome 1) et mai 2009 (tome 2)

ISBN : 978-2-7560-1512-5 (tome 1) et 978-2-7560-1513-2 (tome 2)

Bulles bulles bulles…

Découvrir les premières pages de la série sur Akata.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

L’enfant soldat, diptyque – Ra – Fukaya © Guy Delcourt Productions – 2009

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

27 réflexions sur « Enfant soldat, diptyque (Ra & Fukaya) »

  1. Rien à voir avec le manga « Akira » donc 😉
    Un témoignage qui ne doit, en effet, pas laisser indifférent. Ça me tente ce genre de lecture !

    J’aime

    1. Rien à voir avec Akira non. C’est amusant que tu parles de cette série, je viens de terminer le premier tome et j’ai vraiment bien aimé !
      Quant à « Enfant soldat », j’ai apprécié le traitement du sujet. Le personnage est sympathique à l’extrême mais l’auteur ne cache pas ses intentions et je n’ai pas trouvé que cela était dérangeant. Une lecture didactique certes, mais il n’y a pas non plus de lourdeurs dans la manière dont les informations sont traitées. Et puis ce que j’ai également apprécié, c’est l’absence de caricature dans le dessin (les expressions ne sont pas exagérées à outrance comme on le voit souvent dans les mangas). Bref, une belle découverte ^^

      J’aime

      1. Je connais surtout Akira avec son adaptation en film qui m’avait scotchée, il y a de ça quelques années maintenant.

        Oui, vendu ! J’ai réservé ce livre à la biblio. Reste à voir quand vais-je le recevoir.

        J’aime

        1. Vu comme je suis partie, je vais lire toute la série manga et je pense passer ensuite à l’anime. Les copains de kbd m’ont convaincue que je raterai quelque chose si je ne découvrais pas ça ^^

          J’aime

  2. Pas super gaie forcément comme lecture. Mais en même temps on sent que ce témoignage a fait mouche avec toi alors du coup je le note, même si je n’en ferais pas une priorité (j’en ai tellement d’autres des priorités…).

    J’aime

  3. Tu ne seras pas étonnée si je te dis que je ne note pas… Trop novice en manga pour me lancer dans un truc pareil. Cela dit, le thème est intéressant… et tu en parles très bien !

    J’aime

    1. Merci Madame 😀 J’ai beaucoup de mal à revenir vers les mangas mais avec des lectures comme celles-ci, ça me donne envie de fouiller quelques rayons pour en dénicher d’autres ^^

      J’aime

  4. Pas trop tenté… j’ai eu une surdose de guerre et de soldats et je redépose systématiquement ce genre d’ouvrages pour l’instant… Je me contenterai donc de l’excellente saga « La grande guerre de Charlie » pour l’instant…

    J’aime

    1. Ma foi, on ne peut pas tout lire non plus. J’ai mis beaucoup de temps à venir à cette petite série. Cela devait faire une bonne année que je l’avais dans ma PAL et que je le feuilletais sans plus d’entrain.

      J’aime

    1. Ouh ce n’est pas ma faute s’il y a sur-saturation dans ce registre ^^ Mais il est vrai qu’il y a un flot incessant de livres qui sortent sur ce thème. A dose homéopathique et en triant bien (je préfère le reportage à la fiction), je garde du plaisir à lire ces ouvrages. Mais dès que ça canarde dans tous les sens et qu’il y a effusion de sang de manière incessante, je prends mes jambes à mon cou 🙂

      J’aime

    1. Oui, d’autant que les enfants sont totalement à la merci des adultes et qu’il y a peu de chances qu’ils se révoltent. C’est effrayant de voir comment on se sert d’eux

      J’aime

    1. J’espère que tu le trouveras facilement. Je n’ai pas regardé en bibliothèque mais en librairie, il a fallut que j’attende que mon libraire le commande

      J’aime

  5. Je suis contente de te voir piocher dans quelques listes mangas ! Au final, je n’ai toujours pas lu le 2ème tome (j’ai prêté la série à une amie) mais je relirais les deux avec beaucoup de plaisir ! Le Cambodge m’a toujours beaucoup attiré et son histoire tourmentée donne de la matière.

    J’aime

    1. Tu me l’avais conseillé en 2010… j’ai mis un peu de temps à y venir pourtant, je te sais de bon conseil.
      Je n’explique toujours pas pourquoi j’ai tourné le dos aux mangas du jour au lendemain par contre. J’essaye de me soigner petit à petit ^^

      J’aime

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.