Un petit goût de noisette (Vanyda)

Vanyda © Dargaud – 2014
Vanyda © Dargaud – 2014

La noisette. Une métaphore sucrée-salée qu’emploie Vanyda pour parler des sentiments.

En une douzaine de scénettes, l’auteure explore les relations amoureuses. Qu’ils soient célibataires ou en couple, ses personnages aspirent simplement à quelques grammes de tendresse. Peu importe la manière d’y parvenir, un instant de plaisir vaut bien toutes les folies.

Il est question de tiraillements, de douleurs, d’amertume, de gaucheries, de fascination, d’attirance… Evidemment, le panel retenu par Vanyda n’est pas exhaustif. Tout ici est à la fois unique et pourtant si ordinaire, à la fois fictif et pourtant si réel.

Chaque planche de l’album est une petite merveille. Entre la composition graphique, les gestuelles, les expressions de visage, les détails et les accessoires… tout facilite la tâche au lecteur pour qu’il s’approprie ces différentes histoires qui parlent de sentiments.

L’auteure travaille chaque sentiment et montre à quel point cette sensation est volage, parfois volatile, souvent capricieuse et qu’il vaut mieux l’attraper lorsqu’il se présente plutôt que de le laisser s’échapper. On retiendra davantage de cet album le côté pétillant et frais qui émane de ces historiettes plutôt que le caractère pathétique de certains parcours jalonnés d’échecs amoureux. La couleur nous sert de guide ; c’est la première fois que l’occasion m’est donnée de découvrir cette facette du travail de l’auteure (je connaissais Celle que… et L’immeuble d’en face, deux séries qui s’ancraient dans un univers construit en noir et blanc). Vanyda joue cette fois à l’aquarelle et le résultat est concluant.

Un album entrainant qui donne donc l’impression d’une petite poésie permanente qui flotte dans l’air et malgré les déceptions fortes rencontrées par certains, le discours reste optimiste (à une exception près). Les teintes retenues servent le propos. Elles créent une ambiance propre à chaque récit tout en suivant le fil conducteur de l’album. La couleur relie les protagonistes entre eux. Bien que l’ouvrage se compose d’histoires de vie très distinctes les unes des autres, la couleur donne de l’harmonie à l’ensemble. De fait, le lecteur n’a pas l’impression de devoir butiner d’une histoire à l’autre mais bien de suivre un lien parfois ténu [certes] mais bel et bien réel.

Un petit goût de noisette – Vanyda © Dargaud – 2014
Un petit goût de noisette – Vanyda © Dargaud – 2014

Vert, rouge, rose, orange… chaque personnage est rattaché à un coloris. Ce dernier est plus ou moins soutenu en fonction de la nature de l’événement à décrire. Vanyda dilue parfois sa couleur jusqu’à ce qu’elle devienne presque transparente, accentuant ainsi la gêne ou la retenue du personnage face à une situation et/ ou une émotion qui le surprend. Sensibilité et sensualité jaillissent des planches. Il y a de l’électricité dans l’air, on perçoit l’émoi des personnages, on pourrait presque voir ces petits atomes crochus qui existent entre eux. La couleur vient matérialiser ce qui ne se voit pas à l’œil nu… ce qui se passe de mots.

Cet ouvrage se lit d’une traite, on tourne les page sans s’en apercevoir. La lecture file sans prise de tête bien qu’on puisse facilement partir sur le côté réflexif de la chose tant les situations nous sont familières ! De ces différents cas de figure, on imagine aisément que certains ont été inspirés d’expériences vécues. Les aquarelles de Vanyda pourraient être perçues comme des passerelles que le lecteur pourrait emprunter et qui relieraient les fictions racontées par l’auteure et la réalité de ce lecteur. Car ces récits nous touchent plus ou moins directement… ils font mouche, tout cela étant si plausible. Et que l’on se projette ou que l’on reste spectateur, on ne peut que profiter de la justesse des observations de Vanyda sur des rapports humain si simples et pourtant si complexes.

Mais la frontière entre indépendance et solitude est mince…

Avec malice et beaucoup de tendresse pour ses personnages, Vanyda tisse des liens entre eux (liens de parenté, liens amicaux…).
de plus, certains protagonistes reviennent à une ou deux reprises dans l’album, ce qui permet de les investir davantage ou d’ajuster notre regard sur eux. C’est au choix, mais en aucun cas il n’est question de porter un jugement sur tel ou tel agissement. Ainsi Manon, la fillette qui – dans la première histoire – s’amourache d’un garçon plus âgé qu’elle, est de nouveau le personnage central de la quatrième histoire mais elle est désormais majeure et consciente que chaque relation amoureuse est le résultat d’une alchimie délicate.

… et aux belles occasions à ne pas laisser s’envoler

PictoOKDrague, relation platonique, attirance, désir, tentative, déception, découverte, attachement… autant de mot que j’avais notés sur mon carnet de lecture et que je recopie à la volée. Trouver les mots justes pour présenter cet album est un tour de force dont je ne me sens pas capable ; autant de raisons personnelles d’accrocher avec tel ou tel personnage qu’un autre lecteur n’aura pas, et réciproquement. Mais je suis certaine que cet album résonne en chacun de nous.

Ce qui est sûr, c’est que certains de ses personnages ne vous laisseront pas indifférents… pas besoin de forcer pour avoir l’impression que parfois, c’est de vous dont il est question. Un album sans prétention. « Ça ressemble à la vie comme elle est, joyeuse, triste, traversée par de l’attente, de l’espoir, des désillusions et de magnifiques rencontres » disait Jérôme dans sa chronique… je ne trouve pas mieux à dire.

Vous êtes déjà nombreux à avoir conseillé cette lecture. Un grand merci à Marion, Moka, Noukette, Stephie, Pierre Darracq, Livresse, Faelys, Petite noisette, Aurélie, Saxaoul et Violette.

Une lecture que je partage avec Mango :

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Un petit goût de noisette

One shot

Editeur : Dargaud

Dessinateur / Scénariste : VANYDA

Dépôt légal : janvier 2014

ISBN : 978-2-5050-6000-0

Bulles bulles bulles…

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Un petit goût de noisette – Vanyda © Dargaud – 2014

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

26 réflexions sur « Un petit goût de noisette (Vanyda) »

    1. Cela fait une tentation partout pour aujourd’hui 🙂 J’espère que tu aimeras ces noisettes si tu as l’occasion de lire l’album. Quant à moi, je crois que si les librairies étaient déjà ouvertes d’aussi bon matin, je me serais déjà procuré cet « Homme amoureux » dont tu parles si bien 😀

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    1. J’appréhendais de faire un peu la fine bouche. J’avais encore les avis enjoués des copinautes en tête… J’espère qu’il te plaira également

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    1. Je ne sais pas ce que je retiendrais de toutes ces histoires mais je pense que je garderais en mémoire cette atmosphère chaleureuse qui flotte durant toute la lecture

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  1. Les sentiments sont souvent volatiles et capricieux comme tu dis, et c’est parfaitement démontré dans cet album que j’avais aussi beaucoup aimé.

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  2. J’ai beaucoup aimé cet album, la douceur des aquarelles, ces tranches de vie, ces histoires d’amour (ou pas…). Vanyda est un auteur que j’aime beaucoup.

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  3. Je ne peux que te dire merci à toi! J’ai failli avoir une crise cardiaque en voyant le nombre de visites que j’ai eu hier! Je ne sais pas comment tu fais pour avoir autant de trafic, mais bravo dans tous les cas 🙂

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    1. C’est si frais finalement qu’on s’est tous laissé porter je crois. Un personnage cependant [l’homme « rose » au colis] est pathétique ; il dénote réellement par rapport aux autres. C’est le seul grain de sable

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  4. Bon va falloir que tu lises moins de bons bouquins toi parce que du coup, je suis obligée de noter ce titre (t’as vu, l’art de rejeter la faute sur un autre :-P). Trêve de plaisanterie, ton billet et les extraits que tu y as mis me donne envie de découvrir cette BD.

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    1. Bon d’accord mais c’est pas ma faute ! ^^ Il y avait trop de bons avis en ligne pour que je parvienne à passer à côté de ce titre 😳
      Ssssspa ma faute m’dame :mrgreen:

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      1. 😀 Il est réservé à la médiathèque. Je crois qu’il va falloir que j’arrête de dormir pour lire tout ce qui me fait envie en ce moment !! 😛

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  5. à les revoir, les dessins sont très beaux mais pour ma part, le scénario ne m’a pas emmenée très loin. Résultat : j’ai presque tout oublié! Mais c’est joli, oui.

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