Mille parages, tome 1 (Hureau)

Hureau © La Boîte à bulles – 2015
Hureau © La Boîte à bulles – 2015

« Simon Hureau aime les chemins de traverse… Lors de ses périples, le bougre reste rarement sur les itinéraires touristiques : il préfère s’échapper, carnet en main, pour découvrir et croquer l’envers du décor, le mode de vie des personnages demeurant là ainsi que mille détails drôles ou sordides qui échappent généralement aux yeux de ses congénères.
Absorbé par ce qu’il observe, il ne peut éviter parfois certaines galères, le plus souvent sans gravité – et propres à amuser ses lecteurs…
Ce premier volume de Mille parages regroupe pêle-mêle une riche moisson de récits courts, inédits pour certains, égrainés, pour les autres, depuis une douzaine d’année au fil de publications plus ou moins confidentielles.
Simon nous invite à le suivre, des bords de Loire à la jungle thaïlandaise, d’un simple trajet en RER à un chantier d’entraide dans la brousse togolaise, de Bologne à Meknès…
Les prochains volumes devraient nous emmener vers d’autres ailleurs, de Surabaya à Padang Galak, de Xi’an à Dang Jia Cun, de Novella à Belgodère… » (texte accueillant le lecteur sur le rabat de couverture de l’album).

Le lecteur tient entre les mains un recueil contenant diverses anecdotes vécues lors de différents voyages, qu’ils soient touristiques, humanitaires ou professionnels.

On découvre ainsi l’aversion de Simon Hureau à dormir dans une chambre d’hôtel et on a désormais la certitude que cet homme-là est un amoureux de la nature. Si vous ne vous en doutiez pas, je vous invite à lire Palace (carnet de voyage réalisé suite à un séjour au Cambodge) mais aussi des ouvrages comme Intrus à l’Etrange ou Hautes œuvres où, à la moindre occasion, fourmillent des détails en tout genre sur la faune, la flore mais également toutes les vétilles qui décorent intérieurs, fleurissent dans les rues (un panneau publicitaire, un ornement architectural, le pli d’un vêtement…). Sur une ancienne fiche qui présentait l’auteur sur le site des Editions Ego comme X (chez qui il a été publié), on pouvait lire que Simon Hureau avait comme passions « l’ornithologie, les vieilles pierres, les odeurs, le monde souterrain, le jardinage, l’entomologie, la naturalisation, les cabinets de curiosités, l’Afrique, le patrimoine architectural, le cinéma, l’estampe, les arts plastiques et les livres »… ce qui promet déjà une somme de détails graphiques assez conséquente dans chacun de ses ouvrages.

Mille parages, tome 1 – Hureau © La Boîte à bulles – 2015
Mille parages, tome 1 – Hureau © La Boîte à bulles – 2015

Pourtant, malgré cette foisonnante récolte de babioles à regarder, on contemple avec régal les illustrations et on se délecte tout autant de la nature du propos. Graphiquement, les dessins de Simon Hureau sont d’une richesse et la lecture de ses ouvrages ne crée jamais [Ô grand jamais !] d’écœurement. Qui plus est, l’humour emprunté ainsi qu’une bonne dose d’autodérision viennent agrémenter le propos de façon astucieuse.

D’une acuité redoutable pour attraper du regard le moindre détail, l’auteur s’attarde ensuite à le croquer avec gourmandise. Il est en ainsi des différentes anecdotes de ce recueil, certaines trouvant leur origine dans un voyage, d’autres dans diverses déambulations de son quotidien. Ainsi, nous allons le suivre à différentes occasions (mariage, visite d’exposition, balade…) en Europe (Italie et France dont la Touraine, la Creuse, la Haute-Garonne…), en Afrique (Burkina Faso, Togo, Maroc) et l’Asie (Thaïlande). Une douzaine de ces courts récits ont déjà été publiés par le passé tandis que les autres (une petite vingtaine) sont totalement inédites.

Mille parages, tome 1 – Hureau © La Boîte à bulles – 2015
Mille parages, tome 1 – Hureau © La Boîte à bulles – 2015

Instant de lecture très agréable qui nous emmène de-ci de-là, au travers d’anecdotes, découvrir des moments totalement incongrus, des galères, des trouvailles. Simon Hureau fait prendre d’une curiosité insatiable à l’égard de son environnement, principalement concernant la faune et la flore mais cet homme fait preuve d’une grande humanité. Un éveil et une sensibilité permanents à l’égard de la nature.  Sa découverte permanente d’un ailleurs est communicative.

PictoOKPêle-mêle des errements de cet album : une collection de croquis d’insecte, un combat entre des termites et des fourmis, des tripes jetées aux chats, une balade en zone militaire, une panne de voiture, le sauvetage d’une corneille, un chantier d’entraide dans la jungle thaïlandaise, un croquis dans la rue, une auto-stoppeuse, la construction d’un pont, la préciosité de l’eau, la balade au plateau de Millevaches, un sac oublié…

Bien aimé ce carnet de voyage qui permet de s’extraire du quotidien de façon quasi instantanée. Il nous en faut finalement bien peu à Simon Hureau pour nous embarquer dans ses pérégrinations : une plume, de l’encre de Chine et une envie de partager quelques souvenirs.

LABEL LectureCommuneRavie d’avoir fait cette lecture en compagnie de Jérôme !! Sa chronique à lire.

Extraits :

« A quelques mètres près, du sentier aux broussailles, tu passes du paradis verdoyant à l’enfer vert » (Mille parages, tome 1).

« Pas d’avion dans le ciel, pas de ronronnement d’autoroute ou de périph’, pas de lampadaires, pas de pylônes ni de grésillement électrique, pas de mobylette qui passe ni de chien qui aboie, ni de train au loin, ni de carillon d’église, ni de soûlard vociférant… Pas de fumée d’usine, pas de pollution lumineuse ou publicitaire, aucune rumeur urbaine, aucun bruit domestique, frigo, VMC, tuyauterie… Juste les animaux de la nuit, le bruit du vent entre les planches disjointes et à l’aube, le chant des gibbons… » (Mille parages, tome 1).

« J’erre dans cette brèche et dans les rues de Casablanca sans aucun but, jouissant du simple plaisir de voir, sentir, entendre, marcher, découvrir. Je suis tout étourdi de l’incomparable légèreté que me procure l’absence de mon gros sac… Un sentiment d’aérienne liberté. Je ne suis plus relié à rien, je ne pèse rien et mes pieds avancent tout seuls… Ivresse de l’imprévu » (Mille parages, tome 1).

Mille Parages

– Fragments bourlingatoires d’ici et d’ailleurs –

Tome 1

Série en cours

Editeur : La Boîte à bulles

Collection : Contre cœur

Dessinateur / Scénariste : Simon HUREAU

Dépôt légal : janvier 2015

ISBN : 978-2-84953-217-1

Bulles bulles bulles…

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Mille parages, tome 1 – Hureau © La Boîte à bulles – 2015

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

12 réflexions sur « Mille parages, tome 1 (Hureau) »

    1. Il y en a pour tous les goûts. On peut lire une histoire de-ci de-là ou tout dévorer d’un coup. Et puis ce dessin est vraiment à tomber 😉

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  1. L’autodérision et la curiosité permanente, la bienveillance et l’humilité, c’est ce que j’ai le plus apprécié dans cet album. Et le dessin bien sûr, en noir et blanc, ce qui ne gâche rien, loin de là 😉

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