Shanghai. 1930.
La ville ne cesse de prospérer. Marchands, artistes, hommes d’affaires… La « Perle d’Asie », puisque c’est ainsi qu’on la surnomme, est l’endroit où il faut être et se montrer. La ville est en effervescence constante, particulièrement en ce jour radieux où une diva italienne doit débarquer pour une escale de courte durée. Mais si Max et Eva Cartier attendent impatiemment c’est pour accueillir Gaspard, leur fils, qui revient de France après sept années d’absence. Lila les accompagne, heureuse à l’idée de retrouver son ami d’enfance. Le cœur de la jeune fille bat la chamade… et c’est avec tristesse qu’elle constate que c’est un adolescent hautain qui vient à leur rencontre.
Enfants, Lila et Gaspard avaient fait un pacte : « Gaspard, si tu dois partir loin de moi, nous devons échanger nos sangs, et devenir frère et sœur pour l’éternité ». Aujourd’hui encore, une fine cicatrice à la base du poignet, lui rappelle encore cette promesse faite sept ans plus tôt. Et aussi troublant cela soit-il, la marque est brûlante et rouge vif depuis le retour de Gaspard. Quelques jours plus tard, épuisée par une journée éprouvante, Lila s’est endormie. Tandis qu’elle est plongée dans un profond sommeil, une ombre s’extrait doucement de son corps et s’envole dans les airs.
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Nous connaissions Patrick Marty pour ses séries « Le Juge Bao » et « La Balade de Yaya ». Pour avoir lu la première, je savais que j’avais de grandes chances de profiter d’un scénario bien ficelé. D’ailleurs, chaque tome s’ouvre sur un avant-propos qui donne des indications historiques (économie, sociologie, Art…) sur la société chinoise des années 1930 où le modernisme cohabite avec les traditions séculaires chinoises.
Dans cette nouvelle série – qui comprendra en tout six tomes – qu’il situe de nouveau en Chine, le scénariste prend le temps d’installer personnages et intrigue. Il faut attendre la fin du second tome pour que tous les éléments du récit soient en place. Durant ce laps de temps, la tension est montée en douceur et vient donner un peu de consistance à la romance qui unit le duo de personnages principaux : Gaspard l’européen et Lila la petite chinoise. Le scénario de « L’Ombre de Shanghai » a été écrit à quatre mains sur les deux premiers tomes puisque Patrick Marty y collabore avec le romancier Williams Crépin. Outre la psychologie des personnages, les auteurs s’attardent à montrer « l’âme » de Shanghai à cette époque : une cité en effervescence, une émulation culturelle et artistique, un port florissant, de riches familles venues de toute l’Europe fréquentent le centre névralgique de la ville, tout comme les triades qui font régner leurs lois. Mafia, corruption, guerre des clans, pauvreté… c’est dans ce microcosme cosmopolite que nos deux jeunes héros ont grandi et fait leurs premières armes.
Outre ce contexte géographique qui sert de décor à l’intrigue, Patrick Marty imagine la naissance d’un personnage doté de pouvoirs surnaturels. Le scénariste met en avant un personnage féminin troublé : Lila est une adolescente réservée et précautionneuse mais lorsque la colère la gagne, elle se transforme en une femme épanouie, au corps athlétique et au caractère bien trempé. Les deux personnalités ne se reconnaissent pas l’une l’autre. Lila n’a aucun souvenir des faits et gestes de celle que le qu’en-dira-t-on surnomme « L’Ombre » et L’Ombre ne tient pas compte de l’affection que Lila peut porter à tel ou tel individu (dans le tome 3, une scène de combat entre le père de Lila et « L’Ombre » nous en apporte la confirmation). Un contraste fille fragile et femme forte.
Les illustrations sont réalisées par Li Lu, jeune auteure chinoise qui s’est installée en France en 2002. Ses dessins sont d’une grande pureté et il est agréable de plonger dans cet univers. Les couleurs sont lumineuses, les cases fourmillent de détails, les portraits sont soignés et le trait est fluide. Tout est en mouvement et l’ambiance graphique permet de saisir chaque émotion au moment où elle est ressentie par un personnage. Pour une première, Li Lu frappe fort. J’ai bien aimé ce travail d’illustration même si le dessin est plus « lisse » que ceux des ouvrages vers lesquels je me tourne habituellement. La mise en couleurs est réussie, les découpes de planche sont pertinentes et dynamisent le rythme de lecture à bon escient. A la fin de chaque tome, un aperçu des travaux préparatoires réalisés par Li Lu pour saisir ses personnages. Intitulés « Carnet des croquis », ces quelques pages de bonus nous permettent de refermer chaque tome en douceur.
Manipulation, sentiment, respect, corruption, fidélité, tromperie… Il y a là tout un panel d’ingrédients qui enrichit la douce romance adolescente. Dès le premier tome, quelques passages nous préparent progressivement à accueillir « L’Ombre », personnage mystérieux, sorte de double maléfique de la jeune fille.
Une agréable découverte cependant, j’apprécie lorsque les intrigues sont épicées et celle-ci manque un peu de piquant…
L’Ombre de Shanghai
Tome 1 : Le Retour du fils
Tome 2 : Le Fantôme de l’opéra
Tome 3 : Une alliée redoutable
Série en cours
Editeur : Feï
Dessinateur : Li LU
Scénaristes : Patrick MARTY & Williams CREPIN
Dépôt légal : (tome 1) septembre 2014, (tome 2) mais 2015, (tome 3) octobre 2015
ISBN : 978-2-35966-013-5 / 978-2-35966-014-2 / 978-2-35966-012-8
Bulles bulles bulles…
ohhhh même si ça manque de piquant, ça me tente bien (irai faire ptit tour en médiathèque pour voir, feuilleter, découvrir et espère aimer !)
bisous copine et mille mercis pour la découverte ❤
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De rien de rien. Moi je me suis un peu ennuyée mais bon… Tu me diras ce que tu en as pensé si tu as l’occasion de lire cette série 😉
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Je dois t’avouer que les ingrédients que tu propose ne m’ouvrent pas spécialement l’appétit 🙂
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Ça ne m’étonne pas ! 😉
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ça ma plairait… et moi je ne connais pas Marty 🙂
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Bon alors plonge. Mais je te préviens, la série est en cours. Le tome 4 ne sortira pas avant quelques mois 😉
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Les dessins ont l’air sublimes !
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Ils le sont. C’est un régal de contempler ces planches. Le trait de Li Lu est d’une finesse incroyable. Je ne suis pas fan de ce « genre » de dessins habituellement mais là, j’ai savouré 😉
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J’ai bien aimé cette série toutefois j’ai trouvé que le début était un peu lent. Mais une fois dans l’action c’est une série prenante.
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Lent oui !! L’intrigue met deux tomes pour s’installer et j’ai trouvé ça un peu long !
En revanche, je suis d’accord avec toi sur le fait qu’une fois qu’on est pris dans l’univers, on y est bien. J’aurais eu les derniers tomes sous la main, je les aurais lus dans la foulée. Mais là, il va falloir attendre qu’ils sortent et je ne suis pas certaine d’être présente au RDV
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