3ème et dernier billet (si, je vous promets !) et non des moindres ! Avec 3 romans à savourer d’urgence ….
Julie Lamiré – Un foyer
« Divorcée, la quarantaine, mère d’une adolescente, Sarah entame une nouvelle carrière d’éducatrice spécialisée dans un foyer pour garçons. Dans cet établissement où cohabitent des sans-papiers, des travailleurs sociaux, des jeunes carencés en proie à la colère et à la névrose, Sarah prend conscience du poids de l’exil, du deuil et du manque. Un roman qui nous entraîne avec douceur dans les méandres de nos mondes invisibles, si loin de nous, et pourtant si près. »
Voilà qui me plait ! Un roman qui parle du social, d’un métier que l’on connait peu (celui des éducateurs et des travailleurs sociaux), peu évoqué dans la littérature. Un livre qui donne la parole aux invisibles…. Ça me plait et me touche forcément : 12 années passées dans un foyer mère-enfant, c’est un milieu que je connais bien.
La force de ce récit ce sont les personnages : les adolescents évidemment : Ibrahima (comment ne pas être touchée par ce magnifique portait de cet enfant venu du Mali avec son ami Mamadou), Kévin et Rayan… Les adultes aussi : Sarah, Nordine ou encore Fatoumata (certainement mon personnage préféré. Quelle femme, quelle énergie, quelle fougue !), ou encore les parents de ces jeunes…
La force de ce livre, c’est aussi (surtout) cet endroit, ce foyer d’accueil pour ces jeunes sans repères, sans cesse sur le fil, en équilibre précaire (en sera t’il toujours ainsi ?). De ce lieu se dégage, malgré la violence des parcours de vie, une si belle humanité…
Et l’histoire, si elle est douloureuse, ne sombre jamais dans le pathos, ni dans les clichés.
J’ai retrouvé beaucoup de choses vécues (comme ces réunions interminables et souvent vaines), découvert d’autres choses, j’ai réfléchi et me suis attachée à ces adolescents marginalisés. J’ai aimé faire un bout de chemin avec eux….
Extrait
« En filigrane, dans son cerveau, ces adolescents qu’elle connaissait à peine, qui la chamboulait déjà. Du Mali à la cité du coin, elle suivait leurs pas, imaginait leurs conversations, les rôles qu’ils jouaient, les sanglots étouffés dans les oreillers, le sentiment de solitude. Lorsqu’elle pensait à eux, elle éprouvait un véritable chagrin, et, bien qu’elle ne les connût pas intimement, elle se sentait déjà proche d’Ibrahima, de Kévin, de Rayan et de tous les autres. C’était une sensation à la fois douce, insensée et déroutante. Vertigineuse aussi. Serait-elle assez forte pour les aider ? »
Les billets de Fanny, de Stéphie, de Sarah.
Julie Lamiré, Un foyer, les éditions du 38, 2016.
Anna Mc Partlin – Les derniers jours de Rabbit Hayes
« C’était une radieuse journée d’avril, et Mia « Rabbit » Hayes, quarante ans, fille bien-aimée de Molly et Jack, sœur de Grace et de Davey, mère de Juliet, douze ans, meilleure amie de Marjorie Shaw et grand amour de Johnny Faye, était en route vers une maison de soins palliatifs pour y finir ses jour. »
A cause d’un autre billet follement tentateur, celui de Cajou, me voilà plongée dans ce roman qui raconte neufs jours minuscules, les derniers, de la vie de Mia, dit « Rabbit », demoiselle (oui, à quarante ans, on dit encore demoiselle !) de quarante ans. Punaise, ce livre, cette histoire, cette claque !
Dès les 1ers mots, les 1ères larmes. Et pourtant, suis pas une chialeuse. Il m’en faut. Suis toutafé costaud. Solide. Un roc. Jamais je flanche. J’en ai vu d’autres. On me l’a fait pas à moi. J’ai quarante ans quoi !
Mais c’était sans compter le talent de cette auteure, son écriture lumineuse, son humour féroce, sa tendresse débordante, son optimisme jamais forcé et ses personnages … Formidables ! Rhooooo les personnages qui peuplent ce roman sont savoureux, truculents même ! Dès les 1ers mots, on s’attache à cette famille, on est eux, ils sont nous ! Alors on rit, on espère, on pleure, on rêve, on se souvient, on vit quand même, malgré tout, malgré la maladie et le désespoir total, malgré l’absurdité de cette fin de vie, trop tôt, trop jeune, trop moche, trop …
Merci Cajou, jamais, oh grand jamais, je ne serai allée voir du côté de cette histoire… Je serai passée à côté ce roman tendre, beau, intelligent. Tellement drôle ! Sacrebleu, rien que d’en causer, en suis encore toute chamboulée 😉
C’est à ne pas y comprendre, c’est un IMMENSE coup de cœur !
Extrait
« « Le passé devenait si réel qu’il l’était parfois plus que le présent. C’était peut-être un effet des opiacés, ou peut-être Rabbit était-elle tellement fatiguée quand elle était éveillée que son esprit ne retrouvait de l’énergie qu’une fois qu’elle dormait. Et puis, quand elle ne dormait pas, elle devait affronter la réalité de sa situation. Deux semaines plus tôt, elle vivait encore avec le cancer ; aujourd’hui, on lui disait qu’elle était entrain d’en mourir et qu’elle laisserait derrière elle sa fille de douze ans. Mais non… c’est juste un peu de fatigue. Quelques jours de repos et je me sentirai mieux. Je ne vais pas abandonner Juliet. Aucun risque. C’est hors de question. Elle ne pouvait pas faire face à une chose pareille. Ne pouvait pas en parler. Ne pouvait l’accepter. Au lieu de se forcer à rester éveillée dans le présent, elle s’attardait dans le passé, et écoutait Johnny Faye chanter à cœur perdu. »
Les billets de La féelit, de Cajou (le billet tentateur !)
Anna Mc Partlin, Les derniers jours de Rabbit Hayes, Le Cherche Midi, 2016
Stéphanie Pelerin – (Presque) jeune, (presque) jolie, (de nouveau) célibataire
« Quand Ivana se fait larguer comme une vieille chaussette par Baptiste, après huit ans d’amour, il ne lui reste plus que ses kilos et ses rides à compter. Pas facile de se retrouver sur le marché des célibataires à la trentaine, quand, pour couronner le tout, on manque de confiance en soi. Tentant d’ignorer son chagrin, elle décide de reprendre sa vie (et son corps) en main et s’inscrit sur « Be my boy », célèbre site de rencontres. Si l’offre est alléchante, les produits sont souvent de second choix, voire des retours de marchandise… Heureusement, il reste les amies et le bon vin. À travers des expériences étonnantes, Ivana doit réapprendre à prendre soin d’elle. Mais rien ne sert de courir… il suffit juste d’être au bon endroit, au bon moment. »
La meilleure lecture, évidemment, pour la fin : le livre de Stéphie. Son tout 1er roman. Oui, je sais, vous allez dire, je suis conquise d’avance, je ne suis pas bien honnête ni totalement objective ni …. Je sais. C’est vrai. Toutafé vrai. Je suis même drôlement fière. D’elle. Et puis, je ne suis jamais impartiale, je m’en fous ! J’aime. Ou pas 😉
Et là… Mhuuuum là … J’ai été drôlement émue par cette lecture qui fleure bon les copines, la vie, les mojitos (j’me comprends !), les rencontres, l’été, l’amoureeeeeeeee …. C’est savoureux, léger, drôle, enlevé, un brin canaille… C’est piquant, simple, un brin amer parfois (juste ce qu’il faut), rythmé, si joliment écrit, avec un soupçon de dérision, un poil de sexe, avec de la déconvenue, de la reconstruction, des doutes, du désir, des frémissements, des larmes, des baisers, du quotidien à réinventer, une solitude à apprivoiser, des hommes à dompter (Grrrrrrrrrrr…), une héroïne qui nous ressemble, qui lui ressemble, une héroïne qu’on aimerait pour amie…
Ça faisait longtemps que je n’avais pas lu un livre comme ça. Et ce fut un régal ! Par un sublime après midi grec, sous la clim’, me suis plongée avec délice dans cette tranche de vie contée par Ivana… En suis sortie, sourire aux lèvres, un brin ébouriffée et avec une envie immense de croquer la vie ! A lire, je vous dis, pour rire, pour aimer, pour s’évader le temps de quelques heures !
Extrait
« Ivana n’avait pas conscience d’être une jolie femme. Elle possédait pourtant de nombreux atouts : elle était grande, avait une abondante chevelure frisée et une jolie paire de seins généreux. Persuadée d’avoir un visage ingrat, elle avait toujours pensé ne devoir son succès avec les hommes qu’à son appétissante poitrine. A l’adolescence, ses photos de classe en témoignaient, elle avait manqué de gout pour s’habiller, se maquiller et se coiffer. Il suffisait de comparer son look à celui de ses copines pour comprendre à quel point elle avait pu être en décalage. Quand les hommes avaient commencé à la séduire, quelques années plus tard, elle en avait tout simplement conclu que c’était parce qu’elle n’était pas farouche et avait saisi l’aubaine de ne plus être seule. La jeune femme avait toujours vu comme une chance que l’on puisse s’intéresser à elle. »
Les billets de Antigone, Charlotte, Emily, Fanny, Géraldine, l’Irrégulière, Jérôme, Laurie, Maël, Marie-Claire, Mylène,Sarah, Saxaoul, Sharon, Stéphanie , Noukette …
Stéphanie Pelerin – (Presque) jeune, (presque) jolie, (de nouveau) célibataire
Et j’en profite pour vous coller des bises et vous souhaiter courage, détermination, abnégation… et bien plus encore pour cette nouvelle rentrée 😉 Que la force soit avec vous, avec nous 😉
Cette Mia « Rabbit » Hayes soulève un tel enthousiasme chez tous les lecteurs sans exception que je vais finir par la rencontrer un jour ou l’autre, pas possible autrement !
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Ecoute franchement je n’aurai jamais cru ! Et j’ai adoré ! Un truc de fou ! Une fois commencé, ai pas pu lâcher cette merveille !
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Et on attend le prochain livre de Stephie avec impatience ! Bonne rentrée à toi.
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Une belle rentrée à toi aussi 😉
Oh oui encore un autre, il faut… Stéphie si tu passes par là :-p
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Je valide tes choix de lectures estivales ! Me reste les deux premiers à lire du coup ! 😉
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Je note Les derniers jours de Rabbit Hayes pour les jours où j’ai envie de pleurer ( Quoi que ma lecture actuelle m’arrache déjà pas mal de larmes )
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L’ouvrage de Stéphie me fait de l’œil mais je ne sais pas si c’est juste de la curiosité ou si, à force de lire des avis sur le roman, j’ai envie de me faire ma propre idée 🙂
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