Varsovie Varsovie (Zuili)

Zuili © Marabout – 2017

« A l’automne 1939, les armées allemandes envahissent la Pologne. Emanuel Ringelblum a alors 39 ans. Historien, militant social et politique, il comprend tout de suite le sort que les nazis réservent aux juifs d’Europe.
Dès octobre 1939, il débute l’écriture d’un journal, pour rendre compte le plus largement possible de la catastrophe qui s’abat sur la population juive. En mai 1942, conscient qu’il ne pourra suffire seul à la tâche, afin d’agrandir « dans tous les registres » des témoignages sur la réalité de la vie des juifs dans le ghetto de Varsovie, Emanuel Ringelblum crée le collectif d’écriture Oyneg Shabbes.
Traqués sans relâche par les nazis qui ont appris l’existence du collectif, Emanuel Ringelblum et ses amis auront réussi leur combat. Enfouies en 1943 dans des boîtes de métal et des bidons de lait en fer, 27 000 pages de documents et d’archives seront parvenues jusqu’à nous. Une première partie sera retrouvée en 1946, une seconde en 1950. Les Archives Ringelblum font aujourd’hui partie du Patrimoine Mondial de l’Unesco. » (présentation de l’éditeur).

Yentl Perlmann revient pour la première fois en Pologne depuis qu’elle a fui le pays. Née en 1935 à Varsovie… elle y revient à l’occasion de l’anniversaire des 74 ans du soulèvement du ghetto de Varsovie.

Pour moi, c’est inimaginable de revenir ici, à Varsovie, vivante.

A la sortie de l’aéroport, elle demande à revenir sur certains lieux avant de rejoindre son hôtel en plein cœur de la ville. Un moment chargé d’émotion. Le lendemain, elle intervient dans une classe pour témoigner des conditions de vie dans le ghetto de Varsovie pendant la Seconde guerre mondiale.


Mélangeant passé et présent, faits historiques et éléments fictifs, le scénario fait mouche très rapidement. Si le personnage principal (Yentl Perlmann) nous invite à nous immiscer dans l’Histoire, elle s’efface très vite une fois qu’on est entré dans le ghetto. Elle laisse la place à Emanuel Ringelblum (qui fera quelques apparitions), à sa femme, au jeune Jonasz… à ces juifs polonais qui ont eu le courage d’œuvrer dans l’ombre, pour libérer la parole, pour faire en sorte que les choses changent, que le carcan dans lequel ils sont enfermés vole en éclats. A tour de rôle, les personnages vont prendre la parole, donnant sa richesse à ce scénario patchwork. Entre peur et espoir, des années à vivre la boule au ventre dans le ghetto. Une action clandestine pour réunir les écrits de juifs polonais, dire l’insupportable. Didier Zuili leur rend hommage.

Le dessin, c’est autre chose. Flamme de vie, flamme de mort se heurtent en permanence. Les tons sont ternes, les visages marqués, leur teint est blafard, les cheveux hirsutes et des haillons en guise de vêtements. La guerre qui les emmure dans leur propre maison. Des quartiers devenus des antichambres de la mort. Famine, peur, maladie… se terrer pour survivre. Espérer survivre.

Un album pour ne pas oublier. Parce que dire permet aussi d’apaiser les traumatismes. Magnifique témoignage des victimes de la Shoah.

La chronique de Béatrice.

Extraits :

« L’histoire ne peut pas être écrite par des faussaires. Nos écrits sont des balles. Un jour, ces balles atteindront nos bourreaux. Notre résistance de papier traversera l’histoire et nous rendra justice » (Varsovie Varsovie).

« A quoi bon tuer l’espoir ? C’était une denrée si précieuse. La seule dans doute qui leur permettait de continuer à vivre » (Varsovie Varsovie).

Varsovie Varsovie

One shot
Editeur : Marabout
Collection : Marabulles
Dessinateur / Scénariste : Didier ZUILI
Dépôt légal : mars 2017
124 pages, 17,95 euros, ISBN : 978-2-501-11471-4

Bulles bulles bulles…

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Varsovie Varsovie – Zuili © Marabout – 2017

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

24 réflexions sur « Varsovie Varsovie (Zuili) »

    1. Le dessin m’a un peu fait hésiter et puis en fait, une fois la lecture commencée, on apprécie l’harmonie que Didier Zuili a su construire. Très bel album en tout cas 😉 Tu me diras ?

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    1. Et… je ne sais pas. Pas mal de violence gratuite tout de même dans ces pages. Celle des soldats allemands qui tuent aveuglément, qui frappent pour impressionner, qui humilient pour le plaisir.

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      1. Ok je vais jeter de l’œil avant de le passer à mon grand (qui cela dit est entrain de lire un livre sur la deuxième guerre mondiale juste pour le plaisir ! si !)

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        1. Si vous avez envie sur facebook il y a une page qui lui est réservée « Varsovie Varsovie », dans une vidéo, il conseille ce livre à partir de 10 ans, avant accompagné d’un parent

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          1. Je trouve que 10 ans c’est un peu prématuré. Après effectivement, cela dépend de la maturité de l’enfant.
            Je ne crois pas qu’il soit bon de mettre l’enfant dans une bulle, je pense qu’il faut lui expliquer que l’homme est capable du pire comme du meilleur. Pourtant, ici, il y a une réalité crue et je ne me sens pas prête à la mettre sous le nez de mon fils.

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            1. Bonsoir Mo’, oui je peux comprendre votre ressenti par rapport à votre fiston, il suffira d’attendre un peu, en 3eme c’est le programme ! Mais je suis ravie que vous ayez été happée par la lecture et les dessins
              Au plaisir

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            2. Oh mais j’espère tout de même l’y mettre avant la Troisième ! 😀
              Je verrais aussi au moment où il demandera à lire l’album. Il sait comment fonctionne la bibliothèque. Pour une partie de celle-ci, il doit se contenter de la couverture, du quatrième de couverture et de ce que je lui en dis. S’il souhaite le lire, on en parle avant. Parfois, je lui refuse un album (c’est trop tôt par rapport à son âge) pour d’autres, je lui propose qu’on lise ensemble.

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    1. Oui. Le sujet m’intéressait et je me suis laissée tenter par cette lecture après avoir lu le résumé de l’éditeur. J’ai eu quelques hésitations en feuilletant mais une fois la lecture commencée, on constate que le graphisme se marie à merveille aux propos. Vraiment une très belle découverte

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