Petite maman (Halim)

Halim © Dargaud – 2017

Brenda vient de naître. Sa maman a 15 ans, son père guère plus… il choisit la fuite plutôt que de prendre cette lourde responsabilité d’assumer.

Brenda a 3 ans. Elle n’est pas bien grande quand la douleur la réveille la nuit. Ses dents poussent. Elle pleure. Sa mère lui répond par des cris.

Brenda est un peu plus grande quand elle constate qu’elle est un poids pour cette mère fatiguée. Alors Brenda fait ce qu’elle peut pour prendre soin de sa mère. La vaisselle. Les tartines du petit-déjeuner. S’habiller, mettre en vitesse son sac sur son dos et filer à l’école où elle arrivera en retard, une fois encore.

Petite mère

Brenda continue de grandir. La Directrice la convoque souvent pour comprendre les retards. Et la questionne sur les bleus qu’elle a tantôt sur le front, sur les bras…

Brenda ne connaît pas son père mais elle voit passer les amoureux éphémères de sa mère. Et les pleurs de cette dernière quand elle croit être seule dans la cuisine.

Brenda ne connaît pas son père mais un jour, elle fait la connaissance de Vincent. Elle a du mal à accepter ce nouvel homme qui va désormais partager la vie de sa mère… qui va désormais faire partie de sa vie à elle.

Des bleus sur le corps, des bleus au cœur et à l’âme, Brenda va tenter bon gré mal gré de survivre.

Petite maman – Halim © Dargaud – 2017

 

Ouch ! Il faut pouvoir la digérer cette lecture que l’on engouffre pourtant d’un trait. Halim Mahmoudi décrit le quotidien d’une enfant que l’on va voir grandir dans un contexte familial des plus malsain. L’auteur campe le décor. Pour commencer, une fille mère dépassée par les événements, fragile nerveusement. Une fille mère qui voit cette enfant comme une menace. Une fille mère qui refuse de grandir du moins… une enfant à qui son propre enfant vole une partie de sa jeunesse. Inconsciemment, la fillette va en faire les frais.

On voit les négligences, les carences éducatives, des gestes d’affection qui vont et viennent. On voit, on ne s’alarme pas, pensant que les choses pourront se résorber même si c’est dur… un peu dur. Puis l’enfant grandit et absorbe naturellement de nouvelles responsabilités. Elle essuie aussi d’un revers de la main les mots blessants de la mère, quelques privations, quelques humiliations. C’est dur. Puis, l’adolescence arrive. Elle pointe le bout de son nez prématurément, en même temps que l’arrivée de son beau-père dans sa maison, son chez-elle… son repaire. La mère ne la pince plus, toute concentrée qu’elle est à vivre sa nouvelle grossesse… toute confiante qu’elle est à laisser son nouveau compagnon à s’occuper de l’éducation de sa fille. Parfois, la mère s’oppose, offrant à Brenda un court répit… les coups continuent de pleuvoir sur un autre corps. C’est dur, très dur.

A l’intérieur, c’est l’horreur. Dehors, quand elle est à l’école, elle a appris à garder la tête haute.

Maltraitance ? Le terme sera à peine employé dans l’album. Parce qu’on est au contact permanent de l’enfant. Parce que personne n’a su lui poser les bonnes questions, parce que certains adultes ont tenté d’intervenir mais Brenda n’a jamais rien lâché de ce qui se passait sitôt qu’elle était rentrée chez elle. On le verra pourtant surgir ça et là, quand on parvient à s’extraire de Brenda. Tantôt le psychologue, tantôt les services sociaux… ils le disent ce mot qui permettrait de changer les choses. Les changer ? Oui mais pour quoi ? Une vie en foyer ? Loin de sa mère, loin de son frère… après la maltraitance la séparation : une autre forme de souffrance ?

Un livre coup de poing.

La chronique de Mes échappées livresques.

Une lecture que je partage avec les lecteur de « La BD de la semaine » dont le rendez-vous se déroule aujourd’hui chez Noukette.

Petite maman

One shot
Editeur : Dargaud
Dessinateur / Scénariste : Halim
Dépôt légal : septembre 2017
192 pages, 19.99 euros, ISBN : 978-2-5050-6710-8

Bulles bulles bulles…

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Petite maman – Halim © Dargaud – 2017

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

44 réflexions sur « Petite maman (Halim) »

        1. Oui, tu pourras te faire ta propre idée aussi.
          Mon grand a 11 ans et je me vois pas lui permettre l’accès à cet album. trop petit. Pour un enfant de 14-15 ans, je ne dis pas… et encore, il faut un minimum de maturité pour y aller. Mais du coup, dans un CDI, l’album est facilement accessible et si on peut limiter l’emprunt à certains, reste la lecture sur place…
          Si tu as l’occasion de lire « Petite maman » , tu me diras ce que tu en penses ?

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            1. Merci !
              Après, c’est sûr que c’est aussi une question de maturité du lecteur. Sut certains sujets, mon grand est capable d’apprécier des livres qui sont destiné à un lectorat plus âgé mais sur un sujet comme celui-ci (et vu la manière dont il est traité), je trouve mon fils encore un peu trop petit pour s’y frotter 😉

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    1. Les images nous épargnent beaucoup. Mais les mots et tous ce qu’ils laissent supposer… Puis cette oppression qui monte, c’est … à lire oui

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    1. Il est tout cela à la fois oui. Maintenant, si tu as l’occasion de feuilleter, cela te permettra de chasser les derniers doutes 😉

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  1. C’est un sujet difficile, je pense que ça va m’affecter (comme n’importe quel être humain qui a un coeur en état de marche) mais j’ai très envie de le lire quand même.

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    1. Elle n’est pas si sombre qu’elle en a l’air. Enfin… il y a tout de même quelques rayons qui percent dans l’album (mais ça, tu ne le sens que lorsque tu l’as refermé 😉 )

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    1. C’est ça ! Cale-toi bien dans un canapé parce qu’il y a des moments où l’on a l’impression qu’on va vaciller mais l’album mérite vraiment d’être découvert

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