
Il fait froid. Il pleut dans son cœur. Il est seul, triste. Il rentre lentement chez lui. Il sait que son piano l’attend.
De tout temps, depuis qu’il est enfant, la musique a toujours accompagné sa vie. De ses premières leçons de piano, il se rappelle de l’ennui provoqué par cette rigueur et ce sérieux qu’on attendaient de lui. Il s’y est plié et, plus tard, c’est avec cette confiance assumée et son amour pour l’instrument et les airs qu’il sait lui faire jouer, qu’il va auditionner sitôt la majorité acquise. A peine après avoir quitté ses parents et balbutiant encore dans sa vie d’adulte, il avait déjà passé la porte du club de jazz de la ville, espérant pouvoir y jouer. La musique – le jazz – fait partie de sa vie. Elle était là lorsqu’il rencontra la femme de sa vie, la musique était là aussi quand il était au front pour défendre sa patrie, là encore quand il a fondé un foyer et que la maison était pleine d’enfants, là enfin pour l’épauler au moment de son divorce…
Avec elle, il s’échappe, s’envole, respire. Avec elle il trouve un sens à donner à son existence. Elle le fait vibrer, elle le fait rêver, elle le fait se sentir vivant.
Aujourd’hui, il est vieux et ne sait plus quoi faire de ses dix doigts… si ce n’est de leur faire parcourir encore et toujours les touches d’un piano pour créer des mélodies et s’échapper de sa triste condition.

Très peu de texte si ce n’est pour marquer les différentes étapes de la vie de cet homme. Le lecteur à fort à faire, à commencer par la contemplation de ces sublimes planches en bichromie où s’étalent, sur des pages jaunies – comme si le temps avait délavé le blanc initial en le teintant de café et de fumées de tabac, des illustrations mettant en scène cet homme au corps élancé et usé par le temps. Et quel plaisir aussi de toucher ce papier épais, légèrement rugueux, d’en tourner les pages en se laissant chahuter par des airs de jazz. Peu à peu, on le voit qui se tasse sous le poids des années et des épreuves qu’il a eues à traverser.
J’avais déjà fort apprécié le travail de Pascal Blanchet dans « Le Noël de Marguerite » et je m’étais délectée de celle de « Rapide Blanc » .
N’attendez pas ici des actions sensationnelles vous marquant au fer rouge, juste un savoureux instant de lecture où vous n’aurez rien à faire d’autre que de contempler ces planches comme vous regarderiez un album photos. C’est fascinant de mettre le nez dans la vie d’un individu, d’autant plus quand ce dernier est un parfait inconnu et que vous êtes conviés à le faire.
Sur le blog du Petit Carré jaune : la chronique de Sabine.
La fugue
One Shot
Editeur : La Pastèque
Dessinateur / Scénariste : Pascal BLANCHET
Dépôt légal : octobre 2005
136 pages, 21.40 euros, ISBN : 978-2-922585-30-8
Bulles bulles bulles…
Et ça se lit en écoutant quoi, finalement ?
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Le silence… ou du jazz.
Perso, j’ai fait cette lecture avec l’album « Worrisome Heart » de Melody Gardot, parce que c’est ce que j’avais en cours avant de jeter mon dévolu sur ce titre. Ça passe. Il faut du doux, c’est nostalgique. Et puis une fois l’album refermé, j’ai bifurqué sur du jazz 🙂
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(regarde dans l’article – au milieu, le visuel – c’est la playlist de Pascal Blanchet 😉 )
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Oui j’avais vu cette proposition mais merci d’avoir partagé aussi ton moment musical
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Original cet album et j’adhère déjà aux illustrations que j’ai pu apercevoir, en plus si c’est La Pastèque je peux y aller les yeux fermés 😉
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Original oui. Par contre, il se lit très (trop) vite !!
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« la fugue »… comme un mouvement dans la musique classique 🙂 (bon je m’égare) mais en tant que musicienne, je ne peux pas y être insensible :-),
Merci pour cette (belle) découverte!
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Avec plaisir Fanny 😉
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J’ai découvert cet auteur avec un album dont l’ambiance me semble très proche de celle-ci, et je suis devenu depuis un « inconditionnel » de Pascal Blanchet que je suis sur FB. Cet album, Nocturne (http://www.incoldblog.fr/_post/2012/04/17/In-the-heat-of-the-night.html), devrait également te plaire.
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Je pense aussi. J’aime beaucoup la sensibilité de cet auteur. Merci pour ton lien… je pense que ce sera le prochain ouvrage de Blanchet que je lirai 😉
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Le style d’illustration me plait beaucoup, j’ai noté les 3 !!
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Génial. Des trois que j’ai cité, « La Fugue » est le plus lent et le plus nostalgique.
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J’ai ce réflexe qui fait que lorsque je vois « La Pastèque », j’ai envie de me lancer sans hésiter.
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Pas mieux (je me suis arrêtée je ne sais combien de fois sur leur stand pendant le FIBD pour me rincer l’oeil 🙂 )
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