La Loterie (Hyman)

Hyman © Casterman – 2016

Un village paisible des Etats-Unis.
Chaque année à la même date, Harry et Joe se retrouvent pour organiser les derniers préparatifs de la loterie nationale qui doit se dérouler le lendemain.
Le 27 juin, à 10 heures, les villageois se regroupent sur la place principale pour participer au tirage. Ils quittent pour quelques heures leurs tâches domestiques pour les unes, les travaux aux champs pour les autres. A midi, en principe, la loterie est terminée et tout le monde peut rentrer pour s’attabler autour du repas. La famille Hutchinson n’échappe pas à la coutume.

La loterie était organisée par Mr. Summers (…). Le matériel d’origine de la loterie avait été perdu il y a bien longtemps, tout comme la plupart des rituels qui l’accompagnaient d’ailleurs. Certains villageois se souviennent encore d’une sorte de déclamation. Une incantation mécanique atonale débitée chaque année avec diligence et l’organisateur de la loterie se chargeait de la réciter…

Seuls les hommes de plus de 16 ans ont le droit de plonger la main dans l’urne, à moins d’un cas de figure qui justifie qu’une mère de famille puisse temporairement prendre la place de son époux. Tous les villageois sont sur la place du village. La loterie peut commencer. Et le gagnant gagne un lot très singulier.

Cet album est l’adaptation d’une nouvelle de Shirley Jackson (grand-mère de l’auteur). La couleur des crayons de Miles Hyman est la seule source de chaleur de cette histoire. Grâce à elles, on se déplace dans un petit village de Nouvelle-Angleterre où tout est calme, où les rues sont propres, les pelouses parfaitement tondues, les champs parfaitement entretenus, les maisons parfaitement rangées. Tout est net.

Mais il y a une lourdeur qui plane dans l’air et le trait figé des personnages nous donne l’intime conviction que cet événement annuel a une place à part dans la vie du village. La cérémonie est rodée, sans aucune fioriture… tout le monde respecte à la lettre le protocole. Les villageois ont des mines sérieuses et les quelques apartés qui peuvent être prononcés dans l’assemblée sont laconiques.

On s’aide donc des couleurs printanières pour avancer dans la lecture. Rien ne permet de nous permet d’envisager quelle sera l’issue de cette loterie ni la nature du lot. Toutes les suppositions nous passent par la tête et je dois dire que j’ai apprécié ce tabou qui nous aspire vers la page suivante. On ressent une curiosité de plus en plus grande à mesure qu’on se rapproche du dénouement.

Un thriller glaçant et excellent.

Les chroniques de Natiora, Antigone, Nahe, Soukee, Caro.

La Loterie

One shot
Editeur : Casterman
Dessinateur / Scénariste : Miles HYMAN
Traduction : Juliette HYMAN
Dépôt légal : septembre 2016
168 pages, 23 euros, ISBN : 978-2-203-09750-6

Bulles bulles bulles…

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La Loterie – Hyman © Casterman – 2016

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

25 réflexions sur « La Loterie (Hyman) »

    1. Je me suis trompée quand j’ai écrit l’article. Depuis que tu es passé sur mon billet j’ai corrigé mon erreur car il ne s’agit pas d’un roman mais d’une nouvelle 😉

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  1. C’est le dessin qui m’a attiré vers cet album, mais l’histoire est trop glaçante pour moi… et pas envie forcément que mes enfants tombent sur ça, si bien que j’ai donné mon exemplaire à ma bibliothèque. Et c’est drôle parce que la postface explique très bien à quel point ce récit ne laisse personne indifférent ! Brrrr…

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    1. Le dessin me fait vraiment penser au tableau de Grant Wood ! 🙂
      Par contre, j’ai préféré l’intrigue à l’ambiance graphique et la présence de ces deux éléments dans un même album donnent naissance à un univers « à part » .
      Et oui, ce genre de fiction fait peur … bonjour l’ambiance si cette loterie faisait partie de nos « traditions » !! (brrr)

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    1. Oh alors cet album-là, je pense qu’il va te plaire !
      Ce qui est dommage, c’est qu’une fois qu’on connait le dénouement, ça coupe toute envie de le relire (sans l’effet de surprise de la fin, je pense que le plaisir de lecture est sacrément grignoté 😉 Donc vois peut-être plus pour un emprunt 😉 )

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    1. Bonne idée oui parce que je ne connaissais pas du tout cet écrivain. Et vu ce qui est dit en postface, cette femme semble très singulière ! Je suis assez curieuse de connaître quels autres récits ont pu sortir de son imagination !

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  2. Je dois écrire mon billet et je ne sais pas trop quoi en dire. J’avais vu arriver la fin (déjà lu peut-être ?) et la postface m’a posé plus de questions que la BD elle-même.

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    1. La fin je ne l’avais pas vue venir… pas comme ça en tout cas, pas avec autant de violence (ils ont l’air de se défouler et d’apprécier ça).

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