Homicide – Une année dans les rues de Baltimore, tome 3 (Squarzoni)

Squarzoni © Guy Delcourt Productions – 2018

C’est un monde où il y a plus de meurtres que d’inspecteurs. Un monde où le temps ne s’arrête pas.

Baltimore. 1988.
Les meurtres pleuvent sur la ville et les meurtriers courent plus vite que les flics.

La brigade des homicides croule sous les dossiers non résolus avec, en tête, le meurtre de Latonya Wallace, une fillette violée puis assassinée. Les soupçons se portent sur un homme de cinquante ans mais les flics n’ont aucune preuve matérielle en main pour le faire craquer.

Pendant ce temps-là, les dealers continuent leurs règlements de compte, les femmes battues tombent sous les coups de leurs maris violent, certaines parviennent – dans un accès de furie inespéré – à retourner la violence de leur bourreau contre eux. Et les meurtres noient la brigade qui se noie sous un taux de meurtres non résolu qui n’a jamais été aussi bas.

Sombre. Noir. Pessimiste. Dur.

Un univers où l’on ne sort pas des quatre murs de la Brigade excepté pour aller dans la rue, y constater un meurtre, y ramasser un corps ou y embarquer des suspects… prendre des photos, récolter des indices et revenir aux quatre murs de la Brigade. Les inspecteurs malaxent la matière qu’ils ont récoltée à l’extérieur, supposent, investiguent, interrogent, intimident.

Les flics sont à pied d’œuvre. Nuits et jours, ils ne se ménagent pas. Ils délaissent leurs familles pour permettre à d’autres de panser leurs plaies et faire en sorte qu’un semblant de justice survive dans cette ville. Et tenter que la délinquance et la corruption ne gangrène pas toute la ville.

Philippe Squarzoni, aidé par les conseils de David Simon, adapte « Sur écoute » et les silences laissés par les interstices entre les cases, les couleurs sombres de Drac et Madd créent à eux seuls la tension adéquate à ce genre d’univers. J’ai toujours la même réaction quand arrive un nouveau tome d’Homicide : une appréhension mêlée de curiosité. Et si l’ouvrage traîne un jour ou deux sur mon bureau, je finis par l’engouffrer d’une traite, me plaisant à me mettre dans la peau des enquêteurs.

Au troisième tome, on a maintenant repéré les principales personnalités de la Brigade. D’Addario, Garvey, Pellegrini, Mc Larney, Landsman. On les suit à tour de rôle. Une couleur dominante est retenue pour chacun d’eux, pour nous aider à passer de l’un à l’autre. Et on adopte leurs manières d’enquêter, de prendre un suspect de front ou de contourner l’affrontement. On aborde leur colère ou leur lassitude. On comprend leur acharnement.

Je n’avais pas lu/vu le travail de David Simon. Les polars, le sang, la violence à l’écran… ce n’est pas ma came. Seuls quelques auteurs (romanciers ou auteurs BD) sont capables de m’emmener sur ce terrain-là. Philippe Squarzoni en fait partie et je ne regrette pas d’être sortie de ma zone de confort. J’attends maintenant le quatrième tome qui devrait arriver… dans un an. Une série qui ne perd pas son mordant. A suivre !

Les autres chroniques sur le blog : tome 1, tome 2, tome 4 et tome 5.

Homicide – Une année dans les rues de Baltimore –
Tome 3/5 : 10 février – 2 avril 1988
Pentalogie terminée
Editeur : Delcourt
Collection : Encrages
Dessinateur / Scénariste : Philippe SQUARZONI
D’après le livre de David SIMON
Dépôt légal : février 2018
160 pages, 18.95 euros, ISBN : 978-2-7560-9173-0

Bulles bulles bulles…

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Homicide, tome 3 – Squarzoni © Guy Delcourt Productions – 2018

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

10 réflexions sur « Homicide – Une année dans les rues de Baltimore, tome 3 (Squarzoni) »

    1. Si tu as vu la série « Sur écoute », tu devrais retrouver une ambiance familière.
      Terrible ce reportage ; réalisé en 1988… et l’impression que c’est aujourd’hui 😦

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    1. Je peux comprendre.
      En ce qui concerne le graphisme, Squarzoni a opté pour du sobre et du sérieux mais il joue sur la structuration des planches pour venir accentuer la pression sur certains passages.
      Rien à voir, mais je ne sais pas comment ces policiers parviennent à rester aussi longtemps dans de tels services !

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  1. Je me penche sur les BD docu en ce moment, j’emagasine des sources pour les mois à venir. Je suis tombé sur Homicide (pas encore lu) et j’avais été fasciné par le travail de Squarzoni sur Saison brune. Du coup avec ton billet ca donne encore plus envie…

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    1. En matière de BD reportages/docu, tu as matière à faire. C’est un de mes registres préférés dans la BD. La thématique contient de superbes pépites 😉

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  2. Il me semble que le 1er est en prêt à la bibli, il faudrait que je me penche sur son cas. J’avais trouvé Squarzoni un peu prise de tête avec Saison brune, je pense que ça se passerait mieux entre lui et moi sur un tel sujet.

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    1. Ce n’est pas impossible. Le propos est moins dense ici. Par contre, tu as ses courts reportages qui pourraient peut-être te plaire aussi : « Torture blanche », « Garduno … » et « Zapata … » (?? 😉 😀 )

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