
Abel est en pleine forêt. Il marche en compagnie de son chien. Il part vers sa nouvelle vie. Celle d’avant est cassée. La Guerre de Sécession lui a volé sa femme et sa fille. Depuis sa démobilisation, il vit seul, loin des autres hommes. Mais sa situation, ses souvenirs qui le hantent, ces murs qui lui rappellent sans cesse les jours heureux, tout cela, Abel veut le laisser loin derrière lui maintenant. Il fuit. Il fuit se fuit. Il est devenu l’ombre de lui-même.
Alors il a rassemblé de maigres affaires, sifflé son chien qui lui a emboîté le pas. Et ils sont partis tous deux vers l’Est. C’est pendant ce voyage qu’il se fait agresser par deux hommes qui le détroussent, le tabassent et le laissent pour mort. Ils l’amputent même de son chien. Abel décide de partir à leur recherche, fermement décidé à retrouver son fidèle compagnon.



La préface de Lance Weller, auteur du roman dont cet album est l’adaptation, s’attarde sur l’attachement réel de Lance Weller avec le monde des comics. Enfant, il s’émerveillait devant les histoires de Stan Lee, se fascinait du riche et mystérieux personnages qu’est Batman. Toute sa vie, un fil l’a lié à ce medium, bien avant qu’il commence à écrire ses romans. Alors oui, voir son « Wilderness » adapté en bande dessinée a bien plus de sens pour lui que cela pourrait en avoir pour un autre romancier. C’est comme un aboutissement… une boucle qui se boucle.
Wilderness… Région sauvage…
Nous voilà propulsées en 1899, quelques décennies après la Guerre de Sécession. Propulsés dans des paysages sauvages que l’homme n’a pas encore domptés. Le dessin de Bandini matérialise toute la majestuosité et la rage de ces lieux, l’ambiance silencieuse de cet homme solitaire qui ne tolère que la présence rassurante de son chien à ses côtés.
Les images du passé surissent sans prévenir, tordant son cœur de douleur, de peur, de rage. Le passé nu, en noir et blanc. Brut. Un passé rempli des traumatismes de la guerre, de ses violences sourdes qui transforment un homme à jamais, malgré lui. Un passé de bruit, de maux que les mots ne suffisent pas à contenir. Et bien avant lui, un passé de quiétude, de joies, de bonheur simple bercé par les sons quotidiens d’une famille. Tout a explosé et depuis, le présent dont les couleurs vives sont presque indécentes, pleines d’une force et d’une vivacité qu’il n’est plus prêt à donner. Il s’est ratatiné autour des activités vitales : chasser, récolter, couper du bois. Et son chien pour seul ami.
Je ne sais pas dire si l’adaptation d’Antoine Ozanam est fidèle ou non au récit d’origine. Et pour cause, je n’ai pas lu le roman de Lance Weller. Par contre, je sais dire que son rythme, la manière dont le scénariste joue avec les silences, la rage et la colère du personnage, le rythme narratif et la manière dont les flash-backs viennent le ponctuer… le malmener… Je sais que tout cela m’a plu et pris aux tripes. Les silences ont des sont multiples dans ce récit. Tour à tour oppressants ou apaisants. Tout comme ces grands espaces à perte de vue qui symbolisent tantôt l’ampleur de la solitude qui torture le personnage, tantôt la quiétude qui le remplit… une force tranquille qui est parvenue à s’accommoder de ses vieux démons.

Le voyage que le vieil homme entreprend pour retrouver son chien se révèle être une catharsis. En toile de fond, les guerres intestines qui ont déchirés les peuples d’Amérique.
Wilderness (récit complet)
Adapté du roman de Lance WELLER
Editeur : Soleil
Dessinateur : BANDINI / Scénariste : Antoine OZANAM
Dépôt légal : août 2020 / 152 pages / 19,99 euros
ISBN : 978-2-302-07264-0
Tiens, je serais bien curieux de voir comment ce sublimissime roman a été adapté en BD. Si je t’ai bien comprise, c’est plutôt réussi 😉
J'aimeAimé par 1 personne
Ce que j’ai lu m’a beaucoup plu oui. Cela dit, j’attire de nouveau ton attention sur le fait que je n’ai pas lu le roman… du coup, c’est difficile pour moi de dire si l’adaptation est fidèle 😉
J'aimeJ'aime
Pas lu le roman non plus mais la BD m’attend et je m’en réjouis !
J'aimeAimé par 1 personne
Wait & see alors… ^^
J'aimeJ'aime
J’ai adoré le roman et j’ai hâte de découvrir cette adaptation !
J'aimeAimé par 1 personne
Suspense… curieuse de savoir comment tu l’as accueilli cet album 😉
J'aimeJ'aime
Je viens de lire le roman qui m’a complètement emportée. L’adaptation m’intéresse bien…
J'aimeAimé par 1 personne
Oui j’ai lu ton article 😉
Je ne sais pas si tu es comme moi mais quand je découvre un texte (roman), il me faut un certain temps (ou un temps certain) pour pouvoir accueillir l’adaptation sans grincer des dents (et accepter tous ces pans du récit qui n’ont pu trouver leur place dans l’adaptation)
Bonnes lectures à toi Krol 😉 🙂
J'aimeJ'aime
Et bien, ça dépend des romans… Par exemple, j’ai enchaîné la lecture de Sacrées sorcières par Roald Dahl et la BD de Bagieu. Ici, je vais peut-être laisser passer un peu de temps parce que j’ai vraiment beaucoup aimé le roman. Sauf si quelqu’un me le met sous le nez… je ne saurai pas résister.
J'aimeAimé par 1 personne
Ca, c’est le risque que l’on court quand on côtoie d’autres lecteurs 😛 😀
J'aimeJ'aime