Le Jardin, Paris (Geniller)

Geniller © Guy Delcourt Productions – 2021

Chaque soir, Le Jardin ouvre ses portes. La clientèle du cabaret est calme et parmi elle, quelques habitués qui viennent se régaler des spectacles donnés par les danseuses.

Les danseuses, ce sont des fleurs. Muguet gère l’établissement avec professionnalisme et bienveillance. Tournesol, Marguerite, Hyacinthe, Violette et les autres se relayent sur scène pour proposer chaque soir des numéros d’effeuillage époustouflants.

Rose est la plus jeune des fleurs. Ce soir, Rose monte sur scène pour la première fois. Un moment tant attendu. Un moment de révélation, troublant, terrifiant de trac mais le public est émerveillé. Emerveillé par cette déferlante d’émotions que Rose communique lors de sa prestation scénique.

L’engouement est unanime. Très vite, Rose compte des fidèles parmi les spectateurs. Aimé est présent à chaque fois que Rose doit monter sur scène. Comme d’autres, il est sous le charme de cette surprenante personne… car Rose est un jeune garçon, une de ces délicieuses fleurs qui illumine désormais les nuits parisiennes.

« Je me considère comme un homme, mais un homme qui aime tellement les femmes qu’il a envie de faire comme elles. »

Rose, personnage androgyne dont on ne connaît que « le nom de scène » est une fille manquée. Un jeune homme passionné, passionnant, touchant. Fragile et courageux, spontané et pudique, Rose est un personnage double…. un jeune homme pour qui la danse est une respiration ; il forge sa vie autour de ce mode d’expression. Un garçon doté d’une joie de vivre communicative. Rose est solaire.

Initialement, cette histoire était un projet de court-métrage. De fil en aiguille, les pages se sont certainement noircies, les recherches et le travail de construction des personnages a certainement pris tellement d’ampleur que, face au résultat, il devenait évident qu’un court-métrage ne suffirait pas à développer cet univers. C’est du moins une supposition que je fais. Une écriture qui foisonne d’idées et d’éléments nouveaux au point de conduire Gaëlle Geniller à prendre la décision de construire un album autour du personnage de Rose. Grand bien lui en a pris car on régale d’un bout à l’autre de la lecture.

Gaëlle Geniller nous livre ici son second titre. Le premier – « Les Fleurs de grand frère » – était une petite douceur. Un album jeunesse qui abordait déjà la question de la différence, la nécessité d’accepter l’autre tel qu’il est et non tel qu’on voudrait qu’il soit. Le besoin de s’accepter pour pouvoir s’épanouir. L’autrice a le chic pour nous présenter des personnages atypiques, pour nous les faire aimer et nous faire entendre que chacun détient la clé de son propre bonheur. Le credo de ce récit s’ancre dans ce proverbe : « charité bien ordonnée commence par soi-même. »

Il n’y a pas d’action, pas de suspense. Jusque un doux plaisir de profiter de chaque instant et une joie de vivre incroyable. On rencontre le personnage à un moment-charnière de sa vie, alors que celle-ci effectue un virage important. C’est, pour lui, une étape capitale, une nouvelle direction à négocier habillement. A cela, s’ajoute l’ambition qu’il nourrit de pouvoir s’adonner à sa passion aussi longtemps que possible. Pourtant, cette étape tant attendue fait vaciller ses certitudes, au point de le priver de respiration… de le figer sur place. Assailli par le manque de confiance en lui, Rose en perd le Nord et l’oblige à prendre du recul. La manière de traiter la réflexion menée par le personnage principal est fine et pertinente. Quant au style graphique, il s’imprègne à merveille du style Art nouveau. Les décors, vêtements et coiffures des personnages épousent parfaitement les courbes arabesque de ce mouvement artistique. Les corps élancés des personnages ainsi que les couleurs fraiches et dynamiques nous enveloppent. L’ensemble dégage une ambiance chaleureuse et pleine d’optimisme.

C’est vraiment un très bel album que je vous invite à découvrir si le cœur vous en dit. Je pense que sa douceur et son charme vous plairont.

Le Jardin, Paris (one shot)

Editeur : Delcourt / Collection : Mirages

Dessinateur & Scénariste : Gaëlle GENILLER

Dépôt légal : janvier 2021 / 224 pages / 25,50 euros

ISBN : 9782413022534

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

3 réflexions sur « Le Jardin, Paris (Geniller) »

    1. Il est, oui ❤
      Gaëlle Geniller a su trouver tous les ingrédients pour nous installer dans un univers qui nous englobe totalement. Le temps de la lecture, il on est accaparé par Rose et son histoire. Une vraie bouffée d'air cet album !

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