
« Avec Dimanche, McNaught nous entraîne dans une étonnante balade en apesanteur, dans un de ces quartiers résidentiels de banlieue aux maisons identiquement répétées et aux pelouses uniformément manucurées. » (synopsis éditeur).
Initialement publié chez Nobrow (en version française), « Dimanche » est dans le catalogue de Dargaud depuis janvier 2016.
Si vous avez besoin de calme, « Dimanche » est le livre adéquat. On pourrait en dire de même pour « Automne ». Jon McNaught a une sensibilité rare, une perception
Ambiance rose-bleu qui imprime comme une mélancolie. La langueur d’un dimanche éphémère, son caractère furtif, son ambivalence à force d’être coincé entre un jour de repos et l’annonce déjà désagréable d’une nouvelle semaine qui va s’engager.
Un dimanche à ne rien faire si ce n’est observer les jeux d’ombres que fait le soleil en glissant doucement sur l’horizon. Un dimanche dans un quartier pavillonnaire où chaque maison est la réplique identique de sa voisine. Rien ne laisse supposer qu’à l’intérieur, la décoration diffère d’une maison à l’autre. Et pourtant, les bruits, sonnerie de téléphone, chien qui jappe, casseroles qui se cognent, les rires qui éclatent et la musique qui fredonne sont autant d’indices qui nous font penser le contraire.
Malgré l’aspect redondant de l’horizon qui est donné à regarder, l’imagination s’envole.
Aucun dialogue, juste des sons, un mélange de bruits urbains, de bruits domestiques, quelques passages de films qui passent à la télévision. Du banal pourtant Jon McNaught a l’art et la manière d’accrocher le petit détail insignifiant qui permet au lecteur de dérouler le fil narratif de ce penchant à la passivité qui nous prend souvent le dimanche. Une beauté tranquille que l’on savoure, loin de toute montée d’adrénaline, loin de toutes les manifestations événementielles.
On savoure cette nostalgie de ces dimanche-là à ne rien faire.
Pour le plaisir, ce très beau texte proposé par les éditions Nobrow au moment de la sortie française du livre :
« Horizons infinis de maisons préfabriquées dans des quartiers résidentiels aux jardins soigneusement entretenus et aux haies parfaitement taillées ; Dimanche nous rappelle ces lieux en apparence si communs. Pour certains, la ville symbolise leur lieu de naissance ou de résidence, mais pour la plupart d’entre nous, c’est un lieu qui s’est construit pendant des années de dur labeur et de persévérance, pour devenir peu à peu notre lieu de vie : un endroit calme et serein, mais aux origines souvent pénibles.
Pour son premier roman graphique, Jon McNaught nous offre un portrait plein d’indulgence de tout ce que nous faisons (et ne faisons pas) lors un jour de repos, pour nous amuser et passer le temps, en laissant libre cours aux idiosyncrasies de nos voisins et à notre imagination. Ce qui rend ce livre si unique, c’est que tandis que l’on ressent la frustration inhérente de ces moments, on ne peut s’empêcher de se retrouver dans ces portraits. McNaught parvient à capturer la beauté et la tranquillité de ces instants, et nous transporte dans ces fins de journée typiques, parsemées de nuages roses, et au silence si particulier ; silence auquel on ne peut qu’aspirer après avoir passé plusieurs années en ville. »
Un album que je partage dans le cadre de la BD de la semaine.
Les liens sont aujourd’hui chez Moka.
Dimanche et quatre guides natures
One shot
Editeur : Dargaud
Dessinateur / Scénariste : Jon McNAUGHT
Dépôt légal : janvier 2016
28 pages, 12 euros, ISBN : 978-2205-07459-8
Bulles bulles bulles…