Le Vagabond des Etoiles, seconde partie (Riff Reb’s)

Riff Reb’s © Soleil Productions – 2020

Accusé d’avoir assassiné un de ses collègues de l’université, Darrell Standing est jugé et incarcéré. Victime d’actes de torture perpétrés par ses geôliers, Darrell fait l’expérience des voyages astraux. Dès lors, il quitte régulièrement son corps et visite des vies passées.

[je vous invite à prendre connaissance de ma chronique sur le premier tome en suivant ce lien]

Le dessin de Riff Reb’s est une seconde peau pour ce roman éponyme de Jack London. Que ce soit « Le Loup des Mers » [je n’ai pas pris le temps de le chroniquer] ou cet univers fantastique du « Vagabond des étoiles » , l’auteur se glisse avec une facilité déconcertante dans l’univers du romancier américain. Riff Reb’s visite, adapte et s’approprie chaque mot, chaque souffle, chaque peur, chaque secousse. Le personnage principal, en huis clos carcéral, accède à des respirations inespérées en se jetant à corps perdu dans des voyages astraux de toute beauté. Il entre ainsi en totale osmose avec des individus dont les vies se sont arrêtées suite à une mort violente ou tout simplement de vieillesse. Ces « évasions extracorporelles » – comme il se plait à les nommer – le parachutent dans différentes époques de l’Histoire de la Terre. Là aussi, le dessin de Riff Reb’s habille à la perfection chaque ère, chaque siècle. Rome Antique, Préhistoire, conquête de l’Ouest américain, Moyen-Age… pas une époque qu’il n’a pas eu l’occasion de visiter, pas une fausse note graphique.

« J’ai souvent réfléchi aux liens entre ces vies et la mienne. Et j’ai dû admettre que l’un des points communs était la colère rouge que j’ai ressentie presque à chaque fois. Cette colère qui a ruiné ma vie et m’a jeté en cellule. (…) Elle était, j’en suis sûr, déjà ancrée en moi, comme chez mes parents, comme chez nous tous et même chez tous les mammifères, et ce, depuis le fond des âges. Elle est, au départ, une peur instinctive à laquelle nous devons tous à un moment donné notre survie. Et elle est transmise dans le temps à travers toutes les générations. »

Cette adaptation est pour nous l’occasion de plonger dans des parcours variés d’hommes et de femmes, toutes couleurs de peau confondues, quelle que soit leur appartenance religieuse ou leur orientation sexuelle. Seul le personnage principal relie ces vies passées et chacun de ces voyages le transforme profondément. On suit son cheminement, d’abord dubitatif sur la nature de ces expériences, il finit par exulter. Le temps du doute est loin, il s’est refermé avec le premier tome. C’est désormais un homme absolument grisé et addict à ces escapades extracorporelles qui est face à nous. Il en tire une force vitale considérable et nous aspire dans sa folie. Est-ce folie ?

Le fait de s’incarner dans de nouvelles vies le conduit à poser un autre regard sur sa vie et sur l’Humanité. De nouvelles réflexions métaphysiques s’ouvrent à lui. Ce mouvement que nous observons durant la lecture est fascinant. Tout aussi fascinant que le contraste créé par sa situation : c’est à partir d’un espace carcéral restreint qu’il parvient à explorer d’autres espaces – temps.

« De toutes mes incarnations passées, je ne vous en aurai fait goûter que quelques extraits car j’ai cueilli des baies sur l’épine dorsale éventée du monde. J’ai arraché pour les mander, des racines aux sols gras des marécages et j’ai partagé la table des rois. J’ai fêté la chasse, j’ai fêté les moissons, j’ai gravé l’image du mammouth sur ses propres défenses, j’ai sculpté des éphèbes et peint toutes les femmes. Et toujours, je suis mort, de froid, de chaud, de faim, de tout, laissant les os de mes carcasses éphémères dans le fond des mers, dans les moraines des glaciers et dans les cimetières de tous les cultes. Mais mes vies sont les vôtres aussi. Chaque être humain évoluant actuellement sur la planète porte en lui l’incorruptible histoire de la vie depuis son origine. »

Traits tirés, visage émacié, le héros a perdu toute la superbe qu’il affichait dans la première partie du récit. Mais si le physique se montre fragile face à la fatigue et aux mauvais traitements, le mental lui nous embarque dans un voyage improbable ! Au-delà du propos, c’est la fierté farouche du personnage à ne pas plier face à ses geôliers qui porte toute la tension et l’exaltation contenue dans le récit. Ce second opus vient clore le diptyque de Riff Reb’s de façon magistrale… nous rappelant avec humilité que l’homme ne saurait progresser isolément des membres de son espèce.

Magnifique diptyque, sublime travail de création graphique. A lire !

Le Vagabond des étoiles / Seconde Partie (diptyque terminé)

Adapté de Jack London

Editeur : Soleil / Collection : Noctambule

Dessinateur & Scénariste : RIFF REB’S

Dépôt légal : octobre 2020 / 104 pages / 17,95 euros

ISBN : 978-2-302-09024-8

Le Vagabond des Etoiles, première partie (Riff Reb’s)

Riff Reb’s © Soleil Productions – 2019

Magicien du verbe et de sa plume d’encre de Chine, Riff Reb’s m’émerveille à chaque nouvel album. Il a déjà su m’emporter sur les flots et me faire respirer à plein poumons les relents salins du grand large dans lequel nous voguons « A bord de l’Etoile Matutine ». Il a sur faire trembler les plus jeunes à l’occasion de « Qu’ils y restent » où il y traquait les monstres légendaires (loup garou et autres effrayantes créatures de la culture populaire) et leur prendre la main pour les accompagner dans le conte philosophique de « La Carotte aux Etoiles » (le jeune lectorat peut ainsi se sensibiliser aux concepts de mondialisation, d’industrialisation, de productivisme, de stratégies…). « Le Loup des Mers » m’attend sur une étagère, délicieuse invitation à la lecture que m’a offerte Noukette à l’occasion d’un week-end de retrouvailles… et il me reste tant d’œuvres de Riff Reb’s à lire encore !

Difficile donc de résister à la tentation de plonger une nouvelle fois dans les aquarelles aux teintes mélancoliques de l’artiste. Les violets de l’hiver et les ocres de l’automne charrient nos émotions durant toute la lecture. On retrouve ici encore le thème de la solitude si cher à Riff Reb’s et qu’il se plaît à explorer. Une nouvelle fois, on se frotte à un personnage en pleine mutation, chahuté par les aléas d’une vie capricieuse qui l’obligent à scruter ses propres recoins… à découvrir sa part d’ombre pour en extraire la quintessence et une forme nouvelle de connaissance de soi. Une bouleversante introspection.

Jack London inspire Riff Reb’s (il avait déjà revisité « Le Loup des Mers » il y a quelques années). Cette fois, il adapte le récit éponyme de l’écrivain américain en donnant corps au « Vagabond des Etoiles » . Ce ton narratif habille le dessin de Riff Reb’s à merveille. L’auteur excelle dans l’illustration de ces mises en abime vertigineuses et de ces existences balayées par de sournois impondérables. Il trouve le rythme adéquat pour permettre à la voix-off d’attraper le fil de son récit et l’inviter à se poser du côté de la confidence. On est vite captivé par les paroles du personnage, comme fascinés par la promesse de l’entendre raconter les intrigants voyages de son âme.

« Un kaléidoscope émotionnel de l’histoire du monde. Bouffon, scribe, homme d’armes, esclave ou monarque, des portraits en rafales surgissaient du maelström de mon être éclaté. »

C’est dans la dernière cellule où il est jeté, celle dont il ne sortira que pour être conduit à l’échafaud, qu’il manque de perdre pied. La solitude le menace de ses tourments. Pour faire face à la folie et toucher du doigt une sorte de félicité, il laisse son esprit s’échapper… Au début, il se contenta de faire appels à des souvenirs de son enfance. Il replongea ainsi dans l’âge tendre et embrassa de toute son âme les paysages de sa jeunesse. Petits bonheurs fugaces de pouvoir se réchauffer au contact de la main de sa mère. Parvenir à attraper çà et là des bribes de son passé lui a permis de tromper la litanie de ces minutes interminables.

Voyant que leur emprise ne produit pas les effets escomptés, ses bourreaux resserrent leur étreinte de jour en jour. Ils frappent plus fort et serrent davantage les lacets de la camisole de force. Par orgueil, Darell refuse de capituler et d’avouer un délit qu’il n’a pas commis. Il se rebiffe pour ne pas s’avouer vaincu. Pourtant, son corps meurtri le désavantage. Pour faire abstraction de la douleur, il expérimente une autre forme d’évasion mentale : celle des voyages astraux. Là, il goûte à de nouveaux horizons dont les contours s’étaient déjà esquissés durant sa petite enfance. Darrell est le témoin d’autres époques. Souvenirs d’autres vies et blessures d’anciens combats… des « expériences évanouies » comme il se plaît à les définir.

En offrant à un meurtrier la possibilité de s’amender, Riff Reb’s nous conduit finalement à changer notre regard sur cet homme. De page en page, nous ressentons davantage d’empathie pour lui et attendons même avec impatience les moments où ses bourreaux se lasseront de leur violence pour le laisser seul dans son lugubre clapier. Car c’est là qu’il s’échappe et qu’il quitte son enveloppe charnelle. Il fait des récits de ses escapades surnaturelles.

« Bien souvent, au cours de mon existence, j’ai éprouvé la bizarre impression que tous mes souvenirs ne m’appartenaient pas. L’impression de connaître des lieux où je ne me suis jamais rendu. De découvrir, parfois, dans les traits d’un visage pourtant nouveau, une personne que j’ai toujours aimée, toujours haïe, ou simplement croisée. »

Au-delà de l’histoire en elle-même, le récit pointe du doigt des conditions de détention inhumaines, du recours assumé à la violence par les matons, à l’utilisation de la camisole de force… La force de la réponse apportée pour contrer cette brutalité n’est autre qu’une plongée à corps perdu dans l’imaginaire. Le personnage s’évade par la pensée et a ainsi l’opportunité de revivre des scènes de ses vies passées.

Premier volet d’un diptyque, Riff Reb’s réalise une magistrale adaptation d’un roman qui mêle le réalisme au fantastique.

 Le Vagabond des Etoiles
 Première partie (diptyque terminé)
 Editeur : Soleil / Collection : Noctambule
 Dessinateur & Scénariste : RIFF REB’S
 Dépôt légal : octobre 2019 / 106 pages / 17,95 euros
 ISBN : 978-2-302-07781-2 

Qu’ils y restent (Lejonc & Mériaux & Reb’s)

Lejonc – Mériaux – Riff Reb’s © La Gouttière – 2016
Lejonc – Mériaux – Riff Reb’s © La Gouttière – 2016

Monstres des contes, figures mythiques de nos peurs les plus primaires. De tous temps, ces créatures imaginaires ont alimenté les récits. Ils reviennent dans cette nouvelle lecture des contes qui nous est proposée par un duo d’auteurs (Riff Reb’s & Régis Lejonc) qui nous avaient déjà gratifiés de l’excellent « La Carotte aux étoiles » (Edition La Gouttière, 2010). Cette fois, point n’est question de société de consommation ou de capitalisme mis à la portée des enfants, mais bel et bien de ces personnages effrayants qui peuplent l’imaginaire. A ce duo s’ajoute Pascal Mériaux que l’on ne présente plus : l’un des neuf créateurs et organisateur du festival d’Amiens (les rendez-Vous de la bande dessinée), fer de lance des Editions de La Gouttière.

De cette collaboration a jailli « Qu’ils y restent », un récit intriguant mettant en scène quatre créatures terrifiantes et affamées…

Au nord, un loup
A l’ouest, un ogre
A l’est, un vampire
Au sud, un sorcier

Leur méchanceté sort par le moindre pore de leur peau. Leur cruauté se voit dès le premier coup d’œil. Les terres sur lesquelles ils vivent sont désormais désolées, dépeuplées… ils les ont pillées, ont grignoté à pleines dents les populations qui vivaient dessus. Il n’y a désormais plus rien pour les rassasier alors… autant partir conquérir de nouveaux territoires et y trouver bonne pitance.

Pour la forme, Riff Reb’s met les petits plats dans les grands. Un unique encart narratif par page laisse le lecteur seul face à des illustrations riches et détaillées. Chaque planche s’impose magnifiquement au lecteur. S’inspirant des travaux d’Ivan Bilibine, Riff Reb’s encadre ses illustrations de bandes ornementales. Aucune impression d’étouffement ou de visuels surchargés, exit le style rococo car les couleurs employées pour camper ces quatre univers fantastiques ont un panache qui rend tout cela terriblement ludique. Le format de l’album (26 par 3 cm) nous permet de profiter de chaque détail. Le plus oppressant est encore ces quatre créatures démoniaques. Les illustrations du dessinateur les font évoluer sur des décors sobres, le dessin est efficace et va à l’essentiel. Riff Reb’s installe une atmosphère humide et collant à la peau lorsqu’on se faufile prudemment dans les bois du nord, il dresse un temple imposant au milieu de nulle part, il fait tomber la nuit sur les terres froides et hostiles de la Transylvanie, et plaque un soleil de plomb sur les huttes africaines.

L’ambiance ne prête pas à rire et incite le lecteur à se nicher dans les creux de son canapé pourtant. Si la peur de voir ces créatures apparaitre n’est jamais loin, on se rassure vite de les savoir pris au piège du papier glacé des pages de l’album. Le talent des deux scénaristes vient poser une pointe d’humour dans la narration. Il réconforte le jeune lecteur en lui rappelant habilement que ce qu’il est en train de lire appartient bien au registre de l’imaginaire et ces petits clins d’œil rassurants font mouche. Ainsi, la lecture de certains passages où « des mères-grand sous leur couette », d’un ogre qui avait « par inadvertance, grignoté son dernier serviteur » ou d’un vampire qui proteste à l’idée de ne plus pouvoir siroter une jeune vierge à l’apéro permet d’éviter que le lecteur ne soit totalement tétanisé face à ces gros méchants qui évoluent sous ses yeux. Le bon équilibre est trouvé, juste à la frontière entre la farce et le thriller pour enfant.

PictoOKConseillé à partir de 8 ans. La taille maousse de l’album, la pointe d’humour tapie dans les mots, la peur qui vient saisir délicatement le lecteur… une bonne recette pour un album jeunesse.

La chronique de Moka.

Qu’ils y restent

One shot

Editeur : La Gouttière

Dessinateur : RIFF REB’S

Scénaristes : Régis LEJONC & Pascal MERIAUX

Dépôt légal : avril 2016

48 pages, 16 euros, ISBN : 979-10-92111-34-7

Bulles bulles bulles…

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Qu’ils y restent – Lejonc – Mériaux – Riff Reb’s © La Gouttière – 2016

La Carotte aux étoiles (Lejonc & Murat & Riff Reb’s)

La Carotte aux étoiles
Lejonc – Murat – Riff Reb’s © La Gouttière – 2010

Dans son laboratoire, un lapin savant travaille d’arrache-pied. Il voudrait offrir du rêve aux gens, émerveiller petits et grands mais son invention sera-t-elle à la hauteur de ses attentes ? Rien n’est certain jusqu’au Jour J, jusqu’à l’Heure H. Et quand tout est enfin prêt, il s’affaire encore sur les derniers réglages de sa carotte-fusée pour que ses innombrables heures de travail soient enfin récompensées. Et ça marche !! La carotte aux étoiles rempli le ciel étoilé de mille feux, les gens ouvrent leurs fenêtres et sortent dans la rue pour assister au spectacle impromptu. Le lapin devient célèbre, tout le monde parle de lui, un riche industriel le contacte même pour lui faire part de projets ambitieux pour la carotte aux étoiles. Des contrats sont signés, le brevet est vendu et une nouvelle fois, le lapin s’affaire à ce nouvel objectif : régler les machines, trouver le juste dosage pour une production à grande échelle… tout le monde va profiter du spectacle de sa carotte aux étoiles !!

Oui mais voilà, le riche industriel n’est intéressé que par le profit. Le lapin est instrumentalisé et rapidement, son invention lui échappe. Il se demande s’il est bon « qu’un rêve se transforme en argent »…

Cet album est un conte philosophique qui s’adresse aux jeunes lecteurs. C’est l’occasion de parler avec eux de mondialisation, d’industrialisation, de productivisme, de stratégies… Autant de termes qu’on évite soigneusement d’aborder avec un enfant – par flemme certainement – mais force est de constater que La Carotte aux étoiles offre aux parents un très bon support intermédiaire pour aborder ces sujets ou du moins, amorcer avec eux une réflexion non dénuée d’intérêt.

Côté narratif, l’histoire se base entièrement sur une voix-off qui contient à la fois les réflexions du héros et le regard plus décalé d’un narrateur invisible. Les textes de Régis Lejonc sont concis. Les courtes phrases donnent à la fois un rythme agréable à l’ensemble tout en permettant au jeune lecteur de ne pas être abasourdi par une foule de détails abrutissants. Des notions apparaissent çà et là dans la narration : « marketing », « brevet », « production de masse »… mais le scénariste a donné le juste équilibre à ses propos, permettant de sensibiliser l’enfant à des concepts en apparence compliqués tout en lui faisant vivre une aventure qui le capte. L’enfant se saisit pleinement de cette fable. Une lecture interactive puisqu’elle l’invite également à interpeller son parent-lecteur qui devra lui fournir les informations complémentaires dont il a besoin. La réflexion impulsée par cet album se prolonge au-delà du temps de lecture.

Les illustrations de Riff Reb’s donnent une touche de poésie à cet univers. La trame graphique offre un rythme de lecture très agréable : une découpe de planche originale et de nombreux visuels qui s’étalent en pleine page, permettant ainsi de faire des pauses dans la lecture et de discuter. Depuis la sortie de cet album en mars 2010, j’avais eu l’occasion de feuilleter cet ouvrage à plusieurs reprises mais je restais très hésitante à l’idée de le faire découvrir à mon fils. En effet, les ambiances graphiques sont très sombres : des bleus soutenus, des violets, des verts et beaucoup de noirs qui me semblaient écraser les quelques ocres présents dans les visuels. Un échange avec l’éditrice (lors d’un Festival BD l’année dernière) avait balayé certaines appréhensions mais je n’étais pas parvenue à concrétiser ma démarche d’achat. Récemment, le partenariat proposé par Lire pour le Plaisir est venu me rappeler à l’ordre… Depuis, mon fils et moi avons eu l’occasion de lire cet album à plusieurs reprises et d’une lecture à l’autre, je ne peux que faire le constat que la colorisation retenue sert à merveille cette histoire. Et je ne suis pas la seule à apprécier cette lecture. Voici ce qu’en dit Monsieur Lutin (petit lecteur qui aura 6 ans en février prochain) :

J’aime bien mon livre. Il y a un petit lapin sympathique parce qu’en fait lui, il voulait faire des feux d’artifices. J’aime le lapin parce qu’il voulait faire rêver les gens. Mais il y a des hommes qui lui ont menti. Ils lui ont tous menti. Le Requin, il est méchant. Il a fait signer le lapin juste pour faire des carottes. Le Requin ne voulait pas faire rêver les gens, il voulait juste avoir plein d’argent. Et le Roi aussi. Lui, c’est moche ce qu’il voulait. Avec la carotte, il a fait exploser la Lune parce qu’il ne l’aimait pas. Mais il ne l’a pas dit au lapin et ça, ça l’a rendu triste le lapin. L’histoire elle dit que lapin ou pas, il faut faire attention aux autres car il y a des menteurs. Les dessins sont très beaux, ils m’ont fait rêver avec toutes les couleurs des feux d’artifice et puis les dessins m’ont bien expliqué ce que voulait dire l’histoire.

Une lecture que je partage avec Mango et les participants aux

MangoJe remercie Lire pour le Plaisir et Les Éditions de La Gouttière pour cette découverte !

PictoOKUn album qui a fait mouche et que l’on relit sans lassitude. Petit à petit, mon jeune lecteur affine ses questions et élargit son regard et l’aide un peu plus à comprendre le monde qui l’entoure. Pour moi, en tant que parent, c’est très agréable de constater qu’un ouvrage sait aussi bien allier le côté ludique et le coté instructif. Les éditions de La Gouttière sont d’ailleurs soucieuses d’allier ces deux registres. Chaque parution est, pour cet éditeur, l’occasion de réfléchir à la manière dont l’ouvrage peut servir de support pédagogique. Ainsi, l’éditeur propose souvent des fiches techniques. Un espace de leur site est d’ailleurs dédié à ce partage d’outils pédagogiques. Pour accompagner La Carotte aux étoiles, différentes fiches sont mises à la disposition des enseignants (je vous invite à suivre ce lien).

D’autres avis sur cet album : Lire pour le plaisir, On a marché sur la bulle.

La Carotte aux étoiles

One Shot

Éditeur : Éditions de La Gouttière

Dessinateur : Riff Reb’s

Scénariste : Régis LEJONC

D’après une histoire de Thierry MURAT

Dépôt légal : mars 2010

ISBN : 978-2-9524075-4-0

Bulles bulles bulles…

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La carotte aux étoiles – Lejonc – Murat – Riff Reb’s © La Gouttière – 2010

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A bord de l’Etoile Matutine (Riff Reb’s)

A Bord de L'Etoile Matutine
Reb’s © Soleil productions – 2009

A Bord de l’Etoile Matutine nous invite à la lecture d’un journal intime. Nous voyons évoluer le personnage principal : on le rencontre lorsqu’il est enfant (8-10 ans) et on le quitte lorsqu’il est vieillard.

Enfant des rues, commis de taverne, mousse, pirate… le narrateur retrace son parcours et soulage sa conscience.

C’est pour que le démon cesse de me tourmenter que j’ai pris la plume. Oui, Ladies et Gentlemen, ce petit vieux, plus faible qu’une mouche en octobre et sur lequel votre regard ne s’attarde pas, est atteint d’un étrange châtiment : celui de ne pouvoir conter sa vie, la soumettre au jugement public, sans se mettre lui-même la corde au cou.

Voici une nouvelle adaptation de roman qui a pour thèmes le monde des pirates (il y a quelques temps, je vous présentais Les contrebandiers de Moonfleet). C’est un ouvrage de Pierre Mac ORLAN qui sert de support à cet album.

p1abem« Adaptation » et « pirates » sont les seuls points communs ces deux albums. A bord de l’Etoile Matutine est un ouvrage d’une qualité très appréciable. L’ambiance a réellement des odeurs de grand large. Les décors sont magnifiques et les personnages charismatiques.

Le récit est très bien rythmé par le narrateur/personnage principal.

Il nous guide dans ce monde, parle des différents rites de passages qu’il a connu et des anecdotes qui l’ont marquées. Tout au long de cette bande-dessinée, il restera anonyme. Ce n’est pas tant son nom qui l’importe, mais les rapports qu’il a su tisser avec les autres. Nous le connaîtrons d’abord sous le sobriquet de « petit » ou « d’enfant de crapule ». Puis, les années passant, il deviendra « fils », « mon ami » ou encore « son fifre » lorsqu’il s’agit du lien qui le lie à son chef : le pirate Georges MERRY…

Le passage de l’enfance à l’âge adulte est un des thèmes principaux de la BD. Cet homme fait le bilan de sa vie. Au fur et à mesure que l’on avance dans l’album, la construction des dialogues est moins bestiale, plus mature. Riff REB’S a soigné son scénario, des détails très appréciables donnent à l’ensemble beaucoup de crédit : les souvenirs récents sont décrits avec précision, les « dialogues rapportés » sont moins châtiés… Au fil de la lecture, le personnage acquiert la notion de respect, il gagne en finesse et excelle progressivement dans l’art de se dire.

Un énorme travail effectué sur les codes couleurs également : une couleur est affectée à chaque chapitre, chaque récit a son ambiance et son thème… la vengeance, la maladie, la colère… Le graphisme est tout simplement splendide, très détaillé. Les costumes sont plus vrais que nature, tout comme la représentation du vieux Brest ou les détails des armatures des bateaux. Un magnifique plongeon dans le 18ème siècle et le monde des pirates : Pavillons fantômes, alcool, trésor, femmes… tout y est.

PictoOKPictoOKUne très bonne BD sur le thème des pirates. La première édition comporte  un cahier graphique à vous couper le souffle.

Interview de l’auteur sur BoDoï et preview des 7 premières planches sur Digibidi.

A bord de l’Etoile Matutine

One Shot
Éditeur : Soleil
Collection : Noctambule
Dessinateur / Scénariste : Riff REB’S
Dépôt légal : Mai 2009
ISBN : 978-2-302-00567-9

Bulles bulles bulles…

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A bord de l’Etoile Matutine – Reb’s © Soleil productions – 2009

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