Chroniks Expresss #16

Retour rapide des lectures de janvier qui n’ont pas fait l’objet d’un article :

BD :

Dol (P. Squarzoni ; Ed. Les Requins Marteaux, 2006), Urban #3 (L. Brunschwig & R. Ricci ; Ed. Futuropolis, 2014), La Revue dessinée #3 (2014)

Romans :

Lambeaux (C. Juliet ; Ed. Gallimard, 1997), L’Extraordinaire voyage du Fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea (R. Puértolas ; Ed. Le Dilettante, 2013)

Bandes dessinées

Dol

Squarzoni © Les Requins Marteaux – 2006
Squarzoni © Les Requins Marteaux – 2006

Cet album a initialement été édité par Les Requins Marteaux en 2006. Suite à la parution de Saison brune en 2012, Dol a été réédité… mais chez Delcourt… Sachant les deux albums sont imbriqués puisque c’est le travail d’investigation que Philippe Squarzoni a mené pour réaliser Dol qui l’a conduit à s’intéresser à la question du réchauffement climatique (qu’il traitera dans Saison brune).

De quoi parle Dol ? « En 2007, Philippe Squarzoni s’attaque à dresser un bilan des politiques menées par Raffarin, bilan qui lui permet de pointer les dérives d’une société libérale qui n’ont cessé de s’accentuer depuis lors. Tout y est minutieusement analysé : les « réformes », des retraites à la santé, l’éducation, le chômage… Et, bien sûr, la politique sécuritaire de Sarkozy et le relais médiatique dont elle a bénéficié » (synopsis Delcourt).

Un reportage sans concession, exit la langue de bois, la question des magouilles politiques est traitée de façon frontale. Philippe Squarzoni appuie ses propos sur des éléments factuels qu’il déplie de façon chronologique. Raffarin, Sarkozy… et toute la belle brochette de nos hommes politiques y passe, tout comme l’attirail de pirouettes qu’ils s’évertuent à réaliser pour maquiller leur hypocrisie. Le problème, c’est que plus personne n’est dupe… Mais ça ne fait pas de mal de plonger dans ce genre d’ouvrage pour se remettre les événements en mémoire.

Le problème ? Un enfant toutes les trois secondes qui meurt à cause de la pauvreté. 100.000 personnes qui meurent chaque jour de famine ou d’épidémie sur une planète où 20% de la population consomme 70% des ressources matérielles… et détient plus de 90% des richesses ! Le problème c’est 2 milliards et demi de personnes qui vivent dans l’extrême pauvreté. 260 millions d’enfants exploités au travail et 3 personnes qui possèdent une fortune supérieure au PIB des 48 pays les plus pauvres du monde.

PictomouiA lire, si ce n’est pas déjà fait… juste histoire de se remettre un peu les idées en place. En revanche, j’ai déploré le côté un peu indigeste de l’ensemble.

La chronique de David.

Du côté des challenges :

Petit Bac 2015 / Titre en un seul mot

PetitBac2015

Urban #3

Brunschwig - Ricci © Futuropolis – 2014
Brunschwig – Ricci © Futuropolis – 2014

Après l’explosion à laquelle nous avons assisté dans les dernières pages du tome 2, nous découvrons l’ampleur des dégâts. Cet incident a causé une panne générale d’électricité, laissant Monplaisir sans yeux (caméras), sans oreilles (micros) et sans voix. Comment A.L.I.C.E. et Springy vont expliquer la situation aux milliers de vacanciers de Monplaisir et ainsi éviter que la panique se déverse dans les rues de la Cité du plaisir ?

Luc Brunschwig développe son scénario avec poigne. Quand à Roberto Ricci, il continue à nous faire profiter d’une ambiance graphique absolument sublime. Il faut bien peu de pages pour reprendre le fil de cette lecture et replonger dans l’univers si atypique de la série. On croit avoir assisté au chant du cygne de ce système hyper-médiatique mais les rebondissements vont nous amener encore plus loin dans le cynisme et l’hypocrisie dont peut faire preuve une organisation.

PictoOKUn système subversif et malveillant, dont la capacité à manipuler l’opinion publique est réelle. A lire… et j’attends la suite de la série avec impatience.

La Revue Dessinée, numéro 3

LRD #3 - Printemps 2014
LRD #3 – Printemps 2014

Sorti au Printemps 2014, ce troisième numéro de La Revue confirme le sérieux de l’équipe de rédaction. Le choix des duos (un journaliste & un auteur de BD) est toujours aussi pertinent, tout comme le choix des sujets.

Ce numéro propose notamment un reportage sur le fléau que représente la Lucilie bouchère (une mouche carnivore) capable de décimer des troupeaux en un temps record, un documentaire sur l’histoire de la guillotine, une enquête sur le Front national ou encore le dernier volet de l’enquête de Sylvain Lapoix et Daniel Blancou sur les énergies extrêmes.

Bref, ces travaux méritent réellement que l’on se penche dessus. Amateur ou non de BD reportage, lisez un numéro… je pense qu’il devrait suffire à vous convaincre de vous abonner.

PictoOKCouverture de ce troisième volet réalisée par Lorenzo Mattotti. Un aperçu des premiers numéros de la Revue sur ce blog : numéro 1, numéro 2.

Romans

Lambeaux

Juliet © Gallimard - 1997
Juliet © Gallimard – 1997

« Dans cet ouvrage, l’auteur a voulu célébrer ses deux mères : l’esseulée et la vaillante, l’étouffée et la valeureuse, la jetée-dans-la-fosse et la toute-donnée. La première, celle qui lui a donné le jour, une paysanne, à la suite d’un amour malheureux, d’un mariage qui l’a déçue, puis quatre maternités rapprochées, a sombré dans une profonde dépression. Hospitalisée un mois après la naissance de son dernier enfant, elle est morte huit ans plus tard dans d’atroces conditions.
La seconde, mère d’une famille nombreuse, elle aussi paysanne, a recueilli cet enfant et l’a élevé comme s’il avait été son fils.
Après avoir évoqué ces deux émouvantes figures, l’auteur relate succinctement son parcours. Ce faisant, il nous raconte la naissance à soi-même d’un homme qui est parvenu à triompher de la «détresse impensable» dont il était prisonnier. Voilà pourquoi Lambeaux est avant tout un livre d’espoir » (synopsis éditeur).

Charles Juliet propose ici deux nouvelles qui s’enchevêtrent délicatement. A l’instar des deux personnages principaux (un pour chaque nouvelle), la seconde histoire a besoin de la première pour naître. Elle vient ainsi combler les vides laissés vacants par le narrateur et raconte l’histoire du fils après que nous ayons découvert celle de sa mère (biologique). Nous couvrons une période d’environ un siècle au travers de cette généalogie peu commune.

La mère, une femme forte, intelligente et ambitieuse, est originaire d’une famille de paysans frustres. Du fait de son statut social, elle n’aura pas la possibilité (et encore moins les moyens) d’atteindre son idéal de vie : accéder à des études supérieure, s’installer en ville, fonder une famille avec un mari aimant. Pire encore, elle s’échine aux travaux domestiques dans l’espoir d’oublier sa peine et reproduit presque à l’identique le modèle familial qu’elle avait pourtant tant décrié. A mesure que les années passent, elle sombre dans la dépression. Et puisqu’elle n’est plus en mesure de s’occuper de ses cinq enfants, ceux-ci seront placés dans les familles avoisinantes. Pourtant, elle a pu profiter de quelques rares instants de félicité, comme lors de cette trop courte scolarité qui s’est abruptement terminée à l’obtention de son certificat d’études primaires ; bien qu’elle fut major de promo, ses parents n’ont jamais envisagé qu’elle poursuive ses études, l’enfant étant plus utile à la ferme que sur les bancs d’une classe. Il y eut aussi cette complicité rare avec ses trois jeunes sœurs ; étant l’aînée, elle a eu la lourde responsabilité de s’occuper de la fratrie. Avec bienveillance, elle a mené à bien cette tâche maternelle et permis aux plus jeunes de profiter d’un amour tendre que leurs parents étaient incapables de donner. Enfin, il y eu cette rencontre avec un jeune homme venu séjourner temporairement dans la région ; leurs rencontres dominicales lui ont permis de découvrir les sentiments amoureux. Plus tard, elle se mariera avec un autre. De cette union, cinq enfants viendront au monde.

La seconde nouvelle nous permet de connaître le benjamin de la fratrie. Placé provisoirement chez une nourrice – dans l’attente de trouver une institution qui accepte de le prendre en charge, l’enfant aura la chance d’être finalement adopté par cette famille d’accueil. Il grandit dans une famille aimante mais soumise à la même réalité économique que la famille de sa mère. Les enfants quittent donc très tôt le cursus scolaire et viennent ainsi aider les parents à la ferme. Compte tenu des événements qui ont émaillé sa petite enfance, le garçon souffre d’une problématique abandonnique assez marquée. Afin de soutenir financièrement sa famille, il s’engage dans l’Armée. Loin des siens, il doit d’abord canaliser ses angoisses liées à l’éloignement. Il doit également se plier aux contraintes de cette vie de garnison. Il s’efface devant l’agressivité de ses chefs dans l’espoir de ne pas attirer leur courroux. Il parvient à lier des amitiés fortes. Pour lui, l’Armée sera finalement un tremplin qui lui permettra de trouver sa voie, son autonomie… sa liberté d’être et de penser. Cet homme, c’est Charles Juliet.

PictoOKPictoOKUn roman écrit avec beaucoup de tendresse et de pudeur. Un roman écrit avec les tripes. Un roman qui remue et dans lequel les peines vécues touchent le lecteur de plein fouet. Et contre toute attente, un roman plein d’espoir. Le « tu » employés tout au long de ce recueil permet d’avoir une proximité certaine avec les protagonistes. L’auteur parle finalement à ses deux mères (biologique et adoptive), l’auteur s’adresse à lui-même et pose un regard ému sur son parcours.

La chronique de Sabine.

Extraits :

« (…) tu pénètres dans un monde autre, deviens une autre petite fille, et instantanément, tu oublies tout du village et de la ferme. Ce qui constitues ton univers – le maître, les cahiers et les livres, le tableau noir, l’odeur de la craie, les cartes de géographie, ton plumier et ton cartable, cette blouse noire trop longue que tu ne portes que les jours de classe – tu le vénères » (Lambeaux).

« Tu voudrais rencontrer en toi la terre ferme de quelque certitude, et tu n’y trouves au contraire que sables mouvants (Lambeaux).

« L’existence ne présente pas grand intérêt lorsqu’on n’a pour but que soi-même » (Lambeaux).

« Te connaître. Susciter en toi une mutation. Et par cela même, repousser tes limites, trancher tes entraves, te désapproprier de toi-même tout en te construisant un visage. Créer ainsi les conditions d’une vie plus vaste, plus haute, plus libre. Celle qui octroie ces instants où goûter à l’absolu » (Lambeaux).

L’extraordinaire voyage du Fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea

Puértolas © Le Dilettante
Puértolas © Le Dilettante – 2013

Le court séjour à Paris du fakir Ajatashatru Lavash (sur les conseils de l’auteur, prononcez « attache ta charrue, la vache » ou « achète un chat roux, la vache ») n’a d’autre fin que celle d’aller acheter un lit à clou à Ikea.

« Ikea, c’est un peu sa grotte de Lourdes à lui ».

Sitôt descendu de l’avion, il saute donc dans un taxi et lui demande de le conduire à Ikea. Arrivé sur place, il roule le chauffeur en le payant à l’aide d’un faux billet. Etre fakir, c’est être maître dans l’art de l’illusion… voler les gens pour servir son propre intérêt. Le problème, c’est que ce chauffeur de taxi est gitan… et qu’il n’apprécie absolument pas de trouver plus roublard que lui.

Qu’à cela ne tienne, voilà notre bon fakir en train de déambuler dans les allées du magasin de prêt-à-monter. Après avoir réservé son lit à clous qu’il pourra retirer le lendemain, il fait la connaissance de Marie au self du magasin. Un nouveau tour de passe-passe et la jeune femme lui offre le repas. Plus tard, au moment où les clients doivent quitter les lieux, Ajatashatru se glisse sous un lit pour attendre la fermeture. Après tout, il n’a qu’un faux billet de 100 euros en poche, pas de quoi se payer l’hôtel ni le taxi, alors autant rester sur place. Mais lorsque les salariés du magasin arrivent pour mettre en place la nouvelle collection, le fakir n’a d’autre choix que de se cacher dans une armoire métallique. Manque de chance, cette armoire est destinée à un autre magasin et, pour des raisons précises, elle ne sera pas démontée mais exportée telle quelle dans une grande caisse en bois. Malgré lui, le fakir se retrouve à faire route vers l’Angleterre. Et ce n’est là que le début d’un long périple…

« Et à part ça, vous avez des plans pour la soirée ? A quelle heure part votre prochaine armoire ? »

Romain Puértolas imagine la vie d’un homme fourbe, manipulateur et foncièrement égoïste. Au hasard des événements qui s’imposent à lui, il va de rencontre en rencontre et s’ouvre progressivement à l’autre. Le fakir n’a pas le temps de visiter les villes où il pose les pieds en revanche, il va lier des amitiés sincères, prendre conscience qu’il y a des gens qui tendent spontanément la main à quelqu’un qui est en difficulté. Il découvre la bienveillance. L’homme ne sera donc pas forcément un loup pour l’homme ?

« Mais même les plus forts devenaient, hors de chez eux, des hommes vulnérables, des animaux battus au regard mort, les yeux pleins d’étoiles éteintes ».

Outre cette dimension d’humanité que l’auteur se plait à développer, il s’arrêtera également sur des sujets plus sensibles : l’émigration, le capitalisme, la clandestinité, le show-business, la malveillance, le choc de cultures…

PictoOKJe n’ai pas compris pourquoi ce roman s’est retrouvé à caracoler en tête des ventes au moment de sa sortie. Pourtant, j’ai apprécié cette lecture. Divertissante voire distrayante, l’humour et la dérision employés ici permettent au récit de ne jamais virer dans le mélodrame. Au passage, on assiste à un réel changement d’attitude de la part du personnage principal qui, fort de cette expérience, pose un regard différent sur ceux qui l’entourent. Une aventure rocambolesque qui se termine forcément en happy-end mais après tout… ça ne fait pas de mal.

La fiche de présentation de l’éditeur et les nombreuses critiques sur Babelio.

Extrait :

« Pour quelqu’un venant d’un pays occidental de tendance démocratique, monsieur Ikea avait développé un concept commercial pour le moins insolite : la visite forcée de son magasin. Ainsi, s’il voulait accéder au libre-service situé au rez-de-chaussée, le client était obligé de monter au premier étage, emprunter un gigantesque et interminable couloir qui serpentait entre des chambres, des salons et des cuisines témoins tous plus beaux les uns que les autres, passer devant un restaurant alléchant, (…) puis redescendre à la section vente pour enfin pouvoir réaliser ses achats. En gros, une personne venue acheter trois vis et deux boulons repartait quatre heures après avec une cuisine équipée et une bonne indigestion » (L’extraordinaire voyage du Fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea).

Du côté des challenges :

Petit Bac 2015 / Objet : Armoire

PetitBac2015

Torture blanche (Squarzoni)

Torture blanche
Squarzoni © Guy Delcourt Productions – 2012

« En décembre 2002 et janvier 2003, Philippe Squarzoni a fait partie de la 41è Mission de Protection du Peuple Palestinien dans les territoires occupés. C’est ce voyage militant qui est raconté dans les 80 pages de ce livre au fil duquel Squarzoni donne la parole aux autres membres de la mission. Au moment où le processus d’Oslo est dans l’impasse, alors que la deuxième Intifada bat son plein, « Torture Blanche » nous amène à la rencontre du peuple palestinien, mais aussi des forces pacifistes israéliennes. Dans un monde tout juste reconfiguré dans la lutte contre le terrorisme, le conflit israélo-palestinien semble un paradigme des logiques de la globalisation. Et, tout en décrivant les stratégies de conquête de l’état d’Israël au travers des colonies et du mur de séparation, Squarzoni met en valeur la dimension économique du conflit et son caractère colonial » (source : Les Requins Marteaux à l’occasion de la première édition en 2004).

Torture blanche
Squarzoni © Les Requins Marteaux – 2004

En 2012, la sortie de Saison Brune a donné lieu à plusieurs rééditions d’albums de Philippe Squarzoni chez Delcourt. Avantage direct : il est désormais possible de se les procurer facilement. L’occasion pour moi de vous parler d’un nouvel album sur le conflit israélo-palestinien (ça faisait longtemps ! :P) et qui traite des tortures psychologiques ou « tortures blanches ».

Torture blanche est un carnet de bord d’un séjour en Palestine effectué en décembre 2002.

« Nous sommes le 41è mission à partir dans le cadre des campagnes civiles internationales de protection du peuple palestinien. Le but de ces missions est d’essayer de limiter, par la présence d’observateurs internationaux, les souffrances infligées aux Palestiniens. En mars dernier, pendant l’opération Rempart, des militants ont accompagné les ambulances palestiniennes ou tenté de protéger des camps de réfugiés. Depuis, les missions se sont succédé ces derniers mois. Souvent sollicitées par les Palestiniens eux-mêmes. Il y a en ce moment plusieurs groupes en même temps que le nôtre. Une centaine d’internationaux… mais la spécificité de la 41è mission, c’est que nous sommes tous membres d’ATTAC ».

Entendez-le comme vous voudrez, mais pour moi, ces missions internationales n’ont d’autre but que de proposer un bouclier humain aux palestiniens. Ensuite, il y a les objectifs sous-jacents : apporter des vivres, vêtements, médicaments… aux palestiniens. Mais l’enjeu premier est la protection des populations et la question de la mise en danger de l’intégrité physique est omniprésente dans cet album :

Marie ? Tu veux bien marcher devant avec moi ? Tu es bonde. On a moins de chances de se faire tirer dessus si tu es devant…

La mission en elle-même n’a duré que quelques jours mais on ressent parfaitement le malaise de la situation. Passé le premier étonnement essentiellement dû au format de l’album (86 pages c’est assez maigre pour traiter ce sujet), j’ai grandement apprécié cet ouvrage qui venait à la fois confirmer des points abordés dans d’autres ouvrages que j’avais lu (bien que publiés après Torture blanche) et qui les complète bien. Il est vrai que c’est la première fois que je prends connaissance d’un album qui aborde le sujet de ces missions internationales de manière aussi précise.

L’ouvrage se découpe en six grands chapitres et la narration nous pose, dans un premier temps, auprès de chacun des membres de la 41è mission. Ainsi, on recueille leurs points de vue respectifs, on mesure leur engagement et leur positionnement quant aux actions à entreprendre et au contexte socio-politique en présence.

Au niveau graphique, le style est simple et sans artifices. Les dessins se contentent d’être descriptifs et servent les propos rapportés par l’auteur. Du reportage graphique des interventions en elles-mêmes (rencontres avec les populations, manifestations, compte-rendu visuel de l’état de la ville d’Hébron…), à la retranscription d’extraits d’interview durant lesquels les interlocuteurs interviennent pour parler du conflit (Squarzoni ne recourt à aucun artifice : l’interlocuteur est face à lui, assez immobile, installé devant un fond blanc… le lecteur « coute »). De plus, pour renforcer l’impact de son propos, Squarzoni injecte ponctuellement des photos prises sur le terrain, des cartes de la région et quelques visuels issus de l’imagerie collective. En somme, cette narration graphique déjà décrite lors de mon article sur Saison brune était déjà mise à l’épreuve par l’auteur en 2004, bien qu’elle moins efficiente sur Torture Blanche.

Un regard intéressant sur la détresse du peuple palestinien.

Si vous souhaitez lire d’autres albums sur ce sujet : Les chemins de traverse, Gaza 1956 – En marge de l‘histoire, Reportages, Gaza décembre 2008 – janvier 2009, un pavé dans la mer, Palestine – Une nation occupée, Valse avec Bachir, Faire le mur

Les chroniques : ActuaBD, Planete BD, SLG-BD, BD Paradisio, Association France Palestine solidarité.

Interview de Philippe Squarzoni réalisée en 2009 et mise en ligne par Iconophage.

Torture blanche

Challenge Petit Bac
Catégorie Couleur

One shot

Éditeur : Delcourt

Collection : Encrages

Dessinateur / Scénariste : Philippe SQUARZONI

Dépôt légal : mai 2012

ISBN : 978-2-7560-3096-8

Bulles bulles bulles…

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Torture blanche – Squarzoni © Guy Delcourt Productions – 2012

Les Requins Marteaux

Plusieurs sites ont déjà relayé l’information mais il y a encore un dernier effort à faire.

En mai dernier, Les Requins Marteaux avaient annoncés leurs difficultés :

La mauvaise, vous vous en doutez peut-être déjà c’est que nous sommes dans une sale passe… On peut invoquer pas mal de raisons, la crise qui touche le secteur, des livres de qualité certes mais difficiles et quelque peu onéreux… Mais c’est comme ça ! On aime chacun de nos bouquins et nous sommes extrêmement fiers de ce catalogue qui donne tant de sueurs froides à nos représentants et si peu de satisfaction à notre banquier.

Comment nous en sortir alors ? Nous sommes en train d’explorer plusieurs pistes. Premièrement, il est hors de question de couiner en vous demandant de faire des dons à notre gentille association. Non ! Non ! et re-non!

Pour régler notre problème de trésorerie, qui s’élève tout de même à plus 60 000 € (oui, 60 000), nous allons vous mettre face à vos responsabilités chers amies et amis des Requins Marteaux !

Car ces 60 000€ nous les avons ! Nous les avons sous forme de livres, de t-shirts et autres bienfaits de la société de consommation.

Vous les achetez ? Nous sommes sauvés ! Vous les achetez pas, et bien les Requins Marteaux finissent comme Jimi Hendrix !

Après tout pourquoi pas ? Bon je dis ça mais en même temps, non pas que ça me dérange de mourir dans du vomi et des supers accords de guitare, mais ça me briserait sérieusement les noisettes de fermer boutique !

Alors voilà, tout ce que j’ai à vous offrir, c’est une win-win situation !

Vous achetez nos trucs, on continue d’exister et du coup vous pouvez continuer d’acheter nos trucs et peut-être même vos enfants peuvent à leur tour acheter nos trucs et comme ça tout le monde est content ! Faites ce geste simple et nous serons sauvés… mais pour l’instant tout ce que je peux vous promettre ce sont des larmes et de la sangria !

Dans les jours et semaines à venir, les Requins Marteaux vont vous proposer un nombre impressionnant d’opérations commerciales destinées à renflouer nos caisses. Ventes de livres, d’originaux, projections de films, conférences, concerts, visites surprises chez nos amis libraires Bisous et patati et patata ! (vous pouvez déjà télécharger notre affiche de soutien ici et la placarder chez vous ou la distribuer dans la rue)

Voilà! D’ici quelques mois nous saurons si une activité originale comme la nôtre a encore lieu d’être en 2011.

Depuis cette date, des ventes aux enchères d’originaux ont été réalisées, des manifestations diverses… La situation est moins grave mais Les Requins Marteaux ont encore besoin qu’on leur apporte notre soutien :

Quelques dates pour les rencontrer : Soirées de Soutien et autres Festivités :

> Le 8 Septembre aux RDV de Terres Neuves (infos ici)
> Le 17 Septembre à Carbon Blanc (infos ici)
> Le 29 Septembre au Temps machine à Tour (infos ici)
> Le 30 Septembre à Nantes à la librairie Livresse (infos ici)
> Le 1 Octobre à Nantes au Lieu Unique (infos ici)
>Du 7 au 8 Octobre aux RDV de Terres Neuves (infos ici)
> Du 18  au 20 Novembre  Festival de Colomiers  (infos ici)
> En décembre Grosse Frankine au theâtre  Barbey à Bordeaux (dates à venir)

Une adresse :

http://www.lesrequinsmarteaux.org/

The Autobiography of me too (Bouzard)

The Autobiography of me too
Bouzard © Les Requins Marteaux – 2004
The Autobiography of me too two
Bouzard © Les Requins Marteaux – 2005

Guillaume Bouzard nous propose une autobiographie déjantée, loufoque, décalée… en un mot ? truculente !

Je n’avais jamais lu Guillaume Bouzard, ni même fait attention à ses albums jusqu’à ce que David m’en parle et me conseil de le lire (« Faites-moi lire » de mai dernier). Ça m’a donc bien intriguée et vous pensez bien que je me suis mise à chercher cet album.

The Autobiography of me too est un recueil des histoires de Bouzard, publiées initialement dans Psykopat. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il ne paye pas de mine. Les couvertures sont épurées et les dessins de Bouzard loin d’être racoleurs. Pourtant me direz-vous, cette couverture orange se voit de loin !! Visiblement pas pour moi, pas quand elle est dans les bacs en tout cas et puis le premier coup d’œil n’était pas plus convaincant, une inlassable répétition de planches découpées à l’identique : une grille de 4 cases sur 3. Je ne saurais même pas dire si j’avais déjà feuilleté un de ses albums. Bref… lamentable de ma part.

Dans ce récit, l’auteur ne se prend absolument pas au sérieux, use et abuse du dérisoire, de l’humour décalé et de ses humeurs du moment. On rigole assez rapidement à la lecture des « tranches de vie » qu’il nous propose et j’ai bien aimé ce que cette recette a suscité chez moi. De l’hésitation initiale je suis rapidement passée à l’amusement. Sa passion pour les vides-greniers et les pics qu’il s’envoie m’ont fait rire sous cape ou à gorge déployée mais ce qui est le plus surprenant, c’est la manière dont il met en jeu son chien qui répond aussi bien à son doux nom de « Flopi » mais est aussi preneur de « ce con d’chien » ! Ce con d’chien est personnifié et va rendre le récit tantôt cocasse, tantôt plus sérieux… bref, il n’y a pas de lassitude dans le récit et la découpe de planche simpliste en apparence fait son petit effet.

PictoOKDéridant. L’auteur se moque de lui, parle de sa vie somme toute assez banale avec beaucoup d’ironie et de pudeur mêlées.

Un petit tour vers l’avis de Mitchul ?

Chez l’éditeur, les fiches des tome 1, tome 2 et le petit dernier : tome 3… que j’aimerais bien lire.

The Autobiography of me too

Série en cours

Éditeur : Les Requins Marteaux

Collection : Centripète

Dessinateur / Scénariste : Guillaume BOUZARD

Dépôt légal : avril 2004 (tome 1), avril 2005 (tome 2) et avril 2008 (tome 3)

ISBN : 978-2-84961-069-5 (tome 1)

Bulles bulles bulles…

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The Autobiography of me too two – Bouzard © Les Requins Marteaux – 2005

Pinocchio

Pinocchio
Winshluss © Les Requins Marteaux – 2008

Dans ce monde noir, Geppetto est un inventeur diplômé. Il n’a pas d’enfant, sa vie de couple n’est pas resplendissante. Dans sa cave transformée en labo, il modèle et donne vie à sa créature : un robot qu’il appelle Pinocchio. Ce dernier aura la lourde tâche de décharger Madame Geppetto dans sa fonction domestique ^^. Quant à Geppetto, il part vanter les mérite de son invention à l’Armée…

Pendant ce temps, Jiminy le cafard se fait licencier. Devenu chômeur SDF, Jiminy s’installe dans le crâne de Pinocchio… un court circuit, et Jiminy prend les commandes du robot…

Pas de phylactères ou presque dans cet album aux teintes assez sombres globalement. Seuls Jiminy le Cafard et le flic déjanté ont droit de parole ici… au premier cela lui coûtera la colorisation de ses planches et au second… un soupçon de raison et d’humanité qui n’étaient déjà pas des notions qui le gratifiaient.

Pas de phylactères donc, mais tout semble si bruyant dans cette vision somme toute assez pessimiste de notre monde. WINSHLUSS se paye le luxe de revisiter les contes Disney en version hard et déjantée. On voit évoluer ici et là Pinocchio donc, mais aussi la version punk de Jiminy Crocket, les 7 Nains salopards et lubriques et j’en passe. Pas si merveilleux que ça le monde de Disney quand on l’observe sous la loupe des travers humains.

On prend pitié pour ce Pinocchio qui est livré à lui même dans ce monde cruel, sans même un petit nid pour se poser un peu. Un lieu où les 7 péchés capitaux ont tout loisir de s’exprimer ouvertement. Il sera livré à la cupidité des autres. Pantin totalement dépourvu de libre-arbitre, il vit de manière totalement passive dans ce monde qui l’entoure. Manipulation, Guerre, Productivisme, Fascisme, Pollution… vont jalonner sa route.

Le style graphique est mordant, agressif, sanglant parfois… quelques poses nous sont octroyées avec parcimonie. Ensuite, on ne peut pas parler d’une ambiance graphique précise mais de plusieurs ambiances graphiques : le trait, la colorisation, la découpe des planches étant propre à chaque scénette… à chaque personnage.

C’est décalé à souhait et l’absence de dialogues ne nuit en rien à la lecture, les personnages se suffisant à eux-mêmes.

Les clins d’œil sont nombreux des Floyd (The Wall) à Spielberg (A.I), en passant par le mythe du Grand Méchant Loup, une référence au Titanic, Robinson Crusoé, Star Wars, V pour Vendetta… j’en oublie des tonnes et sur ceux que je prononce, j’espère ne pas me tromper.

Lecture de janvier pour k.bd

PictoOK Il y avait un an je n’avais pas aimé… et je ne regrette vraiment pas cette relecture. Cynique à souhait.

Angoulême a valorisé le travail de WINSHLUSS l’année dernière.

Un petit tour sur la preview, un petit tour sur Les Requins Marteaux… sur Artnet.fr et quelques interview. La première est sous ce lien qui vous dirige vers le site d’Arte, la seconde :

Angoulême 2009: Winshluss Fauve d’or pour Pinocchio

Pinocchio

Roaarrr Challenge
Roaarrr Challenge

One Shot

Éditeur : Les Requins Marteaux

Dessinateur / Scénariste : WINSHLUSS

Dépôt légal : novembre 2008

Bulles bulles bulles…

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Pinocchio – Winshluss © Les Requins Marteaux – 2008