« Gabriel n’a pas toujours été l’inconnu qu’il est devenu par la force des choses. Je me souviens d’un garçon vif, doué de ses mains, mais que d’incessantes querelles entre mon père et moi ont terni, au fil des années. Vers ses dix ans, lorsque j’ai quitté le domicile familial à la suite d’une énième empoignade, il était déjà devenu l’enfant froid et distant dont j’ai gardé le souvenir. Un exemple d’enfance gâchée. »
C’est l’histoire de Nathan qui cherche son frère. Son fantôme plutôt. Car Gabriel est mort. Gabriel est un cadavre ivre mort sur le bord d’un fossé. C’est l’histoire d’un frère ainé qui revient parmi les siens, dans cette famille endeuillée, terrassée par un chagrin infini. Gabriel avait 18 ans.
« Bientôt, il faudrait répondre aux questions en y incluant : J’avais un frère, mais il est mort. »
Gabriel et Nathan ne se parlaient plus. Ne se voyaient plus. Du fait du père ou disons à cause d’un profond malaise familial. Gabriel était la victime collatérale d’une haine qui ne le concernait pas, d’une colère immense et partagée entre un père et son frère ainé. Faite d’empoignades, d’échauffourées, de discordes. Jusqu’à la rupture. Et le silence.
A la mort de Gabriel, il faut pourtant revenir à la famille. Comment fait-on le deuil d’un frère inconnu ? Nathan se met à fréquenter son groupe de copains. Des jeunes, des adolescents encore, entre dix-sept et vingt ans, pas beaucoup plus. Un groupe étrange, cinq ou six filles et moins de dix garçons. Des saltimbanques. Parmi eux il y a Bastien qui deviendra l’ami. Parmi eux, il y a Appoline. Qui deviendra ….
Mais connait-on vraiment quelqu’un par les autres ? Construit-on sa vie dans les pas d’un autre ?
« Tôt ou tard, il allait falloir que je m’en aille, que je les abandonne et que j’aille tenter de vivre ailleurs. Tout le monde le savait, et, avec les jours qui défilaient, je commençais à comprendre que je n’arriverais jamais à retrouver mon frère, qu’il avait disparu en emportant ses manies et ses habitudes. Trainer avec ses anciens amis ne me rapprocherait pas plus de lui. Ils buvaient, jonglaient, couchaient ensemble. Qui se souviendrait de nous, dans vingt ans ? Je ne pouvais que les regarder et essayer de le faire vivre parmi eux, mais il n’y avait jamais personne là où je posais les yeux et je savais qu’en reprenant ma voiture je disparaitrais, moi aussi. »
Tôt ou tard, Nathan quittera les saltimbanques pour un ailleurs. Il n’a aucun programme, aucune ambition, aucun désir. « En se préparant assez, on pouvait vivre ce genre de vie quelques mois à peine, mais les contraintes économiques avaient une fâcheuse tendance à raisonner les rêveurs. »
Au bord de la route, Nathan se trouvera un compagnon, le chien qui n’a pas de nom. Et au bout du chemin et de l’errance, Nathan fera peut-être la rencontre qui bouleverse et qui ancre… Et le roman aura alors un autre souffle et nous embarquera autre part, autrement, près de l’océan, dans les remous du cœur et au plus près de la vie, malgré tout. Et c’est ce dernier bout d’histoire qui a fait l’étincelle. C’est à cet endroit que tout a commencé vraiment et que j’ai aimé ce roman totalement !
A lire donc cette histoire sombre, profonde, mélancolique et belle. Une histoire de vie et de cœur serré…
EXTRAITS
« […] ses yeux guettaient de ma part une approbation qu’il m’était impossible de lui donner. C’était pourtant le chemin exact de l’âge adulte. Il n’y avait pas de décision, juste des situations qu’on affrontait et qui propulsaient vers de nouvelles responsabilités. On se débrouillait. »
« Je n’attendais aucun grand discours, c’était quelque chose que je tenais de lui. A la porte, mon père a levé son regard vers moi et, dans ses grands yeux d’animal blessé, j’ai lu qu’il était absolument incapable d’encaisser le choc qu’il venait de subir. J’y ai lu aussi de l’amour et beaucoup de regrets. Je n’arrivais pas à pardonner à mon père ses silences, les brusqueries qu’il tenait d’une autre époque et lui m’aimait sans rien dire, stupidement, comme on aime un chat ou un tableau. Je lui ai dit que j’étais toujours son fils. Lorsque j’ai passé la porte, son menton était agité de tremblements incontrôlables, nos deux cœurs retournés. »
Un premier roman découvert grâce aux 68 premières fois (la sélection du premier cru 2019 est à découvrir ici) :
Saltimbanques, François Pieretti, Viviane Hamy, 2019
Trois garçons et leur père s’installent dans un nouveau pays. L’un d’eux, Horn, cache une pilosité excessive sous un ample sweat à capuche. Honteux, il préfère fuir l’école plutôt que d’affronter les moqueries de ses camarades. L’autre, Twombly, réalise d’horrible petites sculptures dans des morceaux de bois. Le dernier est surnommé « Bird » depuis qu’il a recueilli un oiseau blessé.
La vie suit drôlement son cours. Le père, un dangereux criminel, décide un jour d’aller chercher la mère de ses fils. Avant de partir, aucunes embrassades, aucun encouragement. Des injonctions.
Je m’absente quelques temps. Je vais retourner chez nous chercher votre mère. Je vous laisse la maison… S’il arrive le moindre problème, ici ou à l’école… A mon retour, je vous égorge.
Ce père autoritaire, les trois garçons en ont peur. Un père froid, dur. Un père qui impose une discipline militaire, incapable de donner de l’amour. Un père qui punit de façon excessive. Un père à faire peur, surtout quand il a bu… mieux vaut ne pas le contrarier. Un père à faire peur… ça donne des petits soldats qui filent droit.
On se place dans cette famille étrange que Ludovic Debeurme dessine au crayon de couleurs. Toutes les couleurs de l’arc-en-ciel sont là pour nous raconter les horreurs de cette vie-là. Un album qui vient prolonger « Les Trois Fils » que l’auteur avait réalisé deux ans plus tôt. C’est cruel, c’est injuste mais quelques passages proposent des scènes d’une beauté pure. C’est magique et épouvantable… ça ma gênée et à certains instants je n’ai pas su quoi faire de ce qui était dit ou ce qui était fait par les personnages (le père surtout).
Vraiment bizarre. Il y a comme une curiosité malsaine qui m’a poussée à continuer ma lecture, comme pour voir jusqu’où l’auteur était capable d’aller dans la cruauté absurde qu’il décrit. Je préfère, et de loin, ce qu’il avait réalisé sur « Lucille » et « Renée » …
Des jumeaux âgés de 9 ans. Aziz et Amed sont inséparables. Ils vivent dans un pays en guerre. Le fragile équilibre de leurs vies étaient préservés jusqu’à ce qu’une bombe tombe sur la maison de leurs grands-parents. Dès lors c’est à Zahed, leur père, qu’il revient de s’occuper de l’orangeraie exploitée jusque-là par le grand-père. Zahed s’affaire plus que de coutume puisque c’est à lui de nettoyer les décombres et de donner une dépouille décente aux deux corps et Tamara, leur mère, continue à veiller comme une louve sur ses fils.
Mais un beau jour, Soulayed fait son apparition dans l’orangeraie. Peu de temps après, Zahed explique aux jumeaux qu’il doit faire un choix : celui des deux qu’il désignera ira avec Soulayed et partira en martyr.
Un texte court, un texte fort, un texte plein d’émotion.
En son cœur, un amour fraternel plus fort que tout, un respect des traditions et un sens du devoir hors normes.
Et le regard de deux enfants sur les événements, deux enfants à qui l’on demande de grandir vite, bien trop vite.
Pour nous occidentaux, c’est aussi le récit de l’inconcevable, de l’incompréhensible. Le tiraillement d’un père qui doit choisir entre ses deux garçons. La souffrance d’une mère qui, docile, ne cherche même pas à convaincre son époux qu’il n’a pas à faire ce choix absurde. Un texte qu’on lit d’une traite, presque en apnée.
Trois générations, trois existences liées les unes dans les autres. Trois membres d’une même famille. Le grand-père, le père et la fille. Une famille pas comme les autres aux Fontaines, ce petit village qui s’est étalé, reliant presque le cœur du village, son clocher, son Café… aux carrières qui se situent en périphéries. Les décennies ont appris aux paysans natifs de ce coin de terre isolé, appelé Les Trois Gueules, à accepter ces « fourmis blanches » venues travailler dans les carrières où l’on extrait la roche du ventre de la terre pour la vendre aux entreprises. La roche et les produits agricoles sont désormais le fonds de commerce des Fontaines, à parts égales. André est venu de la ville il y a 50 ans pour s’installer aux Fontaines. Il fut le premier médecin à accepter de vivre là. Benedict, son fils, a pris sa relève. Bérangère quant à elle est encore trop jeune pour oser affirmer ce qu’elle fera de sa vie.
Je suis un peu entrée sur la pointe des pieds dans ce roman, encore troublée par mes précédentes plongées dans les romans de Cécile Coulon (Le Roi n’a pas sommeil, Le Rire du grand blessé, Le Cœur du Pélican). Et puis, il me semble que ce récit prend davantage le temps de nous décrire l’environnement (les paysages autour du village et de ses alentours) et l’ambiance des lieux grandement influencée par les superstitions véhiculées de générations en générations… C’est dans un deuxième temps que l’on va à la rencontre des personnages. Très vite, on apprend à vivre avec eux, on découvre leurs habitudes et leurs ambitions. André, le patriarche, gardera une part de mystère ; l’auteure ne prend effectivement pas le temps de remonter dans son enfance, nous n’aurons donc que les grandes lignes de ce qu’il a vécu avant. En revanche, nous verrons naître Benedict puis Bérangère. Si jamais on ne s’attarde sur un personnage – Cécile Coulon ayant préférer donner la parole à tour de rôle aux cinq personnages principaux, on n’en connaît pourtant suffisamment sur chacun d’entre eux pour naviguer de façon fluide entre chacun d’entre eux. Très vite, j’ai appréhendé un drame ; la douceur et la quiétude du récit est presque parvenu à me faire oublier cette éventualité… du moins pendant un temps.
Une fois à la moitié de l’ouvrage, Cécile Coulon serre davantage l’étau narratif. On sait que cette éventualité va devenir effective. J’ai tendu le dos et continué à profiter de ma lecture. J’ai cherché à anticiper, j’ai même dessiné les contours de cette fatalité mais je me suis évidemment laissée cueillir par les mots.
Dernier volet de la saga « L’Amie prodigieuse » . Après l’enfance (tome 1), la fin de l’adolescence et l’entrée dans la vie active (tome 2), l’âge adulte et la vie de famille (tome 3)… place désormais à la fin du récit : celui de la maturité, de l’épanouissement professionnel.
Pendant plusieurs années, Elena avait attaché une attention particulière au fait de garder de la distance entre elle et Naples, sa ville natale. Elle avait aussi veillé à extraite Lina de sa vie, consciente de l’influence que son amie d’enfance avait sur elle, une influence qui lui avait été nocive à plusieurs reprises. Désormais, Elena est une femme épanouie. La réussite professionnelle lui sourit et elle s’épanouit enfin dans son couple. Mais tout cela ne doit-il durer qu’un temps ?
J’étais impatiente de lire ce dernier tome de cette saga qui avait pris une tournure (et un rythme) inespérée dans la dernière ligne droite du tome 3.
On repart ici avec pas mal d’entrain, on repart de plus belle dans cette amitié ambiguë entre les deux amies d’enfance et on essuie un peu plus facilement les contradictions de l’héroïne.
Ravie de connaître le dénouement de cette saga, j’ai pourtant ressenti de la lassitude à la moitié de l’ouvrage car le rythme est mou, trop mou. Sur la fin en revanche, je me suis ennuyée – mais réellement ! , j’ai sauté certains passages (notamment ceux qui sont consacrés à Naples… j’avais envie d’une fin qui se tient et non de passages pour noircir les pages avec un exposé historique des différents bâtiments napolitains).
Dans les tomes précédents, j’avais relevé quelques longueurs. Dans ce tome, les cinquante dernières pages sont… inutiles.
Espagne. Anastasia est née en 1970. Nous faisons sa connaissance lorsqu’elle a 13 ans. La narratrice nous fait la grâce de nous épargner les détails de ses premières années de vie ; elle les résume en quelques anecdotes.
Anastasia est née en Espagne d’une famille espagnole. La guerre civile est passée par là et comme dans toutes les familles espagnoles, on en voit encore les stigmates. Les jeunes générations portent le poids de cette guerre fratricide sans avoir vécu cette déchirure. A 13 ans, lors d’une sortie scolaire, Anastasia découvre les œuvres du peintre Roberto Diaz Uribe. Elle va se passionner pour son art. Cela va même devenir une obsession.
Jusqu’à 18 ans, Anastasia s’ennuie. Comme pour tous les adolescents, le temps s’étire de façon déprimante. Puis à 18 ans, elle quitte le foyer familial et part faire ses études à Paris.
Je ne compte plus le nombres d’avis positifs que j’ai lu et entendu sur ce roman. Je ne compte plus. A chaque avis, mon envie d’engouffrer ce roman grandissait. Puis je l’ai reçu en cadeau et j’ai laissé décanter un peu… Pendant les cent premières pages, la lecture fut des plus ennuyeuses. Tellement ennuyeuse que l’ouvrage a bien failli me tomber des mains. A peine plus d’une demi-douzaine de pages par jour… cette lecture a eu, au début, un effet hautement soporifique sur ma petite personne. Puis Anastasia a grandi et Véronique Ovaldé a lentement élargi les centres d’intérêt de sa narratrice, la rendant plus consistante, plus pertinente… plus intéressante. Quand bien même, ce roman m’a laissé sur ma faim.
Antoine, luthier à Paris, rencontre un client qui lui parle de James Connolly, activiste irlandais. Les paroles de cet inconnu de passage dans son atelier lui redonnent peu à peu l’envie de retourner en Irlande, pays qu’il connait peu.
En mai 1975, Antoine décide de se faire un court séjour en Irlande à l’occasion de ses 30 ans. C’est à ce moment qu’il rencontre Jim O’Leary et Cathy, son épouse. La rencontre entre le français et le couple est immédiate. Ils s’échangent leurs coordonnées. Antoine reviendra les voir, c’est certain. Au fil des années, Antoine s’organise pour leur rendre visite. A chacune de ses venues, il est accueilli comme un frère, un ami de toujours. Il a sa chambre qui l’attend, ses repères.
En 1997, lors d’une soirée arrosée dans un pub, il croise pour la première fois Tyrone Meehan, celui qu’il nomme son traitre. Entre eux, une forte amitié va se construite au fil des années. Antoine a déjà compris que Jim était un militant actif de l’IRA mais Tyrone est un de ses combattants les plus actifs. Tyrone est respecté, admiré. Les séjours d’Antoine sur le sol irlandais sont de plus en plus fréquents, il aimerait lui aussi aider la cause, participer au combat mené en vue de l’indépendance. Les années filent, Jim meure, emporté par une bombe qu’il avait mal réglée. Les allers-retours de Tyrone en prison, les coups durs que l’IRA doit encaisser, tout cela Antoine le vit, il accuse les coups en témoin discret. 2006 sera l’année des désillusions… tous apprennent que Tyrone est un traître, qu’il a vendu des informations aux Anglais.
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Avant de devenir écrivain, Sorj Chalandon était journaliste. A ce titre, il a notamment effectué des reportages en Irlande du Nord et y a rencontré Denis Donaldson. De cette rencontre naît une amitié ; l’auteur s’en est inspirée pour écrire « Mon traitre » . Sorj-journaliste y devient Antoine-luthier et Denis Donaldson se glisse sous les traits de Tyrone Meehan.
« Mon traître » est le récit d’une lutte, celle d’un peuple qui aspire à vivre en paix, libre. C’est aussi le récit d’une amitié et d’une trahison, d’une incompréhension. C’est enfin la recherche la quête identitaire d’Antoine qui apprend à se connaître au travers du regard que Tyrone pose sur lui.
C’est l’adaptation de ce roman par Pierre Alary qui m’a invitée à découvrir le texte originel. Premier roman que je lis (enfin !) de cet auteur. Une claque !
Retour sur les événements abordés dans « Mon Traître » mais cette fois, ils sont abordés du point de vue de Tyrone Meehan. Ecrit trois ans après « Mon Traître » , « Retour à Killybegs » narre le parcours de Tyrone, de sa plus tendre enfance à sa mort, aborde son recrutement par l’IRA et les événements qui ont conduit à ce qu’il devienne, dans les années 70, l’un des commandants de la branche armée de l’IRA.
L’occasion de découvrir les raisons qui ont motivé Tyrone à accepter de collaborer avec les anglais, la manière dont il a tenté de sortir ses épingles du jeu. Si vous ne l’avez pas encore fait et que vous avez lu « Mon Traître » , voici une nouvelle fois un roman que je vous recommande vivement.
Appelé en urgence pour boucler une enquête, le Commissaire Jean-Baptiste Adamsberg doit quitter l’Islande, pays qu’il a découvert lors de sa précédente enquête. En quelques jours, il parvient à mettre en avant les éléments clés qui conduisent à faire passer aux aveux l’un des principaux suspects. Sitôt l’affaire bouclée, son instinct attire son attention sur la mort soudaine de deux « vieux » à la suite de piqûres de recluses (des araignées habituellement très discrètes et qui ne s’attaquent que rarement à l’homme). Il se met à enquêter en solo avant de s’en ouvrir à une poignée de ses lieutenants. Voisenet, Froissy, Veyrenc puis Retancourt seront les premiers à lui prêter main forte sur cette enquête non officielle qui sème le trouble dans la Brigade et fait peser sur l’ensemble du groupe les désaccords de plus en plus tendus entre le Commissaire et Danglard, son bras droit.
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J’ai toujours autant de plaisir à retrouver le personnage d’Adamsberg. Sa personnalité, son état d’esprit… tout jusqu’à sa manière lente et nonchalante de se déplacer, ses « bulles de pensées » et sa nécessité d’aller marcher pour « brasser des nuages » . L’écriture de Fred Vargas coule quand je la lis, elle coule comme quelque chose de très naturel. Habituellement, les enquêtes d’Adamsberg me surprennent car je ne vois jamais venir qui est l’assassin. « Quand sort la recluse » est l’exception à la règle, à ma grande surprise. Très tôt dans la lecture, mes suspicions se sont portées sur un personnage qui s’est effectivement avéré être l’auteur des crimes. C’est un peu déstabilisant, cela m’a donné l’impression de quelques longueurs dans le texte pour autant, ce roman policier n’est pas à une exception près car c’est aussi la première fois où l’émotion m’a saisie dans les dernières pages, lorsque Adamsberg confond l’assassin dans un tête à tête. Le Commissaire s’était attaché… moi aussi.
Pas le meilleur ouvrage dans la série « Adamsberg » mais un de ceux dont je me rappellerais certainement avec beaucoup de précision
BD : L’Aliéniste (F. Moon & G. Bá ; Ed. Urban Comics, 2014).
Romans : Tour B2 Mon amour (P. Bottero ; Ed. Flammarion, 2004), Un lieu incertain (F. Vargas ; Ed. Viviane Hamy, 2008), La Fée carabine (D. Pennac ; Gallimard, 1997).
Peut-on rendre quelqu’un fou ? Peut-on le manipuler à ce point et lui faire croire qu’il déraisonne ?
XVIIIème siècle. Simon Bacamarte revient à Itagaï, petit village brésilien où il a vécu avant de s’expatrier à Rio de Janeiro pour y faire ses études universitaires. Il revient diplômé. Eminent médecin, il décide non pas de s’intéresser à la chose somatique mais à la chose psychosomatique. Il parvient à convaincre les notables de Itagaï, récolte les fonds qui lui permettent de faire construire un bâtiment destiné à recevoir les « fous », les « simples d’esprits » et autres originaux de la région. C’est ainsi que quelques mois plus tard, la « Maison Verte » ouvre ses portes pour accueillir ses pensionnaires. L’aliéniste Simon Bacamarte se consacre alors entièrement à sa tâche, recensant, observant, consignant tout ce qui lui permet de comprendre l’origine de la folie. Jusqu’à ce qu’il se mette à interner les gens massivement…
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Aux commandes de cette adaptation BD du roman éponyme de J.M. Machado de Assis, les frères Fabio Moon et Gabriel Ba. Le travail d’illustrations est superbe, tout en subtilités, aussi bien dans les jeux d’ombre que dans l’utilisation des angles de vue. On baigne dans une atmosphère couleur sable, sépia sur certaines planches, ce qui donne un cachet vieillot très appréciable. Enfin, cerise sur le gâteau, les costumes d’époque finissent de nous plonger dans le décor. Sans trop avoir d’effort à faire, on s’imagine planté au milieu de la place d’Itagaï à observer les entrées et sorties de la « Maison Verte ».
Le scénario en revanche m’a bien moins emballée. Touffues, les répliques ne cessent d’apporter des détails supplémentaires. On est pris dans un tourbillon, on est pris dans la frénésie de Bacamarte. Psychiatre peu avenant, on se rassure que les méthodes qu’il utilise soient d’un autre siècle (quoi que…). Pour autant, le flot narratif continu ne permet pas de s’approprier complètement la démarche de l’aliéniste. On lui reste extérieur et son charisme n’éblouit que les personnages secondaires.
Tristan est un jeune de Cité. Son quotidien c’est ses potes, Mourad son ami d’enfance, le lycée qu’il survole d’un œil distrait et sa mère. Quand il avait 4 ans, ses parents sont venus s’installer dans la cité avec des projets plein la tête. Depuis, son père est parti, le laissant seul avec une mère qui s’échine à faire des ménages. Tristan préférerait éviter de tomber dans la délinquance mais compte tenu de son investissement scolaire et d’un certain manque d’ambition, il n’est pas certain d’y parvenir.
Clélia quant à elle vient à peine d’emménager avec son père. Elle est originaire d’un petit village de banlieue. Son père, veuf, a été contraint de vendre la maison familiale, ne pouvant plus faire face aux charges quotidiennes. Clélia ne connait personne et n’a pas idée des codes de conduites à tenir. Elle arrive avec son insouciance, ses yeux ouverts sur le monde et son grand sourire.
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« Tour B2 mon amour » parle de la rencontre de deux adolescents. En toile de fond, les banlieues : y vivre, y survivre, s’en sortir.
Pierre Bottero aborde sans drama ces questions de manière frontale sans pour autant enfoncer des portes ouvertes. Ce roman-jeunesse propose calmement de sensibiliser les jeunes au sujet. Quant à ceux qui vivent dans ces quartiers HLML, peut-être leur permettrait-il de prendre un peu de recul ? Je suis très prudente sur cette question, car il me semble tout de même que la présentation qu’en fait Bottero est assez simpliste. Sans parler de la romance entre Tristan et Clélia, on effleure la problématique de l’exclusion et si on prend un minimum le temps de réfléchir, on voit vite les défauts de certains rebondissements.
Pourtant, cette lecture permet de passer un bon moment. L’ouvrage se lit bien, il ne faut pas compter plus de deux heures de temps pour en venir à bout, on en sort satisfait grâce à cette rencontres avec deux jeunes gens sympathiques, humbles et intègres.
Des pieds posés dans leurs chaussures, mais dissociés du cadavre auquel ils appartiennent, sont déposés devant le portail du cimetière de Highgate de Londres. Un meurtre impensable à Garches (Hauts-de-Seine) puisque le corps a été retrouvé dépecé en 460 morceaux ; un suspect – Emile, jardinier de la victime – que tout semble accuser. Un autre meurtre signalé en Autriche, les rapports d’enquête décrivent la même boucherie sans nom. Un étau qui se resserre autour du Commissaire Adamsberg et que seul Danglard a su discerner avant que son supérieur ne soit épinglé. Une enquête qui conduit le Commissaire à se rendre en Serbie afin de remonter la généalogie d’une famille qui s’est dispersée aux quatre coins de l’Europe. La mort qui manque de faucher le Commissaire par deux fois et l’étau qui ne cesse de se resserrer autour de ce commissaire hors pair.
Nouvelle enquête du Commissaire Adamsberg, la huitième dans la chronologie de la série. Fred Vargas reprend sa plume pour faire évoluer ce policier nonchalant, pelleteux de nuages et doté d’une intuition ravageuse. Comme à l’accoutumée, sa réflexion s’organise de façon atypique, déstabilisant les membres de son équipe. On retrouve les habitués : Danglard, Retancourt, Estalère, Mordent, Froissy…
De nouveaux éléments viennent compléter l’univers, continuant à enrichir l’histoire de la Brigade et à rapprocher davantage ses protagonistes. De nouvelles trahisons se font jour dans cette intrigue et laissent le lecteur sur le qui-vive. Mais là encore, des soutiens inespérés permettent à Adamsberg de se dépêtrer d’un imbroglio important ou du moins de s’y soustraire, le temps de récolter de nouveaux indices.
Pour la première fois depuis que je lis les enquêtes d’Adamsberg, j’ai découvert le pot aux roses bien avant qu’il ne soit révélé et je me suis légèrement ennuyée pendant la lecture. J’ai poursuivi ma découverte sans pour autant ressentir la moindre contrariété si ce n’est que cette intrigue m’a parue cousue de fil blanc. La sympathie que je nourris à l’égard du personnage principal est réelle et le plaisir de le voir se débattre contre vents et marées, me laissant malgré tout surprendre par certains rebondissements et découvrant, par la même occasion, comment Vargas a placé sur l’échiquier narratif le jeune Zerk, fils d’Adamsberg, dont j’avais découvert l’existence dans « L’Armée Furieuse ».
Moins prenant que d’autres volumes de la série, « Un lieu incertain » permet cependant de profiter d’une lecture divertissante. Depuis le mois de mars 2015, la treizième enquête (« Temps glaciaires », publiée chez Flammarion) vient enrichir la série. Lecture prochainement.
« «Si les vieilles dames se mettent à buter les jeunots, si les doyens du troisième âge se shootent comme des collégiens, si les commissaires divisionnaires enseignent le vol à la tire à leurs petits-enfants, et si on prétend que tout ça c’est ma faute, moi, je pose la question : où va-t-on ?»
Ainsi s’interroge Benjamin Malaussène, bouc émissaire professionnel, payé pour endosser nos erreurs à tous, frère de famille élevant les innombrables enfants de sa mère, cœur extensible abritant chez lui les vieillards les plus drogués de la capitale, amant fidèle, ami infaillible, maître affectueux d’un chien épileptique, Benjamin Malaussène, l’innocence même («l’innocence m’aime») et pourtant… pourtant, le coupable idéal pour tous les flics de la capitale. » (synopsis éditeur).
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Ce bon Julius a gardé des séquelles de sa crise d’épilepsie (voir « Au bonheur des ogres »). Il se trimballe désormais la langue pendante, mais toujours avec sa sale odeur de cabot. « Cataclop, cataclop, il s’amène. Il pue tellement, ce chien, que son odeur refuse de le suivre : elle le précède ».
Nouvelle enquête policière dans laquelle Benjamin Malaussène se retrouve impliqué malgré lui et sans même le savoir. Principal suspect de la Police, Malaussène agit pourtant sans s’inquiéter le moins du monde de ses agissements et pour cause… il ne sait pas que tous les éléments convergent et jouent en sa défaveur. Du grand Malaussène que nous propose une nouvelle fois Daniel Pennac !
Le rythme narratif reste un peu lent me concernant, mais cela permet de profiter pleinement des interactions entre les personnages. Un univers enjoué et un plaisir indéniable à retrouver cet univers.
Ce roman est « l’acte de naissance » du Commissaire Jean-Baptiste Adamsberg peut-on lire sur le Quatrième de Couverture de l’édition de 1996. Ecrit en 1991, ce polar présente donc le commissaire au moment où il arrive dans sa nouvelle affectation au commissariat du 5è arrondissement de Paris. On est encore loin de la fine équipe de la Brigade criminelle du 13è qui l’entoure désormais (et que l’on découvre à partir de Pars vite et reviens tard).
Pour l’heure, on se contente de faire la connaissance d’Adamsberg et du lieutenant Danglard ; on effleure à peine le personnage de Camille Forestier dont on perçoit déjà les tortueux liens amoureux qui lient Adamsberg à la jeune femme.
Dans ce premier roman, Adamsberg va mener de front deux enquêtes avec sa nonchalance habituelle. La première – en apparence anodine – ne semble pas nécessiter l’intervention des services de police… en principe… mais elle attire malgré tout l’attention d’Adamsberg. Ce dernier décide de garder à l’œil les agissements d’un excentrique qui s’amuse à cercler à la craie bleue des objets anodins qui jonchent les trottoirs parisiens. Le commissaire collecte photos et rapports d’observations sur les cercles ; une décision qui s’avèrera pertinente le jour où un cadavre est retrouvé à dans un cercle. Le Commissaire va tenter de démêler le vrai du faux et chercher à savoir si l’homme au cercle est le meurtrier ou si quelqu’un se sert de ses sert pour se couvrir.
Ce roman sensibilise le lecteur au personnage d’Adamsberg. Cet homme atypique et nonchalant va à l’encontre des figures habituelles de l’enquêteur. Le bon sens auquel il fait appel lui est propre. Lent, désordonné, lunaire et ne se fiant qu’à son instinct, Adamsberg témoigne d’un sens de l’humour certain, ce qui renforce d’autant le charme du personnage.
L’intrigue est parfaitement menée sans que le lecteur ne se perde dans le raisonnement sinueux qu’emprunte Adamsberg. Fred Vargas a pris le temps de travailler le dénouement et ne le dévoile qu’en dernier recours. Enfin, contrairement à d’autres romans de cet univers, j’ai apprécié le fait que l’auteur ne se contente pas de livrer les dernières informations – permettant de peaufiner le puzzle de l’enquête – en une quinzaine de pages. Vargas accompagne le lecteur dans chaque détail, injecte les derniers éléments avec parcimonie et nous permet ainsi de refermer cet ouvrage repu et satisfait de cette lecture.
Dix ans après L’homme aux cercles bleus, Fred Vargas ressort Adamsberg de ses tiroirs et poursuit la construction méthodique de ce personnage débonnaire pour lequel j’ai beaucoup d’affection.
Pourtant, j’ai longtemps été déstabilisée à la découverte de l’ouvrage. Car si l’on découvre aisément les rouages de cette nouvelle intrigue, il nous faudra attendre avant qu’Adamsberg s’installe réellement dans le récit.
En effet, c’est par l’intermédiaire de Camille Forestier – « la petite chérie » comme se plait à la nommer tendrement Adamsberg – que l’on va avancer à l’aveugle dans la découverte des agissements d’un homme-loup. Des troupeaux de brebis sont décimés dans le Mercantour et la rumeur d’un loup-garou se répand comme une traînée de poudre, semant la terreur au sein des foyers. Camille se retrouve embarquée un peu malgré elle dans un road-movie casse-gueule, au sens propre comme au sens figuré. A bout d’idées pour poursuivre cette cavale, Camille se résout à demander l’aide d’Adamsberg. C’est l’occasion d’assister aux retrouvailles entre le héros et la femme qui n’en finit pas de surgir de sa mémoire.
Ici encore, le lecteur est en présence d’une intrigue particulièrement soignée. Je déplore en revanche un dénouement trop abrupt. La fameuse « dernière quinzaine de pages » qui apporte les détails manquants en un laps de temps trop succinct ; le lecteur n’a finalement pas le temps de digérer l’ensemble des ingrédients avant de refermer l’ouvrage. C’est le grief majeur que je porterais à l’égard de ce roman. Je ne l’ai pas moins apprécié pour autant.
A noter un passage très touchant qui relate un échange entre Adamsberg et Le Veilleux, personnage secondaire omniprésent dans cet ouvrage. Il est notamment question du lien qui unit Adamsberg à Camille, tout en métaphore… je vous en laisse seuls juges…
« – Tu l’aimes ? demanda-t-il de sa voix sourde, après plusieurs minutes de silence.
Adamsberg haussa de nouveau les épaules, sans répondre.
– Je m’en fous que tu te taises, dit le Veilleux, je n’ai pas sommeil. J’ai toute la nuit pour te poser la question. Quand le soleil se lèvera, tu me trouveras là, et je te la reposerai, jusqu’à ce que tu me répondes. Et si, dans six ans, on est toujours là, tous les deux, à attendre Massart sous le prunier, je te le demanderai encore. Je m’en fous. J’ai pas sommeil.
Adamsberg sourit, avala une gorgée de vin.
– Tu l’aimes ? demanda le Veilleux.
– Tu m’emmerdes avec ta question.
– Ça prouve que c’est une bonne question.
– Je n’ai pas dit qu’elle était mauvaise.
– Je m’en fous, j’ai toute la nuit. J’ai pas sommeil.
– Quand on pose une question, dit Adamsberg, c’est qu’on a déjà la réponse. Sinon, on la boucle.
– C’est vrai, dit le Veilleux. J’ai déjà la réponse.
– Tu vois.
– Pourquoi tu la laisses aux autres ?
Adamsberg resta silencieux.
– Je m’en fous, dit le Veilleux. J’ai pas sommeil.
– Merde, le Veilleux. Elle n’est pas à moi. Personne n’est à personne.
– Finasse pas avec ta morale. Pourquoi tu la laisses aux autres ?
– Demande au vent pourquoi il n’est pas sur l’arbre.
– Qui est le vent. Toi ? Ou elle ?
Adamsberg sourit.
– On se relaie.
– Ce n’est pas si mal, mon gars.
– Mais le vent s’en va, dit Adamsberg.
– Et le vent revient, dit le Veilleux.
– C’est ça, le problème. Le vent revient toujours. »
Roman écrit à la seule fin de pouvoir être illustré par Edmond Baudoin. Il n’existe donc pas d’autres versions de ce récit que celle-ci [en BD].
Grégoire et Vincent sont deux jeunes délinquants qui pratiquent le vol à l’arraché. Depuis quelques temps, Vincent consigne les habitudes quotidiennes d’un homme. Ce jour-là, le duo de voyous s’est donné rendez-vous pour le suivre jusqu’à son domicile. Ils attendent le moment opportun et lui tombent dessus. La mallette qu’ils parviennent à lui dérober (non sans mal) contient une somme rondouillette mais pas que… Elle renferme également tout un fatras d’objets mystiques qui met rapidement Vincent mal-à-l’aise.
Le lendemain, l’impression de malaise se confirme lorsque Grégoire découvre le corps inanimé de son ami. Il signale anonymement le corps à la police… une enquête qui est confiée à la brigade du Commissaire Adamsberg.
–
J’avais découvert le commissaire Adamsberg via Le marchand d’éponges (adaptation illustrée d’une nouvelle de Fred Vargas intitulée Cinq francs pièces). Cette lecture m’avait donné envie de poursuivre dans cet univers de Vargas.
Aujourd’hui, le fait de mieux connaître les particularités du personnage principal m’a fait faire la fine bouche pendant la lecture. En effet, je trouve que le découpage des planches donne une rapidité inhabituelle aux mouvements d’Adamsberg. De même, le passage au format BD donne l’impression que le commissaire mène ses enquêtes avec beaucoup d’aisance (raisonnement limpide et suppositions rapides)… ce qui n’est pas le cas d’ordinaire. Ceci ajouté au fait que l’intrigue en tant que telle n’est pas des plus passionnantes.
Grosse déception à l’égard de cet album que je souhaitais découvrir depuis un bon moment déjà.
Excellent travail de centralisation d’information trouvé sur le site Un jardin extra (cliquez sur le lien pour être redirigé). Je vous propose également de découvrir la fiche de présentation de l’ouvrage (site éditeur) pour obtenir les informations légales ainsi que les liens vers les chroniques de Gridou et de Wens.
Je vous invite en revanche à visiter le site d’Edmond BAUDOIN.
Le Commissaire Adamsberg s’installe à la tête de la Brigade criminelle du 13è arrondissement de Paris. Débuts timides d’autant que les locaux sont en plein travaux.
Fred Vargas installe dans cet opus les fondations solides sur lesquelles les futures enquêtes d’Adamsberg vont s’appuyer. Epaulé par Danglard, le Commissaire est désormais à la tête d’une équipe de 27 agents parmi lesquels on peut compter Violette Retancourt, Estalère, Voisenet… Débuts timides de personnages que nous retrouveront de façon récurrente par la suite.
Il est ici question d’un individu qui va prendre un malin plaisir à brouiller les pistes des enquêteurs et semer un vent de panique en faisant croire à la population qu’une épidémie de peste se propage. L’enquête démarre sur des faits insignifiants mais qui pourtant attirent l’attention d’Adamsberg. Un à un, des éléments viennent s’assembler et ainsi créer le liant propre à ce récit. Sur le premier tiers de l’ouvrage, Fred Vargas a développé une narration à deux voix puisque d’une part nous suivons Adamsberg dans son cheminement et d’autre part nous faisons la connaissance de Joss, un ancien marin breton qui s’est reconverti en crieur de nouvelles à la sortie d’une rame de métro parisien.
Un ton légèrement décalé et intemporel accompagne le lecteur durant la découverte de cette histoire. Entre jeux de mots et complicité, cet opus compte parmi ceux qui m’ont apporté le plus de plaisir dans cet univers polar.
Première édition de ce roman en 2006 (aux Editions Viviane Lamy). Il s’agit du huitième roman qui met en scène le Commissaire Adamsberg.
Adamsberg est désormais séparé de Camille ; il constate amèrement que la situation est irrémédiable. Pourtant, le Commissaire reste investit auprès de cette femme d’autant qu’elle le sollicite régulièrement pour garder Thomas, leur fils âgé de 9 mois. Depuis la rupture, Adamsberg a emménagé dans la maison parisienne dont il vient de faire l’acquisition et a fait la connaissance avec son nouveau voisin – Lucio, un vieil espagnol – qui lui apprend que la demeure est hantée par une religieuse assassinée en 1771.
Côté professionnel, Adamsberg se démène pour conserver une affaire que les Stups tentent de s’accaparer. L’enquête s’intéresse aux corps de deux gars sans réels démêlés avec les services de police mais quelques coïncidences laissent penser que cela relève de la Criminelle. Grâce à cette nouvelle enquête, il retrouve Ariane Lagarde, médecin légiste avec laquelle il avait travaillé 23 ans auparavant. Le temps leur est compté. Adamsberg est certain que ces assassinats ont été maquillés pour fausser les pistes. Il ne dispose que d’une poignée de jours pour rendre ses premières conclusions.
En parallèle, la Brigade d’Adamsberg accueille un nouvel agent dans la brigade. Ainsi, Veyrenc vient compléter les rangs de l’équipe d’enquêteurs aux côtés de l’imposante Retancourt, de l’érudit lieutenant Danglard, du dévoué Estalère et des autres, aussi atypiques soient-ils dans leurs manies respectives. Pour Adamsberg, ce nouvel équipier vient troubler sa quiétude puisqu’il s’agit d’un béarnais – comme lui- et il semble que ce gars-là a l’intention de trouver quelques réponses à l’agression dont il a été victime durant son enfance.
Un bon divertissement. Pas le meilleur opus de la série Adamsberg.
Dixième et dernier roman en date dans la série Adamsberg.
Le commissaire Adamsberg se retrouve cette fois en mauvaise posture. Le petit délinquant Momo-mèche-courte réapparaît dans une enquête d’assassinat. Le corps d’un magnat de la finance a été retrouvé, brûlé vif. En apparence, le modus operandi ressemble à celui de Momo-mèche-courte mais Adamsberg pense que Momo sert n’a rien à voir dans ce meurtre. Adamsberg va être amené à prendre une décision qui peut bien mettre un terme à sa carrière.
En parallèle, au pied de la Brigade, il fait la connaissance d’une vieille normande venue à Paris pour rencontrer le Commissaire Adamsberg. Sans lui révéler de suite sa réelle identité, Adamsberg va écouter cette dame visiblement apeurée par certains propos qu’elle est amenée à formuler.
« Cette nuit-là, dit-elle lentement, Lina a vu passer l’Armée furieuse.
– Qui ?
– L’Armée furieuse, répéta la femme à voix basse. Et Herbier y était. Et il criait. Et trois autres aussi.
– C’est une association ? Quelque chose autour de la chasse ?
Madame Vendermot regarda Adamsberg, incrédule.
– L’Armée furieuse, dit-elle à nouveau tout bas. La Grande Chasse. Vous ne connaissez pas ?
– Non, dit Adamsberg en soutenant son regard stupéfait.
– Mais vous ne connaissez même pas son nom ? La Mesnie Hellequin ? chuchota-t-elle.
– Je suis désolé, répéta Adamsberg. Veyrenc, l’Armée furieuse, vous connaissez cette bande ? La fille de Mme Vendermot a vu le disparu avec elle ».
Cette seconde enquête va le conduire à arpenter le chemin Bonneval, en Normandie, et se confronter aux légendes orales moyenâgeuses transmises de génération en génération. Là, il fait la connaissance de Léo, une vieille femme pour qui il va se prendre d’affection.
Une nouvelle fois, Adamsberg va afficher son flegme habituel pour se lancer dans ces deux enquêtes épineuses. Pour se faire, il sera épaulé par Danglard, Veyrenc et Zerk.
Un de mes romans préférés dans cette série de Fred Vargas. Un excellent polar.
« Un homme en fuite trouve refuge sur une île déserte. Un lieu étrange, dominé par une villa immense et somptueuse dont les sous-sols recèlent une machinerie aux fonctions incompréhensibles. L’île, pourtant, n’est pas si déserte qu’elle l’a semblé de prime abord. Des estivants, réunis sur place par un certain Morel, s’engagent dans une fête languide dont le rituel paraît se reproduire à l’infini » (présentation de l’éditeur).
Troublant voyage aux côtés de cet homme. Nous le découvrons par l’intermédiaire du journal qu’il tient, ultime témoignage de l’expérience singulière qu’il a vécu. Fugitif, il s’est retiré dans un lieu où nul ne penserait à le chercher. C’est la condition de sa survie, il semble risquer la prison à vie ou pire… l’échafaud. Il s’affaire donc à relater minutieusement les étapes qui l’ont conduite à venir sur cette île. On ne disposera pas de son nom, cela est d’ailleurs assez secondaire à bien y penser, ni des raisons qui l’ont amené à s’isoler. Il semble lucide quant à sa propre situation, capable de jugement, ce qui contraste d’autant avec les observations qu’il nous livre.
Déroutée pendant une bonne partie de la lecture, incapable de discerner si cet homme affabule ou s’il est totalement rationnel, les pages du roman se tournent dans l’espoir que la suite apportera enfin quelques éléments afin que l’on puisse percer le mystère de la situation atypique qui nous est décrite.
Force est de reconnaître que Adolfo Bioy Casares nous emmène loin de nos premières suppositions. L’intrigue est réellement ménagée et permet au lecteur d’accompagner les suppositions multiples du narrateur face au cas de figure auquel il est confronté. Relu dans la foulée afin de mieux appréhender les quelques points qui m’avaient questionné lors de la première découverte de ce récit… J’en sors satisfaite.