
DABIDO, alias David MARTIN, est embauché par une maison de cognac française et chargé d’implanter le producteur au Japon depuis deux ans. Les exigences et les goûts japonais en matière d’alcool mettent à mal les objectifs commerciaux qui lui sont fixés. Pour arrondir les fins de mois difficiles, il occupe en parallèle un poste au Marché de poissons.
Porté sur l’alcool à force de dégustations, un rien nonchalant, très épicurien, on va faire connaissance avec Dabido alors qu’il se fait larguer par sa copine mannequin en plein milieu de la nuit…Chronique de la quotidienneté d’un français au pays du Soleil levant.
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Décrit comme « un objet culturel non identifié » en préface (signée de Dominique NOGUEZ), Tokyo est mon jardin est une oeuvre dont le sujet est somme toute assez classique. Que l’on soit clair aussi, si je suis venue à cet ouvrage, c’est que le nom de TANIGUCHI y est apposé puisqu’il en a réalisé les trames en noir et blanc.
Ensuite, BOILET, BOILET… on l’aime ou on ne l’aime pas, il n’y a pas de demi-mesure avec cet auteur. Pour ma part, je préfère dire qu’il me semblait logique que tôt ou tard je prenne le temps de lire une de ses œuvres. Je suis une inconditionnelle de TANIGUCHI et la première fois que j’ai vu passer le nom de BOILET était sur Quartier Lointain, puisque BOILET en a réalité la traduction française. Ensuite, ces derniers temps je me suis aussi pas mal posée sur GUIBERT (Le Photographe, La Guerre d’Alan) avec qui BOILET a collaboré à de nombreuses reprises.
Entendez « Tokyo est mon jardin » comme « je connais Tokyo comme ma poche ». Je passerais rapidement sur les ambiances qui nous sont proposées en musique de fond (« Comme d’habitude » de Cloclo… on passe…). La narration et les dialogues nous font tanguer entre français – japonais – japonais traduit en français – anglais parfois… ça me donne un peu la nausée… Le personnage principal se cherche, l’auteur aussi ?
Bien que j’ai des goûts hétérogènes en matière de BD, je n’ai que moyennement accroché avec le graphisme proposé.
Le style est net et précis, mais je trouve que l’ambiance reste froide. Les moments intimes entre le personnage principal et sa petite amie sont, pour moi, dépourvues de sensualité alors que je pense que cet effet a été recherché. J’ai notamment en tête la scène du pique-nique dans un parc public, scène dans laquelle DABIDO s’attache à prendre minutieusement en photo les différentes parties du corps de son amie… et ses petites mains… Je trouve le dessin assez chirurgical, ce qui a sur moi l’effet d’anesthésier complètement la possible excitation que cela devrait produire normalement.
Régulièrement, l’occasion nous est donnée de nous attarder sur un visage en gros-plan. Les découpes de planches de BOILET sont belles, l’utilisation de grand-angles / gros plans donne une réelle dynamique. Le regard ne se perd pas, au contraire.
L’album est un peu long à se mettre en place. J’ai frôlé l’abandon de lecture à mi-tome, et au final je ne regrette pas d’avoir poursuivi (ce qui est dû à la présence de TANIGUCHI dans la réalisation… je dois bien l’avouer aussi). Au final, l’histoire nous transmet quelque chose d’une morale, d’un sens des actes de chacun et d’un aboutissement, d’une consécration dans les projets engagés. Les personnages sont sobres et naturels, abordables aussi. Le personnage principal, fasciné par le Japon et sa culture, parvient à nous envoûter et nous rend avides d’en savoir toujours plus sur les us et coutumes des « gens de là-bas ». Je pense que c’est peut-être cet amour et cette minutie du personnage, d’être attentif aux moindres choses, qui fait accrocher à la trame de cette histoire.
Quand ici et là on verra sur la toile des lecteurs emballés, moi je ne crie pas au prodige. Un moment agréable de lecture, mais sans plus.
Tokyo est mon jardin
One Shot
Éditeur : Casterman
Collection : Classiques
Dessinateur : Frédéric BOILET
Scénaristes : Frédéric BOILET & Benoit PEETERS
Participation de Jiro TANIGUCHI
Dépôt légal : avril 2003
ISBN : 2-203-33460-6
Bulles bulles bulles…