Baddawi (Abdelrazaq)

Abdelrazaq © Steinkis – 2018

« Baddawi relate l’histoire d’un jeune Palestinien de 1959 à 1980. Sa fille, l’auteure de cet ouvrage, est née aux Etats-Unis et est très investie dans la lutte en faveur de la cause palestinienne. Son récit et sa manière de présenter certains faits sont forcément subjectifs. » … l’éditeur donne le ton dans un avant-propos éclairant.

La lecture peut enfin commencer…

… mais j’ai pourtant refermé le livre pour observer de nouveau cet objet. Un petit format (19 * 21 cm), presque un carré. Une couverture douce et cartonnée. Des motifs symétriques identiques à ceux que j’ai pu apercevoir dans l’album en le feuilletant. Leila Abdelrazaq nous éclaire à ce sujet : « Il s’agit de dessins typiques de la broderie traditionnelle palestinienne appelée tatreez. » Un enfant qui nous tourne le dos, pieds nus et tee-shirt rayé, mains croisées, stoïque. Il regarde. Quoi ? Peut-être regarde-t-il le chemin qu’il a parcouru jusqu’à aujourd’hui ? … alors ouvrons donc ce livre.

Après l’avant-propos de l’éditeur, la préface de l’auteure. Elle nous dit son père, elle nous dit la rupture, la guerre de 1948, l’exil de milliers de personnes. Elle nous cet enfant que l’on voit de dos sur la couverture, il s’appelle Handala ; c’est un personnage crée en 1975 par Naji al-Ali – caricaturiste palestinien – qui « apparaît toujours le dos tourné au lecteur et les mains croisées derrière lui, au milieu des événements politiques représentés sur les vignettes. Naji al-Ali avait promis qu’Handala grandirait et que le monde découvrirait son visage quand le peuple palestinien serait libre et autorisé à rentrer chez lui » … le dessinateur a été assassiné en 1987… son personnage est devenu l’un des symboles de la résistance palestinienne.

Leila Abdelrazaq nous raconte Ahmed, son père.

Safsaf signifie « saule pleureur » . C’est le nom du village natal de la famille de l’auteure au Nord de la Palestine. Après le massacre des hommes du village par des soldats israéliens, les grands-parents de Leila se réfugient au Liban, au camp de Baddawi. Son père y est né et y a grandi au milieu de sa fratrie. Il raconte la vie à l’école et les codes de la vie du camp. Il nous ouvre aussi à toute la culture palestinienne, des spécialités culinaires aux traditions religieuses. Puis, c’est le départ pour Beyrouth

« Baddawi » nous dit aussi les espoirs d’un peuple de rentrer enfin sur sa terre, de retrouver enfin son foyer. 1967 fut l’année de la défaite de l’armée palestinienne, celle du début de l’occupation de la Bande de Gaza, celle des espoirs envolés, la nécessité de continuer à vivre en tant qu’exilé… un sans terre.

Leila Abdelrazaq offre un visage à l’enfant Handala. C’est celui de son père, un garçon que l’on reconnaît entre tous avec son tee-shirt rayé. Le ton est léger, légèrement insouciant, au début de l’album du moins. En grandissant, sa perception des choses change…

La guerre est omniprésente. Elle marque de son empreinte les façades des maisons, elle oblige les gens à modifier leurs habitudes, à prendre une autre route que celle empruntée d’habitude pour aller d’un endroit à un autre… éviter un quartier le temps que les corps soient enlevés… restés cloîtrés à la maison plutôt que d’aller à l’école. Pourtant, Leila Abdelrazaq ne va jamais jusqu’à la rendre oppressante. Malgré les conflits, la vie continue et reprend ses droits. En s’appuyant sur des anecdotes de l’enfance de son père, l’auteure s’attarde davantage sur le quotidien au camp. Si la violence est là, elle n’est présente quand dans les propos de l’enfant ; peu de chars, de soldats israéliens ou libanais… Ahmed (le personnage principal) en parle surtout pour dire comment cela impacte son quotidien.

Un regard sur le conflit israélo-palestinien.

Baddawi

One shot
Editeur : Steinkis
Dessinateur / Scénariste : Leila ABDELRAZAQ
Traduction : Marie GIUDICELLI
Dépôt légal : janvier 2018
128 pages, 18 euros, ISBN : 978-2-36846-074-0

Bulles bulles bulles…

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Baddawi – Abdelrazaq © Steinkis – 2018

Imago – CYRIL DION

Repartir dans l’aventure des 68 premières fois, retrouver les copains, s’élancer dans ces premiers romans promesse de bonheur, de délice et de ravissement …. Evidemment le temps manque mais l’émotion est intacte et le plaisir, infini…

C’est avec Imago que débute cette nouvelle aventure et dès les premiers mots, me voilà embarquée sur un  petit territoire. Déchiré. Laminé. Un petit bout d’enfer sur notre terre … Qui représente un enjeu politique et stratégique immense. Un territoire explosif (sans mauvais jeu de mots). Un lieu qui se meurt, entrainant la douleur infinie de ses habitants. La violence aussi …. La bande de Gaza.

Ici habite Nadr. « […] au nord de Rafah, quelque part au milieu du champ d’ordures qui faisait face à la mer. Chacune de ses journées commençait au lever du soleil, à l’heure où les premières chaleurs le tiraient du lit. Il se lavait au-dessus du seau, puis se plantait devant l’entrée du petit bâtiment. Devant lui, il posait ses deux seuls livres, qu’il lisait et relisait. L’un de Darwich, l’autre de Rûmî. Vers huit heures commençait le défilé : jeunes, vieux, femmes, enfants. Il les regardait s’agiter dans la poussière et les détritus, le dos bien calé sur son vieux siège de toile. Ce qu’ils appelaient encore « le camp » (mais qui, d’un camp de réfugiés avait progressivement été transformé en quartier sale et délabré) était au portes de la ville et, dès les premières heures du jour, de petites grappes d’hommes s’en échappaient, quittaient les amas de ferraille et de pierres, les ruelles aux édifices morcelés, les dédales de fils électriques et de canalisations sauvages, pour rejoindre les rues animées du centre. Pas un ne pouvait déloger Nadr de son trône en lambeaux. »

Quatre histoires, quatre trajectoires, quatre voies se mêlent. S’entrechoquent. Nadr, Khalil, Fernando et Amandine. Entre Gaza et la France. Quatre personnages en quête d’un ailleurs. En quête d’eux-mêmes. En quête de liberté.

Et ça raconte l’histoire de Nadr parti à la recherche de son frère Khalil. Nadr, le doux, le rêveur, le lettré. Khalil, le révolté, le désespéré. Le kamikaze peut-être. Ou qui veut l’être. Alors Nadr, le grand, quitte tout. S’enfuit. Pour empêcher son frère. Ou du moins tenter de raisonner khalil. Et ce, malgré la peur et la violence.

Le sujet est grave, complexe. Douloureux. Et bien réel.

Et ça dit la souffrance des hommes, les peurs immenses, les croyances et les vengeances, les trajectoires ici et ailleurs, le terrorisme, l’injustice terrible, le sentiment d’enfermement, les rêves encore, l’espoir chevillé au corps, la solitude des êtres, l’entraide parfois, les liens tissés qui se font et qui défont, les destins croisés, les chemins contraires…

Mais ça dit aussi les livres, la poésie, la littérature et les mots qui sauvent (ou du moins qui aident). Qui adoucissent. Malgré tout…

 « Un autre jour viendra […]
adamantin, nuptial, ensoleillé, fluide, sympathique,
personne n’aura envie de suicide ou de migration
et tout, hors du passé,
sera naturel, vrai,
conforme à ses attributs premiers » Mahmoud Darwich

 

C’est un livre beau et triste, sobre et efficace. Rempli de poésie. Rempli de douleur.

J’ai hésité. J’ai aimé. J’ai eu du mal à en parler d’ailleurs. Je crois qu’il faut le lire. Vraiment. Parce que, quand la fiction s’invite dans une si triste réalité, elle permet notre regard, un autre regard sur notre monde. Un regard nécessaire. Un regard poétique. A travers les mots. Qui permet de creuser, d’imaginer, de comprendre. L’autre. Soi. Et le monde.

 

Extraits

« Jamais il n’avait considéré qu’un homme pût être empêché dans son ascension par autre chose que le manque d’effort et de rigueur. Sur ce point, les hommes surpassaient la nature, y réintroduisaient l’équité. »

 

« Il me faut t’écrire, je ne peux que t’écrire.
Toi qui vis à l’intérieur de mon crâne.
Toi qui n’as plus de visage dans mes rêves, mais une ouverture béante.
Mon histoire est la tienne. Du moins en partie.
Aujourd’hui, je dois la déposer.
Qu’elle cesse de me dévorer. »

 

« Le monde dont il venait ne connaissait pas la solitude. Quand il était petit, sa mère, son père, son frère, ses cousines vivaient avec lui, dormaient avec lui. Jamais il n’avait envisagé la solitude comme un mode de vie. Jusqu’à aujourd’hui ; jusqu’à ce que l’envie lui prenne de crier pour l’extrémité du ciel. Même endeuillé, même obscurci, le goût de la délivrance n’avait pas de mots pour être décrit. Il supposa que la liberté devait être l’état naturel d’un homme, mais qu’aucun des hommes ni aucune des femmes qu’il connaissait n’avaient jamais éprouvé quelque chose de semblable. Il supposa encore qu’un chien privé de liberté, soudain rendu à la férocité et à la nuit, japperait comme il jappait à présent, mais que son extase ne durerait que le temps que son ventre se vide. Alors il serait tenté de regagner les grillages familiers, de retrouver la main gantée qui le battait et le caressait, le bras qui le nourrissait et le retenait captif. Dieu sait quand viendrait l’heure où la faim lui tenaillerait le ventre. Pour le moment, la paix était encore en lui. »

 

Imago fait parti de la sélection des 68 premières fois, édition 2017. Pour retrouver toute cette si belle sélection, les  chroniques de cette année et des éditions passées  ainsi que les diverses opérations menées (t’as vu Sabine, j’ai repris un peu tes mots !), allez faire un tour sur ce blog formidable qui donne sacrément envie de dévorer des premiers romans !

Et c’est une LC avec ma copine Noukette ❤ et pour lire son avis, c’est par ici (et pour lui coller des bises aussi, elle mérite, elle est toutafé formidable !)

 

Imago, Cyril Dion, Actes Sud, 2017.

Le quatrième Mur (Corbeyran & Horne)

Chalandon – Corbeyran – Horne © Marabout – 2016
Chalandon – Corbeyran – Horne © Marabout – 2016

Une représentation de la pièce d’Antigone dans un pays en pleine guerre. C’est le projet fou de Sam, metteur en scène grec. C’est le projet fou qu’il va demander à son ami de porter. La pièce se jouera à Beyrouth. Mais ça, Georges ne le sait pas encore.

La première fois Samuel Akounis apparaît devant Georges, c’est un jour de janvier 1975. Sam s’apprête à faire une intervention dans l’amphithéâtre où Sam suit son cursus universitaire. Sam vient témoigner sur la violente répression du mouvement des étudiants de Polytechnique ; lorsque les chars ont été lancés contre des jeunes gens, faisant une quarantaine de morts et une centaine de blessés. Sam le grec avait plusieurs casquettes : metteur en scène, artiste et résistant.

Georges est impressionné, lui qui milite depuis de nombreuses années de façon aveugle, souvent violente. Il se laisse dépasser par une haine qu’il ne comprend pas. Très vite, les deux hommes sympathisent. Une amitié solide sur laquelle ils pourront compter pour des années. Sam devint ainsi le témoin de Georges puis le parrain de sa fille. Jusqu’au jour où, sur son lit d’hôpital, Sam demande à Georges de lui rendre un service : monter Antigone pour lui avec une trouve cosmopolites de comédiens.

Je t’avais aussi parlé de mon idée de monter la pièce d’Anouilh dans une zone de guerre. Mon projet était d’offrir un rôle à chacun des belligérants. Faire la paix entre cour et jardin…

Georges découvre Beyrouth. Venu pour monter une pièce de théâtre, il découvre la guerre.

Une nouvelle fois, je n’ai pas lu le roman originel qui donne lieu à cette adaptation. Une bonne chose en soi car cela m’évite d’avoir à déplorer des éléments manquants et/ou trop différents de l’idée que j’en avais. Déjà que je dois composer avec les chroniques de Noukette et de Jérôme dont je me souviens très bien…

Qui est donc le réel personnage principal de cette histoire ? Est-ce Georges, qui agit au jour-le-jour et acceptera le service que lui demande son ami ? Est-ce Georges sans qui rien de tout cela ne serait arrivé ? Est-ce finalement Antigone, la pièce de théâtre de Jean Anouilh autour de laquelle se tisse l’intrigue ?

Eric Corbeyran tisse son intrigue avec finesse. Il nous permet dans un premier temps de faire la connaissance des deux principaux protagonistes dans un contexte social tumultueux. Les étudiants sont mobilisés dans un mouvement contestataire des réformes universitaires et Georges, éternel étudiant, éternel adulescent, est en première ligne. Un personnage animé de bons sentiments mais trop fougueux, trop « brouillon » pour mener une lutte constructive. Sam est son double, l’aîné qui a tiré leçons de son expérience, celui qui prend sous son aile et tente – lentement – un travail de fond, appelant au calme et à la raison. Penser, raisonner, prendre du recul pour ne pas foncer tête baissée dans une lutte futile. Identifier la cause du combat, ne pas faire d’amalgames.

Un récit qui propose une réflexion sur la guerre, sur les motifs d’un conflit séculaire. Un heurt entre religions, entre identités. Une légitimité différente qui convainc chacun qu’il est dans son bon droit et que l’autre est un usurpateur. On rentre pleinement dans ce récit. On épouse les convictions des personnages qui appellent à la tolérance, au respect, à l’apaisement. L’intrigue se construit autour d’une utopie : croire que l’Art est capable – le temps d’une heure – de faire taire les animosités, de permettre un havre de paix, un ailleurs qui permet de s’échapper de la réalité.

Antigone est palestinienne et sunnite. Hémon, son fiancé, est un Druze du Chouf. Créon, toi de Thèbes et père d’Hémon, est un maronite de Gemmayzé. Le page et le messager sont chiites. La nourrice est chaldéenne. Et Ismène, la sœur d’Antigone, est arménienne et catholique ! (…) Il avait imaginé les communautés entrant dans ce théâtre d’ombres…

Croire qu’une trêve est possible et qu’un medium possible pour permettre ce dépôt des armes est la scène, l’expression artistique. Croire que les artistes ont cette capacité à faire abstraction du reste et que les badauds, à partir du moment où ils mettent leur costume de spectateur, ont cette même capacité d’abstraction. Les deux camps protégés par le quatrième mur. Un mur invisible que seul les deux personnages principaux sont susceptibles de franchir.

– Le quatrième mur ?
– Celui qui empêche le comédien de baiser avec le public. Cette façade imaginaire que les acteurs construisent en bord de scène pour renforcer l’illusion. Cette muraille qui protège le personnage… Cette clôture invisible qu’ils brisent parfois d’une réplique s’adressant à la salle. Pour certain, c’est un remède contre le trac. Pour d’autre c’est la frontière du réel.

Georges, le metteur en scène est donc le seul, dans cette pièce d’Antigone, à briser le quatrième mur. Mais la métaphore est plus grande car c’est aussi le seul à venir d’un pays en paix, c’est le seul à ne pas connaitre la guerre au quotidien, le seul pour qui la réalité de Beyrouth est un choc… car les autres y sont habitués. Pour lui, il s’agit de trouver sa place dans cette abstraction qu’est la guerre. Pour les autres, il s’agit de passer outre les haines ancestrales. Pour tous, il s’agit de se plonger corps et âme dans le jeu scénique. Pour le lecteur, il s’agit de croire à l’utopie de Sam, croire dans tous les possibles.

L’exercice est facile malgré le fait que mon exemplaire du « Quatrième mur » fait une ellipse de près de vingt pages. Suite à une agaçante erreur lors de l’assemblage des cahiers, j’ai été contrainte de faire un bond de la page 75 à la page 93. Si cet « oubli » n’altère pas la compréhension du récit… cela suffit pour casser le rythme de lecture et devoir se réinstaller dans l’histoire en supposant ce qui s’est passé durant cette vingtaine de pages.

Le dessin de Horne fut une précieuse aide… le dessin de Horne fut comme une seconde peau durant toute la lecture. Le dessin de Horne… cette tuerie ! Il a pourtant quelque chose de bonhomme à première vue. Mais il est si naturel, si vivant que l’on s’y glisse spontanément. On trouve facilement notre place dans chaque scène. On perçoit les variations de tonalités dans la voix des personnages, du chuchotement au cri. On touche du doigt leurs émotions. On se trouble lorsqu’ils doutent. Dans ses dessins, Horne est parvenu à installer une ambiance qui nous est familière. Il campe des gueules, des attitudes, des décors, des liens forts entre les personnages. Il y a quelque chose de très assuré dans l’atmosphère de l’album, une convivialité prononcée dans ce trait assuré qui respecte la pudeur des personnages.

PictoOKReligion, identité, expression artistique, conflit armé, amitié… quelle richesse dans cet album ! Je vous invite à le lire. Quant à moi, j’ai maintenant très envie de lire le roman de Sorj Chalandon.

Une lecture commune que je partage avec Antigone. Je vous invite à lire sa chronique.

la-bd-de-la-semaine-150x150Comme chaque mercredi, je rejoints la « BD de la semaine ». Rendez-vous chez Stephie pour les participations d’aujourd’hui.

Extraits :

« C’est pour ça que je tenais à Sam. Il était mon reste d’évidence. Ni slogans. Ni passage d’un livre. Si mot d’ordre peint sur un mur. Il incarnait notre combat. Son arrivée m’avait redonné du courage. Il était ma résistance. Ma dignité. Dignité ! Le plus beau mot de la langue française » (Le Quatrième mur).

« Il y a des hommes comme ça, au premier regard, au premier contact, quelque chose est scellé. Cela n’a pas encore de nom, pas de raison, pas d’existence. C’est l’instinct qui murmure de marcher dans ses pas » (Le Quatrième mur).

Le Quatrième Mur

One shot
Editeur : Marabout
Collection : Marabulles
Adaptation du roman éponyme de Sorj CHALANDON
Dessinateur : HORNE
Scénariste : Eric CORBEYRAN
Dépôt légal : octobre 2016
136 pages, 17,95 euros, ISBN : 978-2-501-11468-4

Bulles bulles bulles…

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Le Quatrième Mur – Chalandon – Corbeyran – Horne © Marabout – 2016

Le Printemps des Arabes (Filiu & Pomès)

Filiu – Pomès © Futuropolis – 2013
Filiu – Pomès © Futuropolis – 2013

Tunisie, 17 décembre 2010 à Sidi Bouzid : Mohamed Bouazizi, un modeste vendeur à la sauvette, s’immole en plein centre-ville ; les forces de l’ordre venaient de lui confisquer son seul moyen de subsistance.

« Ce sacrifice enflamme l’ensemble du monde arabe ».

Les émeutes gagnent l’ensemble de la Tunisie, Ben Ali fuit en Arabie Saoudite le 14 janvier et le 17 février 2011, la Place du 7 novembre (nommée ainsi en référence à la date symbolique de la prise du pouvoir par Ben Ali le 7.11.1987) est rebaptisée « Place Mohamed Bouazizi »…

Le Printemps arabe a commencé…

Egypte, 11 février 2011. Le Président Moubarak abandonne le pouvoir, cédant ainsi face au mouvement révolutionnaire qui anime le pays qu’il dirige depuis 1981. Dès lors, au Caire, la Place Tahrir est devenue le lieu où l’anniversaire de la chute de Moubarak était célébré chaque semaine.

Yémen, février 2011. Le mouvement contestataire gronde. Les manifestants se mobilisent. A Sanaa, lieu de forte mobilisation, le peuple prend d’assaut la place Taghyir qu’ils rebaptisent « Place du changement. Le Président Saleh, au pouvoir depuis 1990, quitte finalement le pouvoir en février 2012 après un an de conflits.

Syrie, mars 2011. La colère des peuples voisins se propage dans tout le pays suite au décès de jeunes adolescents, torturés par les forces de l’ordre. La nouvelle se répand et met le feu aux poudres. Les manifestants se rassemblent en brandissant la photo de Hamza Al Khatib, 13 ans, qui a péri suite aux sévices subis. Fadwa Suleiman prend la parole et rejoint le corps des militants pour tenter de faire plier le règne de la famille Al-Assad (au pouvoir depuis 1970).

Libye, 15 février 2011. L’arrestation de Fathi Terbil, avocat et défenseur des droits de l’Homme, est l’événement déclencheur pour la Libye. Les habitants de Benghazi descendent dans la rue, assiègent le Commissariat central et font libérer Terbil. Le soulèvement contre Kadhafi, au pouvoir depuis 1969, s’étend sur l’ensemble du territoire.

Maroc, Bahreïn, Palestine, Arabie Saoudite, Algérie… le monde arabe se soulève et réclame le départ de ses despotes.

L’ouvrage se découpe en 16 courts chapitres qui reviennent méthodiquement sur les événements. On pourrait découper l’album en deux parties : une première qui présente de manière globale les événements vécus par certaines nations et qui ont conduits les détenteurs du pouvoir à fuir ou abdiquer (Tunisie, Egypte, Yémen) et une seconde partie – à compter du chapitre 8 – dans laquelle Jean-Pierre Filiu revient sur les manifestations et aborde des événements plus ciblés (la mort de Kadhafi est traitée au chapitre 9, l’actions des Ultras (supporters de l’équipe de football de l’Ahly au chapitre 11 ou les événements de Laghouat – Algérie – au chapitre 14).

Le premier chapitre avait été publié dans son intégralité dans le collectif Le jour où… France Info, 25 ans d’actualités. Quant au seizième et dernier chapitre englobe le mouvement arabe de manière globe et propose une lecture plus large des événements en pointant notamment l’influence des médias internationaux sur l’opinion publique (ils laissent parfois libre court aux suppositions, renforçant notamment l’idée de conspiration et laissant entrevoir les enjeux financiers et stratégiques sous-jacents des pays occidentaux).

Jean-Pierre Filiu s’arrête sur des personnalités qui ont marqué l’actualité, comme Fadwa Suleiman (Syrie) dont je parlais plus haut mais aussi Oussama El Khlifi qui a mobilisé les marocains et initié le « Mouvement du 20 février » ou encore Rami Al-Sayed (Syrie) Hamza Kashgari (Arabie Saoudite) et Chadi, cet étudiant d’Alep qui a mobilisé le corps étudiant contre le régime.

Le scénario est dense mais finalement, la scission en courts chapitres donne du rythme au témoignage. La narration est alerte et entraine le lecteur dans son élan contestataire, ses scènes de liesse et de mobilisations populaires. Le travail graphique de Cyrille Pomès est précis, réaliste, sobre et percutant. Les reliefs sont réalisés à l’aide de jeux de hachure, ces effets s’accordent bien avec la gravité des propos. Quant à la mise en couleur, on retiendra également la sobriété des choix qui ont été faits (bruns, verts, rouges, bleus prédominent, dans des palettes assez sombres). La luminosité perce grâce au fait que le dessinateur s’affranchit régulièrement des cases, les individus évoluent ainsi plus librement au cœur des pages dont l’arrangement semble mû par la teneur des propos et la volonté de ne pas oppresser les illustrations dans des cadres prédéfinis. Cette découpe de page permet également au lecteur de profiter d’un rythme de lecture entrainant dont je vous parlais plus haut. Graphiquement, le trait de Cyrille Pomès me fait ici penser aux travaux d’Alfred (sur Je mourrai pas gibier) ou de Soulman (sur Les Chemins de traverse).

PictoOKUne rétrospective à la fois complète (au regard des événements abordés) et concise compte tenu des nombreux événements qui se rapportent au mouvement du Printemps arabe. De quoi donner au lecteur le moyen de reprendre sa mémoire en main et de pouvoir s’appuyer sur une chronologie des faits majeurs qu’il faut retenir. On est un peu sonné en sortant de cette lecture mais les repères que l’ouvrage nous a permis de consolider sont clairs.

Le chapitre final se referme sur une actualité plus récente : la montée des frères musulmans en Egypte, la poursuite des exactions en Syrie…

Extraits :

« Le Yémen, avec deux armes à feu en moyenne par habitants, est secoué en permanence par des cycles de vendetta que seul le versement d’un « prix du sang » peut suspendre » (Le Printemps des Arabes).

« Dopés par la Révolution comme pour la victoire, les supporters défient à chaque occasion les forces de l’ordre » (Le Printemps des Arabes).

« La liberté se mérite chaque jour et la démocratie est trop humaine pour ne pas être fragile » (Le Printemps des Arabes).

Du côté des challenges :

Petit Bac 2013 / Phénomène météorologique : Printemps

Challenge Histoire : les mouvements contestataires dans le monde arabe

PetitBac Histoire

Le Printemps des Arabes

One Shot

Editeur : Futuropolis

(en partenariat avec Amnesty International)

Dessinateur : Cyrille POMES

Scénariste : Jean-Pierre FILIU

Dépôt légal : juin 2013

ISBN : 978-2-7548-0861-3

Bulles bulles bulles…

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Les Printemps des Arabes – Filiu – Pomès © Futuropolis – 2013

Palestine, dans quel état ? (Le Roy & Prost)

Le Roy – Prost © La Boîte à Bulles – 2013
Le Roy – Prost © La Boîte à Bulles – 2013

Février 2012.

A l’occasion de son troisième voyage au Proche-Orient, Maximilien Le Roy revient sur des lieux qui lui sont familiers. Il sollicite son réseau relationnel pour faire, cette fois, le bilan d’une réflexion amorcée dans ses précédents albums : Gaza décembre 2008 – janvier 2009 un pavé dans la mer, Les chemins de traverse et Faire le mur.

Ce nouveau voyage est d’ailleurs l’occasion de retrouver Mahmoud Abu Srour, jeune palestinien et ami de l’auteur que nous avions rencontré dans Faire le mur. Il sera l’hôte de Maximilien Le Roy et d’Emmanuel Prost, dessinateur qui s’associe à Le Roy pour ce séjour et le projet d’album qui y est associé. Mahmoud s’emballe pour la démarche des auteurs qui ont un objectif majeur : « raconter et relayer la réalité palestinienne par des récits concrets et quotidiens ».

Cette fois, outre l’objectif de sensibiliser l’opinion au conflit israélo-palestinien, Maximilien Le Roy propose surtout une prolongation – sorte d’état des lieux – d’une réflexion qu’il avait déjà fortement impulsée dans ses travaux précédent.

Palestine, dans quel état ? Un Etat ? Deux états ? Qu’est-ce qui est souhaitable ? Envisageable ? Crédible ?

Il ouvre cet album à l’aide d’une préface dans laquelle il effectue tout d’abord un récapitulatif concis des événements internationaux qui ont entachés la fin de l’année 2011 (demande officielle de Mahmoud Abbas à l’ONU pour que la Palestine obtienne le statut d’Etat membre, véto des Etats-Unis, positionnement de l’UNESCO…). Puis, c’est le voyage en tant qu’il relate. Les auteurs débarquent à Tel Aviv où ils passeront la première nuit puis, place au contraste, « les talons hauts et les jupes courtes des Israéliennes de la  ʽʽ ville qui ne dort jamais ʼʼ laissent place aux chapeaux noirs des juifs orthodoxes de la ʽʽ capitale éternelle ʼʼ, avant de pénétrer en territoire palestinien. Leur point de chute se trouve à Bethléem puisque Mahmoud réside dans le camp de réfugiés d’Aïda. Chaque soir, de retour chez Mahmoud après leurs excursions de la journée, un repas convivial précède une soirée durant laquelle les discussions se prolongent jusque tard dans la nuit.

Drapeau de la Palestine
Drapeau de la Palestine

L’ouvrage propose également d’autres échanges, comme ceux menés avec ces palestiniens rencontrés dans le cadre d’une journée de manifestations à Ramallah où les militants de deux mouvements réclament respectivement la libération de Marwan Barhouti et de Khader Adnan. Les auteurs y rencontrent Hamza qui les invite à prendre un café chez lui. Les discussions prennent très souvent un caractère politique. Maximilien Le Roy intègre également des extraits de de notes qu’il a prises en 2008, des comptes rendus d’interview et de rencontres, ainsi que de nombreuses références à une littérature du conflit israélo-palestinien né en 1948 (date de la création d’Israël).

Bethléem, Ramallah… ce séjour nous conduira également à Hébron, N’il’in, Bayt Nattif, Jérusalem…

Les croquis et aquarelles d’Emmanuel Prost viennent donner de la chaleur aux propos, comme si nous ouvrions des fenêtres sur une réalité que nous ne mesurons pas, à moins d’avoir eu la possibilité d’aller soi-même en ces lieux.

L’ouvrage ne cherche pas à polémiquer. Il est essentiellement question du quotidien des Palestiniens même si les discussions prennent quasi-systématiquement une tournure politique ou du moins un échange sur un aspect du conflit :

« – Il vient d’Israël ? demandé-je à Mahmoud.
– Évidemment. Israël est même allé jusqu’à s’accaparer tout le ciel.
– Dis-moi : on peut passer une journée en Palestine sans prononcer le mot « Israël » ?
– C’est difficile ! répond-il en souriant. »

Sauf erreur de ma part, j’en arrive à la conclusion que les personnes rencontrées à l’occasion de cet ouvrage sont plus favorables à la constitution d’un Etat unique plutôt que deux états distincts (Israël et Palestine), que nombre de ces personnes font part d’un grand respect à l’égard de Yasser Arafat et de ce qu’il a engagé pour la cause palestinienne, qu’ils ont le soucis d’insister sur le fait que le conflit n’est pas religieux, qu’ils espèrent qu’un jour qu’Israël sera sanctionné pour les exactions commises à l’égard du peuple palestinien, qu’ils ne nourrissent pas de haine à l’égard des Israéliens car le responsable est le Gouvernement israélien…

Outre les rencontres avec des civils palestiniens, l’ouvrage propose également des interviews avec différentes personnalités régulièrement amenées à intervenir pour traiter du sujet : Anne PAQ (n’ayant pu la rencontrer durant ce séjour de février 2012, Le Roy renvoie à son blog), Michel WARSCHAWSKI (voir également Les chemins de traverse), Frank BARAT et Dominique VIDAL.

PictoOKUn ouvrage sérieux, didactique et réflexif.

Le constat reste le même : les Politiques ne parviennent pas à sortir de l’impasse de ce conflit, que ce soit au niveau local ou international. En revanche, les populations semblent moins acerbes – du moins du côté palestinien. Beaucoup rêvent d’un pays unifié, avec une mixité entre Juifs et Arabes.

Extraits :

« Deux États, l’un palestinien, l’autre israélien, sur la base des frontières de 1967 ; voilà qui fait consensus depuis nombre d’années. J’ai longtemps souscrit sans réserve à la proposition. Mais la coquille diplomatique, lissée, polie et homologuée cent fois l’an par toutes les instances en présence, s’est quelque peu fissurée dans mon esprit, au fil des rencontres, des voyages et des lectures. Sur place, je ne voyais guère de traces de cet État palestinien : un mur de séparation haut de plusieurs mètres, oui ; des zones interdites aux Palestiniens, aussi ; des routes réservées aux seuls colons, bien sûr ; des implantations coloniales toujours plus nombreuses, assurément ; Jérusalem-Est judaïsé chaque jour davantage, naturellement ; la bande de Gaza isolée à l’autre bout du pays, évidemment. Mais d’État palestinien, point » (Maximilien Le Roy – préface – dans Palestine, dans quel état ?).

« La notion d’État spécifiquement juif doit disparaître : c’est une idée stupide. Un âne n’y penserait même pas. L’idée d’un État entièrement conçu pour une race ou une religion, c’est du même acabit que les idées d’Hitler. S’ils apprenaient à leurs enfants la paix, tout serait réglé depuis longtemps. » Ses sourcils se froncent et ses mâchoires se serrent. « Ils sont arrivés il y a soixante-dix ans alors que moi, mes arrière- arrière-grands-parents sont nés ici ! Et ils disent que tout leur appartient ? Avant Israël, il y avait des Juifs ici, des Juifs de Palestine, et nous vivions en paix ! Notre lutte n’est pas religieuse, Youssef a raison. Notre lutte est pour la terre. Ils sont venus de loin pour tuer nos enfants et ils viennent expliquer qu’ils sont pacifistes et que nous sommes les terroristes ! » (Mahmoud dans Palestine, dans quel état ?).

« Nous sommes tous nés ici ; nous nous battons pour la liberté mais nous ne connaissons pas son goût » (Saed dans Palestine, dans quel état ?).

« Le terrorisme, c’est l’arme du pauvre » (Michel Warschawski dans Palestine, dans quel état ?).

« Les bases d’un État Laïc mettront tout le monde sur un même pied d’égalité » (Frank Barat dans Palestine, dans quel état ?).

Du côté des challenges :

Petit Bac 2013 / Lieu : Palestine

Challenge récit de voyage : Cisjordanie

Challenge PetitBac Voyage

Palestine, dans quel état ?

[Carnet de route] en Cisjordanie occupée

Récit complet

Editeur : La Boîte à bulles

Collection : [Les Carnets] de la BàB

Dessinateur : Emmanuel PROST

Scénariste : Maximilien LE ROY

Dépôt légal : mai 2013

ISBN : 978-2-84953-167-9

Bulles bulles bulles…

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Palestine dans quel état – Le Roy – Prost © La Boîte à Bulles – 2013

La Bible d’après Wolverton

Wolverton © Diábolo Editions – 2013
Wolverton © Diábolo Editions – 2013

Basil Wolverton (1909-1978) est un auteur de bande dessinée et illustrateur américain. Il est connu pour avoir réalisé Spacehawk (publié dans Target Comics), MAD ou encore Powerhouse Pepper (publié dans Marvel, Timely et Humorama). Nous apprenons dans les préfaces de ce recueil que Wolverton a influencé des auteurs comme Robert Crumb ou Charles Burns

Wolverton travaille chez lui. Il a pris l’habitude de dessiner en écoutant la radio, c’est ainsi qu’il découvre les émissions radiophoniques d’Herbert Armstrong diffusées sur Radio Church of God (créée en 1933). Mais Wolverton n’était pas d’accord avec Armstrong. Il décide de lui écrire pour « contester ses affirmations sur l’existence de Dieu. Mais en fin de compte, après un an ou deux, Wolverton se laissa convaincre par la théologie d’Armstrong… » (extrait des propos de Monte Wolverton en préface). Peu à peu, les correspondances entre les deux hommes deviennent régulières jusqu’à ce qu’ils se rencontrent et sympathisent. Outre les émissions qu’il anime, Herbert Armstrong a fondé l’Eglise Universelle de Dieu à la fin des années 1930, ainsi que l’Ambassador Collège en 1946. Sur Wikipedia, on apprend qu’Armstrong a prêché un ensemble éclectique de doctrines théologiques et des enseignements qui, selon lui, est venu directement de la Bible. Armstrong parvient à convertir Wolverton a ses enseignements théologiques :

« En 1955 Basil Wolverton, prolifique et célèbre auteur de bande-dessinée qui publiait depuis 30 ans aux USA mais qui s’éloignait de plus en plus de sa profession, s’engage dans l’Eglise Evangélique Worldwide Church of God and Ambassador, dirigée par Herbert W. Armstrong. C’est ce charismatique prédicateur qui lui commande le dessin des épisodes de l’Ancien et du Nouveau Testament pour les publier dans une revue de leur congrégation religieuse » (extrait du synopsis de l’éditeur).

Enfin, pour finir de présenter ce recueil de manière générale, je souhaitais préciser que Monte Wolverton, le fils de Basil, a collaboré à la réalisation de cette compilation. Ses propos avisés sur le travail de son père nous font profiter d’éclairages quant aux méthodes de travail de son père (quels autres projets Wolverton suivait-il en parallèle ? place de son travail artistique dans sa vie privée…) et quant à la conception de nombreuses illustrations. Ainsi, Monte introduit chaque chapitre d’un préambule argumenté. Il y précise la présence d’originaux, aborde les événements polémiques qu’on put susciter certaines illustrations, parle des changements dans l’utilisation d’un outil de travail ou d’une technique (utilisation de marqueurs chimiques par exemple)… autant d’éléments qui permettent au lecteur d’affiner sa perception du travail artistique qu’il est en train de découvrir.

« Wolverton ne voulait pas que son histoire paraisse religieuse, moralisatrice ou bigote. Il voulait qu’elle surgisse comme un conte, simple, avec des illustrations provocatrices et peu conventionnelles. Il espérait que son produit serait lu par des laïques aussi bien que par des religieux » (extraits des propos de Monte Wolverton en préface).

Quant à la forme de cet album : il se découpe en huit chapitres qui reprennent fidèlement la trame chronologique des écrits bibliques. Nous survolerons donc ces textes sacrés en se concentrant uniquement sur les illustrations réalisées par Wolverton. Le lecteur n’accède donc pas à l’intégralité des textes de la Bible. En revanche, cet ouvrage recense l’intégralité des illustrations de Wolverton. Chaque visuel est complété d’une légende d’accompagnement rédigée par B. Wolverton. L’occasion de redécouvrir Adam & Eve, Noé, Moïse, Salomon… Le lecteur est face à des réalisations hyper travaillées. Le dessin est minutieux et fouillé, comme en témoigne l’anecdote relative à l’illustration de la page 21 :

Wolverton © Diábolo Editions – 2013
Wolverton © Diábolo Editions – 2013
« L’illustration de la création d’Adam contient plus de 1000 points, comptés par Wolverton à mesure qu’il pointillait (celle-ci est l’originale ; la version de la couverture a été coloriée pour ce volume) ».

PictoOKWolverton s’est consacré à ce projet de 1953 à 1974. On a donc le loisir de voir évoluer son trait qui gagne en fluidité, en expressivité et en force.

Très bel ouvrage qui permet de revisiter la Bible cependant, j’ai ressenti une lassitude à force de côtoyer des textes d’accompagnement succincts qui se concentrent uniquement sur des faits marquants de la Bible. Une compilation intéressante mais il est nécessaire de moduler le temps de lecture en marquant des pauses.

Le site dédié à l’œuvre de Basil Wolverton est animé par son fils, Monte. Lire aussi la chronique de Jean-Pierre Dionnet (site des humano).

Pour en savoir plus sur Wolverton, il y a cette excellente bio sur le site de du9.

La Bible de Wolverton

Compilation d’illustrations

Editeur : Diábolo Editions

Dessinateur / Scénariste : Basil WOLVERTON

Dépôt légal : mai 2013

ISBN : 978-84-15839-06-4

Bulles bulles bulles…

Quelques pages à feuilleter sur le site de l’Editeur.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

La Bible de Wolverton – Wolverton © Diábolo Editions – 2013

%d blogueurs aiment cette page :