Les ruines de Tagab (Legrais & Jacqmin)

Legrais – Jacqmin © Les Enfants Rouges – 2017

C’était la dernière fois que Damien rentrait d’une mission. Son contrat s’arrête, c’est la fin de son engagement militaire. Après cela, il n’y aura plus de missions à l’étranger. Damien est ravi, il sera désormais présent à tous les anniversaires de son fils.

Mais pour ce dernier retour à la maison, Damien n’a pas la tête à être parmi les siens. Sa compagne est pourtant douce et attentive et il voit la joie dans les yeux son petit Théo… mais lui n’y est pas. Il est ailleurs. Il est resté là-bas. Les souvenirs de l’Afghanistan sont trop tenaces cette fois et le hantent même en pleine journée. Mais le pire, c’est la nuit, lorsque les pensées vagabondent. C’est à ce moment-là que tout reflue, les horreurs, les corps démembrés… Un traumatisme psychologique que le jeune Caporal ne parvient pas à endiguer.

C’est la première fois que tu n’as pas l’air heureux d’être rentré… Il s’est passé quelque chose là-bas ?

Pour sa première bande dessinée, Cyril Legrais choisit un sujet difficile. Très vite, le scénario nous montre un homme au bord du gouffre, appelant silencieusement la mort, aveugle aux mains qui se tendent pour lui venir en aide. Alternant deux périodes, le récit fait des va et vient entre la période présente et ce récent passé en Afghanistan. Dans les propos de sa femme, on devine l’homme qu’il était mais nous, nous assistons impuissants à sa descente aux enfers. Cet homme a perdu toute dignité. On ne saura que tardivement ce qui s’est passé en Afghanistan mais on mesure dès le début de la lecture le poids de la culpabilité, celui de l’impuissance à avoir pu agir. Il est rongé par les regrets qui le tuent à petit feu.

L’ambiance graphique est dominée d’une couleur sable. Un sable du désert d’Afghanistan dont le personnage ne parvient pas à se débarrasser… un sable mouvant dans lequel il s’enfonce. On est là dans des tons sépia qui donnent l’impression que le héros est dans un état second. Qu’il rêve son retour, fantôme parmi les vivants. J’ai apprécié ce côté légèrement vaporeux qui s’impose sur les planches de l’album. Après la magnifique « Tristesse de l’éléphant » , Nina Jacqmin nous enchante encore avec son coup de crayon délicat.

Un moment où la vie de quelqu’un bascule, les regrets d’avoir vécu ce moment-là de la sorte, la nostalgie d’un passé à jamais révolu et une vie qui ressemble désormais à un immense terrain vague. Un album qui remue.

Les Ruines de Tagab

One shot
Editeur : Les Enfants rouges
Collection : Isturiale
Dessinateur : Nina JACQMIN
Scénariste : Cyril LEGRAIS
Dépôt légal : décembre 2017
126 pages, 17 euros, ISBN : 978-2-35419-095-8

Bulles bulles bulles…

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Les Ruines de Tagab – Legrais – Jacqmin © Les Enfants Rouges – 2017

On se tient chaud aujourd’hui pour cette dernière « BD de la semaine » avant la nouvelle année.

Entre deux réveillons, je vous invite à découvrir les pépites des bulleurs du 27 décembre :

Karine :                                                Blandine :                                          Mylène :

AziLis :                                             Nathalie :                                         Khadie :

Eimelle :                                             Blondin :                                           Jérôme :

Noukette :                                            Fanny :                                            Moka :

Stephie :

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Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

26 réflexions sur « Les ruines de Tagab (Legrais & Jacqmin) »

    1. Je trouve qu’il y a toujours beaucoup de variété dans les choix du mercredi. C’est ça qui est chouette. Et du coup, je me tourne parfois vers des albums que je n’aurais jamais pensé ouvrir s’il n’y avait eu tel ou tel avis qui avait titillé ma curiosité 😀

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  1. Je crois que je suis amoureuse des traits de Nina Jacqmin… ( et je me rends compte à l’instant que j’ai oublié de mettre « La tristesse de l’éléphant » dans mes coups de coeur! Hop je vais le rajouter!)

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  2. Evidemment, l’argument de Nina Jacqmin est de taille ! en plus, le sujet m’intéresse beaucoup ! C’est plus que noté !

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    1. Oui, son dessin est d’une douceur et d’une justesse ! Elle parvient à faire passer toutes les émotions de ses personnages ce qui permet au scénar d’aller à l’essentiel. Bref… du bon :):

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  3. Malgré ton enthousiasme à l’égard de cet album, je pense passer mon chemin. Actuellement, j’ai davantage envie de lectures divertissantes. Mais peut-être plus tard partirai-je à la rencontre de Damien ? Au plaisir de te relire…

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    1. Ce n’est pas un coup de cœur mais cet album est parvenu à me faire oublier le reste le temps de la lecture.

      Bonnes lectures à toi 🙂

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  4. Oh, c’est la même dessinatrice que pour la tristesse de l’éléphant ? Alors pour moi c’est inratable, je note ce titre, merci ! 🙂

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    1. J’attendais avec impatience la sortie du second album de Nina Jacqmin 🙂 Cet album m’a moins remué que son précédent bien que le sujet tout de même ne laisse pas indifférent

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    1. Beau mais pas très entraînant, c’est totalement ça 😉
      Je ne connais pas beaucoup d’albums qui traitent de ce sujet (je n’ai pas cherché non plus). Deux me viennent en tête : « Un certain Cervantès » et « Revenants » (deux albums chez Futuro et je pense que Cervantès peut vraiment te plaire 😉 )

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