M. Train- Patti Smith

product_9782070105571_195x320« Ce n’est pas si facile d’écrire sur rien ». C’est par ces mots que débute ce livre, nommé par cette artiste immense de « carte de mon existence ». Patti Smith. Icône absolue. Qui se livre (un peu) à travers ces pages et qui nous laisse entrevoir, pour un instant suspendu, sa vie, ses pensées, ses souvenirs, ses lectures, ses amours, ses petits riens ….

Ce sont donc les pérégrinations de Patti Smith à travers 18 chapitres (« stations »), 256 pages et 53 illustrations.

L’histoire commence dans un café, le ‘Ino, une fin novembre glaciale, début d’un voyage immobile, début d’une rêverie et puis les souvenirs affleurent …

« Quelques mois avant notre premier anniversaire de mariage, Fred m’a annoncé que, si je lui promettais de lui donner un enfant, alors il commencerait par m’emmener n’importe où dans le monde. Sans hésitation, j’ai choisi Saint-Laurent-du-Maroni, une ville frontière dans le nord-ouest de la Guyane française, sur la côte atlantique nord de l’Amérique du Sud. Cela faisait longtemps que j’avais envie de voir les vestiges de la colonie pénitentiaire où les pires criminels étaient envoyés par bateau, avant d’être transférés sur l’île du Diable. Dans «Journal du voleur, Genet décrivait Saint-Laurent comme une terre sacrée et parlait des détenus avec une compassion empreinte de dévotion… »

Ce récit, tendre et mélancolique, est difficilement résumable ! Difficile de mettre des mots dessus, difficile de raconter ce petit bijou de finesse, d’élégance, de simplicité (bien loin des paillettes de la vie d’icône du rock)… Mais quelle émotion de s’égarer dans ses mots, avec l’impression de rentrer dans un peu dans l’intimité de cette artiste que j’aime tant ! Une exploration poétique de l’intime entre rêve et réalité, souvenirs et instants présents,  que l’on peut ouvrir au hasard des pages et s’y sentir comme chez soi ! A découvrir indéniablement….

 

Extrait 

« Je crois dans le mouvement. J’ai foi dans le monde, ce ballon au cœur léger. Je crois en minuit et en midi. Mais en quoi d’autre ai-je foi ? Parfois en tout. Parfois en rien ? Cela fluctue comme la lumière qui miroite à la surface d’un étang. Je crois en la vie, que chacun de nous un jour perdra. Quand nous sommes jeunes, nous pensons que cela n’arrivera pas, que nous sommes différents. Enfant, je pensais que jamais je ne deviendrais adulte, que je pourrais résister à l’âge par la force de ma volonté. Puis je me suis rendu compte, relativement récemment, que j’avais franchi une ligne, inconsciemment cachée dans la vérité de ma chronologie. Bon sang, comment avons-nous fait pour devenir si vieux ? je demande à mes articulations, à ma chevelure couleur fer. Maintenant je suis plus vieille que mon amour, que mes amis défunts. »

 

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 M. Train, Patti Smith, Gallimard, 2016.

Docteur Jekyll – Mister Hyde, Robert Louis STEVENSON, illustré par Sébastien MOURRAIN, traduit et adapté par Maxime ROVERE

Docteur Jekyll et Mister Hyde
Stevenson – Mourrain © Milan – 2015

Londres. La fin du XIXe siècle. Une étrange affaire hante M. Utterson le notaire. Qui est le terrifiant M. Hyde à qui, son ami, M. Jekyll a légué tous ses biens ? Comment ces deux  hommes, d’apparence si différente, peuvent-ils être liés ? « Comment un véritable suppôt du diable peut-il fréquenter un parfait gentleman ? »

M. Utterson décide de mener l’enquête….

Le père Noël a mené dans sa hotte cet album pour mon grand de 11 ans. Ravie j’ai été, de faire découvrir à mon lardon, ce classique de la littérature !

Je n’ai pas relu la nouvelle de R.L. Stevenson. Mais j’ai trouvé cet album superbement fidèle à mes souvenirs (qui datent, il faut bien le dire, des années lumières !). L’ambiance « toutafé » cauchemardesque, aux confins de la folie, est divinement bien rendue grâce, notamment aux somptueuses illustrations de Sébastien Mourrain.  Les tons, tout de noir, de gris, avec quelques touches de couleur jaune rendent l’histoire terrifiante et follement réjouissante !

A chaque page du mystère, pour tenir le lecteur en haleine !

Un album pour frissonner de plaisir et pour approcher LA littérature !  À découvrir absolument 😉

Pour l’âge, je me demande si 8/10 ans n’est pas un poil trop tôt ? Pour rentrer dans l’histoire et en comprendre toutes les subtilités, je pencherai tout de même pour des enfants au collège, ou de très très bons lecteurs….

 

Et qu’en a dit mon lardon ?

« Le livre m’a bien plu. Le début est un peu confus. Il faut être assez grand pour comprendre, plus grand que moi ! J’ai beaucoup aimé la fin. « L’analyse complète du cas par le docteur Jekyll », ça nous apporte des renseignements supplémentaires sur l’histoire. Et après on comprend enfin toute l’intrigue. J’ai bien aimé l’histoire de la double personnalité. Ce Jekyll qui devient cet affreux Edward. C’est génial comme idée !

Les images sont franchement très belles mais elles filent les jetons (et mon grand me montre : regarde, celle là est atroce ! et celle-là … Et Edward Hyde il fait super flipper, il fait penser à un clown tueur ! Ahhhh ouais, quand même ! me demande s’il va bien dormir cette nuit 😉 )

Par contre, j’ai pas bien compris ce papillon qu’on voit partout ….« 

Superbe album qu’il faut donc un peu accompagner et qui a réjoui mon fils tout comme moi (et autant dire, partager une lecture avec ses enfants est un bonheur immense ❤ )

 

Premières phrases :  » M. Utterson, le notaire, faisait un soir sa promenade en compagnie de son cousin, M. Enfield, lorsque les deux hommes arrivèrent dans une jolie ruelle. Au premier coup d’œil elle attirait et charmait le regard, mais sa perspective était interrompue par une bâtisse sinistre. Sur ce fronton sans fenêtres, tout décrépi, la peinture était cloquée et écaillée, et, vers le bas, personne n’avait réparé les dégâts faits par la malveillance des passants. »

 

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Docteur Jekyll – Mister Hyde, Robert Louis STEVENSON, illustré par Sébastien  MOURRAIN, traduit et adapté par Maxime ROVERE, Milan, 2015, 16,90€

Quatre cœurs imparfaits de Véronique Ovaldé et illustré par Véronique Dorey

CVT_Quatre-coeurs-imparfaits_753 » Rosa Luisa avait eu trois sœurs. La plus jeune était folle, la deuxième était pute, la troisième était morte. »

Un petit billet (par manque de temps hein, pas par manque d’amour pour ce livre absolument remarquable ; ni pour cette auteure chez qui j’aime tout : les histoires, les romans, l’imaginaire, la folie douce, la grâce, ses thématiques et surtout ses personnages de femmes/filles toujours sublimes ; ni évidemment pour ma copine Noukette-la-délicieuse avec laquelle je fais lecture commune ; ni pour Mo ❤ et son bar à BD !)

Cette merveille tout à fait étrange, un brin glauque (mais juste assez pour rendre l’atmosphère incongrue, biscornue, insolite, complètement étonnante mais délicate aussi) vient de sortir en librairie. C’est d’ailleurs mon libraire qui m’a obligé/forcé/contrainte (si si) en me disant « Lis ça, ça fait très très très longtemps que j’ai pas lu pareil ovni ! » Et comme je suis faible, je me suis dotée de cet étrange livre pour un plaisir fou 😉

Un brin d’histoire :

Il était une fois une contrée lointaine et imaginaire, où « les vierges folles abondent, les amants éconduits pullulent dans les cimetières« .

Il était une fois des femmes qui ont eu peu de chance en matière d’amour : Rosa Luisa la vierge, Marie Cristina la mère morte, Mercedes la pute et Pepina la folle.

Il était une fois  Mamina, la vieille cuisinière… qui s’occupait de ces femmes depuis toujours.

Il était une fois, dans une maison, au sommet de la colline de Camerone,  une petite fille,  conteuse de cette histoire,  qui voulait vivre « des amourettes, papillonner et butiner« .

Il était une fois un destin funeste….

L’histoire est forte, exactement comme je les aime ! Les mots sonnent juste. Le texte est poétique, charnel.

Et vous dire que les illustrations de Véronique Dorey sont d’une étrange beauté (un peu à la Tim Burton), d’une délicatesse remarquable et se marient parfaitement bien avec le texte de Véronique Olvadé (une version de ce texte a déjà été publiée dans Télérama en 2006).

L’atmosphère un brin inquiétante qui se dégage de ce tout petit livre (56 pages) vous entraînera dans les méandres d’un conte somptueux dont vous ne sortirez pas indemnes !

Ce livre-ovni est un bijou, d’un esthétisme rare, d’une grâce infinie, d’une élégance exquise !

Un livre précieux à découvrir ABSOLUMENT !

L’avis de Noukette Ici 😉

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Quatre cœurs imparfaits de Véronique Olavdé et de Véronique Dorey, Thierry Magnier, Oct. 2015, 56 pages et pour 14,90 euros