« Il était un matin de cette fois-là. Au milieu d’une forêt tendre, dans une clairière de rien, un tout petit machin se réveille mais ne se souvient pas. Ni de ce qu’il fait là, ni de ce qu’il a dormi, ni de ce dont il a envie ».
Il s’agit d’Alphonse Tabouret qui ouvre les yeux sur la vie. Qu’a-t-il fait avant cela ? D’où vient-il ? Le Monsieur présent au moment de son réveil ne saura pas répondre à toutes ces questions. En revanche, Le Monsieur lui apprend des choses. Puis tous deux sa fâchent et Le Monsieur part. Alphonse reste seul, perdu au milieu de cette grande forêt et, constatant que son ami ne revient pas, il décide de partir à sa recherche. En chemin, il rencontrera Esnohpla, Pénélope, le marchand de choses, Stesse, Ide et d’autres habitants de la forêt.
Mais au fond de lui, Alphonse se sent toujours bien seul…
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Derrière ce titre intriguant se cache un récit initiatique. Sous notre regard attendri, on observe Alphonse qui se débat avec les affres de la vie et y apprend pêle-mêle l’amitié, les sentiments, la solitude, les mots… Pourquoi ? C’est quoi ? Où ça ? Des questions anodines à l’aspect si enfantin que le lecteur baisse la garde face à ce personnage innocent. C’est lyrique, poétique, onirique. Le scénario de Sybilline prend au dépourvu ; il n’utilise pas les canons habituels de la bande dessinée, s’insère tantôt dans les visuels via un panneau indicateur ou un phylactère, tantôt en dehors des illustrations et donnant alors l’impression que nous sommes face à des dialogues d’une pièce de théâtre. Capucine a choisit, pour ces textes, un lettrage qui fait penser à l’écriture d’un enfant donne l’intonation adéquate à ce récit. Le lecteur découvre la vision de ce petit personnage et s’émerveille avec lui…
« Pour fêter ça, il a fait une grande crise d’enthousiasme »,
On s’attriste lorsqu’il est rejeté, on s’emporte lorsqu’il trouve un ami. C’est amusant de voir à quel point la simplicité de ce scénario permet de stimuler nos émotions. Dans cette grande découverte de la vie, nous croiserons aussi certains personnages très curieux ; tous sont de grands représentants -malgré eux- de l’espèce humaine. Chaque créature de ce récit incarne un trait de caractère : l’insatisfait, le timide, le peureux, le prétentieux…
Cet étrange bestiaire est mis en images par Jérôme D’Aviau. L’expressivité de ses dessins m’emporte à chaque fois que j’ai l’occasion de lire un album sur lequel il a travaillé. Dans cet ouvrage, le concept de la case est absent. Plutôt que de contenir et de donner de faux garde-fous au trop grand vide ressenti par Alphonse, le dessinateur a joué de l’espace offert par chaque page de cet album. La taille et la disposition de ses dessins varie donc en permanence, il nous suffit de tourner la page pour découvrir un autre pan de ce monde onirique. Je me suis sentie comme la petite Alice qui a tout à découvrir. Chaque tableau de ce monde étrangement familier nous invite à poursuivre notre lecture et découvrir peu à peu les clés de compréhensions qu’Alphonse va obtenir durant sa quête. Amis, hobby, objet… les trouvailles seront nombreuses mais Le Monsieur reste inexplicablement introuvable ! L’apprentissage de la vie ne se fait pas sans douleur…
Le trop grand vide d’Alphonse Tabouret offre un voyage original dans un univers à la fois familier (celui d’une forêt) et intriguant (quels sont donc ces êtres que nous croisons !). Je m’attendais pourtant à devoir contenir quelques larmes… mais elles ne sont pas montées. Si j’ai apprécié cet album, il ne m’a pas émue.
L’avis de Sebastien Naeco, Mr Zombi, Lunch, Emyrky et Ginie.
Extraits :
« – Bon, j’espère que je n’ai pas perdu mon temps. Qu’est-ce que tu as à partager ?
– Qu’est-ce que ça veut dire partager ?
– Eh bien, cela veut dire que tu me donnes des trucs, et que moi aussi je t’en donne.
– Mais si je n’ai rien, comment je fais ?
– Tu trouveras forcément, même un mot, c’est un cadeau. Et si tu ne trouves rien, c’est que tu n’en as pas envie. Et que tu es égoïste » (Le trop grand vide d’Alphonse Tabouret).
« Parce que le chagrin du vide de tout, il est difficile à consoler. Surtout quand y a personne. Et que ça, c’est ce qui manque le plus. Mais qu’on ne le sait pas vraiment » (Le trop grand vide d’Alphonse Tabouret).
« – Ah oui, tu cherches quoi ?
– Ben, un toi. On va être tout seul à deux, je suis sûre que c’est mieux » (Le trop grand vide d’Alphonse Tabouret).
« – Lui et moi, on est amoureux.
– Alors moi, je suis amoureux de l’endive.
– Non, mon petit chou, justement. A la rigueur, l’endive, tu l’aimes comme une amie, mais tu n’en es pas amoureux. Ton endive, tu l’aimes bien avec ton estomac, alors que les gens, tu les aimes avec ton cœur.
– Comme après les montagnes russes.
– Oui… c’est ça… Mais non !! Ne t’inquiète pas, tu trouveras quelqu’un pour illuminer tes journées.
– Ça doit piquer les yeux » (Le trop grand vide d’Alphonse Tabouret).
Le Trop grand vide d’Alphonse Tabouret
One Shot
Éditeur : Ankama
Collection : Étincelle
Dessinateur : Jérôme D’AVIAU
Scénariste : SIBYLLINE
Lettrage : CAPUCINE
Dépôt légal : septembre 2010
ISBN : 978-2-35910-089-1
Bulles bulles bulles…
Pourquoi t’attendais-tu à voir monter quelques larmes ? C’est beau, poétique et attendrissant, mais pas forcément larmoyant comme récit ^^
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Et bien parce que j’avais lu des avis qui m’ont laissé penser que j’allais être très émue ^^
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C’est malin : encore un titre de noté sur ma LAL!
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Ah ! C’était pour t’aider à finir la page en cours sur ton carnet LAL BD 😛
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Moi ça fait un bout de temps que je l’ai rajouté dans ma LAL. J’ai découvert Sibylline, Capucine et Jérôme d’Aviau avec l’album Premières fois et je serais curieuse de voir ce qu’ils ont fait dans un registre totalement différent.
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Je les avais lu sur « Nous n’irons plus ensemble au Canal Saint Martin », même s’ils ne sont pas intervenus tous les trois sur les mêmes récits. « Premières fois », je l’ai moi aussi noté ^^
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Je note moi aussi. Cette couverture me plaît beaucoup.
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Je l’ai souvent feuilleté en librairie sans jamais franchir le pas. Il y a un coté très onirique, non ?
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Onirique oui, mais les passerelles avec la réalité se font très naturellement.
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Je suis bien content de voir que dans l’ensemble l’album t’a bien plu (même si tu sembles quand même un peu déçue de pas avoir pleuré lol)
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Déçue de n’avoir pas été plus émue qu’à l’accoutumée. Certes, je chipote… mais la précision est importante ^^
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Tout à fait, elle a son importance ^^
Du coup l’album a pas du correspondre tout à fait à ce à quoi tu t’attendais au vu des différents avis que tu en as lus, dommage, dommage xD
Mais bon ça reste un chouette album pour petits et grands ^^
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Oui, ça reste un bon moment de lecture. Je regrette pas 😉
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Bon ben ça va alors, c’est le principal si tu regrettes pas la lecture ^^
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Une BD que j’ai eue entre les mains mais j’ai été rebutée par la couv’ rose, je sais c’est con ! Il faudra que je la reprenne 😉
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Honnêtement, le rose de la couverture m’a également tenue en respect. S’il n’y avait eu les avis de quelques lecteurs en qui je fais confiance, je crois que j’aurais eu du mal à ouvrir cet album… bien qu’il soit signé par D’Aviau ^^
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Ah, je ne suis donc pas la seule à avoir été rebutée par la couv’ rose !!! Merci, Mo’, j’essaierai de la trouver à la bibliothèque pour la lire.
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Dommage pour ceux qui sont rebuté par les couleurs de la couverture! Mais si ton avis peut les faire changer d’avis c’est parfait car c’est vraiment un bel album et qui peut plaire à beaucoup d’adultes! Je réitère mais j’ai vraiment beaucoup apprécié les notes d’humour et jeux de mots bien « adultes » que l’on retrouve tout au long du récit!
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Oui, le scénario aborde certaines attitudes avec beaucoup de finesse. J’avais lu « Nous n’irons plus au Canal… » et l’approche/l’ambiance d’Alphonse m’ont réellement surprise. Les auteurs font mouche dans les deux registres
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Je me souviens des coups de coeur de Mr Zombi et de Constance pour cette BD!
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C’est chez Mr Zombi que j’ai découvert cet album. Alors oui, moi aussi je me rappelle bien de sa chronique. En tout cas, je suis contente d’avoir donné envie de découvrir cet album. Curieuse de lire de nouveaux avis 😉
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je n’ai pas accroché…
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Le récit est saccadé par moments. On passe parfois d’une idée à l’autre sans transition, comme quand on est face à un enfant. J’ai raté ta chronique ?
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Tu m’as donné envie.
Ca tombe bien je l’ai emprunté à la médiathèque hier ! 😉
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Ah chouette, j’espère que tu passeras un bon moment de lecture. Et qui sait, peut-être auras-tu envie d’en parler ensuite 😉
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Et dire que je suis passée complètement à côté de cet album…
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J’ai bien failli passer à côté aussi. Je m’attendais à quelque chose de plus profond à vrai dire. C’est mignon, ludique mais j’avais bien envie de me prendre une grosse claque qui n’est pas venue 😆
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Je crois l’avoir vu en librairie mais je ne me suis même pas approchée à cause de la couverture (et non, pour moi, ce n’est pas le rose qui m’a fait fuir mais plutôt l’ensemble). Flûte, je crois que j’aurais au moins le feuilleter, cet album, même si certains dessins me paraissent un peu bizarres 🙂
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Faut pas s’arrêter à si peu, c’est vraiment un excellent album pour un très agréable moment de lecture 🙂
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Bizarre vous avez dit bizarre ? 🙂
Il y a de ça, mais le graphisme m’a moins surprise que le contenu narratif (aux tournures souvent très peu orthodoxes ^^)
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