Ogoniok (Toppi)

Toppi © Mosquito – 2013
Toppi © Mosquito – 2013

Cet ouvrage regroupe trois nouvelles publiées en 1992 (Ogoniok), 1994 (Kas-Cej) et 2011 (Transibérien). Cet ouvrage est également le premier recueil publié après le décès de Sergio Toppi en août 2012.

Des nouvelles qui pourraient être trop succinctes pour permettre au lecteur de s’approprier réellement les univers décrits et les personnages amenés à évoluer ? Non. Ce n’est pas le cas et cela est en partie dû au graphisme si personnel de l’auteur qui installe dès la première page une atmosphère qui s’impose. Le mystère qui plane autour des personnages renforce cette impression et les dialogues font le reste.

Comme souvent, Sergio Toppi mêle réalité et fantastique pour nourrir ses histoires. Ces trois nouvelles ne dérogent pas à la règle.

Ogoniok raconte à la fois l’histoire de Semion, un notable russe, totalement aveuglé par sa soif de pouvoir et de réussite. Alors qu’il participe à une partie de chasse avec d’autres hommes de son rang, il se perd dans la forêt. Une poignée de paysans lui propose leur hospitalité et le mettent en garde contre l’esprit d’Ogoniok, fils de la jolie Kutikg et d’un démon. Ogoniok n’apprécie pas qu’un étranger foule son territoire, encore moins lorsque celui-ci vient pour chasser. Mais Semion ne prend pas au sérieux cet avertissement…

… et ce qui devait arriver arriva…

Kas-Cej relate l’expérience d’un jeune scientifique partit en mission afin d’exhumer les ossements des Nenets, une tribu sibérienne. Le jeune intellectuel de Saint-Pétersbourg découvre à cette occasion les rudes conditions de vie des populations locales. A son arrivée, il est accueilli par le gendarme de la bourgade où il séjournera et qui l’épaulera également dans ses recherches. Mais à deux pas du village gît le corps de Kas-Cej, un terrible guerrier. La légende dit que quiconque tenterait de profaner sa tombe serait touché d’une terrible malédiction…

… et ce qui devait arriver arriva…

La dernière nouvelle, Transibérien, s’intéresse à l’histoire de Gennady Efemovic, un modeste passeur d’un fleuve perdu dans la taïga. Sa seule ambition est de pouvoir un jour s’acheter une nouvelle barque avec l’argent qu’il touche en faisant traverser le fleuve à ses clients. Mais plus le temps passe et plus les clients se font rares. Un homme de passage lui confie même que non loin, le chemin de fer permet aux hommes de voyager plus vite…

… et ce qui devait arriver arriva…

Je vous laisse admirer les quelques visuels que je propose en bas d’articles, la force des illustrations de Toppi parle d’elles-mêmes. Durant la lecture, on perçoit l’orientation que prend le scénario mais cela ne gâche pas la découverte ; après tout, il n’est question que de l’homme et de sa cupidité et de sa cruauté légendaires. Si les deux premières nouvelles sont des rééditions, la dernière en revanche est totalement inédite. Sergio Toppi l’a réalisée en 2011 sur une commande de Mosquito. Elle est donc, à ce titre, la dernière œuvre réalisée par l’auteur avant sa mort.

PictoOKL’ambiance, le trait, le style… tous les éléments contribuent à charmer le lecteur et nous permet de mesurer la gravité et la portée de chaque récit. Le mélange de réel et de fantastique est une fois de plus parfaitement harmonieux. On mesure ainsi l’importance des traditions et superstitions locales qui sont d’autant plus prégnantes que les intrigues se déroulent en milieu rural ; l’isolement des populations tend à faire perdurer des us et coutumes ancestrales.

J’ai passé un très bon moment de lecture même si celui-ci, une fois de plus, n’égale pas celui que j’ai ressenti lorsque j’ai découvert Sharaz-De.

La chronique de Marilyne et un grand merci à Choco d’avoir attiré mon attention sur la sortie de cet ouvrage 😉

Ogoniok

Recueil de Nouvelles

Editeur : Mosquito

Dessinateur / Scénariste : Sergio TOPPI

Dépôt légal : mai 2013

ISBN : 2-35283-092-3

Bulles bulles bulles…

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Ogoniok – Toppi © Mosquito – 2013

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

9 réflexions sur « Ogoniok (Toppi) »

    1. C’est un auteur que j’ai découvert grâce à Choco. J’ai peut-être fait l’erreur de commencer par « Sharaz-De » (un diptyque) qui a été un gros coup de cœur. Si j’ai apprécié les autres albums de Toppi que j’ai eu l’occasion de lire, ils n’ont cependant pas égalé le plaisir que j’ai eu à lire Sharaz-De. Ce qui est certain par contre, c’est que j’ai la ferme intention de lire tout ce qu’il a fait ^^

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    1. J’aimerais bien retrouver cette claque que j’avais prise en découvrant Sharaz-De. Car si je plonge à chaque fois dans ces albums, je ne suis pas aussi subjuguée que lorsque j’avais fait cette lecture.

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  1. Né le 11 octobre 1932 à Milan, Sergio Toppi a fait ses débuts dans l’illustration (L’Enciclopedia dei Ragazzi) et l’animation (Studio Pagot). Mais c’est seulement en 1966 qu’il fera ses premiers pas dans la bande dessinée avec un récit consacré au héros piémontais Pietro Micca, scénarisé par Milo Milani pour Il Corriere dei Piccoli. Toppi travaillera alors pendant quelques années dans la presse enfantine, notamment dans Il Corriere dei Ragazzi (« Fumetto verità » et « I Grandi nel giallo »). En 1974, son style et son univers bifurquent vers un certain réalisme historique, avec des récits souvent scénarisés par Milo Milani dans Messaggero dei Ragazzi. Il va commencer à travailler pour plusieurs revues (Linus, Corto Maltese, Comic Art…), participant aussi en 1976 à la collection « Un uomo, un’avventura » chez Cepim. Deux ans plus tard, on le retrouve dans les collections françaises « L’Histoire de France en bandes dessinées » et « La Découverte du monde en bandes dessinées » chez Larousse. Par la suite, Toppi va créer ses propres œuvres et développer un univers personnel très particulier, atypique dans la forme narrative. Il est de plus en plus considéré comme un artiste important, comme en témoigne le Yellow Kid qu’il reçut au Festival de Lucca en 1992 en tant que meilleur illustrateur. Il serait fastidieux de vous dresser ici une bibliographie exhaustive de Toppi, mais citons bien sûr sa série « Le Collectionneur », ainsi que « Sharaz-De » ou encore « Myetzko » ou « Krull »… Pour en savoir plus sur Toppi (et notamment ses publications en France), je vous conseille de lire l’article que lui avait consacré Gilles Ratier sur notre site dans « Le Coin du Patrimoine » ( http://bdzoom.com/5880/patrimoine/le-coin-du-patrimoine-bd-sergio-toppi/ ), mais aussi le site qu’ont créé les éditions Mosquito pour Sergio Toppi ( http://www.editionsmosquito.com/toppi/ ).

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