Little Tulip de François Boucq et Jérôme Charyn

Charyn – Boucq © Le Lombard – 2014
Charyn – Boucq © Le Lombard – 2014

Paul a sept ans lorsque ses parents sont déportés au goulag pour espionnage. Immigrés américains vivant à Moscou (eh oui, ça existait aussi dans ce sens là), ils furent séparés de leur fils qui fut élevé dans l’orphelinat du goulag. Très jeune, il découvre donc les règles qui lui permettront de survivre et cette survie n’est possible que grâce à la protection des adultes qui possèdent le pouvoir. Son talent pour le dessin va lui permettre de sortir de la masse. Dans les années 1970, Paul vit à New-York et établit des portraits robots pour la police. Il est non seulement bon dessinateur mais aussi doué d’une empathie telle qu’il ressent la personnalité des tueurs et parvient à la restituer dans ses portraits-robots.

Cette BD est assez crue, mieux vaut être prévenu. C’est une belle réussite, le parcours de Pavel/ Paul est très intéressant et le dessin restitue parfaitement l’univers dur des goulags. C’est aussi une BD sur le dessin et les forces créatrices qui l’entourent, ces dessins que Pavel trace sur la peau des autres, qui sont parfois un signe d’appartenance à un groupe, comme ici à la pègre russe ou qu’il garde sur la sienne comme autant de souvenirs des étapes de sa vie. J’avoue ne pas être fan de tatouages mais la façon dont ils sont traités ici m’a intéressée, on sent bien que choisir son tatouage quand on fait partie d’un gang n’est pas anodin : il est bien vu de choisir Staline ou un animal sauvage qui vous donnera un peu de ses pouvoirs. Pour Paul, le tatouage est une question de survie à la fois parce que sa force est dans son talent de tatoueur mais aussi parce que ses propres tatouages sont sa thérapie et sa façon de se sentir plus fort. Son pouvoir provient de son passé et de son histoire, des personnes qu’il a croisées et aimées. C’est une BD que j’ai envie de qualifier de virile et mon seul bémol concerne la fin qui ne m’a pas emballée, d’abord parce que je ne la trouve pas crédible et ensuite parce qu’elle est liée à un élément fantastique et que cela me gêne toujours.

Jérôme a aussi beaucoup aimé.

Publié chez Lombard en novembre 2014. 88 pages. 15/20

BdFaitSonFestival2015

17 réflexions sur « Little Tulip de François Boucq et Jérôme Charyn »

  1. Il serait de bon ton que je lise ce titre 🙂
    En fait, je bute bêtement sur la couverture et ce, malgré la lecture de différentes chroniques, à commencer par celle de Jérôme et jusqu’à la tienne. Le dessin n’est pas de ceux vers lesquels je me tourne mais il y a quelque chose dans le scénario, dans la manière dont vous en parler, qui me laisse penser que ça pourrait quand même me plaire (peut-être ^^)

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    1. Alors que moi, tu m’imagines forcément taouée, Sylire, n’est ce pas? 😉 Bon le tatouage n’est pas ma tasse de thé du tout mais là, je pense que c’est une métaphore pour le dessin.

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  2. Un très bel album avec deux auteurs que j’adore. La fin est ratée, je suis d’accord et c’est bien dommage.
    Et sinon sache que Jérôme Charyn est un de mes écrivains américains préférés, j’ai lu au moins 20 romans de lui 😉

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  3. J’attends que tu me donnes ton titre préféré pour le découvrir alors. Je ne savais pas que c’était un grand auteur. Décidément, en ce qui concerne la littérature américaine virile, tu es ma référence. 😉

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    1. Charyn, ce n’est pas spécialement viril, c’est assez inclassable en fait. J’aime par dessus tout chez lui ses romans consacrés à la communauté juive de New-York et du Bronx des années 40. C’est sa ville, son quartier, son enfance, et il a écrit de très belles choses à propos de sa mère notamment.

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  4. J’ai aimé cette lecture, je ne sais pas si tu as vu le tirage en noir et blanc où seul les tatouages sont violets ? Le traitement de la couleur et du noir et blanc provoque un effet fort mais différent. J’ai beaucoup aimé la mise en valeurs des tatouages en violet.

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