Coquelicots d’Irak (Trondheim & Findakly)

© Brigitte Findakly, Lewis Trondheim & L’Association – 2016

Des souvenirs d’enfance à Mossoul. De vieux clichés, témoins de ces morceaux de passé, instants heureux et insouciants des sorties en famille. Radieuse, une enfant pose entre les pattes des lions ailés du site de Nimrod ou bien escalade les pierres du site d’Hatra.
« Mais on n’avait strictement pas le droit d’emporter des pierres. Les voitures étaient fouillées à la sortie du site pour le préserver à jamais ». Des souvenirs à jamais ancrés dans un passé révolu, l’Etat islamique a détruit en 2015…

Brigitte Findakly raconte l’histoire de sa famille. Elle explique la rencontre de ses parents – en 1950 – dans une gare française et l’arrivée de sa mère en Irak. Elle parle de sa scolarité à Mossoul et de l’étymologie de son nom de famille. De ses rapports avec son frère aîné, de ses amitiés… tout un quotidien où se mêlent cultures et traditions françaises et irakiennes. Il est également question de religion, d’éducation, d’identité et de déracinement.

Lorsqu’elle a 13 ans, son père décide que pour leur sécurité à tous, il est préférable pour eux de s’installer en France. Jusque-là, elle n’avait séjourné en France qu’aux périodes de vacances. Très vite, Brigitte Findakly a le mal du pays. La vision idyllique qu’elle avait de la France se heurte à la réalité. La dynamique familiale est profondément modifiée. A cela s’ajoutent les difficultés d’intégration, le racisme, un rythme de vie plus agressif…

Avec tendresse et un peu de nostalgie, elle décrit ces jours heureux. Des bribes de son enfance se succèdent et l’auteure les agrémentent de quelques incartades dans le présent. Brigitte Findakly partage généreusement sa mémoire. A l’extérieur de la bulle familiale, son regard d’enfant perçoit le chaos d’un pays à l’histoire douloureuse et chaotique. Elle fait revivre l’Irak qu’elle a connu à l’aide de petites anecdotes et livre ainsi ses souvenirs des événements qui ont marqués son pays natal. On voit parfaitement qu’à mesure qu’elle grandit, sa compréhension du contexte socio-politique s’affine ; une histoire qui a connu moult remaniements, les coups d’état successifs, la censure, l’extermination des juifs, les coutumes irakiennes… Malgré tout, on sent que cette vie « d’avant » manque à la narratrice mais la nostalgie n’alourdit pas le scénario.

Son compagnon, Lewis Trondheim, est au dessin. Léger et fluide, l’absence de cases crée une ambiance inespérée. L’ambiance graphique est pleine de fraîcheur comme si le fait de raconter cette enfance rendait heureux. Les touches de couleurs généreuses égayent cette histoire de famille et lui donnent un petit côté amusé. De vieilles photos de famille sont insérées par lot de trois ou quatre clichés ; elles marquent symboliquement la fin de chaque grand chapitre.

Les auteurs ont fait de choix de ne faire apparaître aucun repère visuel pour marquer la fin d’une anecdote / le début d’une autre. L’absence de transition (titre des saynètes, marqueur de temps…) ne met pas en difficulté le lecteur. On se repère très facilement dans cet album savoureux.

Le témoignage est touchant. On sent une famille heureuse et unie, un profond respect de l’auteure pour ses parents aux caractères aussi différents que complémentaires (un père altruiste, une mère attentionnée mais au contact plus farouche). Beaucoup de passé, un peu de présent. Une histoire personnelle qui nous accueille à bras ouverts.

Beaucoup de plaisir à partager cette lecture commune avec Noukette. Un beau mercredi BD qui se donne aujourd’hui rendez-vous chez Moka !

Lu dans le cadre de l’opération Price Minister « La BD fait son Festival »

A lire aussi les chroniques de Charlotte et de Saxaoul.

Coquelicots d’Irak

One shot
Editeur : L’Association
Dessinateur : Lewis TRONDHEIM
Scénaristes : Brigitte FINDAKLY & Lewis TRONDHEIM
Dépôt légal : août 2016
112 pages, 19 euros, ISBN : 978-2-84414-628-1

Bulles bulles bulles…

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Coquelicots d’Irak © Brigitte Findakly, Lewis Trondheim & L’Association – 2016

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

35 réflexions sur « Coquelicots d’Irak (Trondheim & Findakly) »

    1. Un bel album. Très agréable de découvrir le regard de l’auteure sur son pays natal. Et puis beaucoup de bonne humeur pour accompagner la lecture 😉

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    1. J’ai un souvenir en demi-teinte sur l’album de Delisle (par contre, je suis étonnée de constater qu’il me reste autant de détails quant à mes impressions de lecture)
      J’ai largement préféré cet album de Findakly & Trondheim 😉

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  1. Un bien joli témoignage oui, qui arrive à dire l’essentiel tout en restant léger. Pas certaine d’en garder un souvenir impérissable mais j’ai passé un bon moment ! Merci pour le partage madame ! ❤

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    1. Et merci à toi aussi 😉 ❤
      Je crois qu'il me marquera un peu. Il y a des réflexions que j'ai bien aimé et notamment cette incompréhension qu'elle partage au sujet des agissements de Daesh.

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  2. Ai bien aimé cette chouette BD mais finalement, après 2 ou 3 mois, il ne m’en reste plus rien ou si peu !
    Va comprendre :-p
    Bisous copine ❤

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    1. Tsss tsss tsss :mrgreen:
      Je te comprends. J’ai bien du mal à organiser mes priorités de lecture. La PAL est bien achalandée et pourtant… il y a cette tentation et ce désir permanent de continuer à la nourrir :mrgreen:

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  3. Les dessins ne m’attirent pas spécialement mais le fait d’avoir glissé des photos, si!
    Quant au thème, oui, il m’interpelle! J’aime ce genre de livre.

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    1. J’en étais persuadée avant même de l’ouvrir. J’ai tourné autour de l’album pendant le festival d’Angoulême et j’avais bien failli l’acheter ! 😀

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