Quatre jours de descente (Bonne)

Bonne © Mosquito – 2017

Un procès.
Celui de Salesky. Un polonais un peu étrange. Un étranger.

Un procès pour juger un assassin. Un procès pour juger l’auteur d’un crime qui s’est passé en pleine nuit, sans aucun témoin alentours.

Charles Myrmetz a été désigné pour faire partie des jurés de la Court d’Assise. Pendant le procès, il se rend compte que l’accusé est innocent. Dans le même temps, Charles est pris de malaises soudains et victime de d’étranges visions.

Pendant que les témoins (voisins, commerçants…) défilent à la barre pour s’exprimer sur le regard qu’ils portent sur le mode de vie marginal du Polonais, donnant lieu à un déferlement de fantasmes haineux, Charles quant à lui suit un chemin inverse.

– Le soir, je l’entendais sacrifier des animaux au Seigneur des Ténèbres. J’entendais les incantations maléfiques !
– Madame Giacomini !
– Demonio !
– Madame Giacomini. Je vous en prie…
– Vous ne comprenez pas ! C’est un sorcier !
– Huissier ! Faits-la sortir !

Quatre jours de descente – Bonne © Mosquito – 2017

On imagine la pression qui doit peser sur nos épaules lorsqu’on apprend qu’on a été tiré au sort pour être juré d’Assises. Et pour avoir été confrontée à la question lors d’un accompagnement que j’effectuais, il est très difficile d’obtenir la révocation de la décision (les conditions pour se rétracter sont limitées et il faut fournir plusieurs documents pour que l’administration accepte d’examiner votre demande… et vous réponde favorablement).

Cela, Grégoire Bonne ne le dit pas dans son scénario mais il impulse la réflexion tout en s’attardant sur un autre aspect de cette obligation. Avec parfois peu de mots mais de généreux coups de pinceaux, il montre le cercle vicieux dans lequel est enfermé son personnage : une responsabilité à honorer, une écoute attentive à avoir pendant quatre jours, une décision finale à prendre. De cette dernière dépend la vie d’un homme…

On sent bien le poids de cette responsabilité, on sent le stress et la nervosité. Le personnage n’en dort plus. Il est mal, stressé, nerveux. On prend ses doutes en plein visage, sa crainte d’avoir à juger un homme est d’autant plus forte que cette histoire se déroule dans les années 60. L’homme assis sur le banc des accusés est passible de la peine de mort.

Pour épicer l’intrigue, Grégoire Bonne instille un étrange paradoxe dans son récit et une vérité qui se situe à mi-chemin entre le rêve et la réalité. L’auteur nous montre un homme tiraillé entre ce qui relève du bon sens et l’envie folle de suivre son instinct. Sachant que le temps est compté, que le procès se déroule sur quatre jours… Tout est fait pour que l’on se sente pris entre eux feux.

Voilà un album qui mérite un coup d’œil appuyé ! Visuellement, c’est un régal et pour ne rien gâcher, le scénario qui l’accompagne est solide.

Quatre jours de descente

One shot
Editeur : Mosquito
Dessinateur / Scénariste : Grégoire BONNE
Dépôt légal : septembre 2017
78 pages, 18 euros, ISBN : 978-2-35283-446-5

Bulles bulles bulles…

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Quatre jours de descente – Bonne © Mosquito – 2017

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

12 réflexions sur « Quatre jours de descente (Bonne) »

    1. Les planches sont superbes oui ! J’ai rencontré Grégoire Bonne lors d’une séance de dédicace. C’est absolument fascinant de le voir à l’œuvre !!!

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