Dans un petit bled lorrain, la vie suit son cours modestement. Les rituels quotidiens se suivent et la misère bat son plein. Baru brosse une nouvelle fois le portrait de « la France d’en bas », celle qui lui est si chère, celle qui nous malmène et dont on lisse les contours anguleux à coup d’alcool et de camaraderie.
Là, dans les Vosges, va se jouer un drame. Au cours d’une sortie organisée par l’orphelinat du coin, un enfant handicapé a échappé à la surveillance de l’éducatrice, la jeune Sylvette, qui a profité de ce moment de « détente » pour batifoler avec José. Une battue est organisée pour retrouver l’enfant mais pour le moment, les volontaires sont rentrés bredouille. Par hasard, Anatole Brémond -un petit truand de basse souche- fait le lien avec une conversation qu’il a eue le matin même. Il pense pouvoir mettre les enquêteurs sur la piste de l’enfant plus par soucis de s’éviter des ennuis avec les flics, qui ont tendance à débuter leurs enquêtes en venant frapper à sa porte, que pour être réellement serviable.
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Un Baru très sombre que voilà et une ambiance assez miteuse, crasseuse et hostile. Les couleurs de l’album nous font ressentir le froid et l’humidité de la région, la rancœur de certains qui contraste avec l’humanité des autres. Une trame narrative qui n’est pas de lui, cet album est en effet une adaptation d’un roman de Pierre Pelot.
Une nouvelle fois, Baru nous livre une chronique sociale grinçante, celle d’une France désillusionnée, acariâtre, chômeuse qui, petits boulots précaires ou non, est toujours mal payés, celle d’une France ouvrière où les petits plaisirs se font si rares. En y injectant les thèmes de l’abandon d’enfant et du handicap, cela renforce d’autant le côté cinglant. Une fois la battue organisée, la situation de cet enfant va réactiver des souffrances enfouies et mettre le feu aux poudres. Un thriller intéressant qui exploite de nombreux clichés comme le personnage de cette Directrice de foyer pour enfants qui n’aurait pas dénoté dans la famille des Ténardier et qui permet d’aborder l’avidité et les mauvais traitements à enfants. Autre ingrédient entrant en jeu, celui de la liberté de la presse dont la réalité est bien sombre, surtout lorsqu’on est un petit « journaleux » à la rubrique des chiens écrasés de la feuille de chou locale.
Un milieu où les mots sont un exutoire et la seule arme pour combattre la misère. Un ton grinçant, des personnages muselés par un contexte social aux perspectives limitées… beaucoup n’aiment pas ce Baru-là… moi, ce n’est pas mon cas.
Pauvres Zhéros
One Shot
Éditeur : Casterman
Collection : Rivages/Noir
Dessinateur / Scénariste : BARU
Adaptation d’un roman de Pierre PELOT
Dépôt légal : mai 2008
ISBN : 220301024X
Bulles bulles bulles…
Baru et Pelot sont tous deux lorrains (Pelot dans les Vosges) ce qui explique la localisation…
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d’ailleurs, quand je lis des albums de Baru, ça me rend un peu nostalgique de l’air frais de là-bas 😉 La distance crée parfois des réactions bien étranges 🙂
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Vraiment très très sombre mais pour le coup, Baru fait dans l’adaptation, c’est peut-être ce qui perturbe certains de ses fidèles lecteurs. Personnellement, je partage ton avis, c’est une excellente BD qui décrit parfaitement un environnement très très déprimant…
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oui, c’est vrai que si on s’attend à un récit ludique, on passe à côté de ce récit. Mais il en faut des récits de cette trempe, sinon, quel ennui dans les lectures ! ^^
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Moi j’aime bien Baru 🙂
Pas encore lu celui-là mais avec les nombreuses rééditions dont il vient de bénéficier, l’auteur devrait bientôt apparaitre sur mon blog… ^^
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oui, c’est très positif le fait qu’il soit Président du jury d’Angoulême cette année. On le trouve plus facilement en librairie 🙂 Ce qui n’est pas sans me déplaire !
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