Bye bye, my brother (Yanagawa)

Yanagawa © Sakka – 2013
Yanagawa © Sakka – 2013

Nido est un ancien boxeur. Suite à une agression dont il a été victime, il a dû mettre fin à sa brillante carrière. Depuis cet événement, il ressasse le passé, ses parents qui les ont abandonnés, son frère et lui, alors qu’ils n’étaient encore que des enfants. Puis la mort de son frère cadet des suites d’une pneumonie.

Depuis son accident, Nido part à la dérive. Il se clochardise. Pour survivre, il vend des magazines à la sauvette mais cela l’aide à peine à s’acheter une miche de pain. Jusqu’au jour où il rencontre Shiro, un jeune boxeur, à qui il propose de devenir son entraîneur.

Yanagawa © 2012
Yanagawa © 2012

Dans la postface, Yoshihiro Yanagawa revient sur les difficultés qu’il a rencontré pour se faire éditer. Dans un premier temps, le récit a été publié en épisodes dans Manga Sunday, un magazine hebdomadaire japonais. L’année suivante, l’auteur apprend l’existence d’un concours qui permettrait au vainqueur de signer un contrat avec un éditeur. Yanagawa s’inscrit sans trop y croire et rafle la mise !! En 2012, il tient enfin en main un exemplaire relié de Bye bye, my brother

Finalement, ce récit dispose d’un beau parcours d’autant qu’il est repéré par un éditeur français qui le publie seulement un an après sa sortie au Japon.

Quant à moi, j’ai eu envie de découvrir ce one shot après avoir lu les articles de Sébastien. On entre rapidement dans cet univers anthropomorphique, la douceur des visuels permet d’investir facilement le personnage principal. Nous sommes amenés à côtoyer un homme intègre et refusant presque toute aide extérieure. Son parcours et sa situation actuelle nous touchent.

On pourrait cependant reprocher à ce récit d’être puéril (l’auteur s’en explique d’ailleurs en postface). La situation de Nido est dramatique et le voir refuser des sommes d’argent rondelettes me laisse dubitative. Le fait de connaître grossièrement la culture nippone et les valeurs morales qu’elle porte m’a permis de relativiser tout au long de la lecture.

En parallèle, la palette de personnages est intéressante. J’aurais certainement effleuré ce récit s’il n’y avait eu la présence d’Adam, le Dieu de la Mort. Ce dernier décale un peu le discours, lui donne plus de portée et offre une touche fantastique très appréciable. Pour ne rien gâcher, le bonhomme est assez convivial (bedonnant, très jovial et toujours tiré à quatre épingles). Il nous intrigue et nous amuse à la fois. Il dénote dans la répartition basique des autres personnages secondaires : les gentils sont très gentils (un peu moralisateurs tout de même mais cela n’alourdit pas le propos) et les méchants ne sont pas trop méchants (peut-être un peu trop obstinés voire capricieux pour certains). Finalement, Adam offre une petite touche épicée qui nous permet de ne pas tomber dans le pathos et/ou dans l’excès de bonnes intentions.

L’anthropomorphisme m’a certainement aidé à passer outre quelques détails narratifs grossiers. Tout d’abord, la simplicité avec laquelle certains événements sont traités a de quoi déstabiliser. En cela, la présence d’Adam arrive toujours à point nommé et évite au récit de s’enliser. Ensuite, les tics de langage du personnage principal qui conclut généralement par un « c’est pas glop »parfois mal à propos. Finalement, je pense garder le souvenir d’une histoire très humaine. Elle véhicule un discours sain, sans aucune ambiguïté… de quoi donner envie de faire lire ce titre à de jeunes lecteurs (la présence d’un adulte durant la lecture est cependant nécessaire).

J’ai été sensible à la douceur de cet univers. Yoshihiro Yanagawa livre un dessin remarquable. Fluidité du trait, découpage des cases opérant, expressivité des personnages, bon rendu des mouvements (amplitude, vitesse…)… de ce côté-là, le lecteur se laisse totalement porter par les visuels. Les scènes de combat sont agréables à observer ; ni trop rares ni trop nombreuses, elles donnent finalement une énergie positive à cette histoire.

Une lecture que je partage avec Mango et les lecteurs BD du mercredi

Logo BD Mango Noir

PictoOKSympathique découverte. Je ne suis pas totalement emballée mais j’ai passé un agréable moment de lecture.

Le fait que ce soit un one shot a été un élément de poids au moment de l’achat !

Les chroniques : Sébastien, Zaelle, WongLi.

Du côté des challenges :

Tour du monde en 8 ans : Japon.

Tour du Monde en 8 ans
Tour du Monde en 8 ans

Extraits :

« Mon rêve ? Je crois que personne ne m’en a jamais privé! Si tu veux poursuivre dans la boxe, il faut que tu arrêtes de le faire parce que tu as des problèmes de conscience. Tout ce qu’on fait dans la vie doit l’être avant tout pour soi-même » (Bye bye, my brother).

« Vous savez, avec le temps, les adultes acquièrent la sagesse nécessaire pour oublier le chagrin ou pour fuir les difficultés de la vie, même temporairement. Pour lui [un enfant], ce n’est pas possible ! Tout son chagrin s’accumule dans ce petit corps et un jour où l’autre, tel un cerf-volant dont le fil a été coupé, il mourra sans jamais avoir su où aller ni où se poser » (Bye bye, my brother).

Bye bye, my brother

One shot

Editeur : Casterman

Label : Sakka

Dessinateur / Scénariste : Yoshihiro YANAGAWA

Dépôt légal : janvier 2013

ISBN : 978-2-203-06238-2

Bulles bulles bulles…

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Bye bye, my brother – Yanagawa © Sakka – 2013

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

24 réflexions sur « Bye bye, my brother (Yanagawa) »

  1. J’ai vu l’article de Zoo…ce titre m’interpelle…et ton billet très argumenté donne envie de le lire…^.^…
    Amicalement…Jack

    J’aime

    1. Je n’ai pas encore lu l’article de Zoo en revanche, je me suis laissée convaincre par le dossier de Sébastien (192pnb) qui a bien couvert cette sortie.
      Contente de l’avoir lu cet album mais j’aurais peut-être attendu d’avoir une accroche un peu plus « forte » ^^

      J’aime

  2. Sympatique découverte mais pas totalement emballé, c’est exactement mon avis (il y du copyright ou je peux reprendre la phrase telle quelle dans mon billet^^). J’aurais bien aimé en tout cas partager cette lecture commune avec toi. M’associer à ton retour au manga, ça m’aurait fit plaisir^^

    J’aime

    1. Il n’y a pas de copyright et tu peux reprendre la phrase ou la bidouiller à ta sauce ^^
      Je considère de toute façon avoir fait cette découverte avec toi. Pendant toute ma lecture, je me suis demandé comment tu accueillerais ce récit et ce que tu en penserais. Pour ton article, je saurais attendre… on n’est pas papa tous les jours 😉 ^^

      J’aime

  3. Je l’avais répéré également, je retiens qu’il est à découvrir ! D’autant qu’il devrait plaire à mon fils, mon compagnon de mangas ^^

    J’aime

    1. Je ne sais pas quel âge à ton fils. Je me suis imaginé la lecture avec le mien (qui vient d’avoir 7 ans) et je sais que certains passages mériteront des explications : la mort, le paradis, le surnaturel…
      Mais visuellement, il n’y a pas de censure à faire pour un enfant 😉

      J’aime

      1. Il a 14 ans et il est plus grand que moi ;). Nous avons forcément des goûts différents mais j’ai installé ma bibliothèque mangas dans sa chambre, histoire de le tenter avec des titres différents, et il y fait souvent des emprunts… Je note d’ailleurs ta petite liste à Christie, j’approuve déjà « Quartier lointain » ou « Un ciel radieux » !

        J’aime

        1. J’ai noté de nombreux noms d’auteurs en visitant l’exposition consacrée à la Corée (à Angoulême). Je crois que je me suis bien faite à l’idée de revenir un peu vers ces récits venus d’Asie ^^

          J’aime

  4. Je n’ai lu qu’un manga pour le moment. Je ne pense pas que celui-ci sera le suivant j’ai envie d’une grosse claque, un monument quelque chose de fort. Si tu as des conseils je suis preneuse. J’aimerai découvrir un peu plus ce genre !

    J’aime

    1. Une grosse claque dans quel genre ???
      Grosse claque venue d’Asie je pense à « Massacre au Pont de No Gun Ri » mais c’est du manhwa (Corée)
      Je pense au « Chien gardien d’étoiles » qui m’a fait pleurer ^^ Ou a « Quartier lointain » et « Un ciel radieux » (Taniguchi m’a émue ^^). « Le pays des cerisiers » aussi sur les séquelles d’Hiroshima.
      Après, côté manga… j’y reviens à peine donc j’ai une vision assez étriquée de la chose ^^

      J’aime

  5. Je l’ai repéré aussi chez Sébastien et je me demandais si ça pourrait me plaire ou pas. Après vous avoir lus, Jérôme et toi, je suis toujours aussi perplexe!

    J’aime

    1. Je te comprends !! J’ai lu la chronique de Jérôme dans la journée et effectivement, ce que je retiens il l’écarte et inversement !! ^^

      J’aime

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.