Le Building (Eisner)

Le building
Eisner © Rackham – 1999

Le personnage principal de cet album est un immeuble new-yorkais. Au cours des décennies, il a contribué à façonner le visage de la ville. Domicile, lieu de travail, point de rencontre… ce vieil immeuble fut un jour démolit. Il a fait place à un nouvelle construction. Pour Will Eisner, « ces structures, mêlées de rire et tâchées de larmes, sont bien plus que des édifices sans vie. Il n’est pas possible qu’ayant partagé nos vies, elles n’aient de quelque façon absorbé les radiations de l’interaction humaine ».  L’auteur a donc imaginé que quatre fantômes, dont le destin était lié à l’ancien bâtiment, hantent le nouveau building. Quatre fantômes, quatre nouvelles pour cet album.

Voici un récit qui parle de la mémoire, du souvenir que l’on garde des choses et des événements. A peine le temps de se poser que le personnage s’évapore pour laisser place à une autre tranche de vie anodine, une autre âme en quête du repos éternel.

Second album de la trilogie « New-York », Le building est un album que je trouve discret à commencer par son apparence. Malgré son grand format et ses 80 planches, la couverture aux teintes de bleus délavés fait dans la sobriété. Un visuel qui n’est pas aguicheur si ce n’est cet homme à l’imper défraichit en avant-plan qui semble crouler sous le poids des années, il interpelle. Discrète ensuite cette lecture qui se fait dans un silence quasi religieux. On découvre les parcours de trois hommes et d’une femme. Des vies banales, des sentiments, des remords… La mise en page et les visuels sont magnifiques ! On les accompagne jusqu’à la mort et même au-delà puisque ce sont des fantômes. Eisner met en avant leurs désillusions passées, leurs ambitions inachevées. Ces personnages sortent furtivement de leur « chapitre » pour faire une apparition dans la destinée d’un autre. Certains se sont croisés de manière hebdomadaires pendant des années, parfois sans même se remarquer.

PictoOKQuelle étrange lecture ! Des personnages touchants même si je n’ai pas réellement accroché avec eux. En revanche, je me suis perdue dans les décors et l’agencement des planches. Lu d’une traite ! Et vous ?

Présentation de l’auteur sur Wikipédia et l’avis de Chaplum qui dispose toutefois d’une édition complétée (la mienne ne dispose pas des « Carnets de notes »).

Extraits :

« Depuis 80 ans, l’immeuble se tenait à califourchon à l’intersection de deux avenues principales. C’était un repère dont les murs survivaient aux pluies de larmes et aux averses de rire » (Le Building).

Le Building

One SHot

Éditeur : Rackham

Dessinateur / Scénariste : Will EISNER

Dépôt légal : octobre 1999

ISBN : 2-87827-030-4

Bulles bulles bulles…

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Le Building – Eisner © Rackham – 1999

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

6 réflexions sur « Le Building (Eisner) »

  1. J’étais justement en train de me dire qu’on ne possédait pas la même édition !
    Sur la mienne, l’homme à l’imper n’apparaît pas et le titre est francisé. Quel dommage tous ces changements !

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    1. Oui, du coup de regrette un peu de ne pas avoir eu la même version que toi. Par curiosité, j’aurais bien aimé jeter un oeil sur ce fameux carnets de notes.
      Après, c’est le problème des rééditions avec Eisner je crois. Le précédent album que j’ai lu de cet auteur (Le contrat chez Glénat) était originalement Un bail avec Dieu chez les Humano. Récemment Delcourt a repris les droits pour devenir Un pacte avec Dieu. Je trouve ça un peu dommage… caprice de traducteurs ? Le tire perd en visibilité

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    1. Je connais très mal Will Eisner, c’est seulement le deuxième album que je lis de cet auteur. Peut-être mieux vaut-il mieux commencer par le premier album de la trilogie (New-York ou La Ville, tout dépend de l’édition). C’est certainement ma prochaine lecture d’ailleurs

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  2. Ah, la magie de EISNER face à sa ville fétiche !
    Une ville comme un personnage.
    Vite : relire l’intégrale de Big City !
    Et prendre au passage quelques leçons d’art séquentiel…

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