« 1891. Entouré de ses amis artistes, Gauguin fête son départ pour Tahiti. Il souhaite y séjourner quelque temps, en quête d’un exotisme qui pourrait lui fournir la clé d’un art « autre ». Il reviendra de cet ailleurs fascinant avec des tableaux magnifiques, éclatants de couleurs et empreints du rêve d’un âge d’or primitif.
Li-An, qui a lui-même vécu plusieurs années à Tahiti, s’amuse à broder une vie aventureuse autour des éléments connus de la vie de Gauguin. On sait qu’il était un artiste exigeant, qu’il était marié, qu’il plaisait aux femmes et vice versa, qu’il aimait les rencontres et les voyages. Mais il y a encore tant de choses que l’on ignore sur lui… » (quatrième de couverture).
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L’album s’ouvre sur une préface de Jean-François Staszak (Directeur du Département de géographie à l’Université de Genève). Il nous donne quelques repères avant lecture :
Le personnage de Li-An est très proche du Gauguin historique, son univers possède les couleurs du peintre et celles de la Polynésie. C’est bien là l’artiste et son (sale) caractère ; c’est bien le Tahiti de la fin du XIXè siècle, qui l’a tant déçu ; c’est bien sa quête d’un improbable paradis primitif où bien vivre et peindre authentiquement. Ce récit relate ses espoirs et ses déceptions, ses réussites et ses échecs, son intransigeance et ses compromissions. (…) Gauguin savait s’affranchir de la vérité quand cela faisait bien dans le tableau, et en cela Li-An lui est fidèle.
Quelques difficultés pour parler de cet album qui, bien qu’intéressant, ne m’a donné aucun plaisir de lecture. Je suis restée très extérieure à ce qui se passe dans l’ouvrage. Le récit ne permet pas d’investir le personnage principal que l’on sent vénal et buté. Est-ce d’ailleurs l’objectif de Li-An que les lecteurs se saisissent de son Gauguin ? On effleure sa quête obstinée, on le voit errer… mais jamais peindre (étrange ! peut-être était-ce trop basique de montrer un peintre peindre ??). Les pages se tournent sur une narration saccadée. Il manque du liant dans le parcours du personnage principal, dans ses relations et dans les événements qu’il a vécus. Les bribes d’événements s’enchaînent tout au long de l’album et donnent la désagréable impression de sauter d’anecdote en anecdote. A plusieurs reprises, j’ai du reprendre la lecture quelques pages en arrière.
Un court séjour en France marque une rupture entre les « deux séjours à Tahiti ». Dans la seconde partie de l’album on découvre l’alcoolisme de l’artiste sans que les éléments antérieurs n’aient permis de prendre la mesure de sa dépendance. Le rythme du récit est également plus soutenu. De fait, cela amène de la confusion dans la compréhension de l’histoire, il devient même difficile de faire la part des choses entre réalité et échappées oniriques… Je pense que ce récit aurait mérité d’être publié en diptyque : un album par séjour polynésien permettant ainsi à Li-An d’étoffer à la fois l’univers et les personnages (ils disent de belles choses, mais on ne cerne pas leurs personnalités trop peu étoffées).
Menteur, voleur ! Tu nous as représentés étrangers à notre propre culture.
Ces gens passent mais ne nous marquent pas.
La colorisation que Laurence Croix offre une chaleur inespérée aux dessins de Li-An, créant ainsi une atmosphère inattendue pour cet album. Le trait est sec, parfois figé mais l’agencement des vignettes donne une bonne dynamique au récit. En revanche, les fonds de cases sont partiellement détaillés et rendent maladroitement compte du dépaysement que Gauguin est en train de vivre.
Cet album nous fait vivre les 12 dernières années de Gauguin, de son départ à Tahiti en 1891 à sa mort aux Iles Marquises en 1903. Un album que j’avais découvert chez Zaelle et que j’ai lu dans le cadre du Challenge Récits et Carnets de Voyages de Tiphanya.
Amatrice des œuvres de Gauguin mais pas de sa biographie ! Cela me fait visiblement du tort dans cette bande dessinée. Un récit assez hermétique qui trouvera peut-être plus écho auprès des « vrais » amateurs de l’artiste. A défaut d’avoir pris du plaisir à cette lecture, elle me permet peut être d’appréhender un peu mieux les chimères de cet homme.
Un album nominé pour la sélection Angoulême 2011.
Les publications du blog de Li-An dédiées à l’album.
Les avis de Cain (VirusBD), Bernard Launois et Julie sur l’album.
Extrait :
« Ne crois pas que nous sommes tous égaux à Tahiti. Oublie tout ça et dessine de belles choses. La vérité n’est pas toujours jolie » (Gauguin).
Gauguin
One Shot
Éditeur : Vents d’Ouest
Dessinateur / Scénariste : LI-AN
Dépôt légal : octobre 2010
ISBN : 9782749305417
Bulles bulles bulles…
Est-ce normal que ton billet soit intitulé « Fables amères » de Chabouté ? mdr !!! Quant à Gauguin, je ne suis pas très fan de son oeuvre et encore moins de sa vie (même si j’en sais très peu) … par contre, le côté Tahiti me plait bien ! Mais je ne suis pas sûre que cela soit suffisant pour trouver un intérêt dans cette lecture (j’ai peur de m’ennuyer et de passer à côté de plein de choses !)
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Sur la vie de Gauguin, je devais en savoir à peu près autant que toi avant lecture (je ne sais pas si je peux réellement prétendre en savoir plus depuis ^^). Du coup, et connaissant un petit peu tes gouts, je ne suis pas sure que cet album te plairait…
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Oublie ma remarque sur le titre du billet …. je pense qu’il y a eu un mini bug car maintenant, j’arrive à accéder au billet sur Chabouté alors qu’il y a une minute, tous mes clics me renvoyaient à ton billet sur Gauguin !!!
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Je l’avais feuilleté au moment de sa sortie mais après avoir lu plusieurs avis mitigés, j’avais préféré passer mon tour.
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Ah, de mon côté, c’est l’inverse. Suite à l’avis de Zaelle, j’avais lu deux avis plutôt favorables (sans que ce soit non plus l’engouement total) mais les éléments avancés laissaient penser que cet album était intéressant. Bon… expérience ratée me concernant, je ne vois pas à qui conseiller cet album
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Je vais donc devoir trouver autre chose que l’Océanie. Mais je ne suis pas fan de Gauguin, donc ça partait mal, sans lire ton billet.
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J’ai un autre album sous le coude pour l’Océanie. Il faut que je t’envoie un mail aussi concernant le Challenge, j’en profiterais pour t’expliquer cela
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Depuis que Gradimir SMUDJA s’est mis à la BD, je trouve qu’il est très difficile d’aborder les artistes peintres de la fin du XIX° et du début du XX°s, tant il le fait avec talent !
Li-an s’attaquait à du lourd…
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oui, beaucoup d’œuvres souffrent de la comparaison. Dans un autre registre, David le soulignait récemment dans sa chronique sur Trop n’est pas assez.
En revanche, je ne connais pas le travail de Gladimir Smudja (lacune à combler semble-t-il… je t’entends le dire d’ici ^^). Je suis donc arrivée vierge de toute attente, si ce n’est celui du voyage permis par la lecture. Li-An n’y parvient pas
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Je viens d’acheter cette BD, je vais voir si elle me plait plus que la description de ce billet 🙂 A bientot !
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Bonjour et bienvenue,
j’échangerais volontiers sur vos impressions de lecture !
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