La Bible d’après Wolverton

Wolverton © Diábolo Editions – 2013
Wolverton © Diábolo Editions – 2013

Basil Wolverton (1909-1978) est un auteur de bande dessinée et illustrateur américain. Il est connu pour avoir réalisé Spacehawk (publié dans Target Comics), MAD ou encore Powerhouse Pepper (publié dans Marvel, Timely et Humorama). Nous apprenons dans les préfaces de ce recueil que Wolverton a influencé des auteurs comme Robert Crumb ou Charles Burns

Wolverton travaille chez lui. Il a pris l’habitude de dessiner en écoutant la radio, c’est ainsi qu’il découvre les émissions radiophoniques d’Herbert Armstrong diffusées sur Radio Church of God (créée en 1933). Mais Wolverton n’était pas d’accord avec Armstrong. Il décide de lui écrire pour « contester ses affirmations sur l’existence de Dieu. Mais en fin de compte, après un an ou deux, Wolverton se laissa convaincre par la théologie d’Armstrong… » (extrait des propos de Monte Wolverton en préface). Peu à peu, les correspondances entre les deux hommes deviennent régulières jusqu’à ce qu’ils se rencontrent et sympathisent. Outre les émissions qu’il anime, Herbert Armstrong a fondé l’Eglise Universelle de Dieu à la fin des années 1930, ainsi que l’Ambassador Collège en 1946. Sur Wikipedia, on apprend qu’Armstrong a prêché un ensemble éclectique de doctrines théologiques et des enseignements qui, selon lui, est venu directement de la Bible. Armstrong parvient à convertir Wolverton a ses enseignements théologiques :

« En 1955 Basil Wolverton, prolifique et célèbre auteur de bande-dessinée qui publiait depuis 30 ans aux USA mais qui s’éloignait de plus en plus de sa profession, s’engage dans l’Eglise Evangélique Worldwide Church of God and Ambassador, dirigée par Herbert W. Armstrong. C’est ce charismatique prédicateur qui lui commande le dessin des épisodes de l’Ancien et du Nouveau Testament pour les publier dans une revue de leur congrégation religieuse » (extrait du synopsis de l’éditeur).

Enfin, pour finir de présenter ce recueil de manière générale, je souhaitais préciser que Monte Wolverton, le fils de Basil, a collaboré à la réalisation de cette compilation. Ses propos avisés sur le travail de son père nous font profiter d’éclairages quant aux méthodes de travail de son père (quels autres projets Wolverton suivait-il en parallèle ? place de son travail artistique dans sa vie privée…) et quant à la conception de nombreuses illustrations. Ainsi, Monte introduit chaque chapitre d’un préambule argumenté. Il y précise la présence d’originaux, aborde les événements polémiques qu’on put susciter certaines illustrations, parle des changements dans l’utilisation d’un outil de travail ou d’une technique (utilisation de marqueurs chimiques par exemple)… autant d’éléments qui permettent au lecteur d’affiner sa perception du travail artistique qu’il est en train de découvrir.

« Wolverton ne voulait pas que son histoire paraisse religieuse, moralisatrice ou bigote. Il voulait qu’elle surgisse comme un conte, simple, avec des illustrations provocatrices et peu conventionnelles. Il espérait que son produit serait lu par des laïques aussi bien que par des religieux » (extraits des propos de Monte Wolverton en préface).

Quant à la forme de cet album : il se découpe en huit chapitres qui reprennent fidèlement la trame chronologique des écrits bibliques. Nous survolerons donc ces textes sacrés en se concentrant uniquement sur les illustrations réalisées par Wolverton. Le lecteur n’accède donc pas à l’intégralité des textes de la Bible. En revanche, cet ouvrage recense l’intégralité des illustrations de Wolverton. Chaque visuel est complété d’une légende d’accompagnement rédigée par B. Wolverton. L’occasion de redécouvrir Adam & Eve, Noé, Moïse, Salomon… Le lecteur est face à des réalisations hyper travaillées. Le dessin est minutieux et fouillé, comme en témoigne l’anecdote relative à l’illustration de la page 21 :

Wolverton © Diábolo Editions – 2013
Wolverton © Diábolo Editions – 2013
« L’illustration de la création d’Adam contient plus de 1000 points, comptés par Wolverton à mesure qu’il pointillait (celle-ci est l’originale ; la version de la couverture a été coloriée pour ce volume) ».

PictoOKWolverton s’est consacré à ce projet de 1953 à 1974. On a donc le loisir de voir évoluer son trait qui gagne en fluidité, en expressivité et en force.

Très bel ouvrage qui permet de revisiter la Bible cependant, j’ai ressenti une lassitude à force de côtoyer des textes d’accompagnement succincts qui se concentrent uniquement sur des faits marquants de la Bible. Une compilation intéressante mais il est nécessaire de moduler le temps de lecture en marquant des pauses.

Le site dédié à l’œuvre de Basil Wolverton est animé par son fils, Monte. Lire aussi la chronique de Jean-Pierre Dionnet (site des humano).

Pour en savoir plus sur Wolverton, il y a cette excellente bio sur le site de du9.

La Bible de Wolverton

Compilation d’illustrations

Editeur : Diábolo Editions

Dessinateur / Scénariste : Basil WOLVERTON

Dépôt légal : mai 2013

ISBN : 978-84-15839-06-4

Bulles bulles bulles…

Quelques pages à feuilleter sur le site de l’Editeur.

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La Bible de Wolverton – Wolverton © Diábolo Editions – 2013

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

10 réflexions sur « La Bible d’après Wolverton »

    1. Sur ce travail spécifique oui, on voit en quoi il a influencé Crumb. Par contre, pour avoir vadrouillé un peu sur la toile afin de mieux me représenter son travail, je peux dire que les illustrations qu’il a réalisées dans ce contexte sont très différentes de ce qu’il réalisait par ailleurs.

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  1. Une autre façon d’aborder l’ancien et le nouveau testament. Je pense que j’aimerai assez ne serait ce que pour avoir l’éclairage de cet auteur …

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    1. L’auteur n’apporte aucun éclairage dans le sens où il ne commente pas les textes originels. Par contre, il a bénéficié d’une grande liberté dans le choix des passages qu’il souhaitait mettre en image. Après, les commentaires de son fils (Monte Wolverton) nous apprennent que certaines illustrations ont été censurées (certaines sont publiées pour la première fois dans ce recueil, d’autres avaient été publiées mais certains détails graphiques ont été retirés car jugés trop violents). On voit à quel point les mentalités ont évoluées depuis…

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  2. J’ai pensé à toi hier soir en écoutant les résultats de la Palme d’or à la radio… c’est sur ton blog que j’avais découvert l’album « Le bleu est une couleur chaude » que j’ai adoré par la suite quand j’ai pu le lire. J’ai juste trouvé que les critiques mettaient longtemps à rappeler que le film était adapté d’une magnifique bande dessinée…

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    1. Se dire qu’on va lire La Bible n’a rien de « naturel » pour moi. Sans les cours de cathéchisme, je ne pense pas que je l’aurais lu spontanément (je n’ai pas cette curiosité concernant ce qui touche au spirituel) 😉

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  3. Je viens de terminer cette Bible et je partage parfaitement ton avis. Si c’est un bel ouvrage, il est plutôt réservé aux inconditionnels de Basil Wolverton et encore, parmi ses fans, certains ne seront pas forcément séduits par ce recueil dont les illustrations sont très différentes de ses Spacehawk ou Lena the Hyena.

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    1. tout à fait. J’ai lu le premier tiers de l’album d’une traite et ensuite, j’ai ressenti le besoin de marquer des pauses dans la lecture. Intéressant, mais un peu dense. Il va à l’essentiel en revanche, j’ai apprécié cette concision. Après, j’avais lu la Bible quand j’étais au Collège… une lecture qui date un peu trop pour que je puisse apprécier le travail de Wolverton avec un peu plus de pertinence que ce que j’ai proposé dans mon article ^^

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