Ca pousse (Canottiere)

Canottiere © : Diábolo Editions – 2013
Canottiere © : Diábolo Editions – 2013

Ça pousse est un petit recueil de strips de 128 pages. Il contient des anecdotes de la vie courante. Les acteurs principaux sont des enfants âgés de 3 à 8 ans qui réagissent au monde qui les entoure. Lorena Canottiere, auteure italienne, consigne depuis plusieurs années ces réactions sur le blog Ça pousse avant de les compiler dans cet ouvrage (format à l’italienne, deux strips par page).

Ce sont des situations vécues, entendues ou rapportées par des proches mais également par les internautes qui suivent le blog.

Le dessin de Lorena Canottiere est vivant. Ses strips d’une bande parviennent à retranscrire les propos avec beaucoup de malice. D’une à trois cases chacun, ces petits gags nous permettent de comprendre globalement le contexte dans lequel les propos ont été formulé et se concluent sur la réflexion enfantine qui invite forcément l’adulte à sourire.

Des regards décalés et naïfs sur les conventions et les codes du monde des adultes. Une grande partie de ces réactions m’ont souvent laissée de marbre, certaines m’ont amusées et une poignée d’entre elles m’ont fait rire aux éclats. Je crois que les réactions suscitées sur le lecteur dépendront essentiellement de son propre vécu (souvenirs d’enfance ou situations vécues avec ses propres enfants).

Les strips sont organisés en fonction de 10 grandes thématiques identifiées : la vie courante, la religion, l’alimentation, les mots (jeux de mots), le monde imaginaire de l’enfant, l’anatomie, la famille, les rêves et les ambitions, l’éducation (les bonnes manières) et la « philosophie ».

Quoiqu’il en soit, Ça pousse est un livre ludique et agréable ; il nous invite, adultes, à décaler un peu notre regard sur des choses qui semblent être l’évidence même mais que les enfants ne manqueront pas d’interroger, nous montrant ainsi que tout ne va pas de soi.

Ce livre s’adresse essentiellement à un lectorat adulte. Quelques anecdotes préalablement sélectionnées par le parent pourra également amuser un lectorat plus jeune.

Le blog de la série et la page Facebook.

Ça pousse

Recueil

Editeur : Diábolo Editions

Dessinateur / Scénariste : Lorena CANOTTIERE

Dépôt légal : juin 2013

ISBN : 978-84-15839-07-1

Bulles bulles bulles…

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Ça pousse – Canottiere © : Diábolo Editions – 2013

La Bible d’après Wolverton

Wolverton © Diábolo Editions – 2013
Wolverton © Diábolo Editions – 2013

Basil Wolverton (1909-1978) est un auteur de bande dessinée et illustrateur américain. Il est connu pour avoir réalisé Spacehawk (publié dans Target Comics), MAD ou encore Powerhouse Pepper (publié dans Marvel, Timely et Humorama). Nous apprenons dans les préfaces de ce recueil que Wolverton a influencé des auteurs comme Robert Crumb ou Charles Burns

Wolverton travaille chez lui. Il a pris l’habitude de dessiner en écoutant la radio, c’est ainsi qu’il découvre les émissions radiophoniques d’Herbert Armstrong diffusées sur Radio Church of God (créée en 1933). Mais Wolverton n’était pas d’accord avec Armstrong. Il décide de lui écrire pour « contester ses affirmations sur l’existence de Dieu. Mais en fin de compte, après un an ou deux, Wolverton se laissa convaincre par la théologie d’Armstrong… » (extrait des propos de Monte Wolverton en préface). Peu à peu, les correspondances entre les deux hommes deviennent régulières jusqu’à ce qu’ils se rencontrent et sympathisent. Outre les émissions qu’il anime, Herbert Armstrong a fondé l’Eglise Universelle de Dieu à la fin des années 1930, ainsi que l’Ambassador Collège en 1946. Sur Wikipedia, on apprend qu’Armstrong a prêché un ensemble éclectique de doctrines théologiques et des enseignements qui, selon lui, est venu directement de la Bible. Armstrong parvient à convertir Wolverton a ses enseignements théologiques :

« En 1955 Basil Wolverton, prolifique et célèbre auteur de bande-dessinée qui publiait depuis 30 ans aux USA mais qui s’éloignait de plus en plus de sa profession, s’engage dans l’Eglise Evangélique Worldwide Church of God and Ambassador, dirigée par Herbert W. Armstrong. C’est ce charismatique prédicateur qui lui commande le dessin des épisodes de l’Ancien et du Nouveau Testament pour les publier dans une revue de leur congrégation religieuse » (extrait du synopsis de l’éditeur).

Enfin, pour finir de présenter ce recueil de manière générale, je souhaitais préciser que Monte Wolverton, le fils de Basil, a collaboré à la réalisation de cette compilation. Ses propos avisés sur le travail de son père nous font profiter d’éclairages quant aux méthodes de travail de son père (quels autres projets Wolverton suivait-il en parallèle ? place de son travail artistique dans sa vie privée…) et quant à la conception de nombreuses illustrations. Ainsi, Monte introduit chaque chapitre d’un préambule argumenté. Il y précise la présence d’originaux, aborde les événements polémiques qu’on put susciter certaines illustrations, parle des changements dans l’utilisation d’un outil de travail ou d’une technique (utilisation de marqueurs chimiques par exemple)… autant d’éléments qui permettent au lecteur d’affiner sa perception du travail artistique qu’il est en train de découvrir.

« Wolverton ne voulait pas que son histoire paraisse religieuse, moralisatrice ou bigote. Il voulait qu’elle surgisse comme un conte, simple, avec des illustrations provocatrices et peu conventionnelles. Il espérait que son produit serait lu par des laïques aussi bien que par des religieux » (extraits des propos de Monte Wolverton en préface).

Quant à la forme de cet album : il se découpe en huit chapitres qui reprennent fidèlement la trame chronologique des écrits bibliques. Nous survolerons donc ces textes sacrés en se concentrant uniquement sur les illustrations réalisées par Wolverton. Le lecteur n’accède donc pas à l’intégralité des textes de la Bible. En revanche, cet ouvrage recense l’intégralité des illustrations de Wolverton. Chaque visuel est complété d’une légende d’accompagnement rédigée par B. Wolverton. L’occasion de redécouvrir Adam & Eve, Noé, Moïse, Salomon… Le lecteur est face à des réalisations hyper travaillées. Le dessin est minutieux et fouillé, comme en témoigne l’anecdote relative à l’illustration de la page 21 :

Wolverton © Diábolo Editions – 2013
Wolverton © Diábolo Editions – 2013
« L’illustration de la création d’Adam contient plus de 1000 points, comptés par Wolverton à mesure qu’il pointillait (celle-ci est l’originale ; la version de la couverture a été coloriée pour ce volume) ».

PictoOKWolverton s’est consacré à ce projet de 1953 à 1974. On a donc le loisir de voir évoluer son trait qui gagne en fluidité, en expressivité et en force.

Très bel ouvrage qui permet de revisiter la Bible cependant, j’ai ressenti une lassitude à force de côtoyer des textes d’accompagnement succincts qui se concentrent uniquement sur des faits marquants de la Bible. Une compilation intéressante mais il est nécessaire de moduler le temps de lecture en marquant des pauses.

Le site dédié à l’œuvre de Basil Wolverton est animé par son fils, Monte. Lire aussi la chronique de Jean-Pierre Dionnet (site des humano).

Pour en savoir plus sur Wolverton, il y a cette excellente bio sur le site de du9.

La Bible de Wolverton

Compilation d’illustrations

Editeur : Diábolo Editions

Dessinateur / Scénariste : Basil WOLVERTON

Dépôt légal : mai 2013

ISBN : 978-84-15839-06-4

Bulles bulles bulles…

Quelques pages à feuilleter sur le site de l’Editeur.

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La Bible de Wolverton – Wolverton © Diábolo Editions – 2013

Le jeune Lovecraft, tome 1 (Oliver & Torres)

Oliver – Torres © Diábolo Editions – 2013
Oliver – Torres © Diábolo Editions – 2013

Nombreux sont les amateurs d’Howard Phillips Lovecraft, un auteur qui a excellé dans le domaine de la littérature de l’horreur. Ses univers mêlent fantastique et science-fiction ; il est capable de tordre la réalité au point de la rendre angoissante.

En préface, le scénariste José Oliver questionne cet engouement : « Qu’est-ce qui rend cet auteur si attirant ? Peut-être sa personnalité mystérieuse, truffée de légendes qu’il prenait plaisir à répandre parmi ses amis (…). Notre Lovecraft est différent du vrai : il n’était pas orphelin et vivait avec sa mère ; nos aventures rocambolesques l’auraient sans doute mené au bord de la dépression nerveuse ou quelque chose de semblable ».

Quoi qu’il en soit, José Oliver et Bartolo Torres ont exploité cette aura de mystères qui plane autour du célèbre romancier ; les auteurs espagnols se sont pris au jeu d’imaginer quel genre d’enfant il pouvait être. Il n’est pas nécessaire d’être spécialiste de Lovecraft, voire d’avoir lu ses œuvres, pour apprécier la lecture. En effet, l’univers qu’il a créé n’est présent qu’en clins d’œil. Ces derniers plairont certainement aux amateurs, les feront sourire. Quant aux lecteurs non initiés à H-P Lovecraft, ils ne devraient pas être gênés dans leur lecture. On découvre avant tout un jeune garçon solitaire et acariâtre qui côtoie avec difficulté ses camarades de classe et développe un intérêt immodéré pour le surnaturel.

Les Espagnols connaissant cette série de longue date. En effet, ses strips ont tout d’abord été pré-publiés séparément avant d’être compilés (en 2004) en vue de la publication du premier tome (Espagne toujours). Cette année, Diábolo Editions a décidé de se tourner vers le marché éditorial français et nous propose cinq albums de son catalogue. Ce joli mois de mai 2013 voit donc arriver dans les bacs de nos libraires :

Miaou de José Fonollosa (anecdotes domestiques vécues en compagnie des petites chattes, Belfi et Rufa dixit le dossier de presse présentant cet album humoristique),
Ça pousse de Lorena Canottiere (un album qui se base sur des faits réels et qui aborde le monde de l’enfance de façon ludique),
La Bible de Basil Wolverton (que je vous présenterais la semaine prochaine),
Pornographique de Nacho Casanova (recueil d’histoires érotiques).

Le cinquième ouvrage est ce premier tome du Jeune Lovecraft qui se passionne pour un monde imaginaire foisonnant. Le garçon ne s’effarouche pas à la vue d’une goule, d’une momie ou d’un fantôme et se tourne naturellement vers la magie noire grâce aux nombreux grimoires qu’il possède dans sa chambre (d’ailleurs, quoi de plus naturel que de créer un golem pour que ce dernier fasse vos devoirs à votre place ??!). Pour ne rien gâcher, le jeune Lovecraft fait preuve d’un esprit très vivace pour son âge. Il parvient à faire surgir des créatures qui sortent directement de mes souvenirs (ne vous ai-je jamais parlé de mon appétence à Lovecraft ?) mais ce jeune apprenti sorcier manque malheureusement d’expérience… Pour notre plus grand plaisir car ses incantations aboutissent rarement au résultat escompté et le mettent dans des situations cocasses.

Rapidement, le lecteur adopte ce jeune orphelin qui se dérobe à la vigilance de ses tantes et commande le Necronomicon au Père Noël… et c’est bien-là ce genre de détails qui m’a plu dans l’album. Les auteurs font cohabiter des univers totalement opposés, créant ainsi une ambiance atypique et réellement originale.

José Oliver enrichit également cet univers d’intermèdes littéraires durant lesquels le Lovecraft-junior réécrit quelques grands classiques comme Moby Dick, L’île au trésor ou Dracula (pour ne citer qu’eux). L’enfant laisse libre court à son imagination et détourne sans vergogne les récits originels pour y injecter des créatures de son invention ; Moby Dick devient ainsi la mascotte de Chtulhu qui entrera dans une colère folle en découvrant les sombres desseins du Capitaine Ahab.

Oliver – Torres © Diábolo Editions – 2013
Oliver – Torres © Diábolo Editions – 2013

Côté graphique, Bartolo Torres s’en donne à cœur joie. Son trait fluide est complété d’une faible palette de couleurs (noir, blanc, gris) ponctuellement rehaussées d’autres teintes (majoritairement du rouge). Son dessin est en apparence enfantin et la découpe des pages se compose presque invariablement de deux bandes de trois cases. Le format à l’italienne sert parfaitement la mise en page des strips mais il ne faut pas se méprendre : Le jeune Lovecraft n’est pas un album à mettre entre les mains des jeunes lecteurs qui ne profiteraient pas pleinement de cet humour à prendre au second degré.

PictoOKLe tout a tendance à faire profiter au lecteur d’une lecture dynamique, ludique, truffée d’humour et bourrée de références littéraires, musicales ou cinématographiques. Au final, mes appréhensions se sont rapidement révélées infondées, une très belle découverte tant d’un jeune héros qui devrait parvenir à convaincre les amateurs de Lovecraft et d’humour noir que d’un duo d’auteur qui mérite à être connu du lectorat francophone.

Je remercie Diábolo Editions pour m’avoir permis de faire cette découverte.

Le site de la série et sa page Facebook. Une interview de José Oliver sur le site Literautas (texte en anglais).

Courte présentation sur Le Rapide du Web et sur BulleDair.

Le jeune Lovecraft

Tome 1

Triptyque en cours (3 tomes édités en Espagne)

Editeur : Diábolo Editions

Dessinateur : Bartolo TORRES

Scénariste : José OLIVER

Dépôt légal : mai 2013

ISBN : 978-84-15839-04-0

Bulles bulles bulles…

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Le jeune Lovecraft, tome 1 – Oliver – Torres © Diábolo Editions – 2013