Tsunami (Piatzszek & Pendanx)

Piatzszek – Pendanx © Futuropolis – 2013
Piatzszek – Pendanx © Futuropolis – 2013

Cela fait huit ans que Romain est sans nouvelles de sa sœur Elsa. Alors, puisqu’il n’a pas une situation professionnelle mirobolante, que cette attente interminable est un supplice pour la famille, Romain décide de partir à sa recherche. Son seul point de chute est Banda Aceh, une ville située au Nord de l’Indonésie. Aux dires du privé engagé par la famille pour enquêter sur la disparition, c’est le dernier endroit que sa sœur a fréquenté.

Elsa est arrivée en Indonésie peu de temps après le tsunami de décembre 2004 qui a dévasté l’île. Elle est médecin humanitaire et a été amenée à intervenir auprès des habitants de l’ile à ce titre. Pendant un temps, Elsa a continué à envoyer de longues lettres à Romain, de quinze ans son cadet. Mais un jour, les correspondances ont cessé. Cette dernière était médecin humanitaire. Elsa était Et puis un jour, les longues correspondances qu’elle adressait à Romain ont cessé. Et Depuis 8 ans, ce silence inquiétant de la jeune femme ronge la famille. Romain parviendra-t-il à la retrouver ? Réussira-t-il là même où la Police indonésienne et l’enquêteur privé embauché par la famille ont échoués ?

L’intrigue principale est ancrée en 2013. Elle plaque sur une quête personnelle les images d’une catastrophe naturelle que la télévision avait relayée en boucle.

Je voulais retrouver la ville telle qu’elle était. Quand ma sœur l’a vue pour la première fois.

Difficile de se représenter l’étendue des dégâts lorsqu’on ne s’est pas rendu sur place. Cependant, les auteurs ne proposent pas un état des lieux des travaux restant encore à engager. S’ils s’appuient sur les représentations que l’on pourrait encore se faire de la réalité actuelle en Indonésie, le discours est plutôt porteur d’optimisme ; il parle du traumatisme infligé par l’évènement mais montre aussi comment la vie a repris ses droits.

Si le lecteur découvre rapidement le but de la démarche du personnage principal, il devra attendre pour cerner la personnalité de ce dernier. En effet, les auteurs ont préféré nous convier à rencontrer les lieux avant de comprendre à qui nous avons à faire. Ainsi, le premier tiers de l’album est assez avare en dialogues. La voix-off du narrateur s’immisce timidement a milieu des magnifiques aquarelles de Jean-Denis Pendanx. Celles-ci mettent en parallèle passé et présent. Au rythme des déambulations du personnage dans les rues de Banda Aceh, l’illustrateur fait surgir des illustrations qui représentent l’Indonésie telle qu’elle était après la catastrophe : paysages de désolations, des rues jonchées d’une multitude de débris, des épaves de bateaux charriés par la vague et jonchant sur les toits des maisons… peu à peu, les sombres coloris du début de l’album vont laisser place à des teintes plus douces et plus lumineuses nous permettant de profiter pleinement de cette quête de vérité engagée par le narrateur. Une fois encore, Jean-Denis Pendanx (Svoboda !, Abdallahi, Jeronimus…) réalise des dessins sublimes plus proches cette fois de croquis de carnets de voyage. D’ailleurs, pour réaliser les planches de Tsunami, il s’est à la fois servi de ses propres carnets de croquis ainsi que des photos prises par Stéphane Piatzszek lors de ses voyages en Indonésie. Le résultat est une réelle invitation à découvrir ces terres lointaines.

Côté scénario, le travail de Stéphane Piatzszek (Fête des morts, Le temps de vivre…) est tout en subtilité. Ses dialogues s’effacent au moment opportun, s’appuyant parfaitement sur les illustrations et laissant planer quelques non-dits qui donnent du sens aux propos. Il maitrise parfaitement les silences, sait les interrompre sans brusquerie et dose naturellement les séquences où les personnages sont interactifs. Le ton narratif est juste, je n’ai pas perçu la moindre fausse note. Le personnage accepte même ouvertement lorsqu’on lui fait remarquer que sa démarche a quelque chose d’insensé. Car cela est vrai : au bout de huit années, ne court-il pas après une chimère ? Il le reconnait avec humilité et humour mais est prêt à en courir le risque. En milieu d’album, des éléments surnaturels viennent pimenter le récit mais ici encore, cela ne fait que renforcer la crédibilité de cette aventure. Questionnement personnel, remise en question, découverte de soi, processus de deuil, acceptation de l’absence d’un proche, Romain se confronte à tout cela et plus encore. Sur son chemin, il croisera des gens affectés par les accidents de la vie, comme la maladie (de celles pour qui le pronostic vital est engagé).

J’ai effectivement trouvé intéressant que ce personnage soit à fois très centré sur lui (cette démarche de retrouver sa sœur lui tient à cœur, sa quête pourra paraître égoïste pour certains lecteurs) mais il entend les choses et accepte d’en parler. Il se montre à l’écoute des remarques qui lui sont faites, y réfléchit :

« Tu crois pas que tu ferais mieux de te demander ce que ta sœur avait en tête avant de t’épuiser à la chercher ? »

Il sait également prêter une oreille bienveillante à ses interlocuteur et se montrer comme un ami fidèle.

PictoOKUn album assez prenant qui repose entièrement sur les épaules d’un personnage très touchant. Il se dégage de lui un fort capital sympathie qui nous permettra d’investir sa démarche et plus encore, de se saisir de quelques questionnements qui croiseront sa route.

Les chroniques de BD blog, Planete BD et cette présentation de Banda Aceh sur le blog « Un grand périple ».

Une lecture que je partage avec Mango pour les BD du mercredi. Découvrez les albums partagés aujourd’hui par les autres participants en cliquant sur ce logo :

Logo BD Mango Noir

Extrait :

« Un bateau attendait depuis 8 ans la prochaine vague pour se remettre à flots » (Tsunami).

Du côté des challenges :

Petit Bac 2013 /Météo : tsunami

Petit Bac 2013
Petit Bac 2013

Tsunami

One shot

Editeur : Futuropolis

Dessinateur : Jean-Denis PENDANX

Scénariste : Stéphane PIATZSZEK

Dépôt légal : novembre 2013

ISBN : 978-2-7548-0977-1

Bulles bulles bulles…

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Tsunami – Piatzszek – Pendanx © Futuropolis – 2013

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

19 réflexions sur « Tsunami (Piatzszek & Pendanx) »

  1. Le synopsis me fait penser à « Au nom du fils » avec un personnage principal qui veut retrouver un proche dans un pays totalement inconnu. Je crois que ça pourrait me plaire aussi.

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    1. Oui, il y a une similitude avec l’ailleurs, la douleur due à l’absence d’un être cher… Après, l’ambiance est vraiment différente. Cela tient énormément à la personnalité du personnage principal qui subit moins les choses que le père de « Au nom du fils »

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  2. J’ai failli le prendre lors de mon dernier passage en librairie mais je lui ai préféré « Jane, le renard et moi. » L’avenir dira si j’ai fait le bon choix.

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    1. « Jane, le renard et moi » était un coup de coeur pour moi. Celui-là ne l’est pas, même si j’ai passé un très bon moment grâce à cette lecture 😉

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  3. C’est le genre de BD que j’ai envie de lire rien qu’en regardant la couverture ^^ Mais en lisant ton billet c’est mieux, et ça donne encore plus envie 😉

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    1. Les illustrations de Pendanx sont une invitation au voyage. A chaque fois, je plonge dans ses paysages et les couleurs qu’il choisit m’enchantent.

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  4. La couverture et les planches me plaisent ainsi que le projet de rechercher un être aimé dans un pays étranger mais la présence du surnaturel dans certains passages m’étonne … Qu’est-ce qui t’a empêché d’en faire un coup de cœur?

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    1. En fait, j’étais à l’affut de tout, j’ai vraiment perçu l’état d’esprit, les variations d’ambiance d’une scène à l’autre, la justesse de certaines réflexion etc. J’ai énormément profité des illustrations de Pendanx mais, il m’a manqué un petit quelque chose coté émotion. Si j’étais charmée par cet album, il ne m’a pas émue tant que ça. Un bel album mais pas de claque en somme ^^

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  5. Chouette, j’attendais un premier avis sur ce titre ! Même si ce n’est pas un coup de coeur pour toi, j’avoue que je suis très tentée de le découvrir !

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