Elle est maigre comme un fil et consulte régulièrement un psychiatre pour une maladie qu’elle nomme désormais sans difficulté : anorexie.
Il est maigre comme un fil et consulte le même thérapeute, pour la même raison.
Un jour ils se croisent dans la salle d’attente du cabinet. Un regard échangé, tout juste appuyé. Mais ils se sont reconnus. Elle l’attend à la sortie, premiers mots échangés et quelques semaines plus tard, ils saisissent une opportunité pour vivre en colocation.
–
L’anorexie. Un sujet épineux et complexe. Ce n’est pas simple de parvenir à avoir un discours clair sur la question sans éluder la complexité de cette maladie. C’est le défi que c’est lancé Hubert (Miss pas Touche, Beauté, Le Legs de l’Alchimiste…) ; il l’a relevé sans difficultés apparentes, du moins c’est l’impression que cela m’a donné. Il signe ici un scénario impeccable, sans larmoiements inutiles. Il décrit le quotidien de deux jeunes gens, un garçon et une fille qui apparaissent comme les deux facettes d’une même maladie. Bien que construites différemment, leur obstination est la même : celle d’atteindre une maîtrise de leur corps et de ses besoins vitaux, un certain contrôle de leur libido. Une obsession dont ils perçoivent les effets pervers mais qui les hypnotisent réellement.
Le scénario prend le temps de décrire leurs angoisses mortifères qui se manifestent différemment chez chacun des protagonistes. Pour le jeune homme, il s’agit notamment de se protéger de cette étrange période nocturne durant laquelle ses démons refont surface. Pour la jeune fille, tout est calcul, le moindre petit pois ingurgité représente une quantité précise de calories… au gramme près, elle élabore ses menus. Et puis il y a cet ailleurs thérapeutique où ils peuvent livrer auprès du soignant les pensées qu’ils enfouissent habituellement au plus profond d’eux-mêmes.
Pour ces deux et où cet espace thérapeutique dont ils parviennent, lentement et maladroitement, à s’approprier quelques repères et quelques pistes de réflexion pour se protéger davantage des effets pervers de la maladie.
Au dessin, Marie Caillou opte pour la sobriété sans qu’elle ne soit austère. Des choix de couleurs discrètes où dominent bleus et marrons, quelques pointes de vert et un soupçon de rouge venant agrémenter le tout. Une ambiance graphique propice à nous guider durant la découverte de cette période particulière dans la vie des deux jeunes adultes anorexiques. Leur rencontre dans le cabinet du psy va donner lieu à une amitié ambiguë. A deux, ils apprennent à se soutenir malgré l’effet nocif que peut avoir leur promiscuité. Il y a là quelque chose de paradoxal dans ce lien qui les aide pourtant, le temps de leur cohabitation, à sortir de l’isolement dans lequel tous deux s’enfermaient jusqu’alors. Leurs mal-êtres se font écho.
Un album qui aborde avec pudeur et sans aucun préjugé la question des troubles du comportement alimentaire. L’anorexie est ici un personnage à part entière et vient imposer ses humeurs au scénario, des soubresauts tantôt mélancoliques tantôt plus optimistes. A lire.
A lire, les chroniques de Cathia, Sébastien Naeco (site toujours en ligne), Julien Meyrat.
Du côté des challenges :
Petit Bac 2015 / Animal : araignée
La Chair de l’Araignée
One shot
Editeur : Glénat
Collection : 1000 Feuilles
Dessinateur : Marie CAILLOU
Scénariste : HUBERT
Dépôt légal : octobre 2010
ISBN : 978-2-7234-6493-2
Bulles bulles bulles…
bizarre je croyais que je l’avais repéré chez toi, ça doit être grâce au challenge alors
J’aimeJ’aime
Je ne sais plus chez qui j’avais noté ce titre ni à l’occasion de quel partage. En tout cas, j’appréhendais un peu. Le sujet n’est pas évident à traiter et les auteurs le font de manière pertinente
J’aimeJ’aime
Un sujet qui m’interpelle. Je vais lire ce titre, c’est une certitude.
J’aimeJ’aime
Tu me diras ce que tu en as pensé ?
J’aimeJ’aime
ça doit être très fort, vu le thème.
J’aimeJ’aime
C’est fort oui mais le propos n’agresse pas. Le dessin aide beaucoup je crois. J’aime beaucoup ce style qui me fait un peu penser aux pub des années 50′. On ne voit pas les corps efflanqués, il y a très peu de scènes où les personnages sont totalement nus et même dans cette situation, la maigreur reste suggérée. C’est très bien fait 😉
J’aimeJ’aime
J’aime beaucoup ce que fait Hubert. Le dessin par contre…
J’aimeJ’aime
… le dessin par contre sert parfaitement le propos. Il permet aussi de créer une ambiance dans laquelle on s’immisce facilement. On n’est ni juge ni parti, on se contente de les accompagner sans pour autant rester dans une position de spectateur « inutile ». Essayes de le lire, vraiment 😉
J’aimeJ’aime
Un sujet qui m’interpelle !
J’aimeJ’aime
J’invite tout le monde à lire cet album de toute façon. Passes en « mode lecture » Cristie ! 😀
J’aimeJ’aime
Lu il y a longtemps, j’avais été marqué par le graphisme. Marie Caillou a vraiment un truc à part. En revanche, l’histoire ne m’avait pas vraiment marqué.
J’aimeJ’aime
Bien aimé cette album. Je ne suis pas certaine que j’aurais autant accroché s’il y avait eu une autre ambiance graphique. Car finalement, ce récit n’est autre que la description d’un quotidien « sous contrôle ». Le scénario est assez linéaire.
J’aimeJ’aime
Ben, je crois que c’est un peu le problème. C’est avant tout une affaire d’ambiance (qui colle parfaitement au graphisme) mais il me manque un petit quelque chose pour être emballé.
J’aimeJ’aime