Légendes de la Garde, automne 1152 (Petersen)

Petersen © Gallimard – 2008
Petersen © Gallimard – 2008

Lorsqu’à la fin des années 90 David Petersen griffonne ses premières notes sur une civilisation de souris, il était loin d’imaginer qu’un jour elles aboutiraient à cette épopée. Il prit l’habitude de consigner les questions et les pistes qui lui venaient à l’esprit, esquissa les croquis des trois premiers personnages (Saxon, Kenzie et Rand) qui devinrent par la suite les personnages principaux de cette aventure aux côtés de Lieam. Ce monde imaginaire s’enrichit peu à peu et en 2005, David Petersen se pencha sur l’histoire… la suite, vous la connaissez peut-être : la série fut récompensée de deux Eisner Awards en 2008 et 2011. Le troisième tome est sorti en France en janvier 2014.

« Dans un monde impitoyable, menacées par les prédateurs et les intempéries, les souris doivent lutter pour survivre et prospérer. C’est pourquoi la Garde existe. En l’an 1149, elle remporta les Guerres d’Hiver en renversa le Tyran Furet. Peu à peu, le calme revint dans les territoires. Certes, les dangers quotidiens subsistent aujourd’hui, mais les membres de la Garde ne sont plus désormais en guerre. Ils forment des escortes, servent d’éclaireurs, de guetteurs d’orage et de guides pour la communauté. Ils protègent aussi les frontières, frayent de nouveaux passages, ouvrent des voies sûres et veillent au bon acheminement des marchandises entre les villages. En cas d’attaque, c’est à eux qu’il appartiendra de défendre les territoires – envers et contre tout » (introduction du Chapitre 1 intitulé « Le Ventre de la Bête », tome 1).

Légendes de la Garde, tome 1 – Petersen © Gallimard – 2008
Légendes de la Garde, tome 1 – Petersen © Gallimard – 2008

Découvrir notre monde sous un angle nouveau. Plonger dans une période antérieure de l’histoire et la vivre par l’intermédiaire d’une communauté animale. S’ébahir devant l’ingéniosité de cette organisation et l’habileté de l’auteur à nous immerger plus encore dans cet univers. Lire, tourner les pages et se piquer de curiosité quant au devenir des protagonistes que nous côtoyons.

D’un dessin jaillit une émotion, un doute, une action. Les teintes nous amènent à progresser dans cet automne inquiétant, où la menace gronde et signale qu’il est temps d’agir. Car pour les deux camps en présence, le temps du changement est arrivé. Il faut passer à l’action, organiser les rangs. Pour les uns, c’est l’aboutissement d’un long processus préparé secrètement et qui vise à inverser les forces en place. Pour les autres, il s’agit d’être perspicace, de déduire quelle est la stratégie des dissidents, d’anticiper leurs attaques. Se serrer les coudes. Etre solidaires plus que jamais.

L’issue de cette rencontre influencera la suite des choses. Bien sûr, le lecteur est du « bon » côté et côtoie des héros qui assument leur franchise, porte des capes de couleurs et œuvrent à visages découverts. Face à eux, des sournois habillés de noirs et dont l’anonymat est préservé par le port d’un masque.

Préserver l’ordre établit, l’équilibre obtenu, la mémoire des combats passés et l’envie de poursuivre la construction d’un monde où tout le monde pourrait vivre en sécurité.

Si cette société est fictive, David Petersen parvient sans difficulté à en dessiner les contours. A mesure que l’intrigue avance, les rouages de cette société nous apparaissent comme autant de repères et de garde-fous nécessaires pour que chacun puisse vivre et trouver sa place dans une communauté qui souhaite prospérer. On remarque ses similitudes avec l’espèce humaine ; une affection pour les choses de l’esprit, le confort, l’amitié mais aussi les luttes de pouvoirs, les bassesses et la peur. Ce mimétisme fait écho à notre réalité à ceci près que le contexte de cette histoire est à situer au Moyen Âge. A ceci près que le rapport que les personnages entretiennent avec leur environnement est différent, le caractère disproportionné entre nos courageuses souris et leurs prédateurs étant inhabituelles… excepté dans ce genre d’épopée. De fait, un serpent devient un ennemi d’autant plus terrifiant que le reptile est démesurément grand comparé à nos héros. Faune et flore sont perçus différemment et déforment la géographie des lieux ou, du moins, la perception que l’on en a. Une flaque d’eau devient une marre, une feuille peut se transformer en abri… le tout restant très réaliste.

PictoOKEn voilà suffisamment pour être dépaysé et, une fois n’est pas coutume, se satisfaire d’un récit aux relents prometteurs d’aventure… Un conte agréable malgré l’emploi d’éléments narratifs maintes fois développés (Tolkien et sa Communauté de l’Anneau, Loisel et sa Quête de l’Oiseau du temps… est-il nécessaire que je liste encore ?) et appréciés des lecteurs.

Le site de la série.

Je vous renvoie vers la fameuse synthèse de kbd (5 lecteurs).

Une lecture que je partage avec Marilyne qui découvre le tome 3 de la série !

Du côté des Challenges :

Roaarrr Challenge : Eisner Award du Meilleur Album (2008) et Eisner Award de la Meilleure Anthologie (2011)

Légendes de la Garde

Roaarrr Challenge
Roaarrr Challenge

Tome 1 : Automne 1152

Série en cours

Editeur : Gallimard

Collection : Hors Collection

Dessinateur / Scénariste : David PETERSEN

Traduit de l’anglais par Marion ROMAN

Dépôt légal : janvier 2008

ISBN : 978-2-07-061619-0

Bulles bulles bulles…

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Légendes de la Garde, tome 1 – Petersen © Gallimard – 2008

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

13 réflexions sur « Légendes de la Garde, automne 1152 (Petersen) »

    1. Je me rappelle encore de la première fois où tu en avais parlé sur ton blog. Mon envie de découvrir la série date de ce moment-là… (par contre, je n’ai trouvé que ta chronique du tome 2… c’est normal Docteur ?? Il me semblait avoir vu le tome 1 chez toi aussi ?)

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  1. J’ai lu cette BD à la sortie du tome 3 et j’ai été subjugué. L’anthropomorphisme est utilisé à des fins intéressantes car on est vraiment dans un monde animal avec comme tu le dis si bien la sensation d’une critique de notre monde grâce à des parallèles concrets avec ce dernier. J’aime toute la richesse de cette BD : son style unique, l’univers de la fantasy médiévale si bien utilisée et le ton de la narration ne m’a pas du tout dérangé.

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    1. Ça ne m’a pas dérangée non plus. Le seul grief, c’est que le fil narratif est un peu cousu de fil blanc. Par exemple, dans ce premier tome, on sait vite que le vieux filou (qui se fait appeler « la Hache noire ») va rejoindre leur groupe. La figure du mentor, ou du vieux baroudeur (prends celle qui te convient le mieux ^^), manquait dans cette épopée. Mais cela n’enlève rien à la qualité de cet ouvrage.

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  2. C’est une série qui se découvre avec plaisir. J’ai apprécié le fait que la qualité soit constante tout au long des trois tomes. Ce n’est pas la moindre des choses. Au plaisir de te relire…

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    1. Le fait de savoir que la qualité des albums est constante est assez rassurant. Parce qu’on ne compte plus les séries qui s’enfoncent dans des tergiversations vaseuses à mesure que les tomes apparaissent en librairie.
      Je vais poursuivre celle-ci en tout cas 😉

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