L’Esprit de Lewis, Acte II (Santini & Richerand)

Neuf mois après avoir quitté le manoir de Childwickbury, Lewis s’est installé à Londres. Son premier roman est un succès et la notoriété lui fait perdre tout sens de la mesure. Il est devenu volage et ne pense qu’à accumuler les conquêtes. Nourri, logé et blanchi par son éditeur qui le couve littéralement, Lewis se laisse porter par cette vie et se gonfle de vanité. Il en oublie la promesse d’amour éternel qu’il avait formulée à Sarah, le fantôme dont il s’était amouraché. Pourtant, elle lui avait fait cadeau du don de l’écriture pour montrer à quel point elle était touchée par l’affection que son bienaimé lui témoignait. Lewis s’était saisi de ce précieux présent pour s’engouffrer dans l’écriture de son roman. L’expression écrite le transcendait enfin.

Aujourd’hui, Sarah est affectée par l’attitude de son amant. Elle décide de réapparaître pour lui rappeler son serment mais Lewis se cabre et renvoie Sarah à sa triste condition. La femme-fantôme lui jette une terrible malédiction en guise de vengeance.

Deux ans après l’ « Acte I » qui installait l’intrigue, les personnages et cette ambiance toute particulière propre à ce thriller gothique, ce tome apporte le dénouement au diptyque de « L’Esprit de Lewis » . Retour à l’époque victorienne et aux intérieurs bourgeois raffinés. Le huis clos du manoir familial (voir tome 1) n’est plus qu’un souvenir, place à la vie de salons de la haute société anglaise et au clinquant des riches parures. Bijoux et robes de soirées pour ces dames, hauts-de-forme et costumes trois pièces pour ces messieurs. Il convient de bien lever le petit doigt lorsqu’on porte un verre à sa bouche et d’apparaître en tout point irréprochable. Les messes basses vont bon train, colportant les rumeurs les plus mesquines.

Bertrand Santini donne tout d’abord une toute autre personnalité à son héros. Nous avions refermé le premier tome sur un personnage doux, romantique et naïf. Nous le retrouvons mesquin et inconsistant. Aveuglé par la célébrité, il lui aura suffi de neuf mois pour devenir méprisable. Il utilise sa popularité et consacre son temps à se pavaner auprès d’insipides courtisanes. La frivolité de son nouveau cadre de vie donne davantage de liberté à l’univers durant les premières pages mais une tension latente est perceptible. Les faux-semblants se dévoilent les uns après les autres, les masques tombent. Le scénariste resserre lentement l’étau autour de son personnage principal. Chaque nouvelle révélation charge davantage l’atmosphère d’électricité.

Jalousies, doubles-jeux, microcosme social de parvenus et bourgeois en tous genres… l’influence de ce milieu social élitiste sert l’intrigue et rend l’univers oppressant. Le trait aiguisé de Lionel Richerand et les couleurs choisies ont un côté macabre. L’ambiance graphique renforce l’impression que la situation échappe à tout contrôle. Les événements surnaturels prennent le pas sur la réalité en même temps que le personnage principal perd pied et est privé de toute possibilité de reprendre les rennes de sa vie. On sait que l’issue dramatique est inévitable mais il est impossible d’imaginer à l’avance les événements qui jalonneront la lecture jusqu’à la dernière page.

Dramatique fantasmagorie qui chamboule totalement le lecteur.

La chronique de Noukette.

L’esprit de Lewis – Acte II (diptyque terminé)
Editeur : Soleil / Collection : Métamorphose
Dessinateur : Lionel RICHERAND / Scénariste : Bertrand SANTINI
Dépôt légal : octobre 2019 / 96 pages / 17,95 euros
ISBN : 978-2-302-07779-9

Auteur : Mo'

Chroniques BD sur https://chezmo.wordpress.com/

2 réflexions sur « L’Esprit de Lewis, Acte II (Santini & Richerand) »

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.