En ce début de XXème siècle, Charles Hamilton vit confortablement à Edimbourg. Une jeunesse sans histoire, une vie bourgeoise douillette, des amis, des conquêtes amoureuses à foison depuis que sa femme l’a quitté. Des soirées festives viennent conclure des journées de flâneries. Et une magnifique petite fille qu’il élève seul.
« Le bruit du monde éloigne l’ombre qui viendra bientôt l’accabler. »
Pourtant, malgré tout ce confort, ce luxe, cette douceur de vivre, Charles n’est pas heureux. Souffrant de bipolarité, Charles fait les frais de ses humeurs capricieuses.
« Je suis en alternance. »
Impuissant face à ce mal qui le ronge, Charles tente de trouver un moyen de guérir… de trouver un équilibre de vie qui écartera les périodes sombres. Il culpabilise de laisser sa fille seule durant de longues journées mais il ne peut se résoudre à rester enfermé chez lui ; il a peur de ruminer. Pourtant, il cherche des solutions mais elles se sont toutes révélées inefficaces. Jusqu’à ce qu’il se tourne vers une forme de littérature peu connue à l’époque : celle prônant le développement personnel. Dès lors, il attrape dans ces textes des idées qui ont chez lui un écho particulier et qu’il tente de mettre en pratique. Tiendrait-il enfin la clé de la guérison ?
« La Mécanique du Sage » est, contre toute attente, un album au rythme tout doux. Malgré les fluctuations d’humeurs qui mettent à mal le personnage principal, nous effectuons cette lecture avec un certain entrain et une vraie gourmandise. On y suit le cheminement d’un homme qui cherche un moyen de soigner sa maladie. Il n’a aucune plainte à énoncer à l’égard de ses phases maniaques durant lesquelles il consomme de façon excessive rapports sexuels, nouvelles amitiés, sorties festives et autres délices de l’esprit (il est notamment très sensible à la littérature)… En revanche, il est lassé de ses phases dépressives qui lui laissent une sensation d’abattement. C’est pour lui un vide gigantesque qui le terrifie. Il souhaiterait trouver un moyen de ne plus être confronté à cette terrible tristesse qui l’assaille par périodes.
Gabrielle Piquet – dont je ne connaissais que ses « Idées fixes » – illustre avec beaucoup de délicatesse le quotidien d’un homme que la vie a choyé… en apparences du moins. Le scénario déplie une chronologie logique qui nous permet d’appréhender simplement l’adulte face auquel on se trouve. On sait donc qu’étant jeune, il a hérité de son grand-père. Riches de cet héritage providentiel, ses parents n’ont pas hésité à faire leurs clics et leurs clacs pour découvrir de nouvelles contrées, laissant leur fils adolescent livré à lui-même et privé de leur affection. Charles Hamilton n’y a vu aucun inconvénient. Au contraire, il était libre de tout et à l’abri du besoin. Il ne se pose même pas la question de son avenir professionnel et il opte pour l’oisiveté. Charles occupe son temps à rêvasser, lire et faire la fête. Pourtant l’argent n’est pas suffisant pour faire son bonheur.
En toute simplicité, l’autrice met son dessin au service de ce personnage hésitant, en perpétuelle quête d’équilibre, fuyant la réalité pour trouver un bien-être qui lui sera longtemps inaccessible. Au contact de cet homme brouillé, une petite fille (sa fille) tente de grandir comme elle le peut. Le trait fin contient pourtant foule de petits détails (décoratifs, vestimentaires, expressifs, floraux…) et cela crée finalement une ambiance assez légère. Le lecteur n’est pas balloté par les humeurs changeantes du personnage. Étonnamment, on lit cet album de façon linéaire puisqu’on reste spectateur de la vie de Charles Hamilton mais on est piqué d’une curiosité amusée qui nous accompagnera d’un bout à l’autre de l’album. Finalement, l’originalité de ce personnage tient au fait que ce bourgeois toujours tiré à quatre épingles a un goût prononcé pour la luxure. Ce qui lui donne un côté espiègle assez inattendu.
Beaucoup de sensibilité dans ce bel album.
Les autres « BD de la semaine » sont chez Noukette !
La Mécanique du Sage (one shot)
Editeur : Atrabile
Dessinateur & Scénariste : Gabrielle PIQUET
Dépôt légal : janvier 2020 / 96 pages / 15 euros
ISBN : 978-2-88923-087-7
Voilà qui pourrait me plaire, merci pour la découverte !
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Avec plaisir Soukee ! Tu verras, le dessin est sobre mais cela apporte douceur et lenteur au récit 😉
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Toi aussi tu piques ma curiosité!
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Et je suis bien contente de pouvoir t’intriguer avec un album aussi discret 😉
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Les thèmes me plaisent et me parlent. Tu me donnes très envie de découvrir cet album!
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Alors j’espère qu’il croisera ta route et que tu te laisseras tenter par cette lecture 😉
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Le sujet me plait, reste plus qu’à la découvrir.
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Yapluka !
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Intéressant. Si je la croise à l’occasion.
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Oui, ça te donnera l’opportunité de feuilleter et de te décider si tu as envie de lire ou pas 😉
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Je ne serai pas aller vers cette BD de manière spontanée mais pourquoi pas, si elle croise mon chemin (un petit tour à la médiathèque s’impose !)….
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Le mercredi est dangereux car il n’est que tentations de lecture (BD) 😛
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Je la note ! Elle n’est pas à la bib pour le moment…
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C’est le souci avec les « trop petits » éditeurs… ça met un temps fou pour arriver dans les médiathèques 😦
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Tentée je dois dire, c’est original !
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Oui, assez. Et cet homme si banal en apparences a des pratiques coquines qu’on ne lui imagine pas avoir à première vue 😛 Mais l’autrice s’attarde assez peu sur ce point en fait, les visuels en disent plus que la voix off. J’ai bien aimé cet album en tout cas.
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Le personnage semble intéressant à découvrir. J’aimerais bien feuilleter l’album.
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Je crois que là, c’est en librairie que tu pourras t’y pencher. Petit éditeur, suisse qui plus est… Même si Atrabile a plusieurs pépites à son catalogue, je crois que les bibliothèques/médiathèques mettent la priorité sur des titres plus « mainstream » 😦
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rien ne m’attire dans ce titre, ni le dessin ni l’histoire, du moins à priori
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Pourtant, il y a dans le récit un rythme assez lent. Très introspectif aussi. Pour toi qui aime le manga, je pense que l’ambiance pourrait te plaire.
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J’hésite. J’avais vraiment été très peu réceptive à son dernier album.
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Que je n’ai pas lu ( « La nuit du Misanthrope » ?)
Du coup, je ne peux pas t’aiguiller sur des similitudes ou divergences éventuelles que l’on retrouverait dans le style de l’autrice
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Pas attirée du tout, sorry
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Aucun souci ma foi ! 😀 😉
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Pas certain du tout qu’il soit pour moi celui-ci
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Pas certaine non plus 😉
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malgré ce que tu en dis je ne pense pas me laisser tenter 😀
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Oui, connaissant un tout petit peu tes goûts de lecture, je ne pense pas que cet album te plaise 😉
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Pourquoi pas! Le thème me plaît et bon, le nom de Charles Hamilton me fait penser à Autant en emporte le vent! Ouais, faut pas se poser de question, des fois, on a les références qu’on peut!
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D’accord… « Autant en emporte le vent »… écoute, il y a comme ça des associations d’idées qu’il ne faut pas remettre en question. Je respecte 😉 😀
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Je tourne autour à la médiathèque sans jamais la prendre, ton billet me donne envie d’y foncer !
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Voilà, j’arrive au bon moment alors ! Hâte de connaître tes impressions de lecture 😉
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