Ma vie dans les bois, tome 1 (Morimura)

Morimura © Akata – 2017

En 2005, saturé par la vie citadine, lassé de cette vie matérielle et consumériste, l’auteur décide de tout planter et d’aller vivre à la montagne avec sa femme.

Ne sommes-nous pas tous épuisés, à force de bosser jusqu’au ras-le-bol ? A-t-on vraiment besoin de toutes ces choses pour être heureux ? (…) Repartons de zéro, en nous installant dans une montagne inexplorée avec nos corps comme seules richesses.

Petit monsieur qui approche la soixantaine et à l’aspect bonhomme et avenant, Shin avant pourtant tout du japonais sédentaire, bedonnant et incapable de faire quoi que ce soi avec ses mains… excepté des mangas. Têtu comme une mule et malgré le scepticisme amusé de sa femme, il finit par trouver l’endroit idéal pour mener à bien son projet. Un endroit loin de tout et qui n’a de valeur aux yeux de personne.

L’aventure commence avec bien peu de chose et bien peu d’outils. En compagnie de Hime, son Terre-Neuve, Shin se met au travail. Il opte alors pour un mode de vie en autarcie, s’en remet aux caprices de la nature et au cycle des saisons. La nature a désormais peu de secrets pour lui. Fruits, légumes, insectes… il apprend peu à peu compléter ses propres connaissances en observant la nature et en faisant tout pour vivre en harmonie avec la faune et la flore.

Shin Morimura a réalisé un témoignage frais, intéressant et tout à fait original. Je me suis un moment posée la question de savoir si c’était une autofiction, une sorte de délire dans lequel l’auteur se projetait. Jusqu’à ce que j’arrête de me la poser en me disant, dans un premier temps, que la réponse n’apportait rien de plus comparée au plaisir de lire ce tome et puis… Peu à peu, les détails, les anecdotes, cet entêtement presque maladif de l’auteur à défricher et à déboiser une grande parcelle du terrain qu’il a acheté, à terrasser, à bâtir sa maison en bois, à aménager l’intérieur et ses alentours, à commencer à penser autrement son alimentation… on se dit que tout cela est vrai. Qu’on a là une matière autobiographique dans les mains et on ne peut qu’admirer – un peu époustouflés – ce que cet homme a entrepris.

C’est le genre de manga qui me réconcilierait presque avec les mangas ; cela fait quelques années déjà que je n’en lis presque plus car j’ai l’impression d’y lire un peu toujours la même chose (surtout pour les mangas de petit format). Côté graphique aussi, j’ai l’impression que les dessins des albums asiatiques pourraient presque être transposés d’un album à l’autre sans que j’y voie de différence.

Ce témoignage m’a plus, parce que l’optimisme et la bonne humeur qu’il contient sont contagieux. Parce que l’auteur repense totalement nos modes de vies qui sont calqués les uns sur les autres. Il bouscule ce métro-boulot-dodo qui n’épanouit finalement plus grand monde. Il jette par la fenêtre tout ce qui est lié à la société de consommation : profit, rentabilité, propriété, consommation, surconsommation…

Sur un coup de tête, il décide donc de donner vie à sa nouvelle vie. Ses mains de mangakas et son corps de citadin vont être mis à rude épreuve. Et la manière dont il réagit face aux imprévus m’a séduite autant que la joie presque enfantine qu’il ressent lors qu’il arrive à la force du poignet à faire sortir sa maison de terre… et tout le reste.

Habituellement, je ne lis pas de mangas (pour des raisons qui seraient bien trop longues à expliquer). Me voilà pourtant invitée par Jérôme à lire… l’idée étant de remuer un peu mes aprioris. Défi lancé, défi relevé, défi réussi. Je vous invite à lire la chronique de Jérôme.

Autre chronique en ligne : celle de Bidib.

Ma vie dans les bois

Tome 1 : Ecoconstruction
Série en cours
Editeur : Akata
Collection : Akata – Seinen
Dessinateur / Scénariste : Shin MORIMURA
Dépôt légal : août 2017
144 pages, 7.50 euros, ISBN : 978-2-36-974230-2

Bulles bulles bulles…

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Ma vie dans les bois, tome 1 – Morimura © Akata – 2017